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La Lettre du Cancérologue - Suppl. Les Actualités au vol. XIV - n° 1 - mars 2005
j’aurai terminé mon stage à l’IGR. Autres signes avant-cou-
reurs, et toujours en hémato-oncologie, la formation d’in-
firmières spécialisées pour la réalisation de chimiothérapies
dans le cadre d’échanges franco-maliens. Ce qui nous per-
met de réaliser toutes les chimiothérapies, du moins celles
qui sont disponibles, y compris en pédiatrie, dans les lym-
phomes, par exemple. Mais il est vrai que nous ne pouvons
pas encore assurer le traitement complet des cancers,
puisque nous ne disposons pas actuellement de service de
radiothérapie. Il serait certes possible d’acquérir l’appa-
reillage, mais il faut tout d’abord former les radio-physi-
ciens pour les utiliser. Par ailleurs, l’IRM nous fait défaut :
nous ne pouvons utiliser qu’un scanner qui a été mis en ser-
vice en 1994. Dans le cadre d’une prise en charge globale
d’un patient atteint de cancer, la médecine malienne doit
donc encore faire appel aux bonnes volontés extérieures et
adresser le malade, pour sa radiothérapie, en Algérie, au
Maroc, voire en France, selon ses possibilités matérielles.
Quant aux types de cancers, jusqu’à une période récente, le
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La cancérologie au Mali
Entretien avec M. Ly, oncologue, Mali.
Réalisé par G. Mégret
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Et qu’en est-il de la canrologie?
Elle va certainement suivre l’évolution actuelle des
autres spécialités. À Bamako, notre capitale, de
nombreux CES s’ouvrent : pédiatrie, gynécologie, chirurgie.
Dès l’année prochaine, il y aura un CES de médecine interne.
En revanche, pour l’instant, certaines spécialités particu-
lières comme l’anatomo-pathologie et la cancérologie (qui
y est liée) ne bénéficient pas encore de CES organisés, et nous
devons aller nous former à l’extérieur : en Algérie, au Maroc,
mais aussi en France, en Belgique, etc. Cependant, il semble
que les prémices du développement de la cancérologie
apparaissent, puisque des disciplines très proches telles que
l’hématologie bénéficient déjà de spécialistes bien formés.
Pour l’oncologie proprement dite, il n’y a pas encore de can-
cérologue à part entière au Mali. Nous n’avons qu’un agrégé
d’hémato-oncologie qui, d’ailleurs, a fait sa formation à
l’hôpital Bichat et à l’Institut Gustave-Roussy (IGR), où il
a pu apprendre tous les protocoles de chimiothérapie. Et,
pour ma part, je serai le premier oncologue malien dès que
Prudent et avisé, Madani Ly nous rappelle d’emblée que le Mali fut
une colonie française – appelée alors le Soudan français – jusqu’en
1960, date de l’indépendance, et qu’à ce titre le cursus habituel
médical était calqué sur la faculté de Paris. Mais il a fallu ensuite former
rapidement un grand nombre de médecins généralistes, avec, de plus,
des compétences particulières, plus orientées vers la pratique
de brousse (urgences, chirurgie) que la médecine universitaire...
Ce qui explique l’absence prolongée d’un internat comparable à celui
existant en France. Cependant, la première promotion a pu voir le jour
cette année, avec l’instauration d’un numerus clausus.
Ailleurs
Ailleurs
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26 La Lettre du Cancérologue - Suppl. Les Actualités au vol. XIV - n° 1 - mars 2005
cancer du foie était le cancer le plus fréquent au Mali, et
ce à cause de l’hépatite B : 81 % de la population de notre
pays a une positivité de l’antigène HBS. Désormais, grâce à
la vaccination obligatoire – faite véritablement par le
porte-à-porte –, le cancer du foie est en recul et l’on voit
apparaître d’autres localisations. Le cancer du sein est en
train de supplanter le cancer du foie, sans doute par le fait
d’une meilleure détection. De même, les hémopathies
malignes, les lymphomes (surtout le Burkitt chez l’enfant)
se rencontrent fréquemment. Mais nous pensons qu’il y a un
biais de sélection qui tient au fait que, le chef de service
étant hémato-oncologue, sa réputation et sa renommée
loco-régionale concourent à augmenter le recrutement. Il
apparaît donc que le Mali, comme nombre de pays africains,
ne dispose pas encore d’équipements, d’infrastructures
et de services suffisants pour faire face à la pathologie
cancéreuse, bien présente dans ces régions.
Mais, sans tomber dans un optimisme aveugle qui ne
serait pas en phase avec la réalité, Madani Ly veut
envisager l’avenir avec détermination. Et lorsqu’on lui
demande s’il a l’intention de retourner au Mali, une
fois sa formation oncologique complète terminée,
la réponse est nette :
Oui. Et quelles que soient les
difficultés. Pour trois raisons
majeures. D’une part, il n’y a pas
d’oncologue au Mali, et j’aime mon
pays. Ensuite, je serai beaucoup
plus utile au Mali, tant il y a à
faire. Et enfin, pour un étranger en
France, lorsqu’on a des ambitions universitaires, il est
pratiquement impossible de les réaliser.
Population :
12 650 000 habitants
Espérance de vie :
43,9 ans
chez l’homme/
45,7 chez la femme
(France : 76/83,5)
Mortalité infantile/1000 :
233 garçons
224 filles
(France : 4/5)
Nombre de médecins
pour 100 000 habitants :
10 (France : 303)
Dépenses de santé
en dollars/an/habitant :
30 (France : 2 567)
(Source OMS, Rapport 2003)
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>> le Mali
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