La Lettre du Neurologue - n° 4 - vol. VII - avril 2003 127
REVUE DE PRESSE
Réorganisation cérébrale
après rééducation motrice
■
Cet article présente une étude des
modifications de l’activation cérébrale,
étudiée en IRM fonctionnelle (IRMf), lors
de la rééducation de l’hémiplégie vasculaire.
Sept patients ont été inclus, qui avaient tous
été victimes, au minimum six mois plus tôt,
d’un accident vasculaire cérébral ichémique
respectant les régions motrices de la main.
Les patients ont été évalués avant puis
après un programme de deux semaines de
rééducation utilisant les principes de la
contrainte induite du membre supérieur.
Cette technique repose sur une immobili-
sation du membre supérieur sain, de façon
à forcer le patient à utiliser les capacités
résiduelles de son membre supérieur paré-
tique. Les tâches utilisées en IRMf étaient
des mouvements de flexion-extension du
poignet. Des corrélations significatives ont
été constatées entre l’amélioration de la
motricité du membre supérieur et des aug-
mentations de l’activitation en IRMf. Les
régions concernées étaient les suivantes: le
cervelet (de façon bilatérale), le cortex
somatosensoriel secondaire et le cortex pré-
moteur dorsal (du côté controlatéral à la
main parétique).
Commentaire. La neuro-imagerie fonc-
tionnelle est un outil d’évaluation très inté-
ressant pour étudier la réorganisation céré-
brale postlésionnelle et les mécanismes de
récupération après accident vasculaire céré-
bral. Cette étude est une des premières
ayant cherché à étudier les modifications
d’activité associées à un programme de
rééducation spécifique, la contrainte induite
du membre supérieur. La démonstration
d’une corrélation entre récupération clinique
et activation cérébrale est un résultat tout à
fait original et intéressant. Ces résultats
suggèrent que l’efficacité de la rééducation
est en rapport avec une augmentation du
recrutement des régions sensorimotrices
secondaires.
P. Azouvi,
service de rééducation neurologique,
hôpital Raymond-Poincaré, Garches.
Une batterie d’évaluation
de la négligence spatiale
■
Les auteurs présentent les résultats
d’une étude francophone multicen-
trique cherchant à valider une échelle d’éva-
luation clinique de la négligence unilatérale.
Un groupe de 206 patients ayant été vic-
times d’un accident vasculaire cérébral
hémisphérique droit a été inclus. Les patients
étaient pour la plupart en phase subaiguë,
dans un service de rééducation. Leur perfor-
mance a été comparée à celle d’un groupe
de sujets contrôles étudiés préalablement
(Rousseaux et al. Revue Neurologique
2001 ; 157 : 1385-400). Les résultats ont
montré que la sensibilité des tests était
très variable. Individuellement, la mesure
la plus sensible était le point de départ dans
un test de barrage (les sujets négligents
ayant tendance à commencer systémati-
quement par la droite, alors que les sujets
contrôles ont tendance à utiliser une stra-
tégie de balayage de la gauche vers la
droite). Toutefois, la combinaison de plu-
sieurs tests était plus sensible que chaque
test pris isolément. En dehors des tests
“papier-crayon” traditionnels, les auteurs ont
utilisé une échelle d’évaluation écologique,
l’échelle Catherine Bergego, reposant sur
l’observation du comportement de négli-
gence dans des situations standardisées de
la vie quotidienne (habillage, toilette, dépla-
cements…). Cette échelle s’est révélée plus
sensible que les tests “papier-crayon”. Glo-
balement, 36 % des patients présentaient
une négligence cliniquement significative,
retentissant sur la vie quotidienne.
Commentaire. Ce travail propose la pre-
mière batterie d’évaluation de la négligence
validée en langue française. Il montre que
la négligence est un problème fréquent
dans les suites d’un accident vasculaire
hémisphérique droit. Il permet également
de souligner l’intérêt d’une évaluation éco-
logique qui, dans ce domaine comme dans
d’autres en neuropsychologie, apparaît
souvent plus sensible que les évaluations
“papier-crayon” de bureau.
P. Azouvi
Activation cérébrale et
syndrome postcommotionnel
■
Cinq patients présentant des plaintes
persistantes dans les suites d’un trauma-
tisme crânien léger (TCL) ont été étudiés par
tomographie à émission de positons (TEP)
au repos et lors de la réalisation d’une tâche
de mémoire de travail spatiale. La perte de
connaissance était d’une durée maximale de
deux minutes, l’amnésie post-traumatique
inférieure ou égale à trois heures. Aucun
patient ne présentait de lésion anatomique
sur le scanner ou l’IRM. Le délai depuis le
TCL variait de cinq à trente-cinq mois.
Toutefois, lors de la tâche de mémoire de
travail, les patients TCL présentaient, com-
parativement aux contrôles, une moindre
augmentation du débit sanguin dans la
région préfrontale droite (bien que leurs
performances à cette tâche ne différât pas
significativement de celle des contrôles).
Commentaire. Le TCL continue d’être
matière à débat, avec des enjeux à la fois
scientifiques et médico-légaux. Certains
prétendent qu’il n’existe pas de déficit
organique persistant après un TCL, et que
les plaintes résiduelles du syndrome post-
commotionnel sont avant tout réaction-
nelles (classique “syndrome subjectif”). À
l’inverse, d’autres auteurs pensent que le
TCL s’accompagne de réels dysfonction-
nements cérébraux, comparables, bien que
moins importants, à ceux qui sont observés
après un TC sévère. Ce travail va dans le
sens de plusieurs autres études récentes en
TEP ou en IRM fonctionnelle. Il suggère
qu’il existe des perturbations de l’activation
cérébrale persistantes au moins chez cer-
tains blessés dans les suites d’un TCL. Ces
dysfonctionnements ne seraient pas détec-
tables au repos mais apparaîtraient lors de
la réalisation d’une tâche cognitive même
relativement simple. Toutefois, il faut rester
prudent dans l’interprétation de ces résultats.
Il est difficile de dire si ces modifications
sont la cause ou la conséquence des plaintes
subjectives. Leur spécificité et leur signifi-
cation clinique restent à évaluer.
P. Azouvi
Quels sont les facteurs
prédictifs du syndrome
postcommotionnel ?
■
L’objectif de ce travail est de chercher
les facteurs prédictifs de la persistance
de symptômes six mois après un trauma-
✔
Johansen-Berg H, Dawes H, Guy C et al.
Correlation between motor improvement and
altered fMRI activity after rehabilitative therapy.
Brain 2002 ; 125 : 2731-42.
✔
Sensitivity of clinical and behavioural tests of
spatial neglect after right hemisphere stroke.
Azouvi P et al., for the French collaborative study
group on assessment of unilateral neglect
(GEREN-GRECO) J Neurol, Neurosurg Psychiatry
2002 ; 73 : 160-6.
✔
Chen SHA, Kareken DA, Fastenau PS et al. A
study of persistent post-concussion symptoms in
mild head trauma using positron emission tomo-
graphy. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2003 ; 74 :
326-32.
Dirigée par le Pr P. Amarenco