L'astronomie primitive
Dans la plupart des civilisations anciennes, allant de l'aube de l'humanité jusqu'au
7ième siècle av. J.-C. en Grèce, l'astronomie consiste d'abord à observer, à l'oeil nu,
la voûte étoilée. La légende veut que des bergers veillant à leurs troupeaux, la nuit,
soient les premiers astronomes. Il est probable aussi que le sorcier d'une tribu ou le
grand-prêtre d'un village devint le premier astronome-astrologue.
A cette époque les observations se classent en deux grandes catégories. Les
phénomènes irréguliers comme le passage d'une comète et des météores (aussi
appelés "étoiles filantes") ou, l'apparition soudaine et temporaire d'une nouvelle
étoile (que l'on sait être aujourd'hui une nova ou une supernova). Ces
manifestations sont inquiétantes, voire même terrifiantes, pour nos ancêtres. Elles
sont le reflet des sautes d'humeur des dieux et sont souvent le présage de grands
malheurs à venir. D'un autre côté, les cieux sont rassurants puisqu'on y observe
aussi plusieurs phénomènes réguliers tels l'alternance du jour et de la nuit, le cycle
des phases lunaires, le mouvement régulier du Soleil et de la Lune sur la voûte
céleste, et le cycle des saisons. Ces mouvements réguliers servent d'ailleurs à
mesurer l'écoulement du temps et à établir les premiers calendriers.
L'astronomie est donc alors une science pratique. Le mouvement des astres sert à
prédire le changement des saisons, ce qui est important pour l'agriculture,
l'organisation de longs voyages et de campagnes militaires. On retrouve d'ailleurs
de nombreux vestiges de ces études dans la plupart des premières civilisations. En
Egypte ancienne, l'année commence lorsque l'étoile Sirius apparaît à l'aube, ce qui
est le signe que la crue du Nil est proche. Dans le nord de l'Europe, les celtes
alignent d'immenses pierres pour marquer certaines dates importantes de l'année
comme l'équinoxe du printemps (ex. les monuments mégalithiques de Stonehenge).
Les Polynésiens naviguent d'île en île en s'orientant avec les étoiles.
Même aujourd'hui, notre quotidien demeure imprégné des premières observations
de nos ancêtres. Ainsi, les divisions naturelles du calendrier sont le reflet de
l'astronomie primitive: la semaine de sept jours est liée au fait qu'on observait 7
objets brillants et mobiles dans le ciel (le Soleil, la Lune et 5 planètes), la durée du
mois correspond environ à la durée du cycle des phases lunaires, et la durée de
l'année est égale à celle du cycle des saisons.
La plupart des modèles et théories sur la formation et le fonctionnement de
l'Univers sont de nature anthropomorphique, c'est-à-dire des modèles calqués sur le
comportement et les activités humaines. Ainsi, par analogie avec la reproduction
humaine, beaucoup de ces modèles font intervenir l'accouplement entre des
divinités pour donner naissance à l'Univers. D'autres modèles, dans lesquels
l'Univers est construit par des dieux, trouvent leurs origines dans le travail créatif
des artisans. Quant au fonctionnement de l'Univers, il s'apparente à celui de la
société humaine avec son roi et sa hiérarchie militaire et politique.
Avant de parler de modèles scientifiques, il faudra franchir trois étapes importantes.
La première sera de transcender les explications à caractère mythologique; la
deuxième sera de réaliser que les mathématiques constituent un outil important
pouvant aider à la description du monde naturel; finalement, la troisième sera de
développer l'argumentation logique à partir d'axiomes considérés comme évidents.
C'est en Grèce que ces ingrédients essentiels seront combinés pour la première fois.
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