I M A G E R I E Tout le monde n’est pas colopathe ! ● G. Genin* • Histoire clinique : homme de 59 ans avec un long passé d’altérations du transit attribuées à une “colopathie fonctionnelle”, sans aucun antécédent chirurgical, adressé pour un syndrome subocclusif apyrétique avec nausées et vomissements. ou gauches (53 %), les hernies péricæcales (13 %), les hernies du hiatus de Winslow (8 %), les hernies transmésosigmoïdiennes (6 %), les hernies transmésentériques et transmésocoliques (13 %), et les hernies para-utérines du ligament large (4 %). • Scanner abdominal (figure 1) : sur les coupes les plus hautes, on objective une “masse” rétropancréatique (figure 1a) qui apparaît être en relation ave le jéjunum sous-jacent (figure 1b). Le troisième duodénum (figure 1b) est dilaté dans la pince mésentérique avec un arrêt cupuliforme. Les vaisseaux mésentériques (figure 1c) sont déviés à droite. Le côlon gauche (figure 1c) est en situation anormalement antérieure. Enfin, les coupes les plus basses retrouvent un pseudosac (figure 1d) développé dans le mésocôlon gauche. Le diagnostic de hernie paraduodénale gauche a été proposé et confirmé par l’intervention chirurgicale. • Les hernies paraduodénales représentent plus de la moitié des hernies internes de l’adulte. On différencie les hernies paraduodénales droite et gauche. La hernie paraduodénale droite : il s’agit d’une forme particulière de hernie interne se développant dans la fossette paraduodénale droite de Waldeyer, dans laquelle l’intestin s’engage et crée, par sa pression et son péristaltisme, un diverticule. Cette formation diverticulaire intrapéritonéale pourrait être secondaire à des anomalies de rotation (notamment par une rotation incomplète du duodénum) avec une incarcération du grêle derrière le mésocôlon ascendant. On distingue deux types de hernies paraduodénales droites, pré- et rétrovasculaires, en fonction de leur position par rapport aux vaisseaux mésentériques supérieurs. Les opacifications digestives peuvent montrer un amas d’anses grêles en dessous du duodénum. L’artère mésentérique supérieure et les branches iléo-coliques sont retrouvées sur la paroi antérieure du sac herniaire au scanner (ou autrefois sur les explorations angiographiques des hernies internes paraduodénales). La hernie paraduodénale gauche : fréquente hernie interne (75 % des hernies paraduodénales), trois fois plus souvent chez l’homme que chez la femme. Elle se développerait dans la fossette paraduodénale gauche de Landzert, le plus souvent dans la fossette veineuse avec un large orifice, pouvant être favorisée par des anomalies de rotation, l’intestin venant s’engager dans le mésocôlon gauche entre son insertion pariétale et la veine mésentérique inférieure. Le collet herniaire est situé entre l’angle duodéno-jéjunal, en haut, et l’artère mésentérique inférieure, en bas, alors que le bord antérieur libre du collet contient la veine mésentérique inférieure et l’artère colique supérieure gauche ; le sac est donc bien rétromésocolique. Les opacifications digestives hautes peuvent objectiver un effet de masse des anses grêles proximales sur l’anse gastrique, un amas d’anses grêles dans l’hypochondre gauche déplaçant l’angle duodéno-jéjunal en dedans et en avant, et une empreinte de ces anses jéjunales sur la face postérieure de l’estomac. Le scanner peut montrer une anse intestinale en arrière de la queue du pancréas, un amas d’anses grêles encapsulées entre le côlon transverse et la surrénale gauche, ou des anses intestinales entre l’estomac et le pancréas. Tous ces signes radiologiques peuvent faire défaut en cas de hernie intermittente. Il faut également se méfier au scanner des anomalies de position comme le côlon rétrogastrique ou les épanchements dans l’espace spléno-rénal de Whalen. ■ • La hernie interne : elle est définie par le déplacement d’un ou plusieurs viscères à travers un orifice ou une dépression de la cavité abdominale (selon Treitz, en 1857). Cet orifice peut être normal, comme le hiatus de Winslow ou les fossettes péritonéales, ou anormal à travers un méso ou un épiploon. On en rapproche les orifices pathologiques postopératoires ou post-traumatiques des mésos ou de l’épiploon. Malgré la fréquence des anomalies congénitales, elles sont rarement diagnostiquées chez l’enfant, à l’exception de la hernie transmésentérique. Leur rareté, soit 2 % de l’ensemble des hernies, explique leur caractère déroutant même pour le chirurgien (“L’étrangeté de la disposition du contenu abdominal déroute nombre de bons opérateurs.” Ménégaux, 1934), et a fortiori pour les radiologues en préopératoire. Certaines hernies internes restent latentes et sont une découverte opératoire fortuite dans 5 à 10 % des cas. Leur étranglement est redoutable, en particulier pour certaines localisations comme les hernies intersigmoïdiennes ou mésosigmoïdiennes. Le diagnostic préopératoire est difficile lorsque la hernie n’est pas compliquée, tantôt asymptomatique, tantôt avec de vagues douleurs abdominales évoluant par crises, des crampes, une distension épigastrique, des nausées ou vomissements postprandiaux. Toutefois, lorsqu’il s’agit d’une occlusion aiguë du grêle sans antécédent chirurgical, sans hernie extériorisée, sans notion de lithiase vésiculaire (qui pourrait faire craindre un iléus biliaire), le diagnostic de hernie interne doit être évoqué de principe (au même titre qu’une exceptionnelle bride congénitale sur un diverticule de Meckel). Par ordre de fréquence, les principales hernies internes sont, chez l’enfant : la hernie transmésentérique, et, chez l’adulte : les hernies paraduodénales droites * Service de radiologie, centre hospitalier de la région annecienne, Annecy. 292 La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue - n° 6 - décembre 1998 Figure 1a Figure 1b Figure 1c Figure 1d La Lettre de l’Hépato-Gastroentérologue - n° 6 - décembre 1998 293