Accidents infectieux Les soignants particulièrement exposés L’OMS met en garde sur la recrudescence du risque infectieux. En milieu hospitalier, celui-ci est très présent. Outre les agents infectieux, certains agents biologiques également sont à l’origine de maladies professionnelles. P armi les professionnels, les soignants sont particulièrement concernés par les contaminations dans leur secteur d’activité. Virus, bactéries, parasites, champignons, prions sont à l’origine de risques infectieux, mais aussi immunoallergiques, toxiniques, menant parfois à des pathologies très graves. Il en est de même pour les cultures cellulaires d’origine humaine ou animale, de plus en plus manipulées dans le cadre de la recherche ou du diagnostic en virologie. Il est souvent difficile de relier une maladie à une exposition professionnelle. D’ailleurs, certaines passent inaperçues. Parmi les professions exposées, on distingue celles dont l’activité consiste à manipuler des souches connues (laboratoires) et celles qui exposent le professionnel de façon potentielle (soignant en contact avec un malade). L’évaluation du risque biologique doit être réalisée dans tout établissement (article L.230-2 du Code du travail) et elle est sous la responsabilité de l’employeur. Concernant l’exposition délibérée (laboratoires), l’évaluation des risques repose essentiellement sur le classement des agents biologiques auxquels les salariés peuvent être exposés et sur les modes de transmission de ces agents (article R.231-62 du Code du travail). L’arrêté du 13 août 1996 fixe les mesures de prévention minimales. La liste des agents biologiques pathogènes s’appliquant uniquement aux micro-organismes susceptibles de provoquer une maladie infectieuse chez l’homme est fixée par l’arrêté du 18 juillet 1994, modifié par les ar- Risque infectieux On peut distinguer quatre groupes d’agents biologiques pathogènes. • Groupe 1 : l’agent biologique n’est pas susceptible de provoquer une maladie chez l’homme. • Groupe 2 : l’agent biologique peut provoquer une maladie et constituer un danger pour les travailleurs. Sa propagation dans la collectivité est improbable. Il existe en général une prophylaxie ou un traitement efficace. Dans ce groupe, on peut citer les agents du tétanos, de la légionellose, de la leptospirose, le virus de l’hépatite A, de la rubéole. • Groupe 3 : l’agent biologique peut provoquer une maladie grave chez l’homme et constituer un danger sérieux. Il peut présenter une propagation dans la collectivité, mais il existe généralement une prophylaxie ou un traitement efficace. On retrouve ici les agents de la brucellose, de la tuberculose et du charbon, mais aussi les agents comme les virus VHB et VHC ainsi que le prion, qui ne sont pas infectieux normalement par voie aérienne. • Groupe 4 : l’agent biologique provoque des maladies graves chez l’homme et constitue un danger sérieux. Il peut présenter un risque élevé de propagation dans la collectivité. Il n’existe généralement pas de prophylaxie ou de traitement efficace. Dans ce groupe, on retrouve essentiellement des virus (fièvres hémorragiques africaines comme le virus Ebola). D’après les informations relayées par Travail & Sécurité, n° 625, janvier 2003. 8 Professions Santé Infirmier Infirmière - No 43 - janvier-février 2003 rêtés du 17 avril 1997 et du 30 juin 1998. La prévention par la seule vaccination ne suffisant pas, il est bon de rappeler les règles les plus élémentaires que sont le lavage des mains, le changement du vêtement de travail, le port de protections. De même, il est important d’être attentif au tri, à la collecte, au stockage, au transport et à l’élimination des déchets dans le respect des règles établies. Aiguilles, lames usées, papier absorbant, liquide contaminé, chaque déchet doit suivre son propre circuit. Andrée-Lucie Pissondes Connaître le statut sérologique et l’état clinique du patient source Les sérologies VIH, VHB et VHC du patient seront effectuées dans les délais les plus brefs. Il faut cependant rappeler que, dans le cas d’une primo-infection récente, la sérologie du patient source peut se révéler négative alors que celuici est déjà potentiellement contaminant. L’accord du patient est indispensable pour effectuer les tests. Quand des renseignements cliniques ont été recueillis, il est important de savoir s’il est asymptomatique ou à un stade évolué de la maladie, de connaître les traitements antérieurs qui lui ont été administrés, son niveau immunitaire et sa charge virale. Ces informations seront obtenues par le médecin responsable du service hospitalier. Elles seront rendues anonymes avant d’être transmises au médecin référent qui sera chargé de mettre en œuvre, éventuellement, un traitement prophylactique du soignant exposé. Des tests sérologiques à l’insu du patient, afin de décider du traitement antirétroviral du soignant, sont une démarche absolument prohibée.