cissement de la latence de la première
phase de sommeil paradoxal n’est
certes pas un signe pathognomonique,
mais peut être une indication précieuse
dans le cadre d’une dépression clini-
quement confirmée. Les antidépres-
seurs inhibent le sommeil paradoxal et
allongent sa latence de survenue.
Dans les états maniaques, les altéra-
tions du sommeil sont assez sem-
blables à celles observées dans la
dépression. Les malades, au cours d’un
épisode maniaque, ont une insomnie
massive et on a pu même observer
une brusque augmentation de l’insom-
nie dans les 2 ou 3 jours précédant la
survenue de l’accès maniaque.
Les schizophrènes présentent égale-
ment une insomnie très marquée,
supérieure même à celle des dépres-
sions graves. Leur sommeil est très
fragmenté et l’éveil intra-sommeil très
augmenté, le sommeil paradoxal res-
tant, par contre, relativement normal.
Atteinte du système nerveux
C h e z les patients souffrant d’insomnie
secondaire à une atteinte du système
nerveux, on note des altérations du
sommeil lent et du sommeil paradoxal.
Le sommeil lent est le plus gr a v e m e n t
p e rturbé, les différents stades de som-
meil perdant leurs caractéristiques
é l e c t r o e n c é p h a l o g raphiques propres.
Les fuseaux de sommeil sont ralentis
et peu nombreux. Les complexes K
sont atypiques. Les ondes lentes du
sommeil lent profond manquent d’am-
plitude. La durée totale du sommeil
peut être diminuée et il en existe tou-
jours une fragmentation, d’autant plus
i m p o rtante que l’atteinte organique est
plus grave, quelle qu’en soit son ori-
gine. La durée et l’organisation tempo-
relle du sommeil paradoxal au cours
de la nuit sont perturbées. Dans ces
formes organiques, on observe une
déficience des mécanismes hypno-
gènes physiologiques, part i c u l i è r e m e n t
marquée dans les cas de lésions de
l’hypothalamus et du tronc cérébral.
Mais des lésions corticales diffuses
peuvent également entraîner des
désorganisations importantes dans le
processus du sommeil.
La maladie d’Alzheimer s’accom-
pagne d’une insomnie majeure,
avec une latence de sommeil très
allongée et une diminution de son
index d’efficacité. Le sommeil lent
léger est très perturbé avec une
grande rareté, voire une absence
des fuseaux de sommeil et un
aspect pathologique des complexes
K de faible voltage. Le sommeil lent
profond est très diminué, surtout le
stade 4. Le sommeil paradoxal sur-
vient de façon anarchique en cours
épisodes, très fragmentés.
La maladie de Parkinson s’accom-
pagne également de troubles du
sommeil.
Il existe une maladie heureusement
très rare : l’insomnie fatale familiale,
qui se traduit par l’association d’une
insomnie rebelle (avec rêves et hal-
lucinations), de troubles végétatifs
(disparition des rythmes circadiens,
hyperactivité sympathique, troubles
sphinctériens), de difficultés mo-
trices et d’une démence (pouvant
être tardive). Les myoclonies sont
rares. La durée de la maladie varie
entre 6 et 32 mois. Les lésions
neuropathologiques sont limitées à
une atrophie sélective de cert a i n s
noyaux du thalamus, avec atteinte
dominante dans les noyaux dorso-
médian et antérieur du thalamus, la
spongiose est discrète et il n’y a pas
de plaques amyloïdes. Cette mala-
die est due à une mutation d’un
gène localisé sur le chromosome
20 et codant pour une protéine
impliquée dans les encéphalopa-
thies spongiformes, caractérisées
par une dégénérescence neuronale
plus ou moins localisée et pouvant
apparaître soit dans un contexte
familial soit dans un contexte infec-
tieux (maladie de Creutzfeld-
Jacob). L’EEG de veille est perturbé
mais non périodique. L’ E EG de
sommeil note une disparition pro-
gressive de l’activité delta, des
fuseaux de sommeil et des com-
plexes K. Il existe des phases anor-
males de sommeil paradoxal.
L’insomnie fatale familiale a été
décrite d’abord en Italie mais il
existe plusieurs familles qui en sont
atteintes en France.
Affections somatiques
Un grand nombre d’affections soma-
tiques peuvent provoquer une
insomnie dont le traitement et l’évo-
lution dépendent de la maladie cau-
sale. Quand un organisme est en
souffrance physiologique, l’éveil est
une réaction d’alert e . Or les hypno-
tiques suppriment cette réaction
d’éveil, d’où une certaine méfiance
quant à leur prescription.
Les douleurs chroniques sont parmi
les causes les plus fréquentes d’in-
s o m n i e .
Dans l’alcoolisme chronique, le som-
meil est fragmenté par de nombreux
éveils et comporte un sommeil para-
doxal très instable.
Le syndrome d’impatience des jambes
se traduit par une sensation désa-
gréable dans les membres inférieurs,
forçant le malade à bouger les jambes
et survenant uniquement au repos, en
p a r ticulier au lit. Cette sensation est
calmée par la marche, surtout sur une
s u r face froide. Les symptômes sont
plus marqués le soir et surviennent par
épisodes de plusieurs semaines, voire
de plusieurs mois. Ce trouble, retrouvé
c h e z 3 à 5 % des adultes, survient sur-
tout après la cinquantaine. Il peut
induire une insomnie sévère et une
difficulté à s’endormir. Le syndrome
d’impatience des jambes comme les
mouvements périodiques sont fré-
quemment rencontrés chez les
malades éthyliques chroniques com-
me chez les insuffisants rénaux, hépa-
tiques ou respiratoires.
La plupart des insomnies répondent
à un traitement associant une théra-
pie comportementale à la prise d’un
traitement hypnotique de soutien de
c o u r te durée. Dans tous les cas, il
faut faire comprendre au patient les
recommandations utiles à une bon-
ne hygiène du sommeil.
Andrée-Lucie Pissondes
Pour information : Site internet de la SFRS
(Société française de recherche sur le som-
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 56 • juin-juillet 2004
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