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Correspondances en Onco-hématologie - Vol. III - n° 2 - avril-mai-juin 2008
Revue de presse
moelle osseuse de 78 patients présentant des
cas très bien documentés : LMMC (20 patients),
SMP (20 patients) et MDS (groupe homogène
de 38 cytopénies réfractaires avec dysplasie
multilignées). Les anomalies recherchées
(en cytométrie trois couleurs) sur les cellules
myéloïdes étaient la dégranulation des granu-
leux, les anomalies d’expression de CD45,
les voies de maturation myéloïdes avec une
combinaison CD16/CD11B/CD13, et l’absence
de CD10 sur les granuleux. Pour les monocytes,
l’expression aberrante de CD2 ou de CD56
a été privilégiée. Une distribution anormale
de CD71 et de la glycophorine A témoignait
d’anomalies de la lignée érythrocytaire. La
diminution des cellules CD19+/CD10+, assez
caractéristique des myélodysplasies, a été
systématiquement explorée. Enn, le compar-
timent myéloblastique, identié par CD34 et
CD117, a été mesuré et considéré comme
anormal s’il représentait plus de 5 % des
cellules. L’expression de la TdT et de CD7 a
également été recherchée dans ces cellules.
La comparaison des trois groupes montre de
grandes similitudes entre les LMMC et les
MDS, la seule différence signicative étant
l’expression de CD56 sur les monocytes, plus
fréquente dans le groupe LMMC (56 %) que
dans le groupe MDS (16 %), et totalement
absente dans le groupe SMP. À l’inverse, les
SMP se distinguent nettement des deux autres
conditions.
Commentaire.
M.C. Béné, Nancy
Subirá D, Font P, Villalón L et al. Immunophenotype in
chronic myelomonicytic leukemia: is it closer to myelo-
dysplastic syndromes or to myeloproliferative disorders?
Transl Res 2008;151(5):240-5.
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Un de l’ASH 2007 rapportait déjà que
le traitement par rituximab pouvait entraîner
une diminution de l’expression de CD20 sur ces
cellules de leucémie lymphoïde chronique (LLC).
vient de publier un travail polo-
nais montrant que les statines sont elles aussi
susceptibles de moduler l’expression de CD20.
Cette étude richement documentée repose,
d’une part, sur l’hypothèse que l’inhibition
de la synthèse de cholestérol par les statines
pourrait être à l’origine de leur activité antitu-
morale, et d’autre part, sur le rôle des radeaux
lipidiques dans l’effet des anti-CD20. Ces anti-
corps monoclonaux, notamment le rituximab,
lorsqu’ils se lient aux CD20 membranaires,
redistribuent la molécule dans les radeaux
lipidiques à la surface des cellules, ce qui est
en corrélation avec leur capacité à activer la
cytotoxicité dépendante du complément (CDC).
L’intégrité des radeaux lipidiques semble par
ailleurs nécessaire à l’activation des ux calci-
ques, activation associée à l’apoptose induite
directement par les anti-CD20. Ces conditions
nécessaires à l’activité des anti-CD20 semblent
ainsi paradoxales eu égard aux effets antitumo-
raux des statines. Les auteurs ont donc examiné
de près l’effet des statines sur la CDC et l’ADCC
(antibody-dependent cellular cytotoxicity).
À côté de lignées Raji, Ramos et Daudi, ils ont
utilisé le sang périphérique de 5 sujets sains
avant et 3 jours après traitement pas atorvasta-
tine, ainsi que les cellules de moelle osseuse de
4 patients atteints de lymphome B. Le niveau
d’expression de CD20 a été évalué par un ratio
de uorescence moyenne comparant CD20 et
CD21 à la surface des mêmes cellules. Il a
également été mesuré au niveau protéique
par et au niveau des ARNm par
RT-PCR.
L’incubation des cellules in vitro avec différentes
statines conduit à une protection contre la CDC
induite par le rituximab, associée également à
une protection contre l’ADCC. L’expression de
CD20 en cytométrie de ux est signicativement
diminuée après incubation avec les statines,
mais les niveaux d’ARN et de protéines ne sont
pas affectés. Cela suggère que les statines modi-
ent les conditions de xation des anti-CD20
sur les molécules exprimées à la surface des
cellules, et que la protection observée vient de
l’absence de xation correcte des anticorps.
En effet, une déplétion en cholestérol induite
par le M-β-CD ou la berbérine conduit à la
même résistance à la lyse induite par les anti-
CD20 que celle observée avec les statines.
Cependant, la redistribution du cholestérol
par la lipin III, qui modie les radeaux lipi-
diques, ne modie pas l’efcacité des anti-
CD20. La présence de cholestérol, mais pas
nécessairement de radeaux lipidiques, semble
donc indispensable à la lyse induite par les
anti-CD20.
En vue d’élucider ce mécanisme, les auteurs se
sont alors penchés sur les voies métaboliques
de la synthèse du cholestérol et ont montré
que l’inhibition de la coenzyme HMG-CoAR
en était la clé. La déplétion en cholestérol
membranaire induite par les statines entraîne
une modication réversible (en présence de
cholestérol exogène) de la configuration
spatiale de CD20, modiant ainsi la capacité
de liaison des anti-CD20. Ces résultats, obtenus
en grande partie dans les lignées cellulaires,
ont été conrmés in vivo chez des sujets sains
et in vitro sur des cellules B de lymphome (trois
lymphomes du manteau et deux lymphomes
à petites cellules).
Commentaire.
M.C. Béné, Nancy
Winiarska M, Bil J, Wilczek E et al. Statins impair anti-
tumor effects of rituximab by inducing conformational
changes of CD20. Plos Med 2008;5:e64.
Le groupe italien de greffe de moelle GITMO,
associé à l’intergroupe italien des lympho-
mes IIL, a rapporté les résultats d’un essai
prospectif randomisé qui a comparé 6 cures
de CHOP suivies de 4 à 6 doses de rituximab
à un traitement séquentiel à plus hautes doses
associé à du rituximab chez des patients âgés
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