L S3 culgén 11-Les dictatures, 31p.

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DICTATURES ET GUERRES EN EUROPE
Wikipédia, etc.
I. LE PREMIER MODELE : BENITO MUSSOLINI (1883-1945)
Benito Amilcare Andrea Mussolini dit il Duce — le Chef — (né le 29 juillet 1883 à Dovia di
Predappio dans la province de Forlì-Césène dans la région Émilie-Romagne en Italie, mort le 28 avril 1945 à
Giulino di Mezzegra), est un journaliste et homme politique italien.
Fondateur du Fascisme, il est premier ministre du Royaume d'Italie, avec des pouvoirs dictatoriaux, du
31 octobre 1922 au 25 juillet 1943, premier maréchal d'Empire du 30 mars 1938 au 25 juillet 1943, et président
de la République sociale italienne de septembre 1943 à avril 1945.
Il est membre du Parti socialiste italien (PSI) et directeur du quotidien socialiste Avanti! depuis 1912.
Anti-interventionniste convaincu lors des années qui précèdent la Première Guerre mondiale, en 1914, il change
d'opinion se déclarant favorable à l'entrée en guerre de l'Italie. Expulsé du PSI, il crée son propre journal, Il
Popolo d'Italia (Le peuple d'Italie) qui prend des positions nationalistes proches de celles de la petite
bourgeoisie. Dans l'immédiat après-guerre, profitant du mécontentement de la « victoire amputée », il crée le
Parti national fasciste (PNF) en 1921 et se présente au pays avec un programme politique nationaliste,
autoritaire, anti-socialiste et anti-syndical, ce qui lui vaut l'appui de la petite bourgeoisie et des classes moyennes
industrielles et agraires.
Dans le contexte de forte instabilité politique et sociale qui suit la Grande Guerre, il vise la prise du
pouvoir, en forçant la main aux institutions avec l'aide des actions de squadristi et l'intimidation qui culminent le
28 octobre 1922 avec la Marche sur Rome. Mussolini obtient la charge de constituer le gouvernement le 30
octobre 1922. En 1924, après la victoire contestée des élections et l'assassinat du député socialiste Giacomo
Matteotti, Mussolini assume l'entière responsabilité de la situation et engage l'Italie dans la dictature.
Après 1935, il se rapproche du national-socialisme allemand d'Hitler avec qui il établit le Pacte d'Acier
(1939). Convaincu d'un conflit rapide, il entre dans la Seconde Guerre mondiale au côté de l'Allemagne nazie.
Après la défaite italienne et sa mise en minorité par le Grand conseil du fascisme le 24 juillet 1943, il est arrêté
par ordre du Roi. Libéré par les Allemands, il instaure en Italie septentrionale la République sociale italienne. Le
25 avril 1945, alors qu'il tente de fuir pour la Valteline déguisé en soldat allemand, il est capturé par les partisans
qui le fusillent avec sa maîtresse Clara Petacci.
La jeunesse, les premières activités politiques et la grande guerre
La naissance et l'origine du prénom
Fils du forgeron Alessandro Mussolini et de l'institutrice Rosa Maltoni, il naît le 29 juillet 1883 dans
une petite maison à Varani dei Costa, un hameau de la commune de Dovia di Predappio dans la province de
Forlì-Césène en Émilie-Romagne.
Le prénom de « Benito Amilcare Andrea » lui est donné par son père 1 socialiste à la limite de
l'anarchisme désireux de rendre hommage à Benito Juarez héros de l'indépendance républicaine et ex-président
du Mexique, à Amilcare Cipriani patriote italien et socialiste et à Andrea Costa premier député socialiste élu au
parlement italien.
L'instruction
Le jeune Mussolini fréquente les deux premières classes élémentaires à Dovia puis à Predappio (18891891). Il entre au collège des salésiens de Faenza (1892-1894). C'est un élève turbulent, voire violent : il manque
de peu le renvoi en 1893 lorsqu'il blesse un de ses camarades avec un couteau et il est expulsé pour une autre
dispute. Il poursuit ses études au collège Carducci de Forlimpopoli où il obtient en septembre 1898 le diplôme
technique inférieur.
Dictatures et guerres en Europe
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C'est à Forlimpopoli, sous l'influence de son père que Mussolini se rapproche du militantisme socialiste
et s'inscrit en 1900 au parti socialiste italien. Il finit ses études obtenant en 1901 le baccalauréat. Le 13 février
1902, il est nommé maître suppléant à l'école élémentaire de Pieve Saliceto, hameau de Gualtieri.
Le 9 juin 1902, il termine l'année scolaire et pour fuir le service militaire il s'établit à Lausanne, (après
avoir séjourné à Yverdon-les-Bains et Orbe, dans le canton de Vaud), où il s'inscrit auprès du syndicat des
maçons et des manœuvriers dont il devient le secrétaire et il publie son premier article sur L'avvenire del
lavoratore (L'avenir du travailleur). Il fut arrêté par la police dans la matinée du 24 juillet 1902, sous les arches
du Grand Pont à Lausanne, où il avait passé la nuit, pour vagabondage. Dans ses poches furent trouvés, son
passeport, son diplôme de l'école normale, et 15 centimes.
La Suisse
Jusqu'en novembre 1904, Mussolini vit en Suisse, se déplaçant de ville en ville et occupant des emplois
occasionnels (maçon, manœuvre, etc.). Il est expulsé d'un canton deux fois : le 18 juin 1903, il est arrêté comme
agitateur socialiste, maintenu en prison douze jours et expulsé le 30 juin ; le 9 avril 1904, il est emprisonné
pendant sept jours à Bellinzone à cause d'un faux permis de séjour. Il surmonte ses difficultés grâce à l'aide de
socialistes et anarchistes du canton du Tessin.
Au cours de ces années, il collabore comme journaliste à des périodiques locaux d'inspiration socialiste
parmi lesquels le Proletario. Il étudie à la faculté des sciences sociales de Lausanne, où il fréquente les cours de
l'économiste Vilfredo Pareto2, critique acerbe de la démocratie libérale.
A cette époque, il se range dans l'aile révolutionnaire du Parti socialiste italien (PSI) dirigée par Arturo
Labriola et envoie des articles au journal milanais l'Avangardia socialista. C'est au cours de cette période qu'il
fait preuve de la plus grande affinité idéologique avec le syndicalisme révolutionnaire.
En 1904, il a une relation sentimentale avec l'activiste socialiste Angelica Balabanova. Il rencontre aussi
une autre figure du socialisme italien en exil, Serrati2. Il discute avec le pasteur évangélique Alfredo Taglialatela
sur le thème de l'existence de Dieu3.
Le retour en Italie
En novembre 1904, en raison de l'amnistie accordée lors de la naissance de l'héritier du royaume,
Mussolini revient en Italie alors qu'il est sous le coup d'une condamnation pour refus du service militaire. Il
effectue son service militaire, affecté le 30 décembre 1904 au dixième régiment bersaglier de Vérone et il obtient
un certificat de bonne conduite. Entre temps, sa mère décède le 19 janvier 1905. Libéré, Mussolini rentre à
Dovia di Predappio le 4 septembre 1906 et il est maître suppléant à Tolmezzo du 15 novembre jusqu'à la fin de
l'année scolaire. En novembre 1907, il obtient l'habilitation pour l'enseignement du français et en mars 1908 il
obtient la charge de professeur de français au collège de Oneglia où il enseigne aussi l'italien, l'histoire et la
géographie. À Oneglia, il dirige l'hebdomadaire socialiste La Lima sous le pseudonyme de « Vero Eretico » (vrai
hérétique).
Il revient à Predappio où il dirige la grève des journaliers agricoles. Le 18 juillet 1908, il est arrêté pour
menaces envers un dirigeant des organisations patronales. Jugé, il est condamné à trois mois de prison mais il est
laissé en liberté provisoire. En septembre, il est de nouveau incarcéré pendant dix jours pour avoir tenu à
Meldola une réunion non autorisée. En novembre, il s'installe à Forlì où il vit avec son père qui crée avec sa
compagne Anna Lombardi (veuve de Guidi, mère de la future femme du duce) le restaurant Il bersagliere. Au
cours de cette période, Mussolini écrit dans Pagine libere (Pages libres), revue du syndicalisme révolutionnaire
éditée à Lugano et dirigée par Angelo Oliviero Olivetti, l'article La filosofia della forza (La philosophie de la
force) où il fait référence à la pensée de Nietzsche.
En février 1909, il s'établit à Trente où il est secrétaire de la chambre du travail et il dirige L'avvenire
del lavoratore (L'avenir du travailleur). Le 7 mars, il tient une joute journalistique avec Alcide De Gasperi
d'orientation catholique, directeur du périodique Il Trentino. Le 10 septembre, il est emprisonné à Rovereto pour
diffusion de journaux instigateurs de violences envers l'Empire d'Autriche et le 29 il est expulsé et retourne à
Forlì.
Au parti socialiste
À partir de janvier 1910, il est secrétaire de la fédération socialiste livournaise et il dirige le périodique
officiel L'idea socialista rebaptisé par Mussolini Lotta di classe.
Il publie son roman Claudia Particella, l'amante del cardinale Madruzzo, en 1910, dans le journal de
Trente de l'irrédentiste Cesare Battisti Il popolo, avec qui il avait collaboré en 1910. L'œuvre contient une satyre
anti-cléricale.
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Le 17 janvier, il commence à vivre avec Rachele Guidi, sa future femme. Il commence en outre à
collaborer à la revue socialiste Soffitta. Le 23 août il participe au congrès socialiste de Milan.
Le 11 avril 1911, la section socialiste de Forlì emmenée par Mussolini vote l'autonomie du PSI. En mai,
il fait publier son essai Il trentino veduto da un socialista (Le trentino vu par un socialiste) sur le journal
Quaderni della Voce.
Il est arrêté le 14 octobre, jugé et condamné (23 novembre) à un an de réclusion pour avoir participé le
25 septembre, avec son ami républicain Pietro Nenni, à une manifestation contre la guerre de l'Italie avec
l'empire Ottoman pour la possession de la Cyrénaïque et de la Tripolitaine qui se termine par des affrontements
violents avec la police. Les rails sont déboulonnés, les fils télégraphiques coupés et la gare prise d'assaut.
Mussolini définit l'aventure coloniale africaine du gouvernement de Giovanni Giolitti d' « acte de
brigandage international ». Le 19 février 1912, la cour d'appel de Bologne réduit la peine à cinq mois et demi et
le 12 mars suivant, Mussolini est relâché. Le 8 juillet 1912, au congrès du PSI de Reggio d'Émilie, il présente
une motion d'expulsion contre les réformistes Leonida Bissolati, Ivanoe Bonomi, Angiolo Cabrini et Guido
Podrecca qui est acceptée, les quatre exclus donnèrent vie au Parti Socialiste Réformiste et il entre donc dans la
direction nationale du parti. Il collabore à Folla, journal de Paolo Valera signant sous le pseudonyme de
« L'homme qui cherche » 4. Grâce aux évènements de 1912 et à sa qualité d'orateur, Mussolini monte au sommet
de la scène politique nationale : en novembre 1912, il devient le membre principal de l'aile maximaliste du
socialisme italien et directeur de l'Avanti!, quotidien officiel du Parti socialiste italien. En novembre 1913, il crée
la revue Utopia.
Au congrès socialiste du PSI d'Ancône de 1914, il présente avec Giovanni Ziboldi une motion qui sera
reçue par laquelle l'incompatibilité de la franc-maçonnerie et du socialisme est reconnue. Le 9 juin, il est élu
conseiller municipal à Milan et il est un des acteurs de la Semaine Rouge.
Lors de la déclaration de la Première Guerre mondiale, il s'aligne sur les positions de l'Internationale
socialiste se déclarant ouvertement opposé à l'intervention de l'Italie qui d'après lui, ne sert pas les intérêts des
prolétaires italiens mais seulement ceux des entrepreneurs. À la fin de 1914, Mussolini démissionne de l'Avanti
(20 octobre) et il est expulsé du PSI (29 novembre) suite à la publication (18 octobre) de l'article Dalla neutralità
assoluta alla neutralità attiva ed operante (de la neutralité absolue à la neutralité active et agissante) dans
lequel Mussolini lance un appel aux socialistes sur le danger d'une position de neutralité qui les condamnent à
l'isolement politique. Il préconise désormais une politique militariste et est favorable à l'entrée en guerre de
l'Italie en 1915 aux côtés de l'Entente.
Le 15 novembre 1914, il crée Il Popolo d'Italia (le peuple d'Italie) et en décembre, il prend part à Milan
à la création des faisceaux d'action révolutionnaire, participant à leur premier congrès les 24 et 25 janvier 1915.
Mussolini soldat
En août 1915, il est affecté au 11 bersaglier et le 2 septembre, il part pour le front dans les Alpes. Il tient
un journal de guerre dans lequel il raconte sa vie dans les tranchées et il s'imagine comme un héros
charismatique dans une communauté nationale guerrière et obéissante. Le 1er mars 1916, il est nommé caporal.
Dans son fascicule militaire on peut lire : « Activité exemplaire, qualité de combattant, esprit de sérénité,
volontaire, zélé, régularité dans la réalisation de ses devoirs » . Le 23 février 1917, il est blessé par l'explosion
d'un mortier pendant un exercice et il est réformé. De retour du front, en décembre, il publie dans Il Popolo
d'Italia l'article Trincerocrazia dans lequel il revendique pour les anciens combattants ayant connu les tranchées
le droit de gouverner l'Italie après la fin de la guerre.
Le fascisme et la « révolution fasciste »
Mussolini crée les Faisceaux de combat, futur noyau de son Parti national fasciste, le 23 mars 1919 à
Milan, dans une salle prêtée par le Cercle des intérêts industriels et commerciaux.
Les faisceaux de combat sont un amalgame de syndicalistes révolutionnaires (tel Michele Bianchi) dont
Benito Mussolini était lui-même proche, de nationalistes déçus par la non-satisfaction de certaines
revendications territoriales à la fin de la guerre et de futuristes tels Mario Carli et Marinetti. Le programme mêle
revendications sociales et nationalistes, se déclare en faveur de la Société des nations, critique l'impérialisme et
exige la dissolution des sociétés anonymes et la suppression de toute spéculation boursière. Le programme
hérisse un peu les nationalistes et les patrons du Cercle des intérêts industriels et commerciaux, mais il rassure
ceux-ci en disant qu'il ne s'opposera à l'impérialisme et soutiendra la SDN que lorsque les revendications sur
Fiume seront satisfaites, ce qui contredit nettement le programme lui-même 5. Le jour même, il écrit dans Il
Popolo d'Italia:
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« Nous nous permettons le luxe d'être aristocrates et démocrates, conservateurs et progressistes,
réactionnaires et révolutionnaires, légalistes et illégalistes, selon les circonstances, le lieu et le cadre
dans lequel nous sommes contraints de vivre et d'agir. »5
Le 12 septembre 1919, Mussolini promeut devant le siège du Popolo d'Italia une souscription en faveur
de l'entreprise de Fiume de Gabriele D'Annunzio après avoir rencontré ce dernier pour la première fois à Rome
en juin. Le 7 octobre, il est à Fiume où il discute avec D'Annunzio, les rapports sont extrêmement fugaces en
raison d'une réciproque méfiance et peut-être rivalité.
Le 9 octobre, à Florence, le premier congrès des Faisceaux de combat se tient et aux élections politiques
du 16 novembre, les fascistes, malgré les candidatures de Mussolini et de Filippo Tommaso Marinetti à Milan et
dans la province de Milan ne recueillent que 4 795 voix. En outre, le 18 novembre, Mussolini est arrêté pendant
quelques heures pour détention d'armes et d'explosifs. Il est relâché grâce à l'intervention du sénateur libéral
Luigi Albertini qui deviendra quelque temps après un de ses principaux opposants. Le 24 et le 25 mai 1920,
Mussolini participe au second congrès des Faisceaux de combat qui se tient au théâtre lyrique de Milan.
En juin, il se range aux côtés de Giolitti, avec lequel en octobre, il se rencontre pour la résolution de la
question de Fiume. Le 12 novembre, avec l'article Rapallo, il commente assez favorablement le traité italoyougoslave signé par Giolitti qui permet à Fiume de devenir une ville libre. Le 28 mars 1921, il défile avec les
squadristi en chemise noire à l'occasion des funérailles des victimes6 de l'attentat 7,8 anarchiste du théâtre Diana
qui visait le commissaire de police Gasti. En témoignage du rapprochement entre Mussolini et Giolitti, le futur
duce se présente comme allié du parti d'État à Mondovì aux élections du 15 mai 1921 sur la liste "blocs
nationaux" anti-socialistes, il obtient 35 sièges et il est élu député.
Vers le pouvoir
À partir de ce succès, les chemises noires se rendent coupables de nombreux épisodes de violences et
d'agressions physiques et verbales contre les adversaires politiques du fascisme, surtout contre les socialistes, les
communistes et les syndicalistes qui organisent les grèves. Ils se font ainsi connaître et bien voir des milieux
d'affaires et du patronat (Confindustria et Confagricoltura). Ce phénomène prend le nom de squadrismo (de
squadre (escouades), les squadristi se constituent en milices et ils sont issus en grande partie des rangs des arditi,
venant des troupes d'élite démobilisées en 1918, dont l'uniforme est la chemise noire — qui deviendra un des
symboles du fascisme. De 1919 à 1922, l'Italie est secouée par une grave crise sociale et économique.
Le 22 juillet 1921, Mussolini invite les socialistes, dans un article du Il Popolo d'Italia à un pacte de
pacification pour la cessation des violences squadristes, signé le 21 août grâce à la médiation du président de la
Chambre Enrico De Nicola; la violence ne cesse pas parce que l'exécution de l'accord est laissée à la discrétion
des ras 9 locaux.
À propos de l'autonomie dont bénéficient les groupes squadristi, Renzo De Felice rapporte que le futur
duce entre en désaccord avec certains membres qui mettent en doute son rôle de guide du mouvement et qui
n'acceptent pas la volonté mussolinienne de présenter celui-ci comme « normalisateur » de l'ordre public.
Emblématique de ce point de vue, selon De Felice, lorsque Mussolini écrit « Le fascisme peut faire sans moi ?
mais moi aussi, je peux faire sans le fascisme. »
Les divergences sont surmontées et le 7 novembre se tient à Rome le troisième congrès des faisceaux de
combat qui sont transformés en Parti national fasciste avec Michele Bianchi comme premier secrétaire.
Le 1er janvier 1922, Mussolini crée le mensuel Gerarchia dans lequel sa maîtresse Margherita Sarfatti
collabore.
En août 1922, la gauche lance une grève contre les violences des chemises noires qui interviennent
provoquant l'échec du mouvement. Entre temps, entre le 3 août et le 5 septembre, les squadristi fascistes
occupent les mairies d'Ancône, Milan, Gênes, Livourne, Parme, Bolzano, Trente, après de violents combats
armés. Certaines villes résistent comme Parme.
Il s'agit du début de la « révolution fasciste » avec lequel Mussolini tente un ambitieux coup de main
pour prendre possession du pouvoir. Le 24 octobre défilent à Naples 40 000 chemises noires affirmant le droit du
fascisme à gouverner l'Italie.
La marche sur Rome
Entre le 27 et le 31 octobre 1922, la révolution fasciste atteint son apogée avec la marche sur Rome,
opération des groupes de chemises noires provenant de différentes régions d'Italie et commandés par un
quadriumvirat (Italo Balbo, Cesare Maria De Vecchi, Emilio De Bono et Michele Bianchi). Le nombre de
personnes n'a jamais été établi avec précision, il oscille entre 30 000 et 100 000.
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Mussolini ne prend pas part directement à la marche. La décision en est la crainte d'une intervention
répressive de l'armée qui aurait provoqué l'échec de l'opération. Il reste à Milan en attendant le développement
de l'opération et il se rend à Rome seulement plus tard quand il apprend le bon résultat de l'action. À Milan, le
soir du 26 octobre, Mussolini affiche sa tranquillité auprès de l'opinion publique en assistant au Cigne de Molnàr
au théâtre Manzoni. Au cours de ces jours, il traite directement avec le gouvernement de Rome sur les
concessions que celui-ci est prêt à faire au fascisme et le futur duce nourrit des incertitudes sur le résultat de la
manœuvre.
Le 16 novembre Mussolini se présente à la Chambre et
obtient la confiance avec 316 voix en sa faveur, 116 contre et
seulement 7 abstentions et il tient son premier discours comme
président du Conseil dans lequel il déclare :
« Je me suis refusé de remporter une victoire éclatante,
et je pouvais remporter une victoire éclatante. Je me suis imposé
des limites. Je me suis dit que la meilleure sagesse est celle qui ne
s'abandonne pas après la victoire. Avec trois cent mille jeunes
armés, décidés à tout et presque mystiquement prêts à un de mes
ordres, moi, je pouvais punir tous ceux qui ont diffamé ou tenté
de salir le fascisme. Je pouvais faire de cette salle sourde et grise
un bivouac de pantins : je pouvais barrer le Parlement et
constituer un gouvernement exclusivement de fascistes. Je
pouvais : mais je n'ai pas, au moins dans ce premier temps,
voulu. »
Le Roi Victor-Emmanuel III, en
raison de l'opposition de Mussolini à un
compromis (le 28 octobre, il refuse le
ministère des affaires étrangères) et en
raison du soutien dont bénéficie le
fascisme auprès des officiers supérieurs
et des industriels qui voient en Mussolini
l'homme fort qui peut ramener l'ordre
dans le pays en « normalisant » la
situation sociale italienne, ne proclame
pas l'état de siège proposé par le
président du conseil Luigi Facta et donne
au contraire la charge à Mussolini d'un
nouveau gouvernement de coalition (29
octobre). modifier
Le 24 novembre 1922, il obtient les pleins pouvoirs en
matière économique et administrative jusqu'au 31 décembre 1923 afin de rétablir l'ordre. Le 15 décembre 1922,
le Grand conseil du fascisme se réunit pour la première fois. Le 14 janvier 1923, les chemises noires sont
institutionnalisées par la création de la Milice Volontaire pour la Sécurité Nationale. Le 9 juin, il présente la
nouvelle loi Acerbo en matière électorale, approuvée le 21 juillet. Toujours en juillet, grâce à l'appui britannique,
à la conférence de Lausanne, la présence italienne en Dodécanèse, occupée depuis 1912 est reconnue.
Le 28 août, l'expédition militaire Enrico Tellini, dont l'objectif est de définir la frontière entre la Grèce
et l'Albanie est massacrée à Ioannina. Mussolini envoie un ultimatum à la Grèce pour demander réparation et
suite au refus du gouvernement grec, la marine italienne reçoit l'ordre d'occuper Corfou. Avec cette action le
nouveau président du Conseil démontre vouloir poursuivre une politique extérieure forte et il obtient, grâce à la
Société des nations les réparations demandées après l'abandon de l'île occupée.
Le 19 décembre, il préside à la signature de l'accord entre la Confindustria et la Confédération des
Corporations fascistes. Le décret royal du 30 décembre 1923 numéro 284 établit la création des agences
communales d'assistance (ECA) avec pour objectif la « coordination de toutes les activités, publiques et privées,
destinées au secours des indigents, et promouvant l'éducation, l'instruction et l'accès aux métiers et aux arts».
Ceux-ci seront unifiés dans deux agences territoriales au sein de l'assistance sanitaire et matériel des pauvres et
de l'enfance abandonné par le décret royale du 31 mars 1933 numéro 383.
Le 27 janvier 1924, le traité de Rome entre L'Italie et la Yougoslavie est signé dans lequel celle-ci
reconnaît l' " italianité " de Fiume annexé le 16 février. Le Roi confère à Mussolini le collier de l'Ordre Suprème
de la très Sainte Annunziata. À partir du 7 février, le gouvernement italien établit des rapports diplomatiques
avec l'URSS. Un accord avec le Royaume-Uni permet à l'Italie d'acquérir l'autre rive du fleuve Jubba, région qui
est annexée à la Somalie italienne.
Aux élections du 6 avril 1924, la liste nationale (désignée comme " Listone ") obtient 60,1% des voix et
356 députés et à ceux-ci s'ajoutent 4,8% de voix et 19 sièges correspondant à la " liste bis ". Les deux listes
gouvernementales recueillent au total 64,9% des votes élisant 375 parlementaires dont 275 inscrits au parti
national fasciste. Dans le " Listone " est entrée la majorité des membres libéraux et démocrates parmi lesquels
Vittorio Emanuele Orlando, Antonio Salandra et Enrico De Nicola qui retire sa candidature peu avant les
élections, et de nombreuses personnalités de la droite italienne.
Les consultations se déroulent dans un climat de violence et d'intimidation, et les abus perpétrés par les
fascistes sont dénoncés le 10 mai par le député socialiste Giacomo Matteotti qui par un discours virulent à la
chambre demande d'annuler les résultats des élections.
Le 11 juin 1924, Matteotti est enlevé et assassiné par des squadristi fascistes. L'évènement provoque la
" sécession sur l'Aventin " , c'est-à-dire le départ des députés d'opposition du parlement pour protester contre
l'assassinat. Tout cela n'affecte pas le pouvoir de Mussolini car il n'est suivi d'aucune action politique concrète.
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Fort de l'indécision des opposants, le 3 janvier 1925, le Duce tient un discours au parlement dans lequel
l'équilibre effectif des forces présentes dans le pays devient manifeste : afin de démontrer sa propre force, il
déclare assumer « toutes les responsabilités historiques, politiques et morales » de l'assassinat. Le discours du 3
janvier 1925 est considéré comme le début du régime fasciste dictatorial.
Une série d’attentats
Après être devenu chef du gouvernement, Mussolini est l’objet d’une série d’attentats. Le premier est
conçu, le 4 novembre 1925, par le député socialiste et adhérent à la chambre maçonnique Tito Zaniboni, mais
l'OVRA10 écarte la menace.
Le 7 avril 1926 Violet Gibson, une irlandaise présentée comme déséquilibrée tire un coup de feu en
direction de Mussolini, le manquant de peu.
Le 11 septembre 1926 l'anarchiste Gino Lucetti lance un engin explosif vers la voiture du premier
ministre. La bombe rebondit sur la portière de la voiture et explose dans la rue blessant huit personnes.
Le soir du 31 octobre 1926 à Bologne, pendant la commémoration de la marche sur Rome, Anteo
Zamboni âgé de 15 ans tire un coup de pistolet vers le chef du gouvernement, effleurant la poitrine. Identifié par
les fascistes, il est lynché sur place par les chemises noires de Leandro Arpinati. Selon certaines récentes
recherches, l’attentat aurait été le résultat d’une conspiration des fascistes opposés à la «normalisation» mise en
œuvre par Mussolini, hostile aux excès révolutionnaires et au pouvoir des formations squadristi.
Mussolini échappe à d’autres attentats en 1931 et en 1932, respectivement de la part des anarchistes
Michele Schirru et Angelo Pellegrino Sbardellotto, qui sont condamnés à la peine de mort pour avoir comploté
contre le chef du gouvernement.
Mussolini premier ministre : la dictature fasciste
Avec la loi du 17 avril 1925 n.473 sont établies les nouvelles normes d’hygiène pour les entreprises et
l’obligation de pourvoir au service sanitaire dans l’établissement, de ne pas faire porter des poids excessifs par
les femmes et les enfants et signaler et surveiller les substances nocives. Les conventions collectives du travail
ont force de loi et les « patrons » peuvent utiliser des contrats individuels différents des conventions collectives
seulement si les conditions sont meilleures pour les travailleurs. L’application de ces règles est surveillée par un
inspecteur corporatiste.
Par le décret royal du 1er mai n.582 naît l'Œuvre nationale du temps libre (Opera Nazionale Dopolavoro
- OND) avec l’objectif de " promouvoir le sain et profitable emploi du temps libre des travailleurs intellectuels et
manuels pour développer leur capacité physique, intellectuelle et morale ". L'organisme promeut, au côté des
autres organismes concernés, la lutte contre l’alcoolisme et la « bataille contre la malaria », il organise des
concerts publiques, des représentations théâtrales populaires et des colonies de vacances à la mer et à la
montagne pour les enfants de familles nécessiteuses.
Le 11 juin 1925, le Président du Conseil annonce la bataille du grain. La campagne a pour objectif
d'atteindre l’autosuffisance de l’Italie envers l’étranger en ce qui concerne la production des produits agricoles et
particulièrement du blé dont l’importation est à l’origine à 50 % du déficit de la balance des paiements. Le
programme qui se termine en 1931 n’a pas le succès escompté, l’objectif n’étant pas atteint. Le projet est réalisé
surtout grâce à la bonification, entre 1928 et 1932 des terres paludéennes présentes dans la péninsule italienne
parmi lesquelles les Marais Pontins. La bonification permet la mise en œuvre d’un programme sanitaire qui
permet de vaincre la malaria ainsi que l’obtention de résultats significatifs contre la tuberculose, la variole et la
rage. De nouvelles communes naissent souvent appelées de la destination économique qui justifie leur création
par exemple Carbonia pour l’exploitation des gisements de charbon.
Le 21 juin 1925 a lieu le quatrième et dernier congrès du PNF. Mussolini invite les chemises noires à
abandonner définitivement la violence. Par la réforme du système policier renforçant ainsi le pouvoir exécutif, à
la fin de l’année 1925, les éléments squadristi sont rendus inopérants[réf. nécessaire]. Le 18 juillet, l’Italie et la
Yougoslavie signent le traité de Neptune qui définit les respectives frontières de la zone dalmatienne.
Le 30 août, l’arme de l’aéronautique est créée.
Le 20 octobre Mussolini nomme Cesare Mori préfet de Palerme, avec des pouvoirs extraordinaires et
des compétences étendues à toute le Sicile, afin de freiner le phénomène mafieux dans l’île. Le « préfet de fer »
obtient des résultats significatifs et son action continue pendant les années 1926-1927. Rapidement, les enquêtes
montrent des rapports entre la mafia et les hommes d’État, ainsi Mori est rappelé à Rome par Mussolini et
nommé sénateur le 16 juin 1929, alors que la propagande déclare orgueilleusement que la mafia a été vaincue.
Entre 1925 et 1926, les lois fascistissimes inspirées par le juriste Alfredo Rocco sont approuvées.
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La loi du 26 novembre 1925, n. 2029, oblige les organismes collectifs œuvrant en Italie, associations,
instituts, sur demande de l’autorité publique de sécurité (autorità di pubblica sicurezza), à déclarer leurs statuts,
leurs actes collectifs, leurs règlements intérieurs et la liste des associés et des dirigeants sous peine, en cas de
déclaration omise ou incorrecte, de dissolution, de sanctions pénales avec emprisonnement d’une durée
indéterminée et de sanctions financières de 2 000 à 30 000 lires. De cette manière, le gouvernement dispose
d’une cartographie du type et du nombre d’associations non gouvernementales présentes sur le sol italien.
La loi du 24 décembre 1925, n. 2300, établit que tous les fonctionnaires qui refusent de jurer fidélité à
l’état italien seront destitués.
La loi du 24 décembre 1925, n. 2263, prévoit que le titre « président du conseil» est transformé en «chef
du gouvernement, premier ministre et secrétaire d’état » ; le «chef du gouvernement » est nommé et révoqué
seulement par le roi et il n’est responsable qu’envers lui. Les ministres deviennent responsables aussi bien envers
le roi qu’envers Mussolini.
La loi sur la presse du 31 décembre 1925 indique que les journaux ne peuvent être dirigés, écrits et
imprimés seulement s'ils ont un responsable accrédité par le préfet et donc indirectement par Mussolini.
La loi du 31 janvier 1926, n. 100, attribue à Mussolini, en sa qualité de chef du gouvernement, la
possibilité de promulguer des règles juridiques.
Avec la loi du 4 février, n. 237, les conseillers municipaux et les maires sont supprimés et remplacer par
des podestà nommé par décret royal, qui exercent les fonctions de maire et du conseil municipal.
Le 3 avril 1926 le droit de grève est supprimé et il est établi que les conventions collectives ne peuvent
être négociées que par les syndicats légalement reconnus par l’état ; pour cela, le 8 juillet 1926, le ministère des
corporations est créé et Mussolini en assume la direction.
Dans le même temps, Mussolini impose à l’Albanie de Ahmet Zogu une forme non officielle de
protectorat. De plus, l'Italie adhère au Pacte de Locarno qui garantit les frontières et la sécurité. En avril 1926,
dans un discours à Tripoli, Mussolini avance l’idée d’une mer mare nostrum, avec une thalassocratie italienne
sur la Méditerranée, et oppose pour la première fois fascisme et démocratie. Toujours en 1926, les frontières de
la Libye sont redéfinies en faveur de l’Italie qui acquiert ainsi le Fezzan.
Toujours le 3 avril, l'Opera Nazionale Balilla ( " ONB" ) est créée, avec l’objectif de «réorganiser la
jeunesse d’un point de vue moral et physique», ainsi qu’à l’éducation spirituelle et culturelle et à l’instruction
pré-militaire, des jeunes italiens de 8 à 18 ans. En 1927, toutes les autres organisations sont dissoutes par décret à
l’exception de la jeunesse italienne catholique ( Gioventù Italiana Cattolica). En 1937, l’ONB sera remplacé par
la Gioventù Italiana del Littorio ("GIL").
Le 18 août, le duce tient à Pesaro un discours dans lequel il proclame que pour combattre la
dévaluation, le taux de change lire-sterling est fixé à la fatidique « côte 90 », objectif qui sera atteint avec de
grandes difficultés.
Le 8 octobre le Grand Conseil promulgue un nouveau statut du PNF par lequel sont abolies les élections
internes des membres du parti. Le 12 octobre Mussolini assume la direction de la MVSN.
Le 5 novembre 1926 tous les partis hors du PNF sont dissous et la presse est placée sous le contrôle de
la censure. La peine de mort11 et le confinement policier sont introduits 12 pour les attentats perpétrés ou
organisés à l’encontre des principaux personnages de l’État 13 et le tribunal spécial pour la sécurité de l’État
(Tribunale Speciale per la sicurezza dello Stato) est créé.
Le 30 décembre le fascio est déclaré symbole de l’État.
Le 15 janvier 1927 Winston Churchill, alors Chancelier de l'Échiquier, est reçu à Rome par Mussolini.
Entre temps, Mussolini lance la campagne de soutien de la croissance démographique: les célibataires doivent
payer une taxe spéciale et à l’occasion des mariages, l’état offre une prime de mariage aux époux et s’ils
prévoient des prêts, des facilités économiques leur sont accordées ainsi que des exemptions de taxes pour les
familles nombreuses. Les Gruppi Universitari Fascisti ( " GUF " ) sont créés, pour la formation de la future
classe dirigeante.
Toujours en 1927, le Comité olympique national italien ( " CONI " ) est créé avec l’objectif d’améliorer
la compétitivité, précédemment la gestion de l’activité sportive était confiée à l’initiative privée.
Le 21 avril, le Grand Conseil crée la carte du travail. Le 5 juin, s'adressant au sénat, Mussolini affirme
la ligne du révisionnisme en matière de politique étrangère, déclarant que les traités signés après la Première
Guerre mondiale sont valides mais qu’ils ne sont pas considérés éternels et immuables.
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Avec la loi du 9 décembre, n. 2693, le Grand conseil du fascisme est institutionnalisé comme
l’organisme principal du PNF, présidé en personne par la duce qui est reconnu comme organisme constitutionnel
suprême de l’état.
Le 15 janvier 1928, l'agence italienne des diffusions radiophoniques (Ente Italiano Audizioni
Radiofoniche - EIA) est créée et est seule compétente pour la gestion publique du service radiophonique sur le
territoire national. En 1944, elle sera rebaptisée RAI ( " Radio Audizioni Italiane " ).
Le 14 mars, Mussolini présente à la chambre un projet de loi de réforme qui sera approuvé dans lequel
il propose la réduction à 400 le nombre de députés lesquels seront élus dans un unique collège national; la
confédération nationale des syndicats fascistes et les associations culturelles habilitées ont la charge de présenter
les candidatures.
Le 11 février 1929, Mussolini propose de mettre fin à la question romaine en signant avec le cardinal
Pietro Gasparri les accords du Latran, ratifiés par la chambre en mai.
Les élections du 24 mars 1929 pour le renouvellement de la chambre des députés, se transforment en
plébiscite en faveur de Mussolini. Les électeurs sont appelés à voter " sì " ou " no " pour approuver un " listone "
de députés fixé par le Grand conseil du fascisme. La consultation se tient dans un climat d’intimidation; la carte
pour le oui est tricolore, celle pour le non simplement blanche rendant identifiable le vote exprimé. La
participation du vote est de 90 % et les votes favorables au " listone " atteignent 98,4 %.
Le 2 avril, le duce rencontre le ministre des affaires extérieures britannique Neville Chamberlain. Vers
la fin de l’année, le siège du gouvernement est transféré du palazzo Chigi au palazzo Venezia.
En 1930, l'Italie signe un traité d’amitié avec l’Autriche. En janvier 1931, Mussolini, dans une
interview au Daily Mail, affirme la nécessité d’une révision du traité de paix de la grande guerre. Le 9 juillet il
reçoit le secrétaire d’état américain Henry Lewis Stimson, et en octobre il accueille le Mahatma Gandhi au palais
Venezia. Entre le 23 mars et le 4 avril 1932, le duce rencontre plusieurs fois Emil Ludwig qui écrira Colloqui
con Mussolini. Durant cette période, il s’éloigne de sa maîtresse Margherita Sarfatti en raison de sa liaison avec
Clara Petacci.
Le 12 avril au salon international de l’automobile de Milan est présentée la nouvelle FIAT Balilla, qui,
dans les intentions de Mussolini, doit être l’automobile de tous les Italiens; à partir de cette année, l'attribution
des voitures se fait par préférence et n’atteindra jamais les résultats espérés (Adolf Hitler adoptera la même
initiative avec la Volkswagen). Le 23 octobre, Mussolini participe aux célébrations de la Fiat avec Giovanni
Agnelli et Vittorio Valletta.
En juin, sur l'encyclopédie Treccani, un article Fascismo signé par Mussolini et écrit en collaboration
avec Giovanni Gentile est publié ; on y trouve l'explication de la doctrine propre au parti fasciste. A l’occasion
du dixième anniversaire de la révolution fasciste, la Via dell'Impero est inaugurée et les inscriptions au PNF sont
rouvertes après leurs fermetures de 1928. Le 18 décembre Mussolini inaugure Littoria la première ville neuve
construite dans les marais Pontins.
Le 29 mars 1933, Mussolini rencontre à Rome le ministre allemand de la propagande Joseph Goebbels.
Sur l'initiative de Mussolini, le 7 juin, le Pacte à quatre est signé à Rome par l’Italie, la France, le Royaume-Uni
et l’Allemagne, les états qui assument la responsabilité de la paix et de l’organisation de l’Europe dans le respect
des principes et des procédures prévues par le statut de la Société des nations.
Toujours en 1933, l'Institut nationale fasciste de la prévoyance sociale (INFPS) est créé, qui prendra en
1943 le nom de INPS, une agence de droit public dotée d’une gestion autonome avec l’objectif de garantir la
prévoyance sociale aux travailleurs. C'est le premier vrai système italien de pension qui est créé : l'INFPS a, à sa
charge, l’assurance obligatoire étendue des employés du secteur public à ceux du secteur privé. La même année,
les caisses d’accidents du travail dont dépendent les travailleurs, et dont les cotisations sont obligatoires dans
certains secteurs depuis 1919, sont unifiées dans l'institut national fasciste pour l’assurance contre les accidents
du travail (Istituto Nazionale Fascista per l'Assicurazione contro gli Infortuni sul Lavoro - INFAI), rebaptisé
INAIL en 1943.
Le 5 février 1934, sont instituées les 22 corporations. Le 14 mars, Mussolini rencontre à Rome le
chancelier autrichien Dollfuss et le chef du gouvernement hongrois Gyula Gombos pour discuter d’une révision
de l’organisation territoriales dans les Balkans. Le 17 mars, un pacte à trois, anti-allemand et anti-français, est
conclut avec la Hongrie et l’Autriche (Protocole de Rome).
Les élections du 25 mars 1934 pour le renouvellement de la chambre des députés – tenues suivant le
schéma du listone unique déjà adopté en 1924, avec carte tricolore pour le oui et blanche pour le non – se
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transforment en un nouveau plébiscite : le nombre de participants augmente et les votes négatifs atteignent
15 201 voix soit 0,15 % des votants.
Les loi des 22 mars 1934 n.654 et 26 avril 1934 n.653 pour le travail des femmes et des enfants donnent
le droit à la conservation du poste de travail pour les travailleuses enceintes, une période d’arrêt avant et après
l’accouchement et les permissions obligatoires pour l’allaitement (pour les entreprises de plus de 50 ouvrières, il
y a l’obligation de disposer d’un local adapté à cet usage).
La loi 24 décembre 1934 n.2316 établit la création de l’'ONMI ( " Œuvre nationale pour la protection de
la maternité et de l’enfance " (Opera Nazionale per la Protezione della Maternità e dell'Infanzi) ; l'agence peut
financer des institutions privées travaillant dans le même champ d'activité. En 1935, il y a l’instauration du
samedi fasciste.
Le 14 et le 15 juin Mussolini et Hitler se rencontrent à Stra et Venise, les réunions concernent
essentiellement la question autrichienne, le chancelier allemand envisage l’annexion de l’Autriche. Les rapports
entre les deux dirigeants restent tendus : le 25 juillet, suite à l’échec du coup d’état en Autriche par lequel
l’Allemagne national socialiste espère annexer le pays (Dollfuss est assassiné), Mussolini envoie deux divisions
au Brenner (retirées le 16 août) pour défendre l’indépendance autrichienne14. La situation se résout lorsque Hitler
abandonne la partie.
Le 21 août, Mussolini rencontre Kurt von Schuschnigg, successeur de Dollfuss.
Le 6 septembre, à Bari, il prend position sur la politique extérieure du national socialisme et la doctrine
raciste hitlérienne, proclamant que « trente siècles d’histoire nous permettent de regarder avec une souveraine
pitié certaines doctrines venues de l’autre côté des Alpes » .
La guerre d'Éthiopie et le rapprochement avec l'Allemagne national-socialiste
« L'Italie a finalement son empire »
—
lors de la constitution de l'Afrique Orientale italienne
Le 5 décembre 1934, se produit un incident près de Ual Ual, localité entre la Somalie italienne et
l'Éthiopie: 1 500 soldats éthiopiens agressent un poste frontière italien composé de 200 militaires. Mussolini
demande des excuses officielles en plus du paiement d'une indemnité de la part du gouvernement éthiopien,
conformément à ce qui est prévu dans un traité signé en 1928 entre l'Italie et l'Éthiopie, cependant le Negus Haile
Selassie a la possibilité en vertu du même accord de faire appel à la Société des nations (SDN) (2 janvier). Pour
faire la lumière sur l'évènement, celle-ci s'affaire dans l'arbitrage, temporisant: les rapports italo-éthiopiens sont
irrémédiablement compromis et Mussolini fait référence à cet épisode pour déclarer la guerre. Des
franchissements de frontière de troupes abyssiniennes se sont déjà produits, par exemple, le 14 novembre 1934,
quand le consulat italien à Gondar s'est fait attaquer par un groupe armé éthiopien. La tension italo-éthiopienne
est due au dessein italien d'unifier territorialement l'Érythrée et la Somalie et le désir éthiopien de conquérir un
débouché sur la mer.
Entre le 4 et le 7 janvier 1935, Mussolini rencontre à Rome le ministre français des affaires étrangères
Pierre Laval: des accords en vertu de quoi la France cède à l'Italie la Somalie française (actuellement Djibouti)
sont signés ainsi que la reconnaissance de la minorité italienne présente en Tunisie (qui avait été l'objet de
revendications de la part de l'Italie) et à appuyer diplomatiquement l'Italie en cas de guerre contre l'Éthiopie 15.
Laval espère ainsi rapprocher Mussolini de la France afin de donner naissance à une alliance anti-nazie.
Le 16 janvier, Mussolini prend la direction du ministère des colonies. Le 19 janvier, la SDN reconnaît
la « bonne foi » de l'Italie et de l'Éthiopie dans l'incident de Ual Ual et décide que le cas doit être traité par les
deux parties, le 17 mars, les Abyssiniens présentent un nouveau recours, faisant appel à l'article XV de
l'organisation.
Lors de la conférence de Stresa qui se déroule du 11 au 14 avril, l'Italie, le Royaume-Uni et la France
condamnent conjointement les violations allemandes du traité de Versailles.
Le 8 juin à Cagliari, Mussolini revendique le droit de l'Italie à avoir sa propre politique coloniale ce qui
indispose le Royaume-Uni. Le 18 septembre, dans un article publié dans le Morning Post, Mussolini garantit que
les intérêts français et britanniques en Afrique orientale ne seront pas touchés.
Le 2 octobre, il annonce la déclaration de guerre à l'Éthiopie du balcon du palais Venezia. En attaquant
ce pays, membre de la SDN, Mussolini viole l'article XVI de l'organisation: « si un membre de la ligue recourt à
la guerre, enfreignant ce qui est indiqué dans les articles XII, XIII et XV, il sera jugé ipso facto comme s'il avait
commis un acte de guerre contre tous les membres de la ligue, qui, ici prennent l'engagement de le soumettre à la
rupture immédiate de toutes les relations commerciales et financières, à l'interdiction des relations entre les
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citoyens et ceux de la nation qui enfreint le pacte, à l'abstention de toutes relations financières, commerciales et
personnelles entre les citoyens de la nation violatrice du pacte et les citoyens de n'importe quel autre pays,
membre de la ligue ou non».
Entre temps, il inaugure dans les marais Pontins les nouvelles villes de Guidonia (27 avril) et Pontinia
(13 novembre).
Le 18 novembre, l'Italie est frappée par les sanctions économiques de la SDN que 52 états approuvent,
l'Autriche, la Hongrie et l'Albanie votent contre, en riposte l'Italie met en œuvre des programmes économiques
autarciques. Les sanctions se montrent en fait inefficaces, parce que de nombreux pays les ayant voté
officiellement maintiennent de bons rapports avec l'Italie l'approvisionnant en matières premières. L'Allemagne
nazie est un de ceux-ci et la guerre d'Éthiopie est le point de départ du rapprochement entre Mussolini et Hitler.
La conduite du conflit et les crimes de guerre commis sur ordre de Mussolini
Carte d'Éthiopie
La défaite subie par les troupes italiennes à
Adoua est toujours en mémoire des italiens. Mussolini
suit en personne les préparatifs ainsi que le
déroulement des opérations militaires.
En Éthiopie, un embargo sur les armes,
imposé en 1918 par les trois puissances coloniales
limitrophes (France, Royaume-Uni et Italie), ont
fortement limité pendant près de 20 ans l'armement de
l'empire. L'armée éthiopienne de l’empereur Haïlé
Selassié est composée d’environ 500 000 hommes,
dont beaucoup ne sont souvent armés que de lances et
de boucliers. Seuls quelques soldats disposent encore
d’armes modernes, dont certains fusils usagés datant
d’avant 190016. Il faudra néanmoins sept mois pour
conduire à la destruction des forces armées du dernier
état indépendant d'Afrique, l'antique empire
éthiopien17. L'armée éthiopienne dispose de 25000
fusils Mauser FN model 24 carbine18.
Pour s'assurer d'une rapide victoire, Mussolini, examinant les demandes des état-majors militaires, triple
les moyens en hommes : en mai 1936, presque un demi-million d'hommes est engagé sur le théâtre des
opérations dont 87 000 askari, 492 tankettes, 18 932 véhicules et 350 avions. Dans l'arsenal à disposition des
Italiens, il y a aussi des armes chimiques et bactériologiques interdites par la convention de Genève et
débarquées en grand secret à Massaoua : 60 000 grenades à l'arsine pour l'artillerie, 1 000 tonnes de bombes à
ypérite pour l'aéronautique et 270 tonnes de produits chimiques agressifs pour l'emploi tactique 19.
Dès le début des opérations, le 3 octobre, Mussolini prend la direction des opérations et envoie presque
quotidiennement des ordres radiotélégraphiés à ses généraux présents sur le champ de bataille (Rodolfo Graziani
sur le front Sud, Emilio De Bono puis Pietro Badoglio sur celui Nord). Parmi ses ordres, ceux relatifs à l'emploi
des armes chimiques20,21.
Le premier ordre qui concerne l'emploi des armes chimiques arrive de Mussolini à Graziani : le
27 octobre 1935, Graziani prépare l'assaut de la place forte de Gorrahei, les six tonnes de grenades
conventionnelles sont insuffisantes pour avoir raison des défenseurs, le 29, Graziani demande à Mussolini
l'autorisation d'utiliser des armes chimiques pour des " opérations défensives " et il l'obtient rapidement avec le
mandat d'exterminer l'entière formation ennemie22.
Dans la même période, entre le 22 décembre 1935 et les premiers jours de 1936, sur le font nord,
Badoglio reçoit l'ordre d'employer les bombes chimiques contre les Abyssiniens passés à l'offensive dans le
Sciré. L'ordre, déjà en cours d'exécution, soumet les civils, le bétail et les récoltes à une importante pluie de gaz,
le bombardement est suspendu pour des raisons politiques en vue d'une réunion de la SDN prévue à Genève le 5
janvier mais Badoglio l'ignore et poursuit les bombardements chimiques jusqu'au 7 puis de nouveau les 12 et 18
janvier23.
Le 9 janvier, Mussolini autorise la guerre totale avec ces paroles:
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« J'autorise Votre Excellence à employer tous les moyens de guerre, je dis tous, qu'ils soient aériens
comme de terre. Décision maximum. »
— Télégramme secret de Mussolini à Pietro Badoglio 24
Les bombardements chimiques d'artillerie et par avions se poursuivent aussi bien sur le front Nord
(jusqu'au 29 mars 1936) que sur le front Sud (jusqu'au 27 avril), employant un total de 350 tonnes d'armes
chimiques. Dans ce contexte, fin janvier, malgré l'emploi massif d'armes chimiques, les armées italiennes du
front Nord sont en graves difficultés (harcelé par les troupes du ras Cassa, Badoglio est sur le point d'ordonner
l'évacuation de Mékélé) , Mussolini n'hésite pas à proposer à son général l'emploi d'armes bactériologiques.
Badoglio exprime sa nette divergence d'opinion mettant en évidence auprès de Mussolini les réactions
internationales que ce choix provoquerait et sa propre crainte sur les conséquences incontrôlables d'une arme
jamais essayée jusque là: Le duce reçoit ces observations et le 20 février retire sa proposition25.
L'utilisation des armes chimiques dont Mussolini est directement et pleinement responsable est cachée à
l'opinion publique italienne et le duce ordonne le démenti lorsque leur emploi est évoqué dans la presse
internationale26. La conduite d'une vraie politique d'extermination envers les Éthiopiens ne se limite pas à
l'emploi des armes chimiques mais est conduit avec d'autres moyens, comme l'ordre de ne pas respecter les
marquages de la Croix rouge ennemie ce qui conduit à la destruction d'au moins 17 hôpitaux (dont un suédois) et
installations médicales abyssiniennes ou par l'emploi de troupes askari (libyens de religion musulmane) contre
les armées et la population christiano-copte abyssinien. Les troupes libyennes se rendent coupables de massacres
envers les civils et les prisonniers au point que le général Guglielmo Nasi instaure une prime de cent lires pour
tout prisonnier vivant qui lui est confié27.
Les crimes envers les rebelles, la population et les moines abyssiniens dans les sanctuaires christanocoptes (ils sont tués par centaines à Debra Libanos et ailleurs) se poursuivent même lorsque la guerre est finie et
au moins jusqu'en 1940.28
La victoire en Éthiopie, l'apogée de Mussolini et du fascisme
Le 7 mai 1936, Mussolini reçoit de Victor-Emmanuel III la Grande Croix de l’Ordre Militaire de
Savoie. Le souverain, par l’attribution de la plus haute décoration militaire du royaume, reconnaît l'implication
de Mussolini: «Ministre des Forces armées, il prépara, conduisit et gagna la plus grande guerre coloniale dont
l’histoire se souvienne».
Le 9 mai, toujours du balcon du Palais Venezia, il annonce la fin de la guerre d’Éthiopie et proclame la
naissance de l’empire, le roi d’Italie prend le titre d’empereur d’Éthiopie. La campagne abyssinienne représente
le moment du plus fort consensus du peuple italien envers le fascisme. Mussolini impose, pour indiquer la date
sur les documents officiels et sur les journaux, d'écrire l’année en commençant le 28 octobre 1922 (une telle
mesure est déjà utilisée depuis le 31 décembre 1926) accompagnée de celle de la fondation de l’empire (par
exemple, 1936 est indiqué comme « année 1936, XIV de l'ère Fasciste, I de l’Empire »).
Le 4 juillet, la SDN décrète la fin de l’application de l’article XVI et les sanctions cessent le 15
(l’unique pays qui s’y oppose est l’Afrique du Sud) ; Mussolini obtient le titre de maréchal d’Italie le
30 mars 1938.
Le 9 juin, il confie à son gendre Galeazzo Ciano le ministère des affaires étrangères.
Le 24 juillet 1936, Il se met d’accord avec Hitler pour l’envoi de contingents militaires en Espagne en
soutien à Franco dont le coup d’état du 18 juillet a déclenché la guerre civile espagnole. Le fils de Mussolini
Bruno participe à la guerre comme chef d’une escadrille aérienne. Le 1er novembre, il annonce dans un discours
la création (signé le 24 octobre) de l'Axe Rome-Berlin (il ne s’agit pas encore d’une vraie alliance militaire qui
sera scellée seulement avec le pacte d’acier).
Ailleurs en Europe, d'autres partis fascisants voient le jour, notamment le Parti populaire français de
Jacques Doriot en 1936. En 1937, Mussolini obtient un Doctorat Honoris Causa décerné par l'Université de
Lausanne.
Le 2 janvier 1937, un gentlemen's agreement est signé entre l’Italie et le Royaume-Uni par lequel sont
définis les droits d’entrée et de sortie de la Méditerranée et il se décide d’éviter de modifier le « statu quo relatif
à la souveraineté nationales des territoires du bassin méditerranéen » y compris l’Espagne. Cet accord est
confirmé par la Pacte de Pasqua du 16 avril 1938.
Le 20 mars, dans l’oasis de Bugàra près de Tripoli, Mussolini reçoit du chef berbère Yusuf Kerbisc,
l’"épée de l’islam", symbole de l’approbation d’une partie de la société libyenne envers le régime mussolinien.
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Le 21 avril, il inaugure Cinecittà, conçut comme le siège de l’industrie cinématographique italienne,
largement financée par le gouvernement (le premier péplum Scipion l'Africain date de 1937).
Le 22 avril, il rencontre à Venise le chancelier autrichien Schuschnigg et se déclare opposé à
l’Anschluss de l’Autriche avec l’Allemagne. Toujours en avril, il rencontre le ministre allemand de
l’aéronautique Hermann Göring et le ministre des affaires étrangères Von Neurath.
Les 25 et 29 septembre, il rencontre Hitler, d’abord à Munich puis à Berlin. Le 6 novembre l'Italie
adhère au pacte anti-soviétique, dont l’Allemagne et le Japon sont déjà signataires.
Le 3 décembre 1937, il signe un traité d’amitié, de commerce à Bangkok avec le Siam, l’actuelle
Thaïlande. Le 11 décembre, il annonce la sortie de l’Italie de la Société des nations. Il accueille du 3 au 9 mai
1938 Hitler, lequel est en visite en Italie. Grâce à la médiation mussolinienne, face à l’éventualité d’un conflit
entre le bloc franco-britannique et l’Allemagne, le 29 septembre se tient la conférence de Munich. À celle-ci sont
présents Mussolini, Hitler, Daladier pour la France et Chamberlain pour la Grande-Bretagne : la légitimité sur la
politique en Tchécoslovaquie est reconnue à l’Allemagne. Mussolini est fêté comme « le sauveur de la paix » .
Entre le 11 et le 14 janvier 1939, à Rome, il rencontre Chamberlain et le ministre britannique des
affaires étrangères Frederik Halifax. Le 19 janvier 1939 la Chambre des députés est supprimée et remplacée par
la Camera dei Fasci e delle Corporazioni. En avril, le duce ordonne l’occupation et l’annexion de l’Albanie,
l’Italie bénéficie déjà d’un protectorat non officiel depuis de nombreuses années et l’« invasion » est
certainement due à la volonté mussolinienne de montrer à son allié allemand sa propre force.
La création du consensus
La stabilité de la dictature fasciste s’inscrit en grande partie dans la capacité de Mussolini à créer autour
de sa personne un fort consensus. L'habileté dont il fait preuve pour faire de sa personnalité l'objet d’un véritable
culte se reflète non seulement dans l’approbation que la société italienne lui montra longtemps, mais aussi dans
l’admiration qu’il réussit à gagner auprès de nombreux chefs d’état étrangers, d’intellectuels et auprès de
l’opinion publique internationale surtout aux États-Unis et au Royaume-uni. De ce point de vue, Mussolini
devient un modèle d’inspiration pour beaucoup de futurs dictateurs, parmi lesquels Hitler et Staline.
La popularité de Mussolini trouve certainement son origine dans l’insatisfaction du peuple italien
envers les classes dirigeantes libérales en raison des traités de paix, jugés par beaucoup défavorables, que l’Italie
a dû accepter à la fin de la Première Guerre mondiale malgré les 650 000 morts et les sacrifices énormes
supportés par le pays.Gabriele D'Annunzio parle de « victoire mutilée ». L'Italie gagne du terrain territorial, seul
engagement qui avait été pris par le pacte de Londres et le mécontentement général ainsi que la terrible crise
économique de l’après-guerre font croître le désir d’un gouvernement fort.
Mussolini est habile pour profiter de cette situation : il se présente comme le restaurateur de l’ordre et
de la paix sociale. De ce point de vue, beaucoup de squadristi fascistes intransigeants critiquent la collaboration
(en 1922-1924) du PNF, au niveau gouvernemental, avec les vieux partis. À partir de 1925, avec la promulgation
des lois fascistissimes et le début de la dictature, toute forme de collaboration avec les vieux partis est
abandonnée. Le consensus est alors alimenté grâce au contrôle de la presse et du monde culturel italien. En outre,
tout forme active de divergence d’opinion est réprimée à travers l'OVRA, le Tribunal Spécial, et l'institut
juridique du confinement.
Mussolini démontre une personnalité charismatique, comme en témoignent les discours tenus face aux
foules et à une importante habileté oratoire qui puise ses origines en partie chez D'Annunzio. Mussolini
augmente sa popularité en se présentant comme « le fils du peuple », recourant à l’organisation et à
l’embrigadement des masses, appelées en permanence à participer à des initiatives de nature variée, mais grâce
aussi à l’appui d’intellectuels (Gabriele D'Annunzio, Mario Sironi, le futuriste, Giovanni Gentile). Mussolini
profite habilement, comme personne avant lui, des nouveaux moyens de communications (la radio, le cinéma et
le cinéjournal) ainsi que les succès sportifs de l'Italie fasciste (comme les Coupe du monde de football de 1934 et
de 1938, et le titre mondial de poids lourds conquis par Primo Carnera), qui sont largement utilisés à des fins de
propagande.
Mussolini réussit souvent à interpréter correctement la volonté de la majorité du peuple italien, réalisant
d’importantes réformes de type sociales, sanitaires, économiques et culturelles.
Il faut souligner que la " politique de puissance " inaugurée par l’Italie fasciste est vue favorablement
par une grande partie de la population. Mussolini cherche à faire de l’Italie un pays craint et respecté, restaurant
les fastes de l’empire romain, réalisant le contrôle italien sur la Méditerranée (il mare nostro). Cette politique
produit peu de résultat et pousse l’Italie vers le désastre de la Seconde Guerre mondiale.
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Hitler considère Mussolini son « maître » ; Churchill, en 1926, le définit « le plus grand législateur
vivant » et encore en 1940, « un grand homme » ; le Pape l’appelle « l'homme de la providence » et lui confère,
en 1932, l’ordre du Speron d'Or ; beaucoup en Europe, en 1933, l’appellent « le sauveur de la paix » ; Franklin
Delano Roosevelt lui prodigue des commentaires flatteurs ; Gandhi affirme que « le Duce est un homme d’état
de premier plan, complètement désintéressé, un super-homme »29.
Les lois raciales
A partir de 1938, le régime fasciste promulgue une série de décrets dont l’ensemble porte le nom de lois
raciales, qui introduisent des mesures de discrimination et de persécution à l’encontre des juifs italiens. Parmi les
divers documents et mesures législatives qui contribuent aux lois raciales se trouve le Manifeste de la race
(Manifesto della razza) et plus exactement le Manifeste des scientifiques racistes (Manifesto degli scienziati
razzisti), publié une première fois d’une manière anonyme dans le Giornale d'Italia le 15 juillet 1938 sous le titre
" Le Fascisme et les problèmes de la race " (Il Fascismo e i problemi della razza) et publié de nouveau dans le
numéro 1 de la La difesa della razza le 5 août 1938.
Le 25 juillet, après une rencontre entre dix rédacteurs de la thèse, le ministre de la culture populaire
Dino Alfieri et le secrétaire du PNF Achille Starace font communiquer le texte définitif, depuis le secrétariat
politique du parti, comprenant la liste complète des signataires et des adhésions, adhérents ou sympathisant PNF.
Après le décret royal du 5 septembre 1938 – qui fixe les « mesures pour la défense de la race dans l’école
fasciste » - et celui du 7 septembre – qui fixe les «mesures à l’égard des juifs étrangers » - fait suite (6 octobre)
une « déclaration sur la race » émise par le grand conseil du fascisme ; la déclaration est par la suite adoptée par
l’État par un décret royal en date du 17 novembre.
Entre 1943 et 1945, le gouvernement de la République sociale italienne se rend complice de la
déportation dans les camps de concentration nazis de nombreuses femmes, hommes et enfants de religion juive.
En territoire italien, dans la Risiera di San Sabba, près de Trieste, existait un camp de regroupement avant le
transport des Juifs vers les camps de concentration allemands. À l’intérieur du camp, les autorités allemandes
commirent de nombreux meurtres et elles avaient même installé un four crématoire.
Le second conflit mondial
De la « non belligérance » à la « guerre parallèle »
« La déclaration de guerre a déjà été remise aux ambassadeurs de Grande-Bretagne et de France »
— L'annonce par Mussolini de l'entrée en guerre de l'Italie
Le 6 mai 1939, Mussolini signe le Pacte d'Acier avec l'Allemagne, qui scelle officiellement la naissance
de l'alliance italo-allemande.
Le 30 mai, Mussolini charge le général Ugo Cavallero de remettre à Hitler un mémoire dans lequel il
affirme que la guerre est inévitable mais que l'Italie ne sera pas prête à l'entreprendre avant trois ans. Malgré les
assurances données, l'Allemagne envahit la Pologne le 1er septembre, mettant en marche la Seconde Guerre
mondiale. Mussolini déclare la « non belligérance » et non la neutralité de l'Italie30, ce qui permet à l'État italien
de se maintenir momentanément en dehors du conflit.
Le 10 mars 1940, il accueille à Rome le ministre allemand des affaires étrangères Joachim von
Ribbentrop, qui le sollicite pour entrer en guerre. Le 18 mars, il rencontre Hitler au Brennero. Les 16, 22, 24et 26
avril, il reçoit des messages de Churchill, de Paul Reynaud, de Pie XII et de Roosevelt, qui lui demandent de
rester neutre.
Suite aux extraordinaires et inattendus succès de l'Allemagne nazie entre avril et mai 1940, Mussolini
pense que l'issue de la guerre est désormais décidée et le 10 juin il déclare la guerre à la France et à la Grande
Bretagne, ce qui a été qualifié de "coup de poignard dans le dos" par l'Echo de la Falaise (13 juin 1940).
Face aux contrariétés et aux remontrances de certains collaborateurs importants et de militaires parmi
lesquels Dino Grandi, Galeazzo Ciano et le général Enrico Caviglia, Mussolini aurait répondu :
« J'ai besoin de quelques milliers de morts pour m'asseoir à la table des négociations »
Dans la guerre contre la France, les troupes italiennes prennent au début une attitude défensive en raison
d'un matériel inadapté, du temps nécessaire pour mobiliser les moyens qui ne sont pas suffisants et de la
réticence à attaquer les " cousins " français. En août 1939, l'armée italienne dispose de 67 divisions composées
de 43 divisions classiques très mal équipées en moyens de transport, 24 divisions spéciales dont 3 cuirassées, 2
motorisées, 3 d'intervention rapide et 5 divisions alpines. Après la mobilisation de 1940, les effectifs ne
dépassent pas 1 600 000, moins qu'en 1915 par manque d'équipements31. Les moyens italiens sont cependant
Dictatures et guerres en Europe
14
d'une écrasante supériorité numérique sur les français car les exigences du front du Nord-Est et l'expédition de
Norgève ont vidé les casernes françaises du Sud-Est. Les premiers à prendre l'initiative sont les alliés : des
avions britanniques décollent des aéroports français et bombardent Turin dans la nuit de 11 au 12 juin.
Par mesure de rétorsion, les avions italiens bombardent les bases militaires d'Hyères et de Toulon. Le
14, la zone industrielle de Gênes est bombardée et l'armée italienne reçoit l'ordre de passer à la contre-offensive
qui est programmée le 18. Les Italiens attaquent Bizerte, Bastia et Calvi.
Le 17 juin, la France signe l'armistice avec l'Allemagne. A partir du 18, dans les Alpes, une résistance
archarnée des français met en déroute les soldats italiens. Le fort de la Redoute est évacué seulement le 3 Juillet.
En Briançonnais, en Ubaye, en Maurienne, les italiens n'ont pas réussi à passer la frontière malgré des pertes
conséquentes. Par endroit, ils perdent même du terrain : le redoutable fort italien du Charberton (3136 m) est
réduit au silence le 21 Juin en une après-midi par seulement 4 mortiers français32. Malgré quelques infiltrations
momentanées, les troupes italiennes ne dépassent pas Menton lors de leur offensive sur Nice. La Bataille des
Alpes met en lumière l'extrême inefficacité de l'armée italienne (67 divisions repoussées par quelques soldats
isolés), que l'on observera lors de ses futures campagnes, notamment en Grèce et en Afrique du Nord. A
l'armistice en 1945, des cols italiens avant-guerre deviendront français.
Mussolini participe à un sommet à Munich avec Hitler pour discuter de l'inattendue et imprévue
reddition française face à la Wehrmacht : les conditions de paix demandées par le duce33 sont seulement
partiellement reçues (seule la demande d'occupation est reconnue à l'Italie).
Le 24 juin, la France signe la paix avec l'Italie, lui reconnaissant en plus de la demande d'occupation, la
cession d'une portion du territoire français frontalier et la démilitarisation d'une large bande le long des frontières
franco-italienne et libyo-tunisienne.
À la nouvelle d'un débarquement allemand imminent au Royaume-Uni (Opération Seelöwe), Italo
Balbo, gouverneur de Libye, reçoit l'ordre d'avancer vers l'Égypte qui est un protectorat britannique (25 juin).
Mais le 28, alors qu'il survole Tobrouk bombardée par les Britanniques, il est abattu par les batteries antiaériennes italiennes qui l'avaient pris pour un avion ennemi.
Les premières victoires se révèlent éphémères parce que la guerre se prolonge au-delà de ce qui est
prévu, mettant en évidence l'impréparation, la désorganisation et l'insuffisance de l'armée italienne. En Afrique,
en janvier 1941 les Britanniques procèdent à une vigoureuse contre-offensive qui conduit à la conquête de
l'Afrique Orientale Italienne vers juin 1941. Les dernières troupes italiennes se rendent à Gondar le 21
novembre). La supériorité numérique et technologique des Britanniques34 et la progressive perte d'initiative de la
marine italienne35 ne peuvent que conduire à la défaite.
Par la suite, les combats entre les deux marines ennemies se limitent du côté italien à la guerre sousmarine, à la protection des voies d'approvisionnements entre la Sicile et la Libye, et à de sporadiques tentatives
d'interceptions de convois britanniques sur la voie Gibraltar-Alexandrie et à des opérations téméraires réalisées
par des équipages d'assaut ( les MAS, petites barques chargées de tritole qui causent la destruction de nombreux
bateaux britanniques et des sous-marins miniatures).
Le 27 septembre 1940 l'Italie, l'Allemagne et le Japon s'unissent par le Pacte tripartite, auquel adhèrent
dans l'ordre tout au long de la guerre la Hongrie (20 novembre 1940), la Roumanie (23 novembre), la Slovaquie
(24 novembre), la Bulgarie (1er mars 1941) et la Yougoslavie (27 mars).
Le 4 octobre 1940, Mussolini rencontre Hitler au Brennero pour établir d'un commun accord une
stratégie militaire; le 12 octobre, les Allemands prennent le contrôle de la Roumanie, située dans la zone
d'influence italienne et riche de gisements pétrolifères, sans prévenir les Italiens.
En conséquence de quoi, Mussolini décide de se lancer dans une « guerre parallèle » à côté de l'allié
allemand, afin de ne pas trop dépendre de l'initiative militaire et politique d'Hitler ; toujours convaincu que la
Grande-Bretagne sera amenée rapidement à pactiser avec le Führer et que le principal front de guerre sera ainsi
terminé. Le 15 août 1940, le sous-marin italien " Delfino ", torpille près de l'île de Tinos, un vieux croiseur léger
grec, l' " Helli ", qui participe à la demande du gouvernement grec à une festivité. Tout ceci se produit sur ordre
précis de Mussolini transmis par lettre à l'amiral Cavagnari, sous-secrétaire à la marine militaire. Il y eut de
nombreuses frictions avec les états majors et avec Pietro Badoglio alors chef d'état-major à cause du peu
d'approvisionnement qui était envoyé dans les îles et son opposition à une guerre avec la Grèce. Le 19 octobre,
Mussolini envoie une lettre dans laquelle il communique l'intention italienne d'attaquer la Grèce. Hitler se rend à
Florence, le 28 octobre, pour dissuader le duce de l'opération mais celui-ci ne le prévient que lorsque l'attaque a
débuté depuis quelques heures, ayant le même comportement qu'Hitler en la Roumanie.
L'attaque contre la Grèce se conclut par un désastre : l'hiver et le territoire montagneux empêchent
toutes les tentatives d'avancées, en raison aussi, d'un équipement totalement inadapté ; l'armée grecque - renforcé
Dictatures et guerres en Europe
15
par l'arrivée de plus de 70 000 soldats britanniques - se révèle plus aguerrie et organisée que prévue. L'appui des
nombreuses escadrilles aériennes et navales britanniques est déterminant : les Italiens sont obligés de se replier
en territoire albanais, transformant le conflit en une guerre de position.
La guerre « allemande »
Les 19 et 20 janvier 1941, à Berchtesgaden, Mussolini rencontre Hitler, lequel lui promet l'envoi de
régiments allemands en Grèce et en Afrique du Nord pour soutenir les troupes italiennes qui peu à peu dépendent
toujours plus de l'aide de son puissant allié. Cette rencontre constitue l'abandon définitif, de la part de l'Italie, de
la stratégie de la «guerre parallèle» qui s'est révélée un échec. Ceci se traduit par un conflit toujours plus
conforme aux directives des intérêts national-socialistes.
Le 9 février, la marine britannique bombarde Gênes. Le 11 février, le duce rencontre Franco à
Bordighera pour le convaincre d'entrer en guerre aux côtés des forces de l'Axe, mais c'est un échec.
À partir du 12 février, les aides militaires promises par le Führer arrivent en Libye : les Deutsches
Afrika Korps, composés principalement de panzers et de renforts aériens sous le commandement de Erwin
Rommel.
Prenant de facto le rôle de commandant suprême des troupes italiennes de la région (même si
officiellement il est sous le commandement du général Italo Gariboldi commandant supérieur des forces armées
en Afrique), le « renard du désert » réussit rapidement à les réorganiser et à mener une offensive qui commence
le 24 mars contre les armées britanniques du général major Richard O'Connor, qui, entre-temps, a conquis la
Cyrénaïque (avec l'opération Compass). En mai, les troupes de l'Axe reprennent le contrôle de la Libye (excepté
Tobrouk qui résiste à un long siège, commencé le 10 avril, grâce aux forces d'occupation britanniques),
repoussant une tentative de contre-offensive (l'opération Brevity) et ils conquièrent une partie du territoire
égyptien.
Suite à la défaite, le commandement des troupes du Royaume-Uni est confié au général Claude
Auchinleck : il commande de novembre à décembre une grande offensive, l'opération Battleaxe, avec l'objectif
de lever le siège de Tobrouk mais il échoue.
Le 27 mars en Yougoslavie, qui a adhéré deux jours auparavant au pacte tripartite, les Britanniques
organisent avec succès un coup d'état par le général nationaliste serbe Dušan Simović (le régent Paul est exilé et
son ministre des affaires étrangères et son premier ministre sont destitués). Le nouveau gouvernement
yougoslave signe un traité d'amitié avec l'Union Soviétique (5 avril).
Face aux risques de l'excessif renforcement de la présence britannique dans les Balkans et d'une
éventuelle alliance de la Yougoslavie et de l'URSS contre l'axe, l'Allemagne, la Hongrie et la Bulgarie attaquent
la Yougoslavie. Le 6 avril, l'Italie lui déclare la guerre. L'avancée italienne se révèle un succès et la Yougoslavie
capitule rapidement (17 avril) : Pierre II s'enfuit à Londres. L'Italie obtient des territoires : la plus grande partie
de la côte dalmate, la province de Ljubljana et le Kosovo qui est annexé à l'Albanie italienne.
Entre-temps, les troupes italiennes, après plusieurs mois d'arrêt, reprennent leur avance en Albanie (13
avril), qui est totalement reconquise en peu de jours, et en Épire. Toujours au mois d'avril, les armées italienne et
allemande attaquent conjointement la Grèce qui rapidement signe la reddition avec l'Allemagne (21 avril) et avec
l'Italie (23 avril). Le 3 mai, les troupes italo-allemandes défilent à Athènes et le 1er juin la Crète tombe, dernier
avant-poste allié resté dans la région. L'Italie obtient le droit d'occuper l'île et la plus grande partie de la Grèce.
Le 2 juin 1941, Mussolini rencontre de nouveau Hitler, qui le 22 ordonne l'attaque de l'Union
Soviétique (opération Barbarossa). En juillet, le CSIR (composé de 58 800 soldats commandés par le général de
corps d'armée Giovanni Messe) est envoyé en Russie en soutien de l'allié allemand. Le 25 août, le chef du
gouvernement rencontre Hitler au quartier général allemand de Rastemburg, en Prusse-Orientale.
Le 7 décembre, la flotte japonaise attaque Pearl Harbour, base militaire américaine, provoquant l'entrée
en guerre des États-Unis. Le 12 décembre 1941, l'Italie déclare la guerre aux États-Unis, suivant l'initiative de
son allié allemand qui a procédé de même le jour précédent. Le 18 décembre, une incursion italienne dans le port
d'Alexandrie cause d'importants dommages à la marine britannique.
Le début de la fin
À partir du 15 février 1942, de nombreux renforts italiens rejoignent la Russie pour soutenir l'avancée
allemande, en 5 mois 160 000 soldats sont envoyés sur le front. Le 9 juillet, le CSIR, confié au général Italo
Gariboldi (qui remplace le général Giovanni Messe), se transforme en ARMIR ("ARMata Italiana in Russia") et
compte 200 000 hommes. L'armée italienne participe à la bataille de Stalingrad qui se révèle décisive pour le
destin de la campagne de Russie et plus globalement pour le sort de la guerre: entre le 3 janvier et le
Dictatures et guerres en Europe
16
2 février 1943, les forces de l'Axe sont battues et repoussées. Les armées italiennes rentrent en Italie entre avril
et mai 1943 avec des pertes estimées à 60 000 hommes.
Les restrictions alimentaires touchent l'Italie : la ration ordinaire de pain est fixée à 150 grammes par
jour (250 pour les travailleurs) et la ration semestrielle de pommes de terres établie à quinze kilo par personnes.
La production agricole italienne s’effondre et la ration en calorie des Italiens atteint 50% de celles des
Allemands.
Le 29 avril 1942, Mussolini rencontre Hitler à Salzbourg: pendant cette réunion, les deux chefs de
gouvernement se mettent d'accord pour lancer une grande offensive en Afrique septentrionale. Entre le 26 mai et
le 21 juin, les troupes de l'Axe réalisent une avancée victorieuse en Libye (Bataille de Gazala), qui provoque la
chute de Tobrouk (20 juin), assiégée depuis plus d'un an. Le 29 juin, Mussolini part pour la Libye où il reste
jusqu'au 20 juillet. Entre le 1er et le 29 juillet, a lieu la première bataille d'El Alamein : les troupes italoallemandes tentent d'enfoncer les lignes britanniques. Entre le 31 août et le 5 septembre, la dernière tentative de
percée par les armées de l'axe, au cours de la bataille de Alam Halfa, est un échec. Pendant la seconde bataille de
El Alamein, (entre le 23 octobre et le 3 novembre), les troupes britanniques du général Bernard Montgomery
(qui a remplacé en août le général Claude Auchinleck) battent leurs adversaires les obligeant à un repli
désastreux.
L'avancée britannique se révèle incontenable: le 8 novembre l'Afrique française, administrée jusqu'alors
par le Régime de Vichy et théoriquement neutre, est conquise par les troupes américano-britanniques (opération
Torch), la Libye est rapidement perdue (le 23 janvier 1943, Tripoli tombe), et entre le 19 et le 25 février 1943 les
forces italo-allemandes sont de nouveau battues à la Kasserine en Tunisie que Rommel a fait occuper en janvier.
Le 7 mai, les dernières troupes de l'Axe abandonnent l'Afrique.
En novembre et en décembre 1942, Mussolini, abattu et dépressif, se laisse remplacer par Ciano à deux
réunions avec Hitler. Le 2 décembre, après 18 mois de silence, il revient parler au peuple italien depuis le Palais
Venezia.
Le 7 avril 1943, il rencontre Hitler à Salzbourg et propose sans succès de réaliser un armistice avec les
soviétiques afin de concentrer les forces armées sur les autres fronts de la guerre36.
Le 9 juillet les Américano-britanniques débarquent en Sicile, conquérant l'île entière le 17 août.
Le 16 juillet, un groupe de dirigeants mené par Dino Grandi demande la réunion du Grand conseil du
fascisme qui n'avait plus été convoqué depuis 1939. Le 19 juillet, Rome est bombardée alors que Mussolini se
trouve à Feltre avec Hitler. Les bombardements ont occasionné de 2 800 à 3 000 victimes et 10 000 blessés 37
L'arrestation et le début de la guerre civile
Le 19 juillet 1943, le duce a sa dernière réunion avec Hitler à Feltre comme chef du gouvernement
italien.
Le 24 juillet, dans un climat politique pesant, une session du Grand conseil du fascisme se tient qui se
conclut, aux premières heures du jour suivant (25 juillet), par l'approbation de l'ordre du jour présenté par Dino
Grandi. L'abandon des charges du gouvernement par Mussolini est demandé. Ce vote est réalisé par les hauts
représentants du fascisme dont le gendre de Mussolini, Galeazzo Ciano. Toutefois, le Grand Conseil n'a aucun
moyen de faire exécuter sa décision, qui n'a de portée que symbolique : mais elle servira de prétexte
constitutionnel à l'action du roi.
Mussolini, après s'être rendu comme d'habitude à son bureau du palais Venezia, demande au souverain
de pouvoir anticiper l'habituelle réunion hebdomadaire prévue le jour suivant et il arrive à 17 heures à la Villa
Savoia. Victor-Emmanuel III informe Mussolini de son remplacement par Pietro Badoglio, lui garantissant
l'immunité. Mussolini n'est cependant pas au courant des réelles intentions du monarque qui place sous escorte le
chef du gouvernement et fait encercler le bâtiment par deux cents carabiniers.
Le lieutenant-colonel Giovanni Frignani, qui coordonne l'opération, expose téléphoniquement aux
capitaines Paolo Vigneri et Raffaele Aversa les modalités d'exécution de l'arrestation. Les carabiniers conduisent
Mussolini dans une ambulance de la croix rouge, sans lui indiquer la destination et en le rassurant invoquant sa
sécurité (après midi du 25 juillet). En réalité, Victor-Emmanuel III a ordonné l'arrestation de Mussolini afin de
sauver sa dynastie qui risque d'être considérée comme trop compromise avec le fascisme.
L'armistice de Cassibile entre l'Italie et les alliés (8 septembre) est rendu public sans instructions
précises aux troupes italiennes ce qui met le pays déjà à l'abandon dans la plus grande confusion. L'Italie se
divise pour ce qui a été défini comme une guerre civile, entre ceux qui soutiennent les Alliés (qui contrôlent une
partie du sud et la Sicile) et ceux qui acceptent de poursuivre la guerre au côté des Allemands (qui occupent
désormais une grande partie de la péninsule).
Dictatures et guerres en Europe
17
Entre-temps le Roi, avec une partie de sa famille, Badoglio et ses principaux collaborateurs
réapparaissent dans les Pouilles, se mettant sous la protection de leurs ex-adversaires: Badoglio constitue un
gouvernement sous la supervision alliée. L'Italie déclare la guerre à l'Allemagne le 13 octobre 1943.
Mussolini, tout de suite après son arrestation, est d'abord enfermé dans une caserne de carabiniers à
Rome, ensuite il est détenu à Ponza (à partir du 27 juillet), puis sur l'île de La Maddalena (7 août - 27 août 1943)
et enfin à Campo Imperatore sur le Gran Sasso. Le 12 septembre, un commando de parachutistes allemands
(Fallschirmjäger-Lehrbataillon) emmené par le capitaine SS Otto Skorzeny le libère (opération Eiche38.
Mussolini est emmené en Allemagne où il rencontre Hitler le 14 septembre à Munich. Le Führer l'« invite » à
former une république protégée par les Allemands. Toujours depuis l'Allemagne, le 18 septembre, par un
discours à la radio de Munich, Mussolini proclame la reconstruction du parti fasciste avec pour nom le Parti
fasciste républicain (Partito Fascista Repubblicano - PFR")39
Mussolini arrive en Italie le 23 septembre et constitue son nouveau gouvernement qui se réunit pour la
première fois le 27 septembre.
La République sociale italienne
La nouvelle République sociale italienne est un État fantoche contrôlé par les Allemands. Hitler a mis
sous contrôle direct du Reich l'entière zone nord-orientale de l'Italie (l'Istrie, le Frioul, le Trentin et une partie de
la Vénétie), les troupes allemandes occupent cette zone dans les jours qui suivent l'armistice du 9 septembre sans
les annexer officiellement mais seulement de fait. Hitler a de plus fait en sorte que les troupes de la RSI soient
directement sous le contrôle et le commandement des officiers allemands.
Entre le 23 et le 27 septembre 1943, le gouvernement de la RSI avec ses ministres s'installe à Salò
(certains bureaux gouvernementaux sont répartis dans les localités limitrophes) d'où le nom non officiel de
« République de Salò ».
Le 14 novembre, se tient à Vérone la première assemblée nationale du parti fasciste républicain, au
cours de laquelle est rédigé le Manifeste de Vérone, le programme du gouvernement du PFR. Mussolini, qui a la
charge de " chef de la république " comme le prévoit le manifeste, annonce que la convocation d'une assemblée
constitutionnelle pour la rédaction de la constitution de la RSI, est renvoyée à la fin du conflit.
Le 8 décembre, la garde nationale républicaine (GNR) est constituée par décret et placée sous le
commandement de Renato Ricci. Dans celle-ci, affluent les effectifs des carabiniers royaux, corps qui vient
d'être dissous, la police d'Afrique italienne et de la MSVN (jamais officiellement dissoute jusqu'à cette date). De
plus, quelques milliers de combattants italiens sont envoyés en Allemagne pour être entraînés.
Entre le 8 et le 10 janvier 1944, se tient le Procès de Vérone, où sont jugés les dirigeants qui ont "trahi"
en s'opposant à Mussolini le 25 juillet 1943: parmi ceux-ci, le gendre du Duce, Galeazzo Ciano est condamné à
mort.
Le 21 avril, le Duce rencontre Hitler à Klessheim, et le 15 juillet il se rend en Allemagne pour inspecter
les quatre divisions italiennes que les Allemands ont entrainées.
Le 16 décembre, au théâtre lyrique de Milan, il prononce son dernier discours public.
En avril 1945, toujours plus isolé et impuissant après que le front de la ligne gothique eut cédé,
Mussolini, s'installe à Milan où il obtient une rencontre avec le cardinal Ildefonso Schuster, qui, tenant le rôle de
médiateur auprès de la CLNAI (Comité de libération nationale Nord Italie), négocie la reddition des forces
fascistes, dans l'espoir d'éviter de futures effusions de sang. L'indécision de Mussolini et l'intransigeance des
partis rendent impossible le moindre accord. Les Allemands, peu avant l'arrivée du Duce, font savoir au cardinal
qu'ils n'ont plus besoin de lui, ayant entre-temps établi un pacte séparé avec les Alliés (bien évidemment en
cachette d'Hitler) et avec des hommes proches de la CLN. Apprenant la nouvelle par Schuster, Mussolini se sent
trahi et définitivement abandonné par les Allemands, il quitte précipitamment l'archevêché.
Malgré l'avis contraire de sa suite, Mussolini décide de quitter Milan. Les motifs de sa décision ne sont
pas très clairs : dans les jours précédents, une ultime résistance dans le fantomatique « réduit de la Valtellina »
avait été évoqué. Certains pensent qu'une rencontre secrète aurait été organisée avec des émissaires alliés
provenant de la Suisse à qui Mussolini se serait rendu, emmenant avec lui d'importants documents. Certains
notent que si l'intention était seulement de fuir, Mussolini aurait pu utiliser le trimoteur SM79 prêt à l'aéroport de
Bresso aux portes de Milan. Certains personnages mineurs de la RSI et une partie de la famille Petacci
l'utiliseront pour réapparaître en Espagne le 26 avril. En fin d'après-midi du 25 avril, la colonne de Mussolini
part de la préfecture en direction de Come, puis poursuit vers Menaggio, le long de la berge occidentale du lac.
Mussolini passe sa dernière nuit d'homme libre dans une auberge de la petite commune de Grandola, près de la
frontière suisse. Le jour suivant, Mussolini, avec ses fidèles et Clara Petacci, qui l'a entre-temps rejoint,
Dictatures et guerres en Europe
18
redescend vers le lac. Sur la route nationale Regina, il rejoint une colonne allemande (troupes anti-aériennes) en
retraite et la colonne Pavolini, qui, arrivée à Come le matin, a immédiatement poursuivi le long du lac.
La colonne est arrêtée une première fois à Musso où le lieutenant SS Birzer, chargé peu avant son
départ de Gargnano de protéger Mussolini par sa hiérarchie, le convainc de se cacher dans un camion de la
colonne allemande en endossant un manteau de sous-officier allemand40. Peu de kilomètres après, la colonne est
de nouveau arrêtée à Dongo par un petit groupe de partisans de la 52a Brigade Garibaldi sous le commandement
du comte florentin Pier Luigi Bellini delle Stelle, d'appartenance monarchiste. Pendant l'inspection, Mussolini
est reconnu par le partisan « Bill » (Urbano Lazzaro) et il est arrêté. Il est d'abord retenu à Domaso, dans la
caserne des guardia di finanza, avant d'être transféré dans la nuit du 27 au 28 avril dans une maison de paysan de
Bonzanigo.
La mort de Mussolini
« Ici Radio Milan libérée! »
— Rapide communiqué de Radio Milan qui par la suite annonce la capture et l'exécution par les
Volontaires de la liberté de Benito Mussolini, Clara Petacci et d'autres dignitaires fascistes dans la localité de
Giulino di Mezzegra sur le lac de Côme.
Les commandants de la résistance discutent sur ce qu'il y a lieu de faire jusqu'à l'arrivée depuis Rome
d'un communiqué du comité de libération national 41qui exprime la nécessité d'une renaissance sociale, politique
et morale de l'Italie au travers de l'exécution de Mussolini et la destruction de tous les symboles du parti fasciste
présents en Italie. Le document est signé par toutes les composantes du CLN (Parti communiste italien, Parti
socialiste italien de l'unité prolétarienne, Démocratie du travail, Parti d'action, Démocratie chrétienne, Parti
libéral italien).
La décision est exécutée le 28 avril 1945 ; Mussolini et Clara Petacci sont fusillés, selon la version
officielle à Giulino di Mezzegra, à proximité de Dongo.
Les cadavres de Mussolini, de Clara Petacci et des seize autres personnes42 sont transportés à Milan, les
corps subissent des outrages.43 Afin d'y mettre fin, ils sont pendus par les pieds à la balustrade du distributeur
d'essence, place Loreto où l'année précédente, quinze partisans ont été fusillés et exposés en représailles pour un
attentat contre les allemands44.
Mussolini est enterré à Predappio dans le caveau de famille. Chaque année, les nostalgiques du fascisme
italien se retrouvent autour de son tombeau : le 28 octobre 2007, date anniversaire de la marche sur Rome, ils
étaient entre 8 000 et 13 000 à s'être déplacés45.
Les circonstances de la mort de Mussolini restent cependant obscures, le seul fait certain est qu'on peut
observer qu'en Italie il n'y a pas eu de procès à l'encontre des dignitaires fascistes comparable à celui du procès
de Nuremberg contre le nazisme.
Pensée politique
En 1932, certainement avec Giovanni Gentile ou sinon sous son influence, Mussolini écrit l'article
fascisme de l'encyclopédie Treccani, dans lequel il précise la doctrine de son parti. Mussolini admet qu'il n'y a
pas eu de principe inspirateur qui mena à la création du mouvement: à l'origine, il y avait un " besoin d'action et
ce fut l'action ". Pour ce motif, pendant vingt ans, le fascisme se caractérisa par la coexistence en son sein
d'instances et de courants de pensée minoritaires fortement différents et apparemment peu compatibles entre eux.
Emblématique, de ce point de vue, est le programme San Sepolcro par lequel le mouvement des
faisceaux de combat se présente aux élections de 1919. Dans celui-ci sont exprimées des propositions fortement
progressistes, mais beaucoup de celles-ci sont progressivement abandonnées par le mouvement et cela jusqu'en
octobre 1922 (parmi celles-ci, le caractère anti-monarchique et anti-clérical du fascisme qui aurait empêché tout
compromis avec la monarchie italienne et le clergé). Elles seront réaffirmées seulement au titre de la propagande
par le Parti fasciste républicain. Le fascisme sansepolcrain demande la consécration du suffrage universel, une
réforme électorale qui introduise le vote proportionnel, l'abaissement du droit de vote à 18 ans, l'horaire
journalier du travail à 8 heures, les salaires minimums garantis, la gestion de l'état (ou mieux de la part de
coopérative des travailleurs), des services publics, la progressivité de l'impôt, la nationalisation des usines
d'armes, la suppression de la nomination des Sénateurs par le Roi et la convocation d'une assemblée qui permette
aux citoyens de choisir si l'Italie doit être une monarchie ou une république.
Reprenant ce qui est dit au dessus, la note dominante de la pensée mussolinienne est l'activisme, ceci est
l'une des principales raisons qui exalta la vitalité de la jeunesse faisant de Giovinezza l'hymne du parti, et l'idée
d'un homme actif et préparé: " ne compte pas ce qui s'est fait, mais ce qui est encore à faire ".
Dictatures et guerres en Europe
19
Les principales ambitions du fascisme furent :
•
la refondation de l'Empire romain, à travers une politique agressive de puissance (la
guerre est «positive» parce qu'elle « imprime un sceau de noblesse au peuple qui l'affronte ») par
laquelle l'Italie aurait assumé le rôle de guide et de modèle pour les autres nations d'un point de vue
politique, économique et spirituel. Dans cet objectif, il y a nécessité d'une armée forte et bien structurée.
•
la création d'un « italien neuf », héroïque, doté du sens d'appartenir à la nation, en
mesure par sa propre action de forger l'histoire, inséré dans un État qui en réassume les aspirations. Ce
qui aurait dû se réaliser au travers du complet surpassement de l'individualisme et la connexe
concession individuelle de la liberté : l'individu doit expliquer sa propre liberté non pas de manière
égoïste, dans une perspective concurrentielle avec les autres sujets, mais de manière ordonnée et
disciplinée s'acceptant comme une partie de la collectivité (la nation italienne incarnée dans l'état
fasciste) adressée vers une fin commune et non divisé par la haine des classes ((le concept socialiste de
« lutte des classes » est abandonné). À cette fin, la nécessité de raffermir le sentiment d'appartenance
nationale à travers l'exaltation de l'esprit patriotique italien et de l'histoire italienne s'affirme. Dans un
tel contexte idéologique, l'État est hégélianement conçu comme éthique donc comme fin et non comme
moyen. L'intérêt de l'état prévaut sur celui du particulier au nom du bien commun.
Émerge donc comment le fascisme s'est caractérisé, dans sa réalisation concrète historique, comme un
mouvement autoritaire, nationaliste et anti-démocratique. En 1931, Mussolini explique son refus de la
démocratie, définissant l'inégalité comme « féconde et bénéfique ».
Enfin, à souligner que le fascisme fut toujours considéré par ses adhérents comme un mouvement
révolutionnaire, transgresseur et rebelle, emblématique la devise « je m'en fous » (« me ne frego ») en radicale
opposition avec le libéralisme de l'Italie pré-fasciste.
Ouvrages
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La filosofia della forza (1908)
La santa di Susà (opuscule d'une interview recueillit comme journaliste et publié le 12 juin 1909)
Claudia Particella, l'amante del Cardinal Madruzzo (roman paru par épisodes sur le Il Popolo pendant 57 jours à
partir du 20 janvier 1910);
La tragedia di Mayerling (1910) non publié
Il Trentino veduto da un socialista (1911)
L'amante del cardinale(1911)
La mia vita (1911-12);
Giovanni Huss il veridico (1913);
Vita di Arnaldo (1932);
Scritti e discorsi (1914-39, 12 vol.);
Parlo con Giordano Bruno (1941)
Il tempo del bastone e della carota (1944 - Recueil d'articles publiés dans le Corriere della Sera entre 1940 et
1943);
Pensieri pontini e sardi (1943)
Storia di un anno (il tempo del bastone e della carota) (1944)
Références
1.
2.
3.
↑ De nombreux ouvrages, Renzo De Felice, et Denis Mack Smith dans Mussolini
↑ a b Pierre Milza et Serge Berstein, Le fascisme italien, 1919-1945, Le Seuil, 1980, p.92
↑ Les opinions exprimées par Mussolini seront recueillies par Taglialatela dans l'opuscule L'uomo e la divinità
(L'homme et la divinité).
4. ↑ en français
5. ↑ a b Pierre Milza et Serge Berstein, Le fascisme italien, 1919-1945, Le Seuil, 1980, p.90
6. ↑ 21 morts et 80 blessés parmi les spectateurs
7. ↑ [Dictionnaire international des militants anarchistes] AGUGGINI, Ettore [archive]
8. ↑ « Les victimes m'importent peu, c'est l'objectif qui compte » [Voltaire] [archive]
9. ↑ les ras sont les chefs locaux traditionnels éthiopiens. Après la conquête de l'Éthiopie par l'Italie, ce nom est utilisé
pour désigner certains responsables fascistes.
10. ↑ la signification de ce sigle est inconnu par manque de document. Selon certains historiens, il signifierait
Organisation de Vigilance et de Répression de l’Antifascisme « Organizzazione di Vigilanza e Repressione
dell'Antifascismo », alors que d’autres pensent que le sigle était privé de sens.
11. ↑ Loi du 25 novembre 1926, n. 2008.
Dictatures et guerres en Europe
20
12. ↑ Décret royal 6 novembre 1926, n. 1848.
13. ↑ Roi, reine, régent, prince héritier et premier ministre.
14. ↑ Au moment de l’assassinat de Dollfuss, sa femme et ses enfants sont les hôtes de Mussolini dans une de ses
résidences balnéaires
15. ↑ William L. An Encyclopaedia of World History, Houghton Mifflin Company, Boston, 1948, pag. 990.
16. ↑ The condition of the Ethiopian Army on the eve of the war is discussed by Richard Pankhurst, Economic History
of Ethiopia (Addis Ababa: Haile Selassie I University, 1968), pp. 605-608.
17. ↑ Angelo Del Boca, Italiani, brava gente? Un mito duro a morire, Neri Pozza Editore, Vicenza, 2005, ISBN 88545-0013-5, pag. 192.
18. ↑[http://books.google.it/books?id=KlReVu0HziIC&printsec=frontcover&dq=Mauser+M1933+Ethiopia&source=g
bs_summary_s&cad=0#PPA134,M1 [archive] Mauser Military Rifles of the World: Military Rifles of the World
De Robert W. D. Ball Publié par Gun Digest, 2006]
19. ↑ Ministère de la Guerre, Relazione dell'attività svolta per l'esigenza A.O., Istituto Poligrafico dello Stato, Roma,
1936, allegato n. 76.
20. ↑ Angelo Del Boca, Italiani, brava gente? Un mito duro a morire, Neri Pozza Editore, Vicenza, 2005, ISBN 88545-0013-5, pag. 193.
21. ↑ Pour une étude complète, étude systématique des armes chimiques pendant la période 1935-1940 sur le font
Éthiopien, voir Angelo Del Boca, I gas id Mussolini, Il fascismo e la guerra d'Etiopia, Editori Riuniti, Roma, 1996.
22. ↑ Angelo Del Boca, Italiani, brava gente? Un mito duro a morire, Neri Pozza Editore, Vicenza, 2005, ISBN 88545-0013-5, pag. 194.
23. ↑ Angelo Del Boca, Italiani, brava gente? Un mito duro a morire, Neri Pozza Editore, Vicenza, 2005, ISBN 88545-0013-5, pag. 194-195.
24. ↑ Angelo Del Boca, Italiani, brava gente? Un mito duro a morire, Neri Pozza Editore, Vicenza, 2005, ISBN 88545-0013-5, pag. 196.
25. ↑ Angelo Del Boca, Italiani, brava gente? Un mito duro a morire, Neri Pozza Editore, Vicenza, 2005, ISBN 88545-0013-5, pag. 196-197.
26. ↑ Angelo Del Boca, Italiani, brava gente? Un mito duro a morire, Neri Pozza Editore, Vicenza, 2005, ISBN 88545-0013-5, pag. 197.
27. ↑ Angelo Del Boca, Italiani, brava gente? Un mito duro a morire, Neri Pozza Editore, Vicenza, 2005, ISBN 88545-0013-5, pag. 198-200.
28. ↑ (it)Évocation des massacres [archive]) Angelo Del Boca, Italiani, brava gente? Un mito duro a morire, Neri
Pozza Editore, Vicenza, 2005, ISBN 88-545-0013-5, pag. 200-201 e 205-224
29. ↑ Pierre Milza et Serge Berstein, Le Fascisme italien. 1919-1945, éd. du Seuil, « Points »-histoire, p. 322 qui
mentionne « Dans les années 1933-1935, on peut citer parmi les témoignages admiratifs les plus vibrants ceux de
Winston Churchill, de Lloyd George, de G.B. Shaw, de Gandhi qui voit en Mussolini le sauveur de l'Italie et de
l'Europe, après l'avoir rencontré en 1931… »
30. ↑ Marc Ferro, Ils étaient sept hommes en guerre, Histoire parallèle, éd. Robert Lafont, 2007 p. 45
31. ↑ Pierre Milza et Serge Berstein, Le Fascisme italien. 1919-1945, éd. du Seuil, « Points »-histoire, p. 396
32. ↑ Les fortifications des Alpes de Vauban à Maginot, Editions du Dauphiné Libéré
33. ↑ Occupation et administration de la Corse, Tunisie, Somalie française et du territoire français jusqu'au Rhin,
concession de bases militaire à Oran, Alger et Casablanca, confiscation de la flotte et de l'aviation, dénonciation de
l'alliance avec le Royaume-uni.
34. ↑ des colonies britanniques en en particulier de l'Inde, arrive des milliers de soldats qu'il n'avait pas été possible de
mobiliser auparavant.
35. ↑ déjà au Cap Spada, le 19 juillet, un croiseur italien a été coulé et le 11 novembre 1940 plusieurs bateaux italiens
sont coulés dans le port de Tarante. Le dernier combat a lieu au Cap Matapan, le 28 mars 1941.
36. ↑ Marc Ferro, Ils étaient sept hommes en guerre, Histoire parallèle, éd. Robert Lafont, 2007 p. 209.
37. ↑ Marc Ferro, Ils étaient sept hommes en guerre, Histoire parallèle, éd. Robert Lafont, 2007 p. 210
38. ↑ Marc Ferro, Ils étaient sept hommes en guerre, Histoire parallèle, éd. Robert Lafont, 2007 p. 212
39. ↑ Marc Ferro, Ils étaient sept hommes en guerre, Histoire parallèle, éd. Robert Lafont, 2007 p. 277.
40. ↑ Marc Ferro, Ils étaient sept hommes en guerre, Histoire parallèle, éd. Robert Lafont, 2007 p. 285
41. ↑ suite à l'armistice, la CNL a par décret pris tous les pouvoirs constitutionnels
42. ↑ parmi lesquels un inconnu jamais identifié, le frère de Clara Petacci, le recteur de l'université Bologne (le
philologue Goffredo Coppola) et Nicola Bombacci, qui est un des fondateurs du Parti communiste d'Italie.
43. ↑ Parmi les nombreux témoins, le journaliste Indro Montanelli est présent.
44. ↑ Marc Ferro, Ils étaient sept hommes en guerre, Histoire parallèle, éd. Robert Lafont, 2007 p. 287
45. ↑ (fr) Franco Giubilei, « Le culte du Duce se porte bien [archive] », 28-10-2008, Courrier international. Consulté
le 29-10-2008
Bibliographie
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Pierre Milza, Mussolini, Fayard, 1999. ISBN 2213604479
Serge Berstein et Pierre Milza, Le Fascisme italien, Seuil, Points Histoire, octobre 1998. ISBN 2020055139
Didier Musiedlak, Mussolini, Presses de Sciences Po, 2004, 436 pages. ISBN 2-7246-0806-2
Margherita Sarfatti, Mussolini, L'Homme et le Chef, traduit de l'italien par Maria Croci et Eugène Marsan, 365
pages, Éditions Albin Michel, Paris, 1927
Dictatures et guerres en Europe
•
•
21
Mussolini, de Christopher Hibber paru aux Editions " J'ai lu leur aventure " n°A106/107
Mussolini de Denis Mack Smith paru chez Flammarion, traduit de l'anglais 1981 495 pages. ISBN 2-08-064655-9
II. LE SECOND MODELE : ADOLF HITLER
1889 20 avril Naissance d'Adolf Hitler Adolf Hitler
naît dans un petit village autrichien, Braunau,
en avril 1889. Quatrième enfant d’un douanier
et d’une femme d’origine paysanne, il devient
orphelin à quatorze ans.
1920 24 février Hitler présente la doctrine nazie Au
cours d'une réunion publique organisée à la
Hofbräuhaus de Munich, Adolf Hitler présente
pour la première fois l'idéologie nazie devant
une assistance de 2 000 personnes. Il propose,
grâce à la création d'un parti nazi, de créer un
"État raciste national-socialiste". Hitler
publiera son livre-programme "Mein Kampf"
(Mon combat), cinq ans plus tard, en 1925.
1933 30 janvier Hitler chancelier allemand Le
président de la République allemande, le
maréchal Paul von Hindenburg, décide contre
son gré de nommer Hitler à la chancellerie du
Reich. Il n'a aucune sympathie pour le leader
du Parti national-socialiste qu'il traite de
"caporal bohémien". Hindenburg le charge de
former un nouveau gouvernement de
"concentration nationale". Le nouveau cabinet
comprend trois membres du parti nazi à des
places stratégiques : Hitler à la tête du
gouvernement, Göring en tant que commissaire
intérieur pour la Prusse et Frick au ministère de
l'Intérieur. A la mort d'Hindenburg, le 2 août
1934, Hitler lui succèdera à la présidence du
Reich.
1933 27 février Incendie du Reichstag Dans la nuit,
le Parlement allemand s'embrase. Le
communiste néerlandais Marinus van der
Lubbe est arrêté sur les lieux de l'incendie. Il
est immédiatement désigné comme coupable
par le nouveau chancelier Adolf Hitler qui voit
dans cet acte criminel un complot communiste.
Le parti national-socialiste (NSDAP) s'empare
de l'accident pour procéder à l'élimination des
communistes allemands. Dès le lendemain 4
000 responsables du PC sont arrêtés.
1935 16 mars Hitler rétablit le service militaire Le
chancelier allemand Adolf Hitler annonce le
rétablissement du service militaire obligatoire
en Allemagne. Dans le même temps il décide
que les effectifs de l'armée seront portés de 100
000 à 500 000 hommes. La France, l'Angleterre
et les États-Unis, vainqueurs de la première
Guerre mondiale, assistent impuissants à la
première violation du traité de Versailles.
Hitler ne cache plus son désir de former une
armée offensive et puissante.
1935 15 septembre Création des lois de Nuremberg
A Nuremberg, pendant le congrès du parti nazi,
Hitler promulgue ses premières lois
antisémites. Il prive les Juifs de la citoyenneté
allemande et leur interdit aussi d'épouser ou de
fréquenter des "Aryens". Trente mois après
l'arrivée au pouvoir des nazis, ces lois
inaugurent un processus d'exclusion qui
débouchera sur la "solution finale".
1936 7 mars L'Allemagne viole le traité de
Versailles Les troupes de la Wehrmacht
occupent la zone démilitarisée de Rhur. Le
chancelier allemand, Adolf Hitler, déclare
caduques les dispositions du Traité de
Versailles par lesquelles l'Allemagne s'engage
à démilitariser la Rhur. Si les puissances
occidentales s'insurgent face à cette violation
du droit international, elles ne prennent aucune
mesure concrète pour contrer l'Allemagne. Le
service militaire obligatoire avait déjà été
rétabli illégalement un an auparavant. En 1938,
les accords sur les frontières seront à nouveau
bafoués quand le Fürher ordonnera l'invasion
de l'Autriche.
1938 13 mars Hitler réalise l'Anchluss Après la
démission forcée du chancelier autrichien,
Hitler donne l'ordre à ses troupes d'envahir
l'Autriche au petit matin. Les Autrichiens
acclament les soldats du Reich qui ne
rencontrent aucune difficulté à prendre
possession du pays. Le chancelier allemand
défilera dans sa ville natale, Braunau-am-Inn. Il
proclamera la réunification de l'Autriche et de
l'Allemagne au nom de "l'Anschluss", le
"rattachement". Tenté dès 1934 mais avorté
sous la menace de l’Italie, ce rapprochement
entre les deux pays était interdit par les traités
de Versailles et de Saint-Germain, pourtant les
démocraties occidentales ne réagissent pas. Un
référendum organisé par Hitler en Allemagne
et en Autriche approuvera massivement cette
annexion. L'Autriche, nouveau pion sur
l'échiquier nazi, devient la marche de l'Est du
Reich, "l'Ostmark".
1938 30 septembre Signature du traité de Munich
Dans la nuit, Hitler, Mussolini et les deux
Premiers ministres anglais et français,
Chamberlain et Daladier, signent à Munich un
accord sur le statut de la Tchécoslovaquie.
Dictatures et guerres en Europe
Après douze heures de négociation et dans le
but d'éviter un nouveau conflit européen, la
France et la Grande-Bretagne cèdent aux
ambitions allemandes. Le gouvernement
tchécoslovaque, peu enclin à admettre cette
rupture du traité de Versailles et de SaintGermain-en-Laye, a dû se soumettre aux
volontés des grandes puissances. L'Allemagne
est la grande gagnante de cette rencontre. Hitler
envahira les Sudètes dès le lendemain,
commençant ainsi le démantèlement de la seule
démocratie d’Europe centrale. Les accords de
Munich deviendront par la suite le symbole de
la faiblesse des démocraties européennes face à
la montée des fascismes.
1939 23 août Le pacte germano-soviétique L'URSS
et l'Allemagne signe à Moscou un pacte de
non-agression valable pour 10 ans. Un
protocole secret répartit leur zone d'influence
en Europe de l'Est. Hitler, qui obtient ainsi la
neutralité de l'URSS, déclarera la guerre à la
Pologne le 1er septembre. Staline en profitera
alors pour agresser la Finlande, annexer les
pays baltes et envahir la Roumanie. Ce pacte
sera rompu lorsque Hitler lancera une attaque
contre l'URSS le 22 juin 1941.
1939 1 septembre La Wehrmacht envahit la
Pologne Vingt ans après la fin de la Première
Guerre mondiale, que les survivants voulaient
comme la "der des ders" (la dernière), Hitler,
qui cherche à assurer l'"espace vital" de
l'Allemagne, envahit la Pologne. Deux jours
plus tard, La Grande-Bretagne et la France
déclareront la guerre à l'Allemagne. C'est le
début de la Seconde Guerre mondiale qui ne
s'achèvera qu'en 1945 et fera plus de 50
millions de morts. La défaite de la Pologne,
dotée d’une armée obsolète, sera rapide. Le
sort de la Pologne pendant l’occupation sera
particulièrement difficile.
1940 10 mai Hitler envahit la Belgique 7 mois après
la déclaration de guerre de la France et de
l'Angleterre, l'Allemagne rompt le front
occidental. Le Führer met ainsi fin à la "drôle
de guerre" en lançant ses armées sur les Pays-
22
Bas, la Belgique et la France. En quelques
jours, 8 à 10 millions de Belges et de Français
se retrouvent sur les routes. Les états-majors
néerlandais et belge capitulent les 15 et 27 mai.
Les Allemands entrent dans Paris le 14 juin et
le maréchal Pétain demande l'armistice qui sera
signé le 22 juin.
1941 22 juin Opération "Barbarossa" en URSS Les
troupes allemandes pénètrent en Union
Soviétique. Nom de l'opération : "Barbarossa".
Pourtant alerté par ses services secrets, Staline
ne s'attendait pas à ce qu'Hitler rompe le pacte
de non-agression signé deux ans plus tôt. Bien
qu'ennemi du bolchevisme, le Premier ministre
britannique, Winston Churchill, apporte
aussitôt son soutien à l'URSS. La Wehrmacht,
d'abord victorieuse face à une Armée rouge
démoralisée, sera arrêtée par l'hiver avant
d'atteindre Moscou. Considérant les Slaves
comme des sous-hommes et le communisme
comme leur principal ennemi, les nazis
mèneront en URSS une guerre bien plus cruelle
qu’à l’ouest. Cette attitude jouera en leur
défaveur, stimulant le patriotisme russe au sein
de toute la population.
1944 20 juillet Tentative d'assassinat contre Hitler
Assistant à une réunion au quartier général de
Rastenburg, le "Führer" échappe à une
tentative d'assassinat fomentée par la noblesse
militaire allemande. Le comte Claus von
Stauffenberg, chef d'état-major des armées de
l'Intérieur, organise l'attentat dans le but de
restaurer la monarchie ou du moins de mettre
en place une dictature conservatrice. Il dépose
lui-même une valise piégée sous la table de
réunion et quitte la salle. Mais la valise est
fortuitement déplacée. Elle explose vers midi,
loin d'Hitler. Il n'est que légèrement blessé.
Stauffenberg sera exécuté le soir même et
remplacé par Himmler.
1945 30 avril Hitler met fin à ses jours Alors que les
armées russes pénétrent dans Berlin le 30 avril
1945, Hitler se sucide dans son bunker avec sa
compagne, Eva Braun.
Cent vingt mille : c’est le nombre de travaux consacrés à Adolf Hitler depuis 1945. Il a donc fallu beaucoup
de courage et un peu de folie à Ian Kershaw pour se lancer dans le énième récit de la vie du Führer. Mais
l’universitaire britannique a eu raison : avec le second volume, qui vient de paraître ( 1 ), il nous livre en effet,
non pas une biographie, mais la biographie de l’architecte du nazisme. 1
Fort de ses 2 789 pages, ce Hitler constitue la somme la plus complète - et de loin - sur la vie d’un homme
qui, parvenu au pouvoir, plongea son pays et l’Europe dans la plus terrible des guerres, accompagnée du plus
effroyable des génocides. Ni le caractère volumineux de l’oeuvre, ni la noirceur de son sujet n’entament le vif
plaisir intellectuel qu’on éprouve à sa lecture.
1
Le monde diplomatique, décembre 2000.
Dictatures et guerres en Europe
23
C’est que, tournant le dos à la démarche traditionnelle de ces biographes qui privilégient l’individu au
détriment du contexte, Ian Kershaw écrit une oeuvre totale. Sa tâche, explique-t-il, est « de se concentrer, non
pas sur la personnalité de Hitler, mais carrément et directement sur le caractère de son pouvoir : le pouvoir du
Führer ». Etape après étape, il intègre donc, avec un sens aigu de la nuance, l’ensemble des facteurs autres que
l’homme Hitler, sans lesquels le phénomène serait incompréhensible : historiques, économiques, sociaux,
idéologiques, politiques et géopolitiques, culturels, militaires...
Cette approche globale lui permet de dépasser les polémiques historiographiques du passé - primat de
l’économie ou de la politique, « intentionnalisme » ou « structuralisme », etc. Ian Kershaw était mûr pour cette
synthèse. Tenant de l’Alltagsgeschichte (l’histoire quotidienne), il avait d’abord abordé le système d’en bas,
étudiant l’opinion bavaroise de 1933 à 1945 ( 2 ). Puis, il l’avait traité d’en haut, réfléchissant sur le charisme
de Hitler ( 3 ). Entre-temps était parue l’édition française de son lumineux essai sur le nazisme ( 4 ) - sur
lequel se rabattra utilement le lecteur rebuté par le coût des deux volumes de ce Hitler.
Il est évidemment impossible de recenser ici tous les apports de ce grand oeuvre à l’histoire du phénomène
nazi. Trois grandes thématiques, en tout cas, se dégagent, sur lesquelles l’auteur jette un regard neuf : la nature
du consensus dont bénéficie le régime jusqu’au tournant de la guerre, le chaos institutionnel organisé par Hitler
pour protéger son pouvoir et le processus progressif de radicalisation qui mène au génocide industriel...
Autant de sujets sur lesquels Ian Kershaw manifeste une connaissance intime des travaux publiés dans cette
Allemagne unifiée, où « le Graal de l’orthodoxie historique est passé d’une génération d’historiens à une autre »,
comme il l’écrit dans sa préface au premier livre d’Edouard Husson, Comprendre Hitler et la Shoah ( 5 ). Le
sous-titre - Les historiens de la République fédérale d’Allemagne et l’identité allemande depuis 1949 - reflète
d’ailleurs mieux l’objectif de l’auteur : présenter les débats qui ont opposé les chercheurs outre-Rhin, de
l’après-guerre à nos jours. Un panorama complet et intelligent, qui souligne cruellement combien on ignore, en
France, les fructueuses empoignades des intellectuels allemands.
Signalons enfin un remarquable petit livre, Dites-le à vos enfants ( 6 ). Il s’agit de la traduction du manuel
écrit en 1998 pour le programme suédois d’enseignement de la Shoah, augmenté d’un chapitre sur la France. Si
les auteurs se sont efforcés - avec succès - d’être accessibles à tous, ils ont également tenu à s’inspirer des
recherches historiques récentes. Frappe notamment la volonté de n’oublier aucune des victimes de l’entreprise
génocidaire nazie : juifs, bien sûr, mais aussi Tziganes, malades mentaux, prisonniers soviétiques, Polonais...
« La Shoah s’est produite, elle était donc possible, écrivent les auteurs suédois dans leur préface, et sa réalité
doit nous maintenir perpétuellement en alerte ; nous, aujourd’hui, et les générations de demain. Rien ne garantit
que cela ne se reproduira pas. »
DOMINIQUE VIDAL.
( 1 ) Ian Kershaw, Hitler. 1936-1945. Nemesis, Flammarion, paris, 2000, 1 630 pages, 240 F.
( 2 ) L’opinion allemande sous le nazisme. Bavière 1933-1945, CNRS Editions, Paris, 1995.
( 3 ) Hitler. Essai sur le charisme en politique, Gallimard, Paris, 1995.
( 4 ) Qu’est-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives d’interprétation, coll. « Folio », Gallimard, 1992, rééd. 1997.
( 5 ) Edouard Husson, Comprendre Hitler et la Shoah, coll. « Perspectives germaniques », PUF, Paris, 2000, 306 pages,
149 F.
( 6 ) Stéphane Bruchfeld et Paul A. Levine, Dites-le à vos enfants. Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, Ramsay,
Paris, 2000, 191 pages, 89 F.
III. FRANCISCO FRANCO (1ER AVRIL 1939 - 20 NOVEMBRE 1975 (DE FACTO)
Francisco Paulino Hermenegildo Teódulo Franco y Bahamonde, né le 4 décembre 1892 à El Ferrol (Galice) en
Espagne et mort le 20 novembre 1975 à Madrid en Espagne, est un militaire et chef de l'État espagnol. De 1939 à
1975 il présida un gouvernement autoritaire et dictatorial désigné sous le nom de franquisme, avec le titre de
Caudillo (guide) : « Generalísimo Francisco Franco, Caudillo de España por la Gracia de Dios ».
Biographie Jeunesse et formation
Dictatures et guerres en Europe
24
Franco, second d'une famille de cinq enfants, naît à El Ferrol, un port de Galice. Véritable ghetto militaire, El
Ferrol est un milieu fortement marqué par la tradition militaire et le dévouement à l'État, où la famille Franco vit
depuis sept générations. Son père, Nicolás Franco Salgado-Araújo, est intendant général de la Marine. Coureur
de jupons, il n'est pas à l'aise dans le milieu très conservateur d'El Ferrol. Sa mère, Pilar Bahamonde y Pardo de
Andrade, est une femme très pieuse, très attachée à ses enfants. Francisco est baptisé dans la paroisse San
Francisco du quartier des officiers le 17 décembre 1892.
Il est d'abord envoyé dans une école privée, puis passe deux ans au collège du Sacré-Cœur, avant d'entrer à
l'École de préparation navale. Élève moyen, il se destine naturellement à la Marine, comme sa tradition familiale
l'y incite et comme tous les enfants de Ferrol. La fermeture de l'École navale de Ferrol en 1907 le contraint à
chercher une autre voie. Le 29 août 1907, il entre alors à l'Académie d'infanterie de Tolède. La même année, son
père est promu à Madrid, lassé du milieu militaire fermé de Ferrol. Ses relations avec sa femme s'étant
dégradées, il insiste pour que sa famille ne le suive pas. On apprend peu après qu'il a une maîtresse en ville : la
séparation est alors définitive.
L'Académie de Tolède est de niveau médiocre : son concours d'entrée consiste en un examen de la maîtrise des
quatre opérations arithmétiques et une vérification rapide de la constitution physique. Ses cours sont également
assez sommaires. En 1910, Franco en sort 251e sur 312. Ces maigres performances doivent cependant être
relativisées au regard de son jeune âge : il n'a que 18 ans alors que ses camarades sont plutôt âgés de 20 ou 21
ans. Le 13 juillet, il est promu segundo teniente, c'est-à-dire sous-lieutenant.
Carrière militaire
Une fois sa formation achevée, Franco est affecté à la garnison de Ferrol. Il y mène une vie de garnison, terne et
monotone. Dès février 1912, il doit partir pour le Maroc, dans le 8e régiment d'Afrique.
Au Maroc
Le 19 mars 1912, il essuie le premier feu ennemi. Déterminé à sortir de l'anonymat, il demande en 1913 à être
affecté au régiment des réguliers indigènes, réputé pour sa bravoure mais aussi pour sa loyauté incertaine. Il
participe à de nombreuses opérations et le 12 octobre, obtient la croix du mérite militaire, première classe. Dès le
mois de mars 1915, il est promu capitaine. Peu à peu sa légende prend forme : les Maures le pensent
invulnérable.
Cette réputation prend fin en mars 1915 : il est très grièvement blessé au ventre, au cours d'une attaque contre le
fort d'El-Biutz. Il est alors promu commandant, malgré l'avis défavorable du Haut Conseil militaire. Alphonse
XIII a en effet intercédé en sa faveur, à sa demande. Il reçoit le commandement d'un bataillon d'infanterie
cantonné à Oviedo, aux Asturies. Franco y découvre pour la première fois le prolétariat, les ouvriers-mineurs,
dont les conditions de vie sont misérables. Cette expérience marquera beaucoup ses opinions sociales. Au cours
de l'été 1917, le général Burguete, gouverneur militaire de la province, décrète l'état de guerre en réponse à de
violentes grèves dans les mines. Franco assiste alors à la répression.
À la Légion
En 1919, Franco rencontre le lieutenant-colonel José Millán-Astray, dont l'ambition est de créer une unité
militaire d'élite selon le modèle français de la Légion étrangère. En 1920, son projet est accepté. Millán-Astray
offre à Franco le commandement de la 1re bandera (bataillon), lequel part cantonner à Ceuta en octobre. Franco
impose à ses légionnaires un entraînement très strict. Parallèlement, il se montre impitoyable face aux révoltes
indigènes. Après le désastre d'Anoual en 1921, il autorise ses hommes à appliquer la loi du talion : les
légionnaires mutilent, pillent, violent et tuent. Suite à ce désastre, il est appelé à Melilla pour reconquérir le
terrain face à Abd el-Krim.
En janvier 1922 il est de nouveau affecté à Oviedo. Il reçoit la médaille militaire et est nommé lieutenantcolonel. Il profite de sa gloire nouvelle pour demander en mariage Carmen Polo Martínez-Valdés, jeune fille de
la bonne bourgeoisie, rencontrée lors de sa première affectation en 1917. Le mariage est reporté suite au décès
du commandant de la Légion : Franco le remplace, sur recommandation du roi. Il se marie finalement le 22
octobre 1923.
C'est à partir de cette année 1923 que l'on commence d'ailleurs à employer le terme de caudillo (chef de guerre
lors du Moyen Âge espagnol) pour désigner Franco.
Le 13 septembre 1923, Miguel Primo de Rivera a instauré un régime dictatorial par un coup d'État. Face aux
difficultés rencontrées au Maroc, il songe à un retrait. Pendant les mois de novembre et décembre 1924, Franco
doit effectivement superviser l'évacuation de Xanten. Sa bonne conduite le fait nommer colonel. Peu après, Abd
el-Krim s'attaque à des populations françaises. En réponse, la France s'allie à l'Espagne. Primo de Rivera
approuve un plan de débarquement à Alhucemas. C'est un succès : Franco est élevé au rang de général de
Dictatures et guerres en Europe
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brigade en février 1926, ce qui fait de lui le plus jeune général d'Europe — il n'a alors que 34 ans. Quelques mois
plus tard naît la fille de Franco, María del Carmen, surnommée Nenuca. Les honneurs se succèdent pour lui ; en
1927, il est même chargé d'accompagner le roi dans son voyage officiel en Afrique.
L'Académie militaire de Saragosse
Le 4 janvier 1928, Primo de Rivera recrée l'Académie générale de Saragosse. Cette fois, il en fait un passage
obligé pour tous les futurs officiers, et nomme Franco à sa tête. Ce dernier surveille étroitement d'abord les
travaux de construction des bâtiments puis, s'inspirant de son expérience tolédane, rédige lui-même le règlement
intérieur de l'Académie. Il impose ainsi des chambrées de trois cadets « pour éviter les mariages. »
Suivant leur appréciation du personnage lui-même, les historiens jugent de manière variable le travail de Franco
à l'Académie. Il est certain que la nouvelle école militaire est meilleure que l'ancienne, ne serait-ce qu'en raison
de l'élévation du niveau de recrutement (baccalauréat élémentaire). Franco impose l'anonymat des copies au
concours d'entrée, diminue le nombre d'élèves par professeur, installe de nombreuses douches, interdit le
bizutage et fait même distribuer des préservatifs aux étudiants. Il sait se faire respecter, voire apprécier : 90 %
des 720 officiers formés par l'Académie rejoignent ensuite le camp franquiste pendant la guerre civile.
En juillet 1931, la Seconde République supprime par décret l'école. Comme l'ensemble du corps enseignant,
Franco est placé en disponibilité forcée et surveillé. Pour Franco, qui s'était totalement impliqué dans la création
de l'Académie, c'est là un mauvais coup qu'il prend très mal. Le 14 juillet il exprime son mécontentement
publiquement, en prenant congé de la dernière promotion de cadets :
« La discipline ne confère aucun mérite lorsqu'un ordre nous est agréable. La discipline revêt sa vraie valeur
lorsque nos pensées nous conseillent le contraire de ce qu'il nous est ordonné, lorsque notre cœur cherche à
susciter une rébellion intérieure, ou lorsqu'un ordre est arbitraire ou erroné. Telle est la discipline que nous
observons. »
Franco essayera dès le lendemain de s'excuser auprès de Manuel Azaña, chef du gouvernement, qui voudra bien
se contenter de ces explications et éviter l'affrontement public. Il lui adressera seulement un avertissement discret
par une lettre lui exprimant son « déplaisir ». Malgré la modération du propos, il est clair qu'il ne sous-estime pas
la personnalité du général. Il note dans son journal qu'il est « le plus dangereux des généraux », mais il ne veut
pas élargir le fossé qu'il vient de creuser entre les militaires et lui.
Malgré tout, Franco ne participera pas à la Sanjurjada, tentative de coup d'État du général Sanjurjo en août 1932.
Ayant suffisamment satisfait aux enquêtes de la république, il est affecté à La Corogne comme commandant de
la XVe brigade d'infanterie, en février 1932. Franco gardera à Azaña, une rancune tenace de cette période de
quarantaine.
Franco face à la sanjurjada
Le soulèvement de la garnison de Séville le 10 août 1932, dirigé par le général Sanjurjo, bute contre la grève
générale déclenchée par la CNT et le Parti communiste de Séville. Il est arrêté à Madrid et condamné à mort puis
gracié, voyant sa peine commuée en détention à vie ; les autres conjurés comme le général Goded et le colonel
Varela sont aussi emprisonnés. Le gouvernement républicain ne veut pas faire de martyrs.
Franco, dont on imagine mal qu'il ne soit pas tenu informé de ce que les Espagnols nomment la « sanjurjada », a
eu pendant toute la préparation du complot de fréquents contacts avec Sanjurjo. Il entretenait avec ce militaire
des liens d'amitié noués en Afrique, mais semble dès le départ avoir pris ses distances. Il racontera plus tard que
le hasard lui avait fourni un alibi de poids : il avait pensé s'éloigner de la Corogne le jour du coup d'État pour une
promenade de plaisir dans la région, mais l'officier qui était censé le remplacer étant tombé malade, il dut y
renoncer. Azaña qui avait appelé la région militaire au téléphone pour vérifier sa présence, avait eu le
soulagement de le trouver à son poste. De toute façon, à aucun moment il n'a adhéré ni n'a éprouvé de sympathie
pour ce putsch. Lorsque Sanjurjo lui demande d'assurer sa défense, après son arrestation, il a ce mot très dur :
« Je ne vous défendrai pas. Vous méritez la peine de mort, non pas parce que vous vous êtes soulevé, mais parce
que vous avez échoué. »
Il n'est pas homme à se lancer dans des aventures incertaines, ni à les approuver, mais n'en continue pas moins à
lui rendre régulièrement visite à la prison où il est interné : il n'est pas homme non plus à faillir à la loyauté qu'il
croit devoir à sa caste.
La guerre civile
La marche vers la guerre
En octobre 1934, le ministre radical, Diego Hidalgo demande à Franco de prendre la direction des opérations
contre l'insurrection violente des socialistes des Asturies. Le commandement direct est confié au général Lopez
Dictatures et guerres en Europe
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Ochoa mais les décisions de l'état-major sont planifiées par Franco. En quelques jours, les décisions du futur
Caudillo, avalisées par la coalition gouvernementale des radicaux et du centre droit, suffisent à disperser les
révolutionnaires. Franco apparaît alors comme le défenseur de la légalité, le sauveur de la République.
Toutefois, dans le climat révolutionnaire qui règne en Espagne, Franco paraît être l'un des militaires les plus
susceptibles de prendre la tête d'un nouveau soulèvement armé. Pour cette raison, il est nommé gouverneur
militaire aux îles Canaries, loin de la péninsule. En fait, Franco est alors peu convaincu par l'opportunité d'un
coup d'État. C'est sous la IIe République qu'il a atteint l'apogée de sa carrière. Bien que monarchiste; d'éducation,
il est légaliste et se satisfait d'une république bourgeoise, conservatrice et maintenant l'ordre. Seuls les graves
désordres régnant depuis 1934 en Espagne lui font changer d'avis [réf. nécessaire].
Au lendemain du premier tour des élections de février 1936, afin de garantir le bon déroulement du deuxième
tour, Franco insiste auprès du chef de gouvernement et du président de la République pour qu'ils proclament
l'état d'exception, ce que refusent les deux hommes qui s'en rapportent à Manuel Azaña à qui ils confient le
pouvoir[réf. nécessaire]. Très vite, les désordres et la violence s'aggravent dans l'Espagne républicaine. Plusieurs
officiers supérieurs s'impatientent et se concertent. Ils souhaitent pouvoir compter sur Franco mais celui-ci
hésite. Le 23 juin 1936, Franco écrit au président du Conseil, ministre de la guerre, Santiago Casares Quiroga. Sa
lettre de mise en garde l'invitant à consulter d'urgence les officiers supérieurs, « les seuls qui puissent empêcher
la catastrophe », reste sans réponse. C'est l'assassinat du monarchiste Calvo Sotelo par les jeunesses socialistes
qui le fait finalement basculer. Pour Franco, la question est tranchée. Le soulèvement se produit dans la nuit du
17 juillet.
Analyse
La question de la signification de l'attitude de Franco et de l'interprétation à donner à ce soulèvement est
controversée et reste encore un sujet de vives discussions politiques en Espagne1. Selon l'historien franquiste
Ricardo de la Cierva il s'agissait pour Franco de sauver l'Espagne du chaos2. Ces interprétations qui remontent à
l'historiographie officielle du régime franquiste ont connu un renouveau à partir des années 1990, en particulier
avec la publication du livre de Pio Moa3 : pour Pio Moa, Franco ne fit que s'opposer à des projets
révolutionnaires qui auraient été menés par la gauche depuis 1934. Si Pio Mo a reçu le soutien de l'historien
Stanley Payne, il fut très fortement critiqué par de nombreux historiens académiques4. Tenant une position
opposée, des historiens comme Marta Bizcarrondo soulignent le contexte européen qui existait depuis 1933 et la
faible confiance que les socialistes espagnols pouvaient avoir en la démocratie. Pour l'historien Bartolomé
Bennassar, il faut considérer « juillet 1936 comme un processus interactif complexe auquel tous participèrent,
gauches et droites »5. Si aujourd'hui une majorité de la communauté historienne fait le lien entre la situation
depuis 1934 et le soulèvement de 1936, cela ne légitime pas pour autant à ses yeux le coup d'État de juillet. Par
ailleurs les études se sont multipliées qui visent à établir un bilan précis, dégagé des soucis partisans et des
enjeux de mémoires, car dès les années 1930, la situation avait été instrumentalisée par l'un ou l'autre camp :
ainsi Jean-François Berdah sans nier la situation de violence dans l'Espagne au début des années 1930 fait
observer « Le fait est que la “fureur populaire” a largement été médiatisée - et exagérée - par la presse
conservatrice, puis par les thuriféraires de l’Espagne franquiste, en Espagne comme à l’étranger, tant
l’opposition à la jeune démocratie suscitait d’aversion »6. Si l'unanimité n'existe pas encore sur les bilans établis,
il faut distinguer le débat scientifique de ses extensions politiques et de sa perception par le grand public, la
marche à la guerre est encore un enjeu de mémoire fort dans l'Espagne contemporaine [réf. nécessaire].
Franco, chef des nationalistes
Franco se voit attribuer l'armée du Maroc, forte de 30 000 hommes aguerris, véritable fer de lance du complot.
La mort de Sanjurjo, chef historique de l'opposition monarchiste, et les échecs des généraux Goded et Fanjul à
Barcelone et Madrid propulsent Franco sur le devant de la scène.
Le pronunciamiento échoue par manque d'adhésion de l'armée : sur 21 généraux de division, seuls 4 se rallient
au soulèvement. C'est à ce moment que les milices ouvrières, qui ne croient pas en la capacité du gouvernement
à faire face, entrent en scène. Le conflit se transforme alors en une guerre civile.
Franco se décide alors à acheter 12 avions italiens, payés par son ami le banquier Joan March, ainsi que des
Junkers allemands, afin d'établir un pont aérien reliant le Maroc à Séville. Au mois d'août, il lance un convoi
naval à partir de Ceuta, forçant ainsi le blocus établi par la République. Encore une fois, il est servi par la
division de ses adversaires : désorganisée par les mutineries socialistes et anarchistes au sein des équipages, la
flotte gouvernementale ne peut arrêter le convoi de Franco. Il réussit ainsi à transporter 23 400 hommes.
Jusqu'alors, Franco reste neutre sur la nature du régime qu'il entend donner à l'Espagne. Sa déclaration du
21 juillet 1936 s'achève même par « vive l'Espagne et vive la République » : le Mouvement est dirigé contre le
Front populaire, coupable selon Franco et ses partisans de semer la violence et le désordre en Espagne, et non la
Dictatures et guerres en Europe
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République à proprement parler. Lors de la création de la « Junte de défense nationale », le 23 juillet, on ne
relève également aucune indication sur le régime souhaité, ni aucune connotation religieuse.
Très vite, les excès surviennent. Le 1er août, Franco confie à Juan Yagüe trois colonnes, chargées d'effectuer la
jonction avec l'armée du Nord, en passant par l'Extrémadure. Yagüe est un ancien camarade de l'Académie de
Tolède. Le 14 août, il s'empare de Badajoz, où il fait fusiller entre 500 et 2000 prisonniers de guerre7. Alors que
la presse internationale se scandalise, Franco félicite Yagüe, lequel menace Madrid en septembre. Parallèlement,
le cabinet Giral chute, remplacé par celui de Francisco Largo Caballero.
Alors que la guerre civile paraît devoir prendre fin rapidement, Franco décide, à l'étonnement général, de
suspendre la marche sur Madrid. Il détourne l'armée d'Afrique pour porter secours aux défenseurs face au siège
de l'Alcazar. De ce fait, il sacrifie un objectif militaire au profit d'un geste politique. La légende des cadets de
l'Alcazar constituera l'un des éléments de la mythologie franquiste. On a pu également suggérer qu'il était de
l'intérêt de Franco de faire durer la guerre, afin de mieux « nettoyer » le terrain, ainsi que pour raffermir son
pouvoir personnel au sein de la junte. Il est ainsi avéré que Franco a refusé toute médiation durant la guerre,
même celles émanant du Saint-Siège.
Le 21 septembre, la Junte de défense se réunit, et Franco est nommé général en chef pour la durée de la guerre,
mais son frère Nicolás, à l'insu des autres généraux, publie une version altérée du texte où les pouvoirs du
Caudillo apparaissent comme permanents. Le 28, la fonction de chef de l'État lui est adjointe par décret. Le
1er octobre, à Burgos, il est investi des pleins pouvoirs. L'évêque de Salamanque compare le Mouvement à une
croisade, introduisant ainsi un motif religieux jusque-là absent.
Durant ce mois, les grandes puissances européennes, malgré les accords de non-intervention, s'engagent dans la
guerre civile. L'Union soviétique par ses chars (peu nombreux) et les Brigades internationales (2 000 hommes au
début) appuient le Front populaire et ses défenseurs — CNT et FAI (anarchiste), POUM (marxiste), PC
(staliniste), UGT (socialiste). En face, l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste se rangent dans le camp de
l'insurrection militaire en envoyant d'importants contingents d'hommes et de matériels. Le 26 avril 1937, jour de
marché, une centaine d'avions de la légion Condor (Luftwaffe) procède au bombardement de la ville basque de
Guernica, sans motif militaire autre que celui de terroriser une population acquise au gouvernement républicain.
C'est la première fois qu'une ville européenne est soumise à un tel traitement. Sur les 7 000 habitants, 1 645 sont
tués et 889 blessés, selon les chiffres du Gouvernement basque.
Le 3 juin, Mola meurt dans un accident, laissant ainsi Franco sans rival. À la tête de l'armée, avec le titre de
généralissime, il prend peu à peu le contrôle de l'Espagne. Un manque chronique d'effectifs le pousse à enrôler
de force dans les régions qu'il contrôle. On compte également de nombreux engagements volontaires, 60 000 par
exemple pour les Canaries. Il recrute également des alfereces (sous-lieutenants) provisoires : il s'agit d'étudiants
ou de jeunes cadres bénéficiant d'une formation militaire accélérée. 30 000 sont ainsi recrutés pendant la guerre
civile. Sur ce chiffre, un tiers demeurera dans l'armée, le reste constituant les futurs cadres du régime franquiste.
La guerre civile se termine le 1er avril 1939, après la bataille de l'Èbre (de juillet–octobre 1938), qui sonne le glas
des espoirs républicains, et la conquête de la Catalogne (février 1939). Franco se retrouve seul maître de
l'Espagne et il devient officiellement « chef de l'État ». Il impose alors une dictature empirique sur les principes
du national-catholicisme. Les démocraties ne tardent guère d'ailleurs à reconnaître le nouveau régime et la
France envoie le maréchal Pétain comme premier ambassadeur dès le défilé de la victoire à Madrid.
À la fin de la guerre civile, on dénombre plus de 150 000 soldats morts durant les combats (autant de civils).
Plus de 440 000 républicains espagnols se sont réfugiés en France (comptabilisés au 9 mars 1939) puis encore
des dizaines de milliers d'autres les rejoignent, contraints à l'exil pour échapper à la terrible répression qui s'abat
alors sur l'Espagne (plus de 30 000 exécutions sommaires). Des estimations récentes donnent le chiffre de plus
de 200 000 personnes fusillées ou mortes suite aux mauvais traitements dans les prisons franquistes et dans les
camps de concentration de Miranda de Ebro, Albatera, Castuera et Los Almendros, entre autres, après 1939.
Les idées du général Franco
Conscient de son inexpérience en matière politique[réf. nécessaire], Franco s'appuya sur son beau-frère, Ramón
Serrano Súñer, la Phalange et l'Église catholique, ralliée à son camp après les massacres anticléricaux de 1936,
sans oublier les monarchistes (carlistes, conservateurs et autres). En revanche, Franco n'est ni phalangiste, ni
carliste, ni fasciste, ni libéral, ni démocrate-chrétien. Ce n'est pas un idéologue mais un militaire conservateur,
déçu tout à la fois par Alphonse XIII et par la République8. Sa tactique repose sur son prestige personnel. Elle
consiste à s'entourer de toutes les familles idéologiques de son camp et à arbitrer leurs conflits sans jamais
souscrire personnellement à aucune tendance. Sa conception de la société et de l'État est dans la lignée de la
pensée de Juan Donoso Cortés9. Il voulait un État et un gouvernement en accord avec les anciens principes de
l'Église Catholique. L'anticommunisme constitue l'autre grand pilier de sa politique. Franco considère insensée la
guerre mondiale qui oppose les peuples de l'Europe au seul profit de l'Union Soviétique. Il lui paraît qu'il y a
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deux guerres: une, légitime, celle de l'Europe contre le communisme (ce qui explique l'envoi de la Division bleue
en réponse aux Brigades internationales), l'autre, illégitime, entre les Alliés et l'Axe. Selon l'historien américain
Robert Paxton, Franco était « d'une hostilité maladive à la démocratie, au libéralisme, au sécularisme, au
marxisme et tout spécialement à la franc-maçonnerie »10
L'Espagne sous le franquisme (1939 - 1975) : la dictature du général Franco
La Seconde Guerre mondiale
Durant la Seconde Guerre mondiale, l'Espagne reste officiellement neutre mais soutient l'Allemagne au début de
la guerre : en juin 1941, Franco envoie une division sur le front de l'Est contre l'Union soviétique (cette unité
appelée la Division Azul, ou Division Bleue, qui combat sur le front de Léningrad) ; en août de la même année, il
autorise le régime nazi à recruter 100 000 ouvriers espagnols « volontaires » pour aller travailler en Allemagne ;
les navires de guerre allemands peuvent se ravitailler et être réparés dans les ports espagnols ; les services secrets
espagnols et allemands collaborent pour recueillir des renseignements sur les Alliés ; l'Espagne fournit le
tungstène indispensable à l'industrie d'armement allemande.
Un faux allié des nazis
L'Espagne ne s'engagea finalement pas militairement aux côtés de l'Allemagne en octobre 1940 comme le
souhaitait Ramón Serrano Súñer, ministre des Affaires étrangères jusqu'en 1942 et beau-frère de Franco.
Certains affirment que cette abstention est due à une prise de conscience de l'immoralité nazie (Franco livrera
après la guerre de nombreux nazis, ou collaborateurs des nazis tel que Pierre Laval). Pour Bartolomé Bennassar,
Franco gagnait du temps et laissait se faire les luttes d'influence au sein de son gouvernement. Franco reprochait
aussi aux Allemands de s'être livrés à des bombardements excessifs et inutiles sur le territoire espagnol, même si
c'était soi-disant pour l'aider à prendre le contrôle du pays. De toutes façons, Franco arguait ne pas avoir les
moyens d'engager l'armée au côté de l'Allemagne alors que le pays était en pleine répression.
Mais surtout, issu d'une famille de Marranes (les Franco étaient à l'origine des Juifs qui s'étaient réfugiés en
Espagne lors des persécutions du règne de Charles VI de France et un Francisco Franco sera même brûlé par
l'Inquisition), le Caudillo ne pouvait approuver les persécutions contre les Juifs. C'est du reste parce qu'il a fait
délivrer par ses services consulaires des passeports espagnols notamment en France, en Hongrie et en Grèce, aux
Juifs possédant de lointaines origines hispaniques, entre autres des Albanel, qu'Israël lui décerna le titre de "Juste
parmi les Nations": il avait réussi à sauver 70 000 Juifs de l'extermination.
À son retour d'Hendaye où il a rencontré Franco, Hitler exprime son exaspération contre l'Espagnol (qui l'a
d'ailleurs fait attendre en gare). De plus, Hitler ne voulait pas mécontenter le maréchal Pétain, dirigeant d'un pays
aux richesses abondantes, pour obtenir le maigre appui d'une Espagne exsangue. De nombreux Juifs passeront la
frontière pyrénéenne pour se réfugier en Espagne, avant, pour certains, de gagner d'autres pays. Devant les
pressions américaines (les États-Unis fournissent le pétrole à l'Espagne), les problèmes économiques soulevés
par l'autarcie sur laquelle essaie de s'appuyer le régime, et la résistance victorieuse de la Grande-Bretagne,
Franco reste en retrait et abandonne peu à peu tout soutien aux forces de l'Axe à partir de l'été 1943. Son meilleur
allié est à l'époque le professeur de Droit Antonio de Oliveira Salazar, président du Conseil portugais, bien que
les relations personnelles entre les deux hommes soient restées tendues. Salazar était soutenu par les
Britanniques.
La Guerre Froide : l'Espagne dans le camp occidental
À la fin de la guerre, le régime est très fragile : en 1944-1949, l'armée espagnole est obligée de repousser
l'invasion du maquis révolutionnaire constitué en France. La situation économique laissée par la guerre est
désastreuse. Le régime de Franco est condamnée quasi unanimement par la communauté internationale.
Cependant, dès 1945, les Britanniques épargnent et soutiennent indirectement le régime franquiste contre les
français qui soutiennent l'isolement de l'Espagne (isolement approuvé lors de la conférence de Potsdam). À partir
du discours sur le rideau de fer, l'Espagne va apparaître vite comme un rempart contre le communisme aux yeux
des anglo-saxons et les rapports se détendent. Le régime reprend contact avec les Britanniques et les Américains
via son ambassade au Portugal et postule à l'OTAN au début des années cinquante. Franco autorise les ÉtatsUnis à implanter 4 bases sur le territoire espagnol en septembre 1953 (traité hispano-américain).
L'influence des touristes
C'est l'époque où le flot de touristes venus de France, d'Allemagne, de Suisse, des États-Unis d'Amérique et du
Royaume-Uni, commence à se déverser sur les rivages espagnols, à y acquérir ou faire construire des résidences
secondaires tandis que les réfugiés cubains achètent des commerces, profitant des prix peu élevés et de la
sécurité. La mentalité de ces dizaine de millions d'Européens du nord, venus en vacances, influe fortement sur
les jeunes Espagnols auxquels ils se mêlent, notamment au niveau des mœurs. Les derniers pistoleros
Dictatures et guerres en Europe
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disparaissent des montagnes reculées jusqu'alors insoumises, préférant jouer de l'orgue de barbarie dans les
zones touristiques.
Le régime gagne en légitimité[réf. nécessaire] et se libéralise. L'Espagne entre à l'ONU en 1955 puis le président
américain Dwight Eisenhower, un des grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, vient en Espagne en
1959 et défile triomphalement à Madrid au côté de Franco.
La loi sur les principes fondamentaux du Mouvement national est votée le 17 mai 1958 alors que le régime
évolue et quitte définitivement ses oripeaux fascistes sous l'influence de l'Opus Dei.
Dans les années 1960, le régime se libéralise sur le plan économique, et le pouvoir de Franco est désormais
considéré comme établi.
Les infrastructures (chemins de fer et réseaux routiers) sont modernisées et un gigantesque système hydraulique
(barrages et irrigation) est construit pour contrer les effets de la sécheresse. L'agriculture espagnole atteint alors
un développement colossal préparant son entrée dans le Marché commun en 1986. Le taux de croissance atteint
alors 8 % par an. A la veille de la mort de Franco, l'Espagne est un pays doté d'une large classe moyenne, un
pays modernisé, placé au 9e rang des nations industrialisées.
La fin du régime franquiste
En 1969, c'est devant les Cortes Generales que Franco désigne Juan Carlos pour lui succéder à sa mort, en tant
que roi d'Espagne.
Au début des années 1970, malade, Franco se résout à nommer un président du gouvernement. Il choisit son bras
droit, l'amiral Luis Carrero Blanco, mais celui-ci est tué dans un attentat de l'organisation basque ETA le
20 décembre 1973 à Madrid.
De plus en plus affecté par la maladie de Parkinson qui le ronge depuis 1969, Franco est victime d'un
refroidissement en 1975, puis d'une hémorragie interne qui entraîne son transfert à l'hôpital de la Paz. Il sera
maintenu en vie artificiellement afin, selon certains auteurs, que le prince Juan Carlos accepte le 30 octobre
d'assumer les fonctions de chef de l'État. Malgré sa maladie, il signe les dernières sentences à la peine de mort de
8 activistes d'ETA et le FRAP, et autorise le retrait du Sahara espagnol qui sera ensuite annexé par le Maroc.
Depuis le 14 novembre Francisco Franco est inconscient. Sa fille Nenuca et sa petite fille Mariola persuadent les
médecins de débrancher les appareils qui le maintiennent en vie. Francisco Franco expire le 20 novembre 1975 à
5 h 20 du matin, le même jour que Primo de Rivera. Un communiqué annonce la mort : « Maladie de Parkinson,
cardiopathie, ulcère digestif aigu et récurrent avec hémorragies abondantes et répétées, péritonite bactérienne,
insuffisance rénale aigue, thrombophlébite, broncho-pneumonie, choc endotoxique et arrêt cardiaque. »
Sur ordre du Roi, Franco est inhumé à la basilique Sainte-Croix del valle de los Caídos.
Officiellement rétablie en 1947, la monarchie retrouve un roi après sa mort en la personne de Juan Carlos Ier,
petit-fils d'Alphonse XIII.
Postérité de Franco
L'héritage principal de Franco est le retour de la monarchie en Espagne mais aussi indirectement le terrorisme de
l'ETA et la situation du Sahara occidental. Trois autres principes imposés par le Caudillo à son successeur ont été
respectés pendant le processus de transition :
•
seuls les Cortes franquistes et le Mouvement national (parti unique) peuvent décider de leur propre
dissolution, qui fut achevée le 1er avril 1977.
•
aucune chasse aux sorcières contre des militaires ou des membres de l'administration ne serait effectuée
en cas de démocratisation du régime.
•
l'unité de l'Espagne (« Una, Grande, Libre ») doit être maintenue, ce qui signifie pas d'indépendance
pour la Catalogne espagnole, ni pour le Pays basque espagnol (néanmoins, l'établissement des
Communautés autonomes (Autonomías) sera inscrit dans la nouvelle Constitution de 1978).
Sur le plan culturel, le vent de liberté que l'Espagne a connu après la fin du franquisme aboutit logiquement à
une libération. Elle est accompagnée d'une ébullition créatrice avec l'apparition d'une nouvelle génération de
créateurs et d'artistes.
Projet de recommandation de condamnation du régime par le Conseil de l'Europe (2006)
Le 4 novembre 2005, sous l'influence de députés antisionistes, un projet de Recommandation émanant de la
Commission des questions politiques de l'assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe déclare la « Nécessité
de condamner le franquisme au niveau international »11.
Dictatures et guerres en Europe
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Ce projet, qui devrait être débattu en mars en commission permanente de l'assemblée, soutient que « la violation
des droits de l’homme n’est pas une affaire interne qui ne concerne que l'Espagne seule », raison pour laquelle
« le Conseil de l’Europe est prêt à engager un débat sérieux sur ce sujet au niveau international ».
En outre, le projet de rapport recommande au Conseil des Ministres de déclarer le 18 juillet 2006 comme journée
officielle pour condamner le régime franquiste.
Toponymie franquiste
Le régime de Franco a laissé de nombreuses traces dans le paysage urbain espagnol, à l'exception des régions
autonomes de Catalogne et du Pays basque, particulièrement touchées durant la guerre civile et la dictature.
Si beaucoup de rues au nom du Caudillo ou du Generalísimo ont été débaptisées au début des années 1980, de
nombreuses artères, notamment dans les villes moyennes, continuent de célébrer Franco ou ses alliés (par
exemple José Antonio Primo de Rivera, le général Mola, le Général Sanjurjo).
Ainsi León, Gijón, Santander, Santa Cruz de Tenerife ou Puerto de la Cruz (Tenerife) ont gardé leur toponymie
franquiste jusqu'à la fin des années 2000.
Des monuments continuent également de célébrer Franco, ses alliés et ses victoires (Arco de la Victoria à
Madrid, divers monuments aux morts, l'Alcazar de Tolède).
En juillet 2002, le monument équestre représentant Franco, située durant 35 années sur la Plaza de España, sa
ville natale du Ferrol (El Ferrol del Caudillo), fut déboulonné à l'aube du 5 juillet pour être transféré à l'arsenal
militaire. La municipalité avait prévu la construction d'un stationnement de 625 places en sous sol.
En 2004, le nouveau gouvernement socialiste espagnol a proposé une loi de réparation envers les victimes de la
guerre et de la dictature. Il a demandé également que la toponymie et tous les symboles franquistes subsistant
soient retirés de la voie publique. Les opposants à cette dernière proposition dont Felipe Gonzalez parlent de
combat d'arrière-garde et rappellent que ces monuments font partie de l'héritage espagnol, pour le meilleur et
pour le pire.
Dans la nuit du 16 au 17 mars 2005, à 1h00 (GMT) sur décision du conseil des ministres, la statue équestre de
Franco au centre de Madrid a été déboulonnée et transférée dans un hangar à l'abri des regards.
Le 8 novembre 2005, sa statue (inaugurée en 1977 pour commémorer son action en tant que colonel de la Légion
après le désastre d'Anoual en 1921), située dans la ville de Melilla fut déplacée de 50 mètres pour permettre la
réalisation de travaux publics. Le gouvernement (conservateur) de la cité autonome de Melilla a refusé qu'elle
quitte la voie publique et soit transférée au musée militaire comme le réclamait l'opposition locale. En décembre
2008, sa dernière statue équestre située à Santander est à son tour déboulonnée de la place où elle se situait dans
le cadre d'une rénovation urbaine. Elle sera réinstallée au sein du futur musée de la Cantabrie.
Monnaie et timbres
Le portrait de Franco a figuré sur de nombreuses pièces de monnaie et timbres-poste espagnols. Toutes les pièces
à son effigie ont été retirées de la circulation le 1er avril 1997.
Les Espagnols et Franco trente ans après sa mort
Au moment du trentième anniversaire de la mort de Franco, une enquête de l’institut Opina du 17 novembre
200512, est publiée pour connaître l’opinion de la société espagnole sur la figure historique de Franco, l’héritage
de son régime et le risque de répéter cette période. À la question sur le jugement qu'ils portent sur la dictature de
Franco, 63,7 % la jugent négative, 23 % sont sans opinion et 13,3 % la jugent positive.
Selon un sondage de la radio de gauche Cadena SER publié le 18 novembre 2005, 55,5 % des Espagnols
déclarent éprouver de l'« indifférence » envers le dictateur, 29,8 % du « rejet » et 7,6 %, de la « nostalgie ».
Une enquête du Centre d'enquêtes sociologiques relève que 65,9 % des Espagnols considèrent que les victimes
de la guerre civile ont reçu « une reconnaissance différente selon le camp auquel ils appartenaient », mais
estiment à 72,9 % qu'un « hommage doit les inclure toutes ».
Enfin, toujours sur le sujet, selon un autre sondage publié le 19 novembre 2005 par le quotidien conservateur El
Mundo, 41,3 % des Espagnols jugent que la politique du gouvernement socialiste de M. Zapatero « rouvre des
blessures du passé » plutôt qu'elle ne « favorise la réconciliation » (25,5%).
Sa famille
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Nicolás Franco (1891-1977) : le frère aîné. Ingénieur naval, fonctionnaire du ministère de la Marine, il est devenu
le principal conseiller du Caudillo au début de la guerre civile. Il termine sa carrière comme Ambassadeur à
Lisbonne puis comme homme d'affaires.
Dictatures et guerres en Europe
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María del Pilar Franco (1894-1989) : la sœur. Membre des phalanges espagnoles, elle ne joua cependant aucun
rôle politique. Ses deux livres de souvenirs personnels publiés en pleine transition démocratique ont été des bestsellers.
Ramón Franco (1896-1938) : le frère cadet. Aviateur célèbre et populaire, de convictions républicaines qui le
conduisent en prison sous la dictature de Miguel Primo de Rivera, il n'en rallie pas moins son frère aîné qu'après
juillet 1936. Il meurt le 28 octobre 1938 dans un accident d'avion.
Ramón Serrano Súñer (1901-2004) : le beau-frère. Il a épousé Zita, la sœur de Carmen Polo. Impliqué dans le
pronunciamiento de 1936, il est emprisonné par les républicains. Évadé en février 1937, il supplante Nicolás
Franco comme conseiller et ministre du Caudillo. Proche du fascisme italien, il est éloigné à partir de 1942.
María del Carmen Polo Martínez-Valdés (1902-1988) : son épouse. Après avoir rencontré Franco en 1917, elle
l'épouse en 1923 et en 1926, donne naissance à leur seul enfant, María del Carmen. Elle est morte à Madrid en
1988.
o Carmen, duchesse de Franco (María del Carmen Ramona Felipa de la Cruz Franco Polo) : sa fille. Elle a
épousé Cristóbal Martínez-Bordiú, marquis de Villaverde le 10 avril 1950. Elle vit aujourd'hui surtout à
Miami (Floride). Elle dirige La fondation Franco, fondée en 1977. Ses objectifs ont pour but de veiller
sur la mémoire de son père.
Carmen Martínez-Bordiú, sa petite-fille, aînée des enfants de sa fille Carmen. Elle avait épousé
en première noce Alphonse de Bourbon, duc de Cadix, cousin du roi d'Espagne Juan Carlos et
aîné des Bourbons.
Leur fils Louis de Bourbon est aujourd'hui le prétendant légitimiste à la couronne de
France. Il est à la fois l'arrière-petit fils de Franco et l'arrière petit-fils du roi
d'Espagne Alphonse XIII.
Bibliographie
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Bartolomé Bennassar, Franco, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 2002 (1re édition 1995) (ISBN 2262018952) ;
Philippe Conrad, Franco, Éditions Chronique, 1997
Max Gallo, Histoire de l'Espagne franquiste, Robert Laffont, 1969
Stanley Payne, Franco y José Antonio, Planeta, 1997
Ricardo de la Cierva, Franco, Planeta, 1986
Paul Preston, Franco, New Éd. édition, 1995 (ISBN 0006862101).
Michel del Castillo, Le Temps de Franco, Fayard, 2008 (ISBN 9782213637181)
Liens internes
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Guerre civile espagnole
Franquisme
Notes et références
1.
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5.
6.
↑ Jean Meyer, « Mémoires et histoires : la nouvelle guerre civile espagnole », Esprit, 2006[1] [archive]
↑ Ricardo de la Cierva, El 18 de Julio no fue un golpe militar fascista, 2000.
↑ Pio Moa, Los mitos de la guerra civil, 2003
↑ Jean Meyer, « Mémoires et histoires : la nouvelle guerre civile espagnole », Esprit, 2006[2] [archive]
↑ Cité par Jean Meyer, Esprit, 2006 [3] [archive]
↑ J.-F. Berdah, Épuration et répression politique en Espagne pendant la guerre d’Espagne et la post-guerre (19361945), Amnis, 2003 version PDF [archive]
7. ↑ Pio Moa, Los Mitos de la guerra civil, Madrid, 2003.
8. ↑ Michel Del Castillo, le temps de Franco, 2008
9. ↑ Arnaud Imatz, Franco y José Antonio, NRH, numéro 25, 2006.
10. ↑ Robert O. Paxton, Le Fascisme en action, Paris, Seuil, 2004, p. 254
11. ↑ Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe [archive]
12. ↑ PROYECTO AS [archive]
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