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Annonciation du Seigneur - B
Frère Antoine-Emmanuel
Is 7, 10-14 ; Ps 39 ; Hb 10, 4-10 ; Lc 1, 26-38
Mercredi 25 mars 2009
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal
La Symphonie de l’Esprit Saint
Aujourd’hui, en cette fête de l’Annonciation,
tout est «oui» !
Tout est oui à l’Amour de Dieu.
Rien ne fait écran à la tendresse divine
qui déborde du cœur du Père,
pour transfigurer la Création.
Tout est renouvelé :
l’univers est rendu à l’espérance.
Le désir de Dieu rejoint l’attente des hommes :
c’est aujourd’hui le commencement de l’Église
qui est l’humanité devenue «oui».
L’Annonciation du Seigneur
est la célébration du «oui» :
c’est la fête du consentement originel
ouvrant au consentement ultime de la Pâque éternelle.
Car il y a le oui éternel du Fils
qui se déploie dans le temps,
le oui fidèle de l’ange Gabriel,
le oui virginal de Marie
qui accueille l’Emmanuel.
*
Le consentement du Fils,
la Lettre aux Hébreux nous le donne à contempler :
En entrant dans le monde,
le Christ dit, d’après le psaume :
«Tu n’as pas accepté les holocaustes
ni les expiations pour le péché,
alors je t’ai dit :
Me voici, mon Dieu, pour faire ta volonté» (Hb 10, 5-7).
Nous célébrons en ce jour le oui éternel du Fils au Père.
Lui, l’unique engendré du Père,
lui, le Verbe,
Lumière né de la Lumière,
il est éternellement l’Amen véritable.
Verbe, il est le parfait reflet du Père.
Fils, il est le tout-obéissant à l’amour paternel.
En lui, tout est consentement.
Son être même est de se recevoir du Père
dans un éclat de Joie.
Et son allégresse ne cesse de croître
quand l’amour du Père se répand dans l’acte créateur
dont il est le principe vivifiant,
lui sans qui rien ne fut (Jn 1,3).
De toute éternité, il s’offre au Père
pour conduire l’homme
à l’accomplissement de sa vocation,
afin que par une multitude
le Père soit aimé et chanté.
Lui, de condition divine,
ne retint pas jalousement
le rang qui l’égalait à Dieu.
Il s’anéantit lui-même,
prenant condition d’esclave,
devenant semblable aux hommes (Ph 2,6-7).
Il consent à devenir homme sans cesser d’être Dieu.
Il se confie au sein de Marie
pour y recevoir un corps.
Et par lui le corps devient – enfin – le lieu du oui à Dieu !
Quelle merveille !
Frères et sœurs, ce «oui»
le Fils l’a donné par amour du Père
et inséparablement,
par amour pour chacun et chacune d’entre nous,
afin que nous puissions entrer dans une vie nouvelle,
dans une vie de service et de louange.
C’est un oui sans commencement ni fin
qui apparaît à nos yeux émerveillés
quand nous contemplons
celui qui n’est pas venu pour faire sa volonté,
mais pour accomplir le dessein du Père,
jusque dans sa mort où il est éternellement glorifié,
jusque dans l’Eucharistie où il est éternellement donné !
*
Il y a ensuite un autre oui
qu’il ne faut pas omettre en cette fête :
le oui de l’ange Gabriel.
Il y a la révolte de Lucifer…
et le consentement de Gabriel.
Il y a le mensonge du serpent qui falsifie la Parole,
et la vérité de Gabriel, fidèle à la Parole.
Son oui est un oui éternel,
celui d’une créature spirituelle,
qui se manifeste en ce jour sous nos yeux.
Gabriel est le serviteur fidèle du dessein divin.
Rien n’arrête son ministère :
Ni l’infinie grandeur de l’amour trinitaire
qui se répand dans l’Incarnation,
ni la petitesse de Marie,
fille des Hommes choisie pour être Mère de Dieu.
Bienheureux Gabriel qui nous apprend à porter au monde
un message qui toujours nous dépasse !
*
Au oui du Fils éternel,
au oui de Gabriel,
en un mot : au oui du Ciel,
répond en ce jour le oui de la Terre.
Quand Marie consent à devenir mère,
Mère du Messie,
Marie accepte d’être mère dans sa virginité.
Elle s’en remet totalement à Dieu.
Il n’y a plus en elle d’œuvre pour Dieu,
il n’y a que l’œuvre de Dieu.
Quel est l’objet de l’acceptation libre de la Vierge Marie ?
interroge le Père Feuillet1.
Marie consent à tout ce que Dieu veut pour elle :
«Qu’il me soit fait selon ta parole» (Lc 1,38).
La volonté de Dieu sur Marie
est d’abord qu’elle devienne mère du Christ
en gardant sa virginité,
mais c’est également que dans son sein
soit formé en même temps
le Principe du Peuple de Dieu de l’ère de grâce,
du Peuple messianique.
La maternité de Marie par rapport au Christ
est indissociable de sa maternité par rapport aux hommes.
Notre nouvelle naissance,
affirmait déjà saint Irénée,
prend son point de départ dans le sein de la Vierge.
C’est là la grandeur, la largeur,
la profondeur du oui de Marie
qui embrasse toute l’humanité dans le dessein de Dieu.
C’est la parfaite disponibilité à l’amour,
car «à son consentement
Dieu a voulu suspendre le salut du monde.» (saint Bernard)
Sans servilité ni résignation, Marie répond «oui ».
1
A. Feuillet, « En prière avec la Bible, Téqui 1995, p. 188-190
Confiante dans les promesses de Dieu,
confiante dans l’action de l’Esprit,
confiante dans l’œuvre de Dieu qui saura conjuguer
son mariage avec Joseph
et sa vocation nouvelle à la maternité divine,
elle répond «oui».
Elle répond « oui » par amour pour son peuple,
par amour pour les hommes,
par amour pour Joseph.
C’est un oui dans la foi la plus pure.
Oui par amour,
oui à l’amour,
oui qui la mènera un jour à recevoir en ses bras
le corps brisé qu’elle a enfanté;
corps béni où elle contemplera dans l’espérance
le corps glorieux de la Résurrection
qu’elle attendra silencieusement.
Il y a le oui de Jésus et il y a le oui de Marie.
Et l’un et l’autre s’accordent
comme en une symphonie orchestrée par l’Esprit.
Mais que serait cette harmonie sans notre propre oui?
N’y a-t-il pas pour chacun de nous ce soir
un oui que Dieu attend de nous,
un oui que Dieu désire ?
Un oui à l’amour au cœur de notre propre vie
Répondre «oui» à Dieu n’est en rien une attitude passive ;
c’est, en face du Dieu vivant
la suprême activité de l’homme2.
«Que votre oui soit oui !» (Mt 5,37).
nous demande Jésus,
que notre vie soit un oui, un oui à l’amour de Dieu !
À quelques jours de Pâques,
en cette fête qui nous est un oasis sur notre chemin de Carême,
ensemble, nous pouvons redire ce soir
le oui le plus beau de notre cœur.
Un oui qui, participant au oui de Marie,
entraînera l’humanité désorientée de notre temps
vers la Lumière du Christ.
Oui, Père !
Oui à notre vie
à notre faiblesse et à notre beauté,
à notre vocation, à notre mission,
à la beauté de ton dessein sur le monde.
2
Urs von Balthasar, J. Ratzinger «Marie première Église», Ap. des Éditions 1981, p. 47).
Oui à ton Fils,
oui avec Marie.
Oui, par amour,
oui à ton Amour.
Oui en notre corps,
en notre esprit,
en notre cœur.
Entends, ô Père le oui de Marie
qui monte de tes enfants en cette Eucharistie !
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