VIE PROFESSIONNELLE
La Lettre de L’Hépato-Gastroentérologue - n° 5 - octobre 1998244
Cette identification va de soi lors d’un enseignement au lit du mala-
de. Il importe donc aussi de rappeler aux étudiants que l’intimité des
patients doit être respectée, base du secret médical.
Le Comité international des éditeurs de journaux médicaux a édicté
des règles visant à garantir l’anonymat dans les publications, et, dans
le cas où cela est impossible, le consentement des patients doit être
demandé (5).
APPLICATIONS
On dira que cet accord du patient complique l’enseignement. Mais
saluer un patient et se présenter à lui participe aussi un peu de la
“rencontre singulière” entre praticien et malade.
Ces façons de procéder ne se discutent plus,et il est rare qu’un mala-
de refuse ce qu’on lui demande pour mieux former un médecin qui
soignera plus tard ses enfants, à condition toutefois d’agir avec cour-
toisie et de faire en sorte que l’acte d’enseignement se conforme au
tact et à la mesure. Le patient, de même que le médecin et l’étudiant
ne peuvent que se trouver valorisés par ce que l’on peut considérer
comme une simple mesure de politesse. La plupart des malades pré-
fèrent que ces démonstrations aient lieu dans leur chambre d’hôpital
– considérée comme domicile privé – plutôt que dans une salle d’exa-
mens. Ils souhaitent que les échanges verbaux entre enseignants et
étudiants leur soient accessibles ou expliqués (6). Ajoutons que ce
respect des personnes doit persister après la mort, au cours par
exemple de l’autopsie, pendant laquelle il importe de traiter le
cadavre avec décence.
Cela interdit les pratiques passées, considérées aujourd’hui par tous
comme indignes. Nous pensons aux expositions indécentes dans un
amphithéâtre, aux gestes désagréables comme les touchers pelviens
effectués en série par plusieurs étudiants, ou encore à ceux réalisés
sur un malade anesthésié, à son insu, qui peuvent être assimilés à un
viol de la personnalité. Il reste que la formation clinique est indispen-
sable. On appréciera dans cette optique le recours à des mannequins
ou, comme cela se fait dans certains pays, à des volontaires bien por-
tants (“patients programmés”) qui se font examiner en connaissance
de cause pour les besoins de formation clinique des futurs médecins.
Les mêmes principes s’appliquent aux publications médicales qui,
même destinées à une audience professionnelle, peuvent tomber dans
les mains de quiconque. Quand un strict anonymat ne peut être res-
pecté, une observation nécessairement détaillée, la photographie non
maquillée d’un visage ou même un arbre généalogique ne peuvent
être publiés qu’avec l’accord des intéressés (7, 9).
En somme, ces règles relativement nouvelles compliquent la forma-
tion des médecins et doivent conduire à des aménagements pour ne
pas la compromettre, notamment dans sa composante clinique qui se
trouve être négligée aujourd’hui pour d’autres raisons (4). Leur obser-
vation sera d’ailleurs une excellente initiation des étudiants au respect
des règles éthiques, en premier lieu à la déférence avec laquelle ils se
doivent de traiter tout patient. Elles découlent logiquement du res-
pect de la vie privée dans laquelle, pour exercer leur mission théra-
peutique, les médecins sont à même de s’introduire de façon exorbi-
tante par rapport au droit commun. Les patients ont le droit à la fois
d’être bien soignés et de voir leur intimité respectée. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Hœrni B. Éthique et déontologie médicale. Masson, Paris, 1996.
2. Hœrni B., Saury R. Le Consentement éclairé. Masson, Paris, 1998.
3. Hœrni B. et Bénézech M. Le Secret médical. Confidentialité et discrétion en
médecine. Masson, Paris, 1996.
4. Hœrni B. Histoire de l’examen clinique. Imothep/Maloine, Paris, 1996.
5. Snider D.E. Patient consent for publication and the health of the public.
JAMA 1997 ; 278 : 624-6.
6. O’Flynn N., Spencer J., Jones R. Consent and confidentiality in teaching in
general practice : survey of patients’ views on presence of students. BMJ 1997 ;
315 : 1142.
7. Clever L.H. Obtain informed consent before publishing information about
patients. JAMA 1997 ; 278 : 628-9.
8. Fontanarosa P.B., Glass R.M. Informed consent for publication. JAMA 1997 ;
278 : 682-3.
9. Hood C.A., Hope T., Dove P. Videos, photographs, and patient consent. BMJ
1998 ; 316 : 1009-11.
LISTE DES ANNONCEURS
HOECHST HOUDE (Lanzor) p. 202 ;
GLAXOWELLCOME (Azantac) p. 206 ;
FERRING SA (Pentasa) p. 210 ;
? (Protolog) p. 237 ;
BEAUFOUR (Forlax) p. 247 ;
ASTRA FRANCE (Mopral) p. 248 ;
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