juin 2013
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LE MALI, APERÇU DES PERSPECTIVES ECONOMIQUES
Par Alkeydi Ibrahima Touré, CRM*
Dans le contexte préélectoral, avec les crispations liées à la question de Kidal et les
suspicions à l’endroit de forces supposées coalisées pour la partition du Mali, les
questions vitales de survie des populations passent au second plan. Pendant que
l’urgence humanitaire le dispute à la grande pauvreté, la conquête du pouvoir reste
la préoccupation principale du personnel politique et des élites. Et au moment il
faudra bien s’y atteler sérieusement, le risque est grand de ne pas y avoir réfléchi et
de subir une fois de plus des plans, programmes ou solutions importées, dénués de
vision d’ensemble ou de bon sens, et au final compromettre un développement
devenu vain slogan plutôt qu’objectif réel.
Une obligation due aux populations
Comment un pays qu’on présente souvent comme déshérité mais qui dispose d’un
vrai potentiel de développement a pu apparaître comme l’exemple type de la
pauvreté ? Un bassin hydrographique de tout premier choix, un peuple peu économe
de sa force de travail, un potentiel minier avéré et partiellement exploité, une masse
critique urbaine en formation. En face de cela, l’attente angoissée du facteur
pluviométrique, une mauvaise allocation de cette même force de travail, un manque
de prise sur la démographie, une allocation des ressources biaisée par la corruption
et le déficit managérial.
Une action économique en trois directions
i. L’administration du Secteur Public
L’exemple des pays émergents d’Asie montre que la maitrise du secteur
public et de l’administration est un des clés du succès aussi bien dans ses
moyens que dans son action. Les récents modèles africains à l’instar du
Rwanda prouvent que ce défi n’est pas au-dessus de nos possibilités malgré
de profondes pesanteurs liés à l’absence de culture de la productivité, la
corruption endémique partiellement explicable par la faiblesse du traitement
des employés du secteur ou la qualité de la formation. Il faudra
nécessairement entreprendre ce chantier d’envergure sans lequel aucune
sortie de la pauvreté n’est possible.
Nous ne proposerons pas de recette miracle mais une approche reposant sur
une étude rigoureuse des cas de réussite et leur adaptation au cas
spécifique malien, mais dans une démarche particulièrement volontariste.
Mettre en œuvre la nouvelle Administration reposant sur une gouvernance
fondée sur l’éthique et la culture du résultat devra être une cause nationale.
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En conséquence, une part substantielle de la richesse nationale et de la
contribution des Partenaires Techniques et Financiers sera affectée à ce
chantier sous la forme d’un contrat entre le Mali et ses pour faire du Secteur
Public un des leviers du développement et non plus le frein principal.
ii. Les grands chantiers structurants
Une autre part importante sera affectée au Secteur Productif et l’ensemble
des facteurs qui l’impactent sous la forme d’un instrument financier adapté,
cœur du dispositif de développement du secteur privé.
Une vision d’envergure s’impose pour développer les infrastructures autour
du fluvial, du ferroviaire, du routier et de l’aérien en système intégré. A ces
grands chantiers s’ajouterons les secteurs de l’Eau, de l’Energie, de
l’aménagement dans le Secteur Primaire pour mettre fin à la dépendance vis à
vis du facteur pluviométrique, et du cadre de vie.
Le succès du décollage du pays dépend de la relève de ces challenges, et la
relève de ces challenges dépend principalement du mode de gestion des fonds
alloués à ces chantiers. Nous proposons dans une note distincte les modalités
de la mise en place d’un Fonds d’Actifs Stratégique, futur fer de lance de
l’émergence du pays. Ce instrument sera l’espace de rencontre des capitaux,
des savoir-faire, de l’information et des réseaux pour mettre ensemble les
atouts indispensables à la reconstruction.
iii. L’économie locale
Enfin, l’accent devra être mis sur tous les moyens susceptibles de libérer
l’économie locale des freins à ses initiatives. Les dispositions liées à la
décentralisation, le micro-financement, le dispositif fiscal, le renforcement des
capacités des PME-PMI et des initiatives de groupements économiques seront
orientées dans le souci de permettre aux populations de prendre en charge
l’amélioration de leur niveau de vie.
Les trois directions dans les lesquelles le nouveau leadership devra axer son
effort sont étroitement interdépendant, et de la qualité de la vision et de
l’action d’ensemble dépendra le succès. Il dépendra également d’actions en
profondeur indispensables touchant l’Education, la Santé, la Justice, les
relations extérieures et la politique du Travail qui sera particulièrement
stimulé par l’action triple indispensable au développement.
* Club de Réflexion sur le Mali (CRM): think tank crée en 2012 dans le contexte de la Crise Malienne qui
est le cadre pour un groupe de cadres maliens de se constituer en force d’analyse, de propositions et de
lobbying sur les grands enjeux maliens et sahéliens.
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