V I E P R O F E S S I O N N E L L E L’ ordonnance du 24 avril 1996 relative à la maîtrise des dépenses de soins pose les principes de la télétransmission en utilisant la carte électronique SESAM VITALE pour les assurés et la carte professionnelle de santé pour les médecins. Elle institue l’obligation pour tous les professionnels de santé et établissements de santé de télétransmettre les feuilles de soins à destination des organismes d’assurance maladie. Les décrets du 9 avril 1998 fixent le contenu de la carte SESAM VITALE et son utilisation ainsi que le contenu et l’utilisation de la carte professionnelle santé (CPS). La télétransmission médicale ➤ Depuis la convention nationale signée avec MG France en novembre 1998, les généralistes adhérents s’engagent à offrir ce service aux assurés sociaux. L’avenant paru au Journal Officiel du 14 août dernier précise les modalités de l’aide pérenne à cette télétransmission et fait obligation désormais aux médecins généralistes de télétransmettre. Contenu de la carte SESAM VITALE et de la CPS La carte SESAM VITALE est une carte famille qui contient les mêmes informations que la carte d’assuré social papier, sauf l’adresse. La carte VITALE permet la prise en compte immédiate des droits de l’assuré, de ses bénéficiaires et la mise à jour des informations stockées dans sa mémoire à chaque changement de situation de l’assuré. La durée de vie de cette carte est de trois ans, ainsi que la durée des droits enregistrés sur la carte. Le ticket modérateur pour les affections ALD est également étendu à trois ans. La carte VITALE est J.P. Charliaguet gratuite pour l’assuré, son coût moyen est de 25 F. La diffusion des cartes VITALE a commencé depuis mai 1998 ; plus de 39 millions d’assurés possèdent leur carte et sont prêts à s’en servir. La carte professionnelle santé est une carte à puce d’identification des professionnels de santé. La CPS est protégée par un code confidentiel personnel. Cette carte est émise et gérée par le Groupement d’intérêt public cartes de professionnels de santé. Le 31 août 1999, 49 % des médecins avaient effectué la demande de carte CPS et plus de 50 000 cartes avaient été diffusées. Matériel indispensable ✔ Un micro-ordinateur. ✔ Un logiciel agréé. La liste des logiciels agréés pour la télétransmission des FSE est disponible en s’adressant à GIE SESAM VITALE, 19, bd Alexandre-Oyon 72019 Le Mans, ou sur le site Internet www.sesamvitale.fr, ou sur Minitel au 3614 CNDA. ✔ Un modem qui permette la télétransmission des feuilles de soins. ✔ Un lecteur de carte agréé par la GIE SESAM VITALE qui permet d’insérer simultanément la carte VITALE et la CPS. Actuellement, deux lecteurs de cartes, Dassault AT LCS 5000 et ASCOM MONETEL TWIN 10, sont agréés. ✔ Une ligne téléphonique. La Lettre du Cardiologue - n° 320 - novembre 1999 ✔ Une imprimante. ✔ Mais aussi, pour pouvoir fonctionner, un abonnement au Réseau Santé Sociale (RSS) et le kit de connexion CEGETEL (N° Azur 0 801 00 33 33). On peut utiliser également un autre réseau de type Internet, en vérifiant alors que le logiciel est compatible avec le réseau de votre choix. Création et transmission de la feuille de soins électronique (FSE) Après la mise en route de l’équipement informatique, il faut insérer sa carte CPS dans le lecteur bifentes en tapant son code confidentiel et, pour chaque patient, insérer la carte VITALE dans ce lecteur de carte, sélectionner les informations qui s’affichent sur l’écran, identifier l’assuré et les actes effectués ; le lecteur calcule les honoraires perçus et crée la feuille de soins électronique. En fin d’activité journalière, les feuilles de soins électroniques sont groupées par lots sous forme de fichiers électroniques et sont télétransmises grâce au modem via le réseau téléphonique en direction des organismes d’assurance maladie. L’assurance maladie envoie un accusé de réception logique (ARL) qui indique la bonne réception des FSE. On peut également avoir le retour NOEMIE, qui indique le traitement des FSE et le paiement de l’acte. À la date du 10 septembre 1999, 8 456 médecins sur les 110 250 médecins libéraux, donc 7,67 % entrant dans le champ d’application de SESAM VITALE, adressent régulièrement des feuilles de soins électroniques aux organismes d’assurance maladie. Après quelques difficultés lors de la mise en route, selon les médecins 11 V I E P R O F E S S I O N N E L L E télétransmetteurs, cette procédure est devenue fiable, mais elle nécessite d’y consacrer du temps journellement (une dizaine de minutes pour la création et l’envoi des FSE en fin de journée ; il y a aussi nécessité le lendemain matin du contrôle de la bonne réception des FSE [ARL], et problème à résoudre s’il y a un refus d’une FSE). Actuellement, les cardiologues ne peuvent pas télétransmettre par le seul fait que la nouvelle lettre clef Csc n’a pas été intégrée au logiciel et validée par le GIE. Faudra-t-il attendre l’arrivée de VITALE 2, dont la diffusion est annoncée pour l’an 2000, pour que les cardiologues aient la possibilité de télétransmettre ? VITALE 2, outre les informations contenues dans VITALE 1, contiendrait des informations médicales (VIM) et serait interrégimes. Le coût total de la carte SESAM VITALE est évalué à 4 milliards et demi sur trois ans en comprenant les aides à l’informatisation : pour les médecins, subvention de 9 000 F dont 7 000 F d’aide pour le matériel provenant du FORMMEL (fonds de réorientation et de modernisation de la médecine libérale), 2 000 F pour la télétransmission et la maintenance, avec un dédommagement de 40 centimes par FSE avec un plafond annuel de 3 000 F, avec une prime de 60 centimes par FSE jus- qu’au 31 décembre 1999, plafonnée à 3 750 F. Il est certain que l’on aurait pu réaliser d’emblée VITALE 2, ce qui aurait généré des économies substantielles mais, selon la CNAM, un processus logique a commencé avec le carnet de santé pour amener progressivement les patients et les médecins jusqu’à VITALE 2. Pour les patients, VITALE 2, même si le codage des actes est crypté et l’accès aux informations du codage réservé à quelques personnes à la CPAM, présente certainement un danger pour la protection du secret médical. Quant aux médecins, ils risquent d’être totalement sous le contrôle des caisses, tant sur le plan de la pratique médicale que financièrement. On peut craindre que cela soit l’objectif final de la CNAM, même si elle s’en défend en arguant qu’un de ses principaux objectifs est un gain de pro- ductivité qui sera obtenu par le non-renouvellement des départs en retraite conduisant à une réduction des effectifs de l’ordre de 8 700 postes temps plein d’ici 2005 et générant progressivement un gain qui atteindrait 2 milliards de francs par an dès 2005. Ce gain de productivité sera possible grâce au travail fourni par les médecins qui télétransmettront. Il est certain que l’informatisation des cabinets médicaux, en particulier ceux des cardiologues déjà rompus aux nouvelles technologies, est une nécessité dans l’environnement actuel. Aussi, pour ne pas être sous le contrôle absolu des caisses, ce d’autant que les nouvelles directives de Madame le Ministre Martine Aubry entendent leur confier totalement les médecins libéraux, les Unions professionnelles des médecins sont en train de mettre en œuvre un système équivalent avec un “concentrateur” dénommé LIBERALIS, et le Syndicat des Cardiologues met en place une structure comparable permettant le développement de l’informatisation et de la télétransmission vers le syndicat (association UCLA présidée par notre collègue, le Dr Alain Seabaoun). Ainsi, nous serons en mesure, face au “big brother” des caisses, de nous défendre et de construire une médecine ouverte sur les progrès technologiques. J.P. Charliaguet, Brive ANNONCEURS GLAXO WELLCOME (Pritor), p. 2 ; HOECHST HOUDÉ (Corvasal), p. 32 ; PARKE-DAVIS (Tahor), p. 13 ; 12 SANOFI SYNTHELABO (Kardégic, Trinipatch), p. 31, p. 9 et (Fraxiparine), encart central inséré entre les pages 16 et 17. La Lettre du Cardiologue - n° 320 - novembre 1999