D OSSIER thématique Greffes intestinales Coordinateur : O. Goulet, hôpital Necker-Enfants Malades, 75743 Paris Cedex 15. ● La transplantation intestinale - Historique et résultats actuels O. Goulet ● Transplantation intestinale chez l’enfant - Aspects techniques J. de Ville de Goyet ✔ Apport des modèles expérimentaux - S. Sarnacki, N. Cerf-Bensussan ● La transplantation intestinale - Indications et stratégie O. Goulet Apport des modèles expérimentaux ● S. Sarnacki*, N. Cerf-Bensussan** Mots-clés : Transplantation intestinale - Tolérance - Modèles expérimentaux. ien que la transplantation intestinale (TI) soit devenue, grâce à l’inB troduction du tacrolimus, un des traitements proposés en cas d’insuffisance intestinale chronique, la richesse de l’intestin en tissu lymphoïde et la nature septique de cet organe entravent considérablement l’amélioration des résultats de cette transplantation. En effet, la lourdeur de l’immunosuppression qu’impose cette transplantation et son caractère non spécifique sont responsables de complications infectieuses et tumorales qui augmentent la morbidité et la mortalité des patients. De nombreuses stratégies thérapeutiques ont été testées, chez l’animal et chez l’homme, pour améliorer la tolérance des greffes intestinales. Les plus récentes tentent d’obtenir une tolérance spécifique préservant l’immunité antiinfectieuse et antitumorale. * Service de chirurgie pédiatrique et INSERM E-0212, hôpital Necker-Enfants Malades, faculté Necker, 75743 Paris Cedex 15. ** Équipe INSERM E-0212, faculté Necker, 75015 Paris. 162 SPÉCIFICITÉS IMMUNOLOGIQUES DE L’INTESTIN DANS LE CADRE DE LA GREFFE L’intestin diffère des autres organes solides par sa richesse en tissu lymphoïde (connu en anglais sous le nom de gutassociated lymphoid tissue, GALT) et par son caractère hautement septique, qui constitue une porte d’entrée infectieuse et une cause de déclenchement ou d’aggravation du rejet. Le GALT est conçu pour protéger la muqueuse intestinale, et par extension l’organisme, contre les agents pathogènes. Il possède deux caractéristiques essentielles, qui constituent des barrières à la tolérance de la greffe intestinale : – D’une part, le GALT a une taille importante, comparable à celle de la rate et de l’ensemble des autres organes lymphoïdes réunis. Cela explique la possibilité d’une réaction du greffon contre l’hôte (graft-versus-host disease [GVH]). Cette complication a cependant été essen- Le Courrier de la Transplantation - Volume II - n o 4 - oct.-nov.-déc. 2002 D OSSIER thématique tiellement observée dans des modèles animaux unidirectionnels où seul le rejet est possible (par exemple : greffon parental Lew chez un rat F1Lew X BN). Chez l’homme, des lymphocytes du donneur ont été détectés dans les semaines suivant la transplantation intestinale, et des lésions histologiques évoquant une GVH intestinale discrète ont pu être observées sur le côlon du receveur (1, 2). Cependant, les signes cliniques sont toujours discrets et n’ont été observés qu’en cas de transplantation combinée foie-grêle (3, 4). Un seul cas de GVH sévère a été rapporté chez un enfant présentant un déficit immunitaire (5). Chez l’hôte immunocompétent, le rejet prédomine donc largement sur la GVH. – D’autre part, le GALT, en raison même de sa spécialisation dans la défense visà-vis des pathogènes, peut contribuer au rejet. Il comporte en effet deux compartiments : les plaques de Peyer (PP) et les ganglions mésentériques, qui constituent un environnement privilégié pour la sensibilisation des lymphocytes T à l’antigène et la migration vers le deuxième compartiment ; la lamina propria (ou chorion). Celle-ci est composée des plasmocytes et des lymphocytes T matures qui ont acquis des propriétés effectrices. Ce système permet la diffusion de l’information le long du tube digestif et peut donc favoriser la diffusion de la réaction allogénique en situation de greffe. En raison de son exposition permanente aux antigènes intraluminaux et de la présence du GALT, l’intestin apparaît donc comme un site inflammatoire physiologique capable de favoriser le rejet de deux façons : ✓ par la sécrétion de cytokines proinflammatoires (IL-7, IL-15) (6, 7), de chimiokines (IP-10, Mig, I-TAC) (8) et/ou par la production de lymphocytes T cytotoxiques en réponse aux antigènes intraluminaux ; ✓ en favorisant la sensibilisation et le homing des lymphocytes T alloréactifs dans le chorion du greffon. CARACTÉRISTIQUES DU REJET DE GREFFE En utilisant des techniques d’immunohistochimie et de cytométrie en flux, nous avons montré dans un modèle de TI chez le rat (9), que des cellules du receveur étaient présentes dans les veinules postcapillaires des PP du greffon dès la 30e minute après la revascularisation et qu’elles s’accumulaient dans ces structures lymphoïdes durant les 24 premières heures (observations personnelles). Deux jours plus tard, les PP et les ganglions mésentériques contenaient plus de 60 % de lymphocytes du receveur, dont environ 10 % présentaient les caractéristiques de cellules activées (10). Une activation T précoce dans les PP et les ganglions mésentériques est également démontrée par une augmentation des transcrits de l’IFNγ et de l’IL-2 dans ces structures dès la 24e heure (11). L’activation des cellules du donneur aurait également un rôle dans cette phase précoce d’activation (12). L’apparition des cellules du receveur dans la lamina propria était détectée dès le 3e jour post-transplantation, en même temps que les premiers signes de lésions épithéliales (hyperplasie des cryptes, apoptose discrète des cellules épithéliales des cryptes). À J5-J6, lorsque les lésions épithéliales devenaient patentes, il existait un infiltrat important par les cellules du receveur, majoritairement TcRαβ+ CD8+, 20 % exprimant le récepteur à l’IL-2. Cet infiltrat T était associé au recrutement de cellules effectrices non spécifiques (macrophages et cellules NK), vraisemblablement grâce à la sécrétion locale de chimiokines (13) et à l’expression des molécules de classe I sur les entérocytes des cryptes. Cette dernière observation reflète probablement la sécrétion locale d’IFNγ. En effet, l’étude des transcrits de différentes cytokines dans le chorion au cours du rejet de greffe intestinale dans les modèles murins montre que l’IFNγ est synthétisé de manière prédominante au cours du rejet de greffe, à côté de l’IL-6 et du TNFα (14, 15). Enfin, l’apoptose des entérocytes est associée à une augmentation des protéines cytolytiques impliquées dans la cytotoxicité T et NK, perforine et granzyme (16), ainsi qu’à une augmentation 163 de Fas ligand (17) indiquant que les différentes voies de la cytotoxicité lymphocytaires sont activées dans le processus de rejet. Cette cytotoxicité ne reposerait pas uniquement sur la population CD8+. L’utilisation de souris knock-out a montré que les lymphocytes T TcRαβ étaient requis pour le rejet, mais non la population TcRγδ + (18). Cette dernière aurait en revanche un rôle sur le contrôle du rejet (19). PRÉVENTION DU REJET DE GREFFE Immunosuppression non spécifique De nombreuses drogues ont été testées avec succès dans les modèles animaux de greffe intestinale. Les inhibiteurs de la calcineurine (ciclosporine et tacrolimus), sur lesquels reposent les protocoles immunosuppresseurs utilisés en clinique, bloquent la translocation du facteur de transcription NFATp dans le noyau et, ainsi, la transcription de différentes cytokines, dont l’IL-2 et l’IFNγ. Ces drogues auraient également un effet stimulant sur la sécrétion de TGFβ, une cytokine qui joue un rôle important dans la régulation des phénomènes inflammatoires au sein du tube digestif (20). Cependant, il semble clair aujourd’hui que ces drogues, contrairement à ce qui a été observé chez l’animal, n’induisent pas de phénomène de tolérance. En inhibant la signalisation liée à la reconnaissance de l’antigène par le TCR (inhibition du signal 1), ces drogues n’ont qu’une action symptomatique et ponctuelle, et pourraient même entraver l’installation d’un phénomène de tolérance (21). De plus, elles n’empêchent pas l’accumulation de NFATp dans le cytoplasme (22), ce qui pourrait expliquer l’effet rebond observé lors de la diminution des taux sériques de ces drogues. Enfin, les données expérimentales et cliniques font apparaître une supériorité du tacrolimus sur la ciclosporine, qui reste encore mal comprise, mais qui pourrait être liée à une biodisponibilité et une pharmacocinétique différentes. Le sirolimus (Rapamune®) s’est montré très efficace dans les modèles expérimentaux de TI (23), et a été récemment introduit dans les protocoles cliniques, Le Courrier de la Transplantation - Volume II - n o 4 - oct.-nov.-déc. 2002 D OSSIER thématique avec, pour certaines équipes, des résultats supérieurs à ceux qui étaient obtenus avec les protocoles classiques (cf. article de O. Goulet, page 170). Cette molécule semble en effet intéressante, car elle bloque l’activation lymphocytaire à plusieurs niveaux : d’une part, elle inhibe la prolifération des lymphocytes alloréactifs en bloquant la transduction de signal délivrée via les récepteurs aux cytokines ; d’autre part, elle aurait un rôle inhibiteur sur la voie de costimulation CD28 (24). De plus, il a été clairement démontré que, contrairement aux inhibiteurs de la calcineurine, le sirolimus n’a pas d’effet délétère sur la tolérance induite par le blocage des voies CD28 et CD40L. Bien au contraire, il favoriserait l’apoptose des cellules alloréactives (25). Parmi les autres drogues testées, le mycophénolate mofétil (MMF, CellCept® inhibiteur d’une enzyme clé de la voie de synthèse de novo des purines), bien que très efficace en transplantation rénale, s’est montré peu contributif pour la prévention du rejet en TI, aussi bien chez l’animal que chez l’homme (26, 27). De plus, cette drogue présente une toxicité sur la muqueuse intestinale qui la rend peu attractive en TI (28). Le FTY720, dont l’action repose sur une inhibition de la migration lymphocytaire chimiokinedépendante associée à une profonde déplétion lymphocytaire périphérique, constitue une nouvelle classe d’immunosuppresseurs en voie d’utilisation clinique. Il a été peu testé dans les modèles expérimentaux de greffe intestinale, mais semble prometteur dans les autres greffes d’organe. La plupart de ces drogues, dont l’efficacité sur la prévention du rejet est variable, ont en commun un effet immunosuppresseur non spécifique de l’organe greffé, responsable d’un taux élevé de complications infectieuses et tumorales. C’est pourquoi d’autres stratégies immunosuppressives ont été développées, en premier lieu dans les modèles expérimentaux. Certains de ces traitement sont actuellement utilisés en clinique. Prétraitement du greffon La déplétion du greffon en cellules immunocompétentes par irradiation ou à l’aide d’anticorps monoclonaux est une des premières stratégies à avoir été explorée dans les modèles expérimentaux. Elle prévient la survenue de la GVH, mais pas celle du rejet (29, 30). En revanche, chez l’homme, le traitement in vivo du donneur par des antithymoglobulines ou un anticorps anti-CD3 déplétant (OKT3) semble avoir amélioré les résultats de la TI (31). Cette approche requiert cependant un consensus des différentes équipes de transplantation présentes au moment du prélèvement chez le donneur. Prétraitement du receveur par les antigènes du donneur L’induction d’une tolérance par un prétraitement du receveur à l’aide d’une transfusion de sang du donneur a été largement démontrée dans des modèles de greffe rénale et cardiaque chez l’animal. Elle serait liée à l’induction de cellules régulatrices T CD8+, et à la présence de taux élevés de TGF-β1 dans le greffon toléré (32, 33). Concernant la TI, les travaux sont peu nombreux et contradictoires, et ne mettent pas en évidence d’effet aussi évident que pour les autres organes. L’administration intrathymique d’antigènes du donneur préalablement à la transplantation, associée à une déplétion périphérique du receveur en lymphocytes T, induit une tolérance de la greffe pour de nombreux organes (rein, cœur, îlots de pancréas). Cette tolérance repose sur une délétion intrathymique des lymphocytes T alloréactifs au contact des antigènes étrangers, associée à des mécanismes de tolérance périphérique (anergie clonale ou régulation) capables de moduler l’activation des lymphocytes T nouvellement exportés (34). Cette approche a été utilisée dans des modèles murins de TI avec succès, mais sans induire une tolérance définitive (35). On sait depuis plus de 30 ans qu’une allogreffe hépatique peut être tolérée spontanément chez le cochon et le rat, et induire simultanément la tolérance d’un 164 autre organe provenant du même donneur (36). La nécessité de réaliser chez certains patients une transplantation hépatique (TH) associée à la TI nous a conduits à nous intéresser à ce phénomène. Nous avons ainsi montré, chez le rat, que le phénomène de tolérance induite par la transplantation hépatique permettait également la tolérance d’une allogreffe intestinale provenant du même donneur. Cette tolérance s’accompagnait d’une infiltration massive des greffons intestinaux tolérés par des lymphocytes T du receveur majoritairement CD8αβ+ et présentant les caractères de cellules inactivées dans leur réponse immunitaire vis-à-vis d'un alloantigène (37, 39). Les travaux fondamentaux sur la tolérance périphérique qui se sont développés ces dix dernières années permettent aujourd’hui d’en cerner mieux les mécanismes. Il s’agit d’un phénomène vraisemblablement actif (38), où la masse antigénique représentée par les hépatocytes d’une part (33-41), et les cellules passagères, en particulier dendritiques, d’autre part (42, 43), jouent un rôle important. Les cytokines produites dans le foie (GM-CSF, TGFβ et IL-10) constitueraient un environnement privilégié pour moduler la présentation de l’antigène par les cellules présentatrices d’antigène (dendritiques). Ces caractéristiques favoriseraient la délétion des cellules alloréactives par apoptose (44) et l’installation de mécanismes régulateurs (42, 43). Comme d’autres modèles de tolérance, les immunosuppresseurs pourraient avoir un effet délétère pour l’installation de cette tolérance (38). Chez l’homme, plusieurs équipes, dont la nôtre, ont noté un meilleur contrôle du rejet chez ces patients que chez ceux qui reçoivent une TI isolée, et leur administrent un protocole immunosuppresseur moins lourd (cf. article de O. Goulet, page 170). Enfin, l’observation, chez l’animal comme chez l’homme, du fait que la survie à long terme des greffons est associée à la présence d’un petit nombre de cellules du donneur dans les tissus du receveur a conduit à poser l’hypothèse que ce Le Courrier de la Transplantation - Volume II - n o 4 - oct.-nov.-déc. 2002 D OSSIER thématique microchimérisme pouvait jouer un rôle dans l’établissement de la tolérance (45). Cela a conduit plusieurs équipes à introduire dans leur protocole l’infusion de cellules médullaires du donneur dans la période péri-opératoire selon différents schémas, sans bénéfice évident (cf. article de O. Goulet, page 170). Chez l’animal, cette approche n’a pas permis de prolonger la survie des greffons (46), mais s’est montrée au contraire capable de favoriser la survenue d’une GVH (47). Le rôle du microchimérisme est en effet très débattu dans la mesure où il ne pourrait être qu’une conséquence, et non une cause, de la survie à long terme du greffon. Blocage des récepteurs impliqués dans l’activation et la migration lymphocytaire T L’administration d’anticorps déplétants anti-CD4 ou anti-CD8, efficace pour d’autres organes, ne fait que diminuer la sévérité du rejet dans les modèles de greffe intestinale (17, 18). En revanche, le blocage des voies de costimulations CD28/CD152-B7-1/B7-2 impliquées dans l’activation lymphocytaire par l’administration de la protéine de fusion soluble CTLA4-Ig seule pendant sept jours a conduit à une tolérance à long terme donneur-spécifique, dans un modèle de greffe intestinale chez le rat (49). Très récemment, il a également été rapporté un effet du blocage de la voie CD40-CD40L dans un modèle murin. Un traitement préalable par les splénocytes du donneur était cependant nécessaire à une survie à long terme (49). Il a été montré que le blocage de ces récepteurs de costimulation (signal 1 sans signal 2) favorise l’apoptose des lymphocytes alloréactifs et induit un état de non-réponse, de type anergie. L’administration simultanée d’inhibiteurs de la calcineurine inverse cet état de tolérance, et pose donc le problème de l’introduction de ces drogues, seules, dans le traitement des patients. Cette approche séduisante, car efficace et non délétère pour l’immunité anti-infectieuse du receveur, a de plus été récemment remise en cause par la découverte du fait que, dans certaines souches d’animaux, les lymphocytes T CD8+ étaient résistants à ce blocage (50). Cet état serait dépendant de l’IL-2 et levé par l’administration d’anticorps anti-CD25 ou anti-IL-2. Ces travaux, effectués chez l’animal, renforcent l’intérêt des anticorps dirigés contre le récepteur de haute affinité de l’IL-2 (Simulect®, Xenapac®). Ces derniers anticorps, introduits récemment dans les protocoles immunosuppresseurs en TI chez l’homme, semblent diminuer l’incidence du rejet et pourraient être associés à des anticorps bloquant les voies de costimulation (signal 2). Le blocage de la migration leucocytaire, et en particulier lymphocytaire, est apparu comme une approche possiblement efficace dans la prévention du rejet de greffe. Les intégrines LFA-1, qui joue un rôle-clé dans l’activation et la migration leucocytaire (51), et α4ß7, qui est impliquée dans la migration des lymphocytes au sein du GALT, constituaient des cibles potentielles d’une immunosuppression spécifique en TI (52). Nous avons ainsi montré que l’utilisation in vivo d’un anticorps monoclonal dirigé contre la protéine d’adhésion LFA-1 était capable de prévenir le rejet d’une greffe cardiaque et d’une greffe de moelle osseuse réalisées en situation d’incompatibilité chez la souris (53). Nous avons également montré que l’administration transitoire (11 jours) d’un anticorps anti-LFA-1 (bloquant) pouvait prévenir efficacement la survenue du rejet dans un modèle d’allogreffe intestinale fœtale chez la souris (54). L’utilisation d’un anticorps anti-α4 s’est en revanche révélée peu efficace pour prévenir la survenue du rejet de greffe intestinale. De plus, l’utilisation, comme receveurs de la greffe intestinale, de souris dont le gène pour la chaîne β7 avait été préalablement invalidé n’a modifié ni la cinétique de migration lymphocytaire au sein du greffon ni la date de survenue du rejet (54). Ces résultats suggèrent que l’anticorps anti-LFA-1, qui s’est montré efficace pour prévenir le rejet chez l’homme de greffes de moelle et de rein (55), sans effet secondaire, pourrait également améliorer la tolérance des greffes intestinales. 165 Plus récemment, il a été montré que la lymphotoxine membranaire, appartenant à la superfamille du TNF et des récepteurs au TNF, jouait un rôle très important dans le rejet de greffe intestinale. Le blocage de ce récepteur exprimé à la surface des lymphocytes T par une protéine de fusion, par des anticorps monoclonaux ou par manipulation génétique (gène invalidé pour la lymphotoxine LTα-/-) s’est montré capable de prévenir le rejet chez des animaux n’ayant que des lymphocytes CD8+ (CD4-/-), mais pas chez les animaux immunocompétents. L’adjonction à cette approche d’un traitement bloquant la voie CD28 (CTLA4-Ig), et visant donc la population CD4, a permis en revanche d’obtenir une atténuation significative du rejet (56). CONCLUSION L’intestin se distingue des autres organes transplantés par le fait qu’il est un site inflammatoire physiologique continuellement exposé à des agents pathogènes et qu’il est associé à un système lymphoïde complexe spécialisé dans la défense de l’hôte contre les antigènes étrangers. Cela explique certainement le taux élevé d’infections et de rejets observé dans cette transplantation, et souligne l’intérêt de développer d’autres stratégies immunosuppressives. Les modèles expérimentaux constituent une étape importante de cette recherche, bien que les résultats obtenus chez l’animal ne soient pas toujours reproductibles chez l’homme. Ainsi, une meilleure connaissance des mécanismes de la tolérance induite par la TH devrait amener à construire des protocoles permettant de profiter de cet avantage dans le cas des transplantations combinées foie/grêle. D’une façon plus générale, l’analyse des mécanismes de la tolérance périphérique devrait permettre d’optimiser la manipulation des récepteurs impliqués dans l’activation et la migration lymphocytaires, qui constitue une stratégie prometteuse déjà utilisée en clinique (anticorps anti-CD3/OKT3®, antiCD25). ■ Le Courrier de la Transplantation - Volume II - n o 4 - oct.-nov.-déc. 2002 D OSSIER thématique R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 16. McDiarmid SV, Farmer DG, Kuniyoshi JS et al. Perforin and granzyme B. Cytolytic proteins up-regulated during rejection of rat small intestine allografts. Transplantation 1995 ; 59 : 762-6. 2. Lee 17. Krams SM, Hayashi M, Fox CK et al. CD8+ cells are not necessary for allograft rejection or the induction of apoptosis in an experimental model of small intestinal transplantation. J Immunol 1998 ; 160 : 3673-80. 3. Reyes J, Bueno J, Kocoshis S et al. Current status of intestinal transplantation in children. 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