Mise au point Hypogonadisme et dysfonction érectile J.M. Kuhn* ✎ Un hypogonadisme peut être responsable à lui seul d’une dysfonction érectile s’il s’avère suffisamment profond (testostéronémie < 2 ng/ml). ✎ Un hypogonadisme modéré peut participer à la physiopathologie d’une dysfonction érectile, en particulier chez l’homme âgé. ✎ Dans la démarche étiologique d’une dysfonction érectile, la recherche de signes cliniques d’hypogonadisme doit être faite au même titre que le recueil de signes d’atteinte neurologique ou vasculaire et l’évaluation de la composante psychologique. raisemblablement par analogie avec V l’aménorrhée, symptôme majeur des déficits ovariens, la dysfonction érectile (terme nosologiquement plus précis et psychologiquement plus acceptable par le patient qu’impuissance) est spontanément et intuitivement considérée comme un signe d’hypogonadisme. En fait, la difficulté ou l’impossibilité du maintien ou de la mise en route d’une érection n’est qu’un symptôme susceptible de s’inscrire dans le cadre d’un hypogonadisme mais relevant le ✎ L’affirmation d’un hypogonadisme repose sur la mesure combinée des taux de testostérone plasmatique totale (ou de testostérone biodisponible), de LH et, si besoin, de Testosteroneestradiol Binding Globulin. ✎ Ces mesures ne sont à entreprendre chez l‘homme de moins de 50 ans que s’il existe des signes objectifs d’hypogonadisme alors qu’elles se justifient après cet âge même en présence d’une dysfonction érectile isolée. ✎ L’androgénothérapie substitutive n’est pas indiquée lorsqu’une cause curable d’hypogonadisme est mise en évidence. plus souvent d’autres étiologies, souvent intriquées. En effet, un hypogonadisme biologique n’est retrouvé, en moyenne, que chez moins de 10 % des hommes consultant pour ce symptôme (1, 2). Il n’en demeure pas moins que la recherche d’un hypogonadisme doit être l’un des temps de l’enquête étiologique d’une dysfonction érectile et que celle-ci doit être systématiquement recherchée chez des patients souffrant d’hypogonadisme quelle qu’en soit la cause. En effet, un hypogonadisme peut ✎ En l’absence de traitement étiologique, une substitution par androgènes doit être mise en route dans le respect de ses contre-indications (en particulier prostatiques et hypophysaires). ✎ La mise en route d’une androgénothérapie ne se justifie pas chez un patient souffrant de dysfonction érectile non sous-tendue par un hypogonadisme ou dont la responsabilité peut être attribuée à des médications à activité antiandrogénique. ✎ L’induction médicamenteuse d’un hypogonadisme peut s’avérer nécessaire lorsque l’objectif est d’obtenir un contrôle de pulsions sexuelles pathologiques. expliquer à lui seul le symptôme ou s’insérer dans un mécanisme physiopathologique composite impliquant des facteurs neurologiques, vasculaires, médicamenteux et psychologiques. La quête du facteur causal de la dysfonction érectile permettra de préciser le caractère fonctionnel, susceptible de réversibilité spontanée, ou au contraire organique du trouble, susceptible de bénéficier d’un traitement symptomatique à défaut d’une thérapeutique spécifiquement étiologique. * Service d’endocrinologie et maladies métaboliques, hôpital Le Bois-Guillaume, CHU de Rouen. 256 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2001 Mise au point Les centres cérébraux du comportement sexuel des mammifères impliquent avant tout l’hypothalamus et, plus spécifiquement, le circuit de Papez et l’aire préoptique. Les neurones de ces centres sont sensibles à l’action des stéroïdes sexuels pour lesquels ils expriment des récepteurs. La stimulation électrique de ces noyaux neuronaux accroît l’activité sexuelle alors que leur destruction l’abolit (3). La modulation par les stéroïdes sexuels de l’activité neurosécrétoire de ces centres est transmise par des circuits neuronaux hautement complexes mettant en jeu nombre de neurotransmetteurs parmi lesquels la dopamine (notamment par le biais de l’activation de récepteurs D1 et D2) et de nombreux peptides (peptides opioïdes endogènes, neuropeptide Y, etc.) (4). La testostérone, susceptible d’être transformée localement en 17 β-estradiol par une aromatase ou en dihydrotestostérone par une 5-α-réductase, stimule l’activité des centres impliqués dans l’émergence du désir d’activité sexuelle. À l’inverse, la carence androgénique mettra l’activité de ces centres au repos avec sa double conséquence de désintérêt pour toute activité sexuelle et de dysfonction érectile (4-7). Cependant, l’imprégnation androgénique ne représente pas la seule voie d’initiation de l’érection. En effet, lorsque le stimulus utilisé emprunte des voies androgéno-indépendantes, l’érection et l’activité sexuelle sont possibles. Cinquante pour cent des hommes traités par analogues de la GnRH pour carcinome de la prostate métastasé conservent un certain degré d’activité sexuelle alors même que la sécrétion endocrine testiculaire est totalement bloquée (8). Chez des hommes atteints d’un hypogonadisme profond non substitué, la stimulation visuelle par des films à caractère érotique induit des érections plus amples et plus prolongées que chez les témoins (9). Ces résultats contrastent avec la réduction du nombre et de l’amplitude des érections spontanées nocturnes chez l’homme hypogonadique non substitué alors que celles-ci sont parfaitement restaurées après supplémentation androgénique (10). Ainsi, les érections spontanées nocturnes sont clairement androgénodépendantes alors que les érections psychogènes (notamment par l’emprunt des voies visuelles) ne le sont que partiellement. TESTOSTÉRONE + R Neurone pelvien + L-arg NO-synthase Aspects physiologiques + NO Les points d’impact de la + testostérone sur les phénoGuanylyl-cyclase mènes impliqués dans Corps caverneux l’activité sexuelle masculine ne se limitent pas à GTP cGMP l’action sur le cortex. + En effet, certains motoRelaxation neurones spinaux disposent du système de réception aux androgènes (11). Figure 1. Androgéno-dépendance de la vasodilatation des corps caverneux La testostérone stimule induite par la libération neuronale pelvienne d’oxyde nitrique (NO). l’activité enzymatique des R = récepteur des androgènes ; L-arg = L-arginine (précurseur du NO). neurones du système autonome moteur (12). plémentation en androgènes la restaure La trophicité pénienne est également andro(13, 14). Les androgènes stimulent l’exgéno-dépendante. Pendant la vie embryonpression du gène codant pour la NO-synnaire, la dihydrotestostérone formée localethase au sein des neurones des ganglions ment est responsable de la différenciation pelviens du rongeur (15). Si l’activation de pénienne. À la période pubertaire, ce même la voie de la NO-synthase, aboutissant in stéroïde en permet le développement optifine à la production de GMP-cyclique myomal, phénomène maintenu par les androrelaxant est dominante, elle n’est cepengènes à l’âge adulte. dant pas exclusive (16). Les androgènes interviennent également Ainsi, la dysfonction érectile, satellite de dans les phénomènes vasculaires qui sont à l’hypogonadisme masculin, relèvera de la l’origine de l’érection. Succinctement, les sommation des mécanismes précédemment contingents de neurones honteux activés envisagés : réduction de l’intérêt sexuel, disinduisent une augmentation du débit artéparition des érections nocturnes ou matiriel local par production d’oxyde nitrique nales, altération moins profonde des érec(NO). Ces neurones contiennent en effet tions psychogènes dont la qualité sera une NO-synthase dont l’activité est androcependant réduite par disparition des effets géno-dépendante (figure 1). La carence trophiques et vasodilatateurs des androgènes androgénique réduit cette activité. La sup- 257 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2001 Mise au point Estrogènes Progestatifs Glucocorticoïdes Spironolactones Cyprotérone acétate Flutamide Nilutamide Cimétidine OP – Démarche diagnostique La recherche d’un lien entre carence androgénique et dysfonction LIBIDO HYPOTHALAMUS érectile s’inscrira schéPRL + Estrogènes + matiquement dans quatre Psychotropes situations différentes : HYPOPHYSE – le patient consulte pour dysfonction érectile et GnRH analogues prend des médications LH susceptibles d’en être reshCG Spironolactones ponsables, notamment Estrogènes par le biais d’une action Kétoconazole Aminoglutéthimide satellite sur l’équilibre T-TeBG androgénique ; TESTICULE – le patient se plaint de Progestérone Finastéride dysfonction érectile et ne Estrogènes prend pas de médications Hormones thyroïdiennes DHT Anti-épileptiques jouant un rôle dans la Op'DDD genèse du symptôme ; la quête d’un hypogonadisFigure 2. Point d’impact des principales médications susceptibles d’inter- me doit faire partie de la démarche étiologique ; agir avec l’équilibre androgénique physiologique. – le patient souffre d’un + = effet stimulant ; – = effet inhibiteur. hypogonadisme connu, la sur le pénis. recherche d’une dysfonction érectile doit La carence androgénique ne se traduira en faire partie de l’évaluation préthérapeusymptômes cliniques qu’au-dessous d’un tique et du suivi ; certain seuil que plusieurs études ont cher– l’objectif de la thérapeutique est d’induire ché à préciser. Dans l’ensemble, il apparaît une dysfonction érectile, sa recherche fera qu’un taux de testostérone plasmatique total donc partie de l’évaluation de l’efficacité inférieur à 2 ng/ml (7 nmol/l) est un seuil thérapeutique. au-dessous duquel l’ensemble de la foncCompte tenu des effets centraux des androtion sexuelle est altérée (17). Bagatell et al. gènes, le médecin doit s’enquérir, à l’exa(18) ont montré que la substitution androgémen clinique, de l’existence ou non d’une nique à ce niveau, chez des hommes norbaisse de la libido. Il s’agit en effet d’un maux préalablement traités par agonistes de symptôme prédominant, quoique non spéla GnRH, suffisait à maintenir libido et acticifique, d’un hypogonadisme profond. Elle vité sexuelle normale. Si une carence andropeut néanmoins être absente lorsque l’hygénique profonde (<2 ng/ml) peut expliquer pogonadisme est d’intensité modérée ou au à elle seule le trouble observé, un déficit contraire être présente lorsqu’il n’y a pas androgénique plus discret (entre 2 et d’hypogonadisme et n’être alors qu’une 3,5 ng/ml, soit 7 à 12 nmol/l) peut intervenir conséquence de la dysfonction érectile. dans la dysfonction érectile mais incite à L’interrogatoire devra détailler les prises rechercher l’association d’autres mécanismes médicamenteuses. Parmi les nombreuses physiopathologiques sous-jacents. + GnRH – médications susceptibles d’altérer la qualité de l’érection, certaines agissent plus spécifiquement par le biais d’un hypogonadisme fonctionnel. Ces médications sont susceptibles d’agir à tous les étages androgéno-dépendants (figure 2). Ainsi, les effets secondaires des traitements par analogues de la GnRH ou des thérapeutiques psychotropes s’exerceront au niveau central. À l’inverse, des médications anti-androgéniques bloquant de façon compétitive la liaison des androgènes sur le récepteur agiront en des sites aussi variés que l’hypothalamus ou les cibles périphériques des androgènes (19). Le troisième temps de l’examen clinique sera la recherche de signes objectifs d’hypogonadisme. Bien qu’inconstants, il faut les rechercher dans quatre registres : – psychologique : asthénie, troubles des fonctions cognitives, tendance dépressive, défaut de concentration, etc. ; – physique : asthénie, gynécomastie, adiposité, régression de la pilosité sexuelle, diminution de la masse musculaire ; – vasomoteur : similaire à ceux observés au cours de la ménopause ; – sexuel, enfin. L’affirmation de la présence d’un hypogonadisme masculin repose sur les dosages hormonaux. Ceux-ci incluent peu ou prou les paramètres suivants : testostéronémie totale, Testosterone-estradiol Binding Globulin (TeBG), testostérone biodisponible, LH plasmatique. Avant 50 ans, ces mesures ne se justifient qu’en présence de stigmates cliniques d’hypogonadisme et/ou d’une chute de la libido. Après 50 ans, la fréquence de l’hypogonadisme s’accroissant avec l’âge, la mesure de ces paramètres hormonaux est légitime chez un patient se plaignant de dysfonction érectile qu’il existe ou non des signes associés évocateurs (2). Un abaissement de la concentration plasmatique de testostérone totale inférieur à 2 ng/ml confirmé sur un deuxième prélève- 258 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2001 Mise au point ment suffira à établir le diagnostic d’hypogonadisme à condition d’avoir écarté les fausses hypotestostéronémies par confrontation aux chiffres de TeBG ou de LH. En effet, une réduction de la concentration de TeBG a pour conséquence une baisse de la testostérone totale sans chute concomitante de sa fraction libre (à peu près 2 %) considérée comme la seule physiologiquement active. Un tableau de ce type peut être observé chez l’obèse. À l’inverse, une inflation du taux de TeBG est susceptible de masquer une réduction de la fraction libre du stéroïde, voire même d’induire une hypertestostéronémie paradoxale compte tenu du motif de la consultation (20). Dans ces circonstances, le rapport testostéronémie totale-TeBG (chaque paramètre étant exprimé en nmol/l) fournira une approximation indirecte de la fraction physiologiquement active de la testostérone (N > 0,6). Elle doit être, en cas de doute, utilement remplacée par la mesure directe de la testostérone biodisponible (21, 22). Enfin, la détermination concomitante de la concentration plasmatique de LH (23) permettra d’apporter deux informations supplémentaires. Son élévation au-dessus des limites normales de l’homme adulte (N 10 U/ml) confirme l’hypogonadisme, même en présence d’une testostéronémie totale normale. Il faut néanmoins avoir présent à l’esprit, pour l’interprétation de cette dernière valeur, que la sécrétion gonadotrope se modifie avec l’âge et que ce symptôme biologique peut être absent après 65 ans alors même qu’il existe un authentique hypogonadisme primaire (24). L’inflation de la concentration plasmatique de LH traduit le déficit du rétrocontrôle négatif exercé par les stéroïdes sexuels sur la sécrétion gonadotrope. Ce constat permettra de préciser le caractère primaire de l’hypogonadisme. Si la concentration plasmatique de LH est inférieure à 10 mU/ml, son association à une réduction de la testostéronémie totale, qu’il faudra interpréter avec les précautions mentionnées précédemment, authentifie le caractère secondaire de l’hypogonadisme à un déficit gonadotrope. Celui-ci peut expliquer en totalité la symptomatologie clinique et biologique ou au contraire s’associer au déficit testiculaire primaire, notamment chez l’homme âgé de plus de 65 ans (25). En résumé, les déterminations biologiques les plus pertinentes pour affirmer l’existence d’un hypogonadisme chez un patient consultant pour dysfonction érectile sont au nombre de trois : testostérone, TeBG et LH. Avant 50 ans, ces trois mesures, effectuées chez un patient se plaignant de symptômes ou présentant des signes d’hypogonadisme, suffiront à établir ce diagnostic. Après 50 ans, l’existence d’une dysfonction érectile doit suffire à faire effectuer ces mesures éventuellement complétées par la détermination de la testostérone biodisponible compte tenu des modifications hormonales liées à l’âge (modifications de la sécrétion gonadotrope, inflation du taux de TeBG). La mise en évidence d’un hypogonadisme hypogonadotrope devra conduire à une dernière étape comportant la mesure de la saturation à la sidérophiline, de la prolactinémie et de la recherche d’autres stigmates d’insuffisance antéhypophysaire et bien entendu à une étape de visualisation pituitaire. Attitude pratique (figure 3) L’hypogonadisme affirmé et la précision de son origine établie, se pose la question de l’attitude pratique à adopter. 1. Lorsque la dysfonction érectile est soustendue par un hypogonadisme, trois situations sont schématiquement possibles : – la cause de l’hypogonadisme est accessible à un traitement spécifique. Cette thérapeutique permettant de supprimer le facteur causal et, consécutivement, l’hypogonadisme, résoudra le problème de la dysfonction érectile révélatrice. L’exemple type de cette situation est l’adénome hypophysaire à prolactine, étiologie rare d’hypogonadisme, mais spécifiquement curable par une approche neurochirurgicale ou par les agonistes dopaminergiques ; – la cause de l’hypogonadisme est identifiée mais aucun traitement spécifique n’est envisageable. Le déficit testiculaire endocrine primaire est l’exemple type de cette situation. Le traitement repose alors sur la substitution androgénique. Si l’hypogonadisme est suffisamment profond pour expliquer à lui seul la dysfonction érectile, la substitution androgénique est un traitement d’autant plus logique qu’il fera disparaître le symptôme révélateur et permettra de palier les inconvénients de l’hypogonadisme (au premier rang desquels l’ostéoporose). L’initiation de la thérapeutique qui suivra des modalités adaptées à chaque cas ne devra cependant s’envisager qu’après avoir écarté les contre-indications potentielles (notamment prostatiques après 50 ans) et s’être assuré que la dysfonction érectile n’est pas de physiopathologie multifactorielle (vasculaire ou neurologique en particulier). Dans cette dernière hypothèse, ces autres facteurs étiologiques seront à corriger conjointement ; -– enfin, troisième cas de figure, la cause de l’hypogonadisme est clairement identifiée et non accessible à un traitement spécifique, mais la mise en route d’une substitution androgénique est impossible. Elle peut en effet être contre-indiquée par le contexte pathologique ou vouée à l’échec en raison d’interférences médicamenteuses (traitement non interruptible par substance à activité antiandrogénique par exemple). Il faut dans ce cadre avoir recours aux traitements non hormonaux de la dysfonction érectile. En pratique, les patients atteints d’une dysfonction érectile et relevant d’une androgénothérapie substitutive sont les suivants (26-29) : – la dysfonction érectile révèle un hypogonadisme chez un adulte jeune ; – il existe des symptômes cliniques et la testostéronémie totale est inférieure à la limite basse de la norme de l’adulte jeune (3 ng/ml = 11 nmol/l) chez un patient de 259 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2001 Mise au point alternatives thérapeutiques symptomatiques. Traitement inhibiteur Hypogonadisme 3. Si l’hypogonadisme est de la libido connu Recherche d'une antérieurement connu et qu’il dysfonction érectile n’existe pas de contre-indication à leur prescription Dysfonction érectile révélatrice (notamment prostatique ou hypophysaire), le patient est en toute logique substitué par Évaluation libido < 50 ans > 50 ans Prises médicamenteuses androgènes. Compte tenu de la Examen clinique nécessité d’une concentration androgénique suffisante pour Signes d'hypogonadisme Signes d'hypogonadisme présents absents stimuler l’élément physioloTestostérone + LH gique moteur de l’activité ± TeBG Testostérone + LH sexuelle masculine, il est tout ± T biodisponible ± TeBG à fait habituel qu’un homme hypogonadique insuffisamHypogonadisme Hypogonadisme Recherche d'autres Hypogonadisme confirmé écarté facteurs étiologiques ment substitué ne se plaigne infirmé pas de l’absence de correction d’une dysfonction érectile préTraitement étiologique Recherche d'autres Traitement étiologique existante au traitement. La IMPOSSIBLE facteurs étiologiques POSSIBLE démarche médicale de suivi de l’hypogonadisme traitée doit Substitution androgénique Substitution androgénique donc inclure la recherche de possible impossible ou inefficace l’existence d’une dysfonction érectile. Sa présence devra faire reconsidérer l’adéquation Traitement Traitement Substitution des modalités du traitement symptomatique étiologique androgénique androgénique et, si nécessaire, faire rechercher d’autres facFigure 3. Arbre décisionnel de prise en charge d’un hypogonadisme associé à une dysfonction érectile. teurs physiopathologiques. roïdogenèse, antiandrogènes interfèrent plus de 65 ans ; 4. Enfin, dans certaines circonstances très peu ou prou avec les effets physiologiques – il existe une baisse du taux de testostéroparticulières, l’obtention d’une dysfonction des androgènes et sont susceptibles, par ce ne totale ou libre associée à une franche érectile est l’objectif recherché par le thébiais, d’être responsables d’une dysfoncélévation du taux de LH chez un patient de rapeute (30, 31). La délinquance sexuelle tion érectile. Deux situations schématiques la même tranche d’âge ; constitue un phénomène de société de plus sont observables : en plus inquiétant. Ces actes délictueux, – il existe des symptômes cliniques et la – l’affection causale rend possible l’interquasi exclusivement masculins, sont comtestostéronémie biodisponible est située ruption ou la modification du traitement mis par des sujets au comportement sexuel au-dessous de la valeur inférieure au seuil impliqué ; déviant ou paraphilie. La pédophilie est de l’adulte jeune chez un patient de plus de – le traitement ne peut être modifié. En sans doute la plus fréquente. 65 ans (0,07 ng/ml = 0,25 nmol/l). l’absence de contre-indication, l’introducL’internement, à fondement pénal, ne 2. La deuxième situation, loin d’être exception d’une androgénothérapie substitutive résout pas le problème de fond et n’est pas tionnelle, concerne les patients consultant peut être tout à fait envisagée lorsque la un élément préventif des récidives. Enfin, pour dysfonction érectile et recevant une médication en cause est responsable direcl’obligation de soins de tels patients, impothérapeutique susceptible d’induire un tement ou non d’un déficit androgénique. sée par la législation, rend nécessaire le hypogonadisme fonctionnel (figure 2). À Cette attitude thérapeutique n’est cepenrecours à un suivi thérapeutique à la fois titre d’exemple, agonistes de la GnRH, dant pas envisageable avec les antiandropsychotropes (agissant par le biais d’une psychothérapique et médicamenteux. La gènes, ce qui rend nécessaire le recours aux hyperprolactinémie), inhibiteurs de la stécastration chirurgicale est efficace (32) Traitement potentiellement inducteur d'hypogonadisme 260 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2001 Mise au point mais irréversible. L’acétate de cyprotérone exerce une puissante action antiandrogénique par inhibition compétitive de l’effet des androgènes sur leur récepteur et par blocage de la sécrétion gonadotrope. Elle permet d’obtenir le résultat recherché 8 fois sur 10 (33). Pour efficace qu’il soit, ce traitement a cependant ses limites : effets secondaires potentiels (notamment hépatiques), administration orale exclusive (risque d’interruption intempestive), absence de marqueurs biologiques indiscutables de suivi (réduction inconstante du taux de testostérone plasmatique). Les analogues de la GnRH présentent l’avantage de bloquer la sécrétion de testostérone en évitant ses inconvénients. Plusieurs études pilotes ont clairement démontré l’intérêt de l’utilisation des analogues retard de la GnRH dans une telle indication (30, 31, 34). Conclusion La recherche de l’existence d’un hypogonadisme sous-jacent à une dysfonction érectile et, dans l’affirmative, la précision de son étiologie, représentent deux étapes dont les modalités seront adaptées au contexte. Chez un homme de moins de 50 ans, la réalisation d’un bilan biologique doit comporter au maximum la mesure du taux de testostérone plasmatique lorsqu’il n’existe pas de stigmates cliniques d’hypogonadisme. Après cet âge, la mesure de la LH, de la testostéronémie plasmatique totale et de la TeBG (ou de la testostérone biodisponible) doit être incluse dans la démarche étiologique, même en l’absence d’autres signes cliniques d’hypogonadisme. La possibilité de mise en route d’un traitement étiologique de l’hypogonadisme permettra à la fois son éviction et celle de la dysfonction érectile. En dehors de ces circonstances, le traitement le plus adapté est la substitution androgénique. 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A U T O - T E S T A U T O - T E S T I. Les actions des androgènes sur l’activité sexuelle masculine s’exercent en particulier : a. sur le cortex occipital, II. Vrai ou faux Le seuil du taux de testostérone totale au-dessous duquel un hypogonadisme explique à lui seul une dysfonction érectile est de 2 ng/ml (7 nmol/l). b. sur le thalamus, III. Vrai ou faux c. sur les motoneurones médullaires, d. sur le système nerveux autonome pelvien, e. directement sur la musculature lisse des vaisseaux péniens. Les érections nocturnes et matinales sont totalement andrégénodépendantes alors que les érections psychogènes ne le sont que partiellement. Vrai : les hommes hyponadiques non traités ont des érections plus lentes et plus prolongées que les hommes témoins du même âge lors de l’induction des réactions sexuelles par visualisation de films érotiques. Vrai : des études menées chez l’adulte castré transitoirement par analogue de la GnRH ont montré que, au-dessus de 2 ng/ml, l’imprégnation androgénique était suffisante pour maintenir une libido et une activité sexuelle satisfaisantes. Résultats : C - D 262 Act. Méd. Int. - Métabolismes - Hormones - Nutrition, Volume V, n° 6, novembre-décembre 2001