O Pères E. Bacon Inserm, Strasbourg Âge paternel et schizophrénie Stockholm (Suède) et Columbia (États-Unis) U n âge avancé des pères est-il associé à un risque plus élevé de schizophrénie ou de troubles de type schizophrénique chez leur progéniture ? Des mutations de novo des spermatozoïdes paternels pourraient sous-tendre cette possibilité. Les quelques travaux s’étant intéressés à cette question semblent apporter des réponses contradictoires. Deux études publiées récemment, dans le même numéro de l’American Journal of Psychiatry, l’une menée en Suède et l’autre aux États-Unis, apportent des résultats en faveur de l’accroissement du risque lorsque le père est âgé (Dalman C, Allebeck P. Paternal age and schizophrenia : further support for an association. Am J Psychiatry 2002 ; 159 : 15911-92. Brown A, Schaefer C, Wyatt R et al. Paternal age and risk of schizophrenia in adult offspring. Am J Psychiatry 2002 ; 159 : 1528-33). Les chercheurs suédois ont utilisé le registre du comté de Stockholm pour identifier toutes les personnes nées entre 1960 et 1977 et ayant fait l’objet d’un diagnostic de syndrome schizophrénique entre 1971 et 1994. Cinq cent vingt-quatre patients ont ainsi pu être identifiés et ont été appariés à 1 043 sujets de comparaison. Pour déterminer la relation entre l’âge paternel et le risque de schizophrénie, les auteurs ont pris en compte, dans leurs calculs, l’âge maternel, le statut marital et socioéconomique, les éventuels troubles psychotiques maternels et les complications obstétriques. Ils ont pu constater que les taux de schizophrénie chez les enfants de pères de plus de 45 ans étaient 2,8 fois plus élevés que lorsque l’âge paternel était compris entre 20 et 25 ans. L’étude américaine a été réalisée en Californie à partir d’une population de 71 patients âgés de 14 à 30 ans. L’âge paternel a été introduit dans les calculs en tant que variable continue et variable catégorielle, en relation avec le risque de schizophrénie et de désordres apparentés à l’âge adulte. Les chercheurs ont observé une association marginalement significative, monotonique, entre l’âge parental plus élevé et le risque de schizophrénie et de troubles apparentés à l’âge adulte. L’association restait présente après contrôle dans les analyses des effets de l’âge maternel et d’autres facteurs de risque. Des résultats similaires étaient obtenus lorsque le diagnostic de schizophrénie seul était inclus dans les analyses. Un âge paternel avancé au moment de la naissance semble donc être un facteur de risque pour la progéniture de présenter une schizophrénie à l’âge adulte. Mots clés. Schizophrénie – Facteur de risque – Pères. Dépression maternelle, psychopathologie paternelle et diagnostics à l’adolescence Emory (Australie) L orsque la mère est dépressive, le père peut contribuer de diverses manières à la santé mentale ou, au contraire, au développement de pro- n sait que les enfants de mères déprimées présentent des risques plus élevés que les autres de développer une large gamme de problèmes comportementaux et de psychopathologies. Un domaine, pourtant crucial, a longtemps été occulté dans la majeure partie de la littérature traitant de dépression parentale et de psychopathologie infantile : c’est celui du rôle joué par les pères dans le développement des problèmes comportementaux de leurs enfants. Par exemple, entre 1984 et 1991, seulement 26 % des 577 travaux empiriques s’étant intéressés à la psychopathologie des parents ont examiné les contributions respectivement maternelles et paternelles à la psychopathologie de leur descendance. Quelques rares études récentes ont exploré les relations possibles des pères avec la psychopathologie de leur progéniture. blèmes psychologiques chez l’enfant. Une relation père-enfant chaleureuse pourrait protéger contre certains effets de la dépression maternelle. Mais la psychopathologie paternelle pourrait augmenter les effets de la dépression maternelle sur l’enfant. Le rôle possible du père se complexifie encore si l’on envisage sa relation avec une épouse dépressive. Du fait de la pauvreté de la recherche dans ce domaine, il est intéressant de se demander si la dépression maternelle et la psychopathologie paternelle ont des effets additionnels ou interactifs en rapport avec le diagnostic de leur enfant. Une équipe australienne a examiné cette relation dans un échantillon de population de 522 familles australiennes (Brennan P, Katz A, Hammen C, Le Brocque R. Maternal depression, paternal psychopathology, and adolescent diagnostic 66 Revue de presse Revue de presse outcome. J Consult Clin Psychol 2002 ; 70 : 1075-85). Les auteurs ont également cherché à savoir si un stress familial chronique, l’expression de ses émotions par le père et la satisfaction conjugale des parents médiaient la relation entre la psychopathologie parentale et le devenir des adolescents en termes de psychopathologie. L’éducation de la mère, le sexe des enfants et les revenus familiaux ont été pris en considération en tant que covariants dans cette étude. Les résultats révèlent que les dépressions maternelle et paternelle ont un effet additif sur l’externalisation des troubles des enfants. De plus, la dépression maternelle interagissait avec la dépression paternelle pour prédire la dépression chez l’enfant, mais non les troubles de l’enfant autres que dépressifs. La combinaison de la toxicomanie paternelle et de la dépression maternelle était fortement corrélée avec des taux élevés de dépression chez l’enfant. En outre, un stress familial chronique et l’expression par le père de ses émotions semblaient médiatiser la relation entre la psychopathologie parentale et la dépression des jeunes. Mots clés. Psychopathologie paternelle – Dépression. Effet de la dépression grave chez un ou deux parents sur la psychopathologie des enfants New York (États-Unis) L e fait d’avoir un ou deux parents souffrant de dépression grave pourrait être lourd de conséquences pour les enfants. En outre, le sexe du parent atteint de dépression pourrait aussi représenter un facteur de risque particulier pour sa descendance. Une équipe de chercheurs de l’université de Columbia a examiné l’éventuelle augmentation du facteur de risque de psychopathologie pour les enfants de quatre types de familles : 53 familles dont les deux parents présentent une dépression grave ; 31 familles où seule la mère est affectée ; 656 familles où c’est le père qui souffre de dépression grave ; 33 familles sans dépression du côté des parents. Ce sont les enfants du premier groupe (deux parents dépressifs) qui présentaient les risques les plus élevés de dépression grave, de troubles anxieux, d’alcoolisme et d’entrée précoce dans la dépression. Il y avait toutefois deux exceptions : les risques les plus élevés de troubles du comportement se retrouvaient dans le groupe où seul le père était affecté, et les enfants présentant les risques les plus élevés de toxicomanie étaient ceux dont seule la mère était atteinte de dépression grave. La dépression grave maternelle était un prédicteur plus fort de dépression chez les enfants de sexe masculin que chez ceux de sexe féminin. À l’inverse, la dépression paternelle était un prédicteur plus puissant de la dépression de l’enfant quand celui-ci était une fille. Le fait d’avoir deux parents dépressifs augmente donc le risque de troubles psychiatriques chez les enfants. Une relation “dose-effet” claire est observée entre le nombre de parents affectés de dépression grave et les troubles psychiatriques de leur progéniture ; en outre, la nature des risques diffère selon le sexe de l’enfant et celui du parent dépressif (Nomura Y, Warner, Wickramaratne P. Parents concordant for major depressive disorder and the effect of psychopathology in offspring. Psychol Med 2001 ; 31 : 1211-22). Mots clés. Dépression grave – Facteur de risque – Pères – Mères. Act. Méd. Int. - Psychiatrie (20), n° 3, avril 2003 Prédire la violence des adolescents : influence de l’histoire familiale, de la toxicomanie, de l’histoire psychiatrique et de l’ajustement social Pittsburgh (États-Unis) L a violence des jeunes constitue un problème de société préoccupant. L’identification des jeunes à haut risque de développer un comportement violent constitue un défi impressionnant et n’est pas sans soulever des questions éthiques. Le Dr Tarter et ses collaborateurs ont évalué les scores de jeunes adultes à l’aide d’un nouvel instrument, la Violence Proneness Scale (échelle de propension à la violence), qui englobe des facteurs contextuels sociaux importants concernant également les proches, ainsi que l’ajustement scolaire. Ils ont cherché à déterminer dans quelle mesure des caractéristiques de l’enfance telles qu’une histoire psychiatrique ou un comportement de toxicomanie, mais aussi des caractéristiques parentales (toxicomanie et psychopathologie), en combinaison avec le score réalisé à cette échelle de propension à la violence, peuvent prédire un comportement violent chez le jeune adulte (Tarter R, Kirisci L, Vanyukov M et al. Predicting adolescent violence : impact of family history, substance use, psychiatric history and social adjustment. Am J Psychiatry 2002 ; 159 : 1541-7). La population parentale de l’étude était constituée de 38 hommes présentant une histoire de toxicomanie selon le DSM III et de 61 hommes sans problème psychiatrique. Leurs fils biologiques ont été vus par les chercheurs à deux moments de leur existence. Vers l’âge 67 Revue de presse Revue de presse de 12-14 ans, ils ont répondu à une échelle de tendance à la violence de 13 items (exemples : “Vous ennuyezvous souvent à l’école ? Avez-vous des amis qui ont amené de la drogue dans des fêtes ?”). Puis, l’occurrence d’actes violents proprement dits (violences à l’école, viol, agression d’enseignants ou de policiers, incendie volontaire, attaque à main armée, etc.) a été mesurée lors d’une évaluation de suivi réalisée lorsque les sujets avaient atteint l’âge de 19 ans. Chez les jeunes, un trouble psychiatrique d’axe I selon le DSM III R et un score supérieur ou égal à 10 sur l’échelle de tendance à la violence prédisaient un comportement violent à l’âge de 19 ans. En revanche, la toxicomanie ou la psychopathologie parentale ne contribuaient pas à la prédiction de la violence des enfants. Mots clé. Toxicomanie – Psychopathologie – Pères – Adolescents – Délinquance. Fonctionnement familial chez des enfants de pères toxicomanes et présentant des troubles antisociaux Pittsburgh (États-Unis) L e fonctionnement familial et les influences des proches sont théoriquement reliés à la psychopathologie chez les enfants. Le Dr Moss et ses collaborateurs ont quantifié le statut fonctionnel de familles dans lesquelles le père présentait une toxicomanie, accompagnée ou non de troubles antisociaux comorbides de la personnalité. Ils ont également évalué les proches des enfants de ces familles (Moss H, Lynch K, Hardie T, Baron D. Family functioning and peer affiliation in children of father with antisocial personality disorders and substance dependence : associations with problem behaviors. Am J Psychiatry 2002 ; 159 : 607-14). Les analyses ont été menées à partir d’un groupe initial de 222 préadolescents (181 garçons et 41 filles). Les familles ont été réparties en deux groupes (familles avec un père toxicomane ou avec père non toxicomane), eux-mêmes subdivisés selon que le père présentait ou non un trouble de la personnalité à comportement antisocial. Les groupes ont été comparés sur la base de mesures du fonctionnement familial, des liens des enfants avec leurs proches et des problèmes comportementaux des enfants. Une analyse de régression a ensuite permis de déterminer l’influence de ces facteurs sur la psychopathologie de l’enfant. Les familles dont le père était toxicomane fonctionnaient moins bien que les familles normales de comparaison. Toutefois, les familles avec un père toxicomane sans trouble de personnalité antisocial (84 familles) ne différaient pas de celles où le père présentait seulement un trouble du comportement antisocial (au nombre de 34). Les enfants de père toxicomane avec trouble antisocial avaient plus de relations avec des proches déviants que les enfants de familles normales ou ceux dont le père n’était que toxicomane. Les enfants dont le père était toxicomane avec un trouble comorbide antisocial montraient plus de psychopathologies à caractéristiques d’externalisation et d’internalisation que ceux des familles normales ou dont le père était uniquement toxicomane. Le profil associant la toxicomanie paternelle accompagnée de comportement antisocial à des enfants ayant des relations avec des personnes déviantes était la situation la plus robustement associée avec la psychopathologie chez les enfants. Il serait donc important de mettre en place des interventions qui prennent en compte effectivement et efficacement le risque parental et les relations des enfants. Mots clés. Toxicomanie – Pères – Trouble de la personnalité à caractère antisocial – Facteurs de risque – Psychopathologie infantile. Difficultés de l’enfance associées à des risques du comportement alimentaire pendant l’adolescence et le début de l’âge adulte New York (États-Unis) U ne étude prospective longitudinale a été menée de 1983 à 1993 auprès de 782 familles pour établir les associations possibles entre les difficultés de l’enfance et les problèmes de poids ou de comportement alimentaire pendant l’adolescence et le début de l’âge adulte. Un comportement paternel mal adapté était associé de façon unique avec des risques de troubles du comportement alimentaire des enfants, après que les effets d’un comportement maternel mal adapté, des mauvais traitements et d’ autres difficultés de l’enfance ont été contrôlés statistiquement. Le comportement paternel peut donc jouer un rôle important dans le développement de troubles du comportement alimentaire chez les jeunes (Johnson J, Cohen P , Kasen S, Brook J. Childhood adversities associated with risk for eating disorders or weight problems during adolescence or early adulthood. Am J Psychiatry 2002 ; 159 : 394-400). Mots clés. Pères – Troubles du comportement alimentaire – Adolescence. 68 Revue de presse Revue de presse