R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco Réorganisation cérébrale après rééducation motrice ■ Cet article présente une étude des modifications de l’activation cérébrale, étudiée en IRM fonctionnelle (IRMf), lors de la rééducation de l’hémiplégie vasculaire. Sept patients ont été inclus, qui avaient tous été victimes, au minimum six mois plus tôt, d’un accident vasculaire cérébral ichémique respectant les régions motrices de la main. Les patients ont été évalués avant puis après un programme de deux semaines de rééducation utilisant les principes de la contrainte induite du membre supérieur. Cette technique repose sur une immobilisation du membre supérieur sain, de façon à forcer le patient à utiliser les capacités résiduelles de son membre supérieur parétique. Les tâches utilisées en IRMf étaient des mouvements de flexion-extension du poignet. Des corrélations significatives ont été constatées entre l’amélioration de la motricité du membre supérieur et des augmentations de l’activitation en IRMf. Les régions concernées étaient les suivantes : le cervelet (de façon bilatérale), le cortex somatosensoriel secondaire et le cortex prémoteur dorsal (du côté controlatéral à la main parétique). Commentaire. La neuro-imagerie fonctionnelle est un outil d’évaluation très intéressant pour étudier la réorganisation cérébrale postlésionnelle et les mécanismes de récupération après accident vasculaire cérébral. Cette étude est une des premières ayant cherché à étudier les modifications d’activité associées à un programme de rééducation spécifique, la contrainte induite du membre supérieur. La démonstration d’une corrélation entre récupération clinique et activation cérébrale est un résultat tout à fait original et intéressant. Ces résultats suggèrent que l’efficacité de la rééducation est en rapport avec une augmentation du recrutement des régions sensorimotrices secondaires. P. Azouvi, service de rééducation neurologique, hôpital Raymond-Poincaré, Garches. ✔ Johansen-Berg H, Dawes H, Guy C et al. Correlation between motor improvement and altered fMRI activity after rehabilitative therapy. Brain 2002 ; 125 : 2731-42. Une batterie d’évaluation de la négligence spatiale ■ Les auteurs présentent les résultats d’une étude francophone multicen- trique cherchant à valider une échelle d’évaluation clinique de la négligence unilatérale. Un groupe de 206 patients ayant été victimes d’un accident vasculaire cérébral hémisphérique droit a été inclus. Les patients étaient pour la plupart en phase subaiguë, dans un service de rééducation. Leur performance a été comparée à celle d’un groupe de sujets contrôles étudiés préalablement (Rousseaux et al. Revue Neurologique 2001 ; 157 : 1385-400). Les résultats ont montré que la sensibilité des tests était très variable. Individuellement, la mesure la plus sensible était le point de départ dans un test de barrage (les sujets négligents ayant tendance à commencer systématiquement par la droite, alors que les sujets contrôles ont tendance à utiliser une stratégie de balayage de la gauche vers la droite). Toutefois, la combinaison de plusieurs tests était plus sensible que chaque test pris isolément. En dehors des tests “papier-crayon” traditionnels, les auteurs ont utilisé une échelle d’évaluation écologique, l’échelle Catherine Bergego, reposant sur l’observation du comportement de négligence dans des situations standardisées de la vie quotidienne (habillage, toilette, déplacements…). Cette échelle s’est révélée plus sensible que les tests “papier-crayon”. Globalement, 36 % des patients présentaient une négligence cliniquement significative, retentissant sur la vie quotidienne. Commentaire. Ce travail propose la première batterie d’évaluation de la négligence validée en langue française. Il montre que la négligence est un problème fréquent dans les suites d’un accident vasculaire hémisphérique droit. Il permet également de souligner l’intérêt d’une évaluation écologique qui, dans ce domaine comme dans d’autres en neuropsychologie, apparaît souvent plus sensible que les évaluations “papier-crayon” de bureau. tomographie à émission de positons (TEP) au repos et lors de la réalisation d’une tâche de mémoire de travail spatiale. La perte de connaissance était d’une durée maximale de deux minutes, l’amnésie post-traumatique inférieure ou égale à trois heures. Aucun patient ne présentait de lésion anatomique sur le scanner ou l’IRM. Le délai depuis le TCL variait de cinq à trente-cinq mois. Toutefois, lors de la tâche de mémoire de travail, les patients TCL présentaient, comparativement aux contrôles, une moindre augmentation du débit sanguin dans la région préfrontale droite (bien que leurs performances à cette tâche ne différât pas significativement de celle des contrôles). Commentaire. Le TCL continue d’être matière à débat, avec des enjeux à la fois scientifiques et médico-légaux. Certains prétendent qu’il n’existe pas de déficit organique persistant après un TCL, et que les plaintes résiduelles du syndrome postcommotionnel sont avant tout réactionnelles (classique “syndrome subjectif”). À l’inverse, d’autres auteurs pensent que le TCL s’accompagne de réels dysfonctionnements cérébraux, comparables, bien que moins importants, à ceux qui sont observés après un TC sévère. Ce travail va dans le sens de plusieurs autres études récentes en TEP ou en IRM fonctionnelle. Il suggère qu’il existe des perturbations de l’activation cérébrale persistantes au moins chez certains blessés dans les suites d’un TCL. Ces dysfonctionnements ne seraient pas détectables au repos mais apparaîtraient lors de la réalisation d’une tâche cognitive même relativement simple. Toutefois, il faut rester prudent dans l’interprétation de ces résultats. Il est difficile de dire si ces modifications sont la cause ou la conséquence des plaintes subjectives. Leur spécificité et leur signification clinique restent à évaluer. P. Azouvi P. Azouvi ✔ Sensitivity of clinical and behavioural tests of spatial neglect after right hemisphere stroke. Azouvi P et al., for the French collaborative study group on assessment of unilateral neglect (GEREN-GRECO) J Neurol, Neurosurg Psychiatry 2002 ; 73 : 160-6. ✔ Chen SHA, Kareken DA, Fastenau PS et al. A study of persistent post-concussion symptoms in mild head trauma using positron emission tomography. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2003 ; 74 : 326-32. Activation cérébrale et syndrome postcommotionnel Quels sont les facteurs prédictifs du syndrome postcommotionnel ? ■ ■ Cinq patients présentant des plaintes persistantes dans les suites d’un traumatisme crânien léger (TCL) ont été étudiés par La Lettre du Neurologue - n° 4 - vol. VII - avril 2003 L’objectif de ce travail est de chercher les facteurs prédictifs de la persistance de symptômes six mois après un trauma127 R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco tisme crânien léger (TCL). Les auteurs ont étudié de façon prospective 79 patients après un TCL (perte de connaissance de moins de quinze minutes, amnésie post-traumatique de moins d’une heure). Les patients étaient évalués à leur arrivée aux urgences de l’hôpital, avec recherche de leurs symptômes cliniques (céphalées, vertiges, nausées…) ainsi que des modifications biochimiques (dosage de deux marqueurs sériques évocateurs d’un dommage cellulaire : la neurone specific enolase – NSE – et le marqueur sérique S-100B) dans les six heures suivant le traumatisme. Six mois après l’accident, 28 % des blessés présentaient une ou plusieurs plaintes persistantes. La présence à la phase aiguë de céphalées, de sensations vertigineuses ou de nausées, ainsi qu’une élévation des marqueurs biochimiques étaient statistiquement fortement prédictifs de la persistance de symptômes à six mois. Les blessés ne présentant aucun de ces symptômes cliniques et un chiffre normal des marqueurs biologiques avaient tous une excellente récupération à six mois. Commentaire. Ce travail permet d’identifier les patients qui ont le plus de risque de présenter des difficultés persistantes dans les suites d’un TCL. Il confirme des études précédentes ayant montré que la présence et la sévérité des symptômes cliniques et biologiques à la phase initiale ont une valeur prédictive du devenir. Il peut donc permettre de mieux cibler les actions de prévention et de prise en charge des syndromes postcommotionnels. par placebo (un tiers) soit par pergolide (deux tiers) à doses très lentement progressives, sans dépasser 0,15 mg x 3, puis de nouveau évalués cliniquement et par vidéo. L’étude permit de montrer une supériorité significative (échelle YGTSS) du pergolide sur le placebo et une tendance à la supériorité (non significative) pour les échelles d’observation du patient ou des parents, au prix de peu d’effets secondaires hormis davantage de signes cutanés et une insomnie légère. Commentaire. Cette petite étude confirme que, chez l’enfant tiqueur, le pergolide est un traitement bien toléré et actif, quoique modérément, et qu’il mérite donc d’être proposé tôt. Traitement de la maladie de Parkinson (AMM) ou du syndrome des jambes sans repos, cet agoniste dopaminergique est déjà proposé – toujours à petites doses – par nombre d’équipes aux patients concernés, enfants ou adultes, et semble avoir un meilleur rapport efficacité/inconvénients que les neuroleptiques atypiques, l’halopéridol ou la clonidine. Il aurait également une action favorable sur les syndromes d’hyperactivité, parfois associés aux tics. Quant au mécanisme exact de son action, il reste très discuté. J. d’Anglejan-Chatillon, Versailles. ✔ Gilbert DL et al. Tic reduction with pergolide in a randomized controlled trial in children. Neurology 2003 ; 60 : 606-11. Pergolide (Célance®) et traitement des tics ■ Les auteurs ont étudié l’efficacité du pergolide par un essai en double insu versus placebo, chez 57 enfants et adolescents américains (7 à 17 ans) souffrant de tics invalidants et évalués par différentes échelles adaptées, y compris par une observation des patients par eux-mêmes ou de l’enfant par les parents. Après une période d’arrêt des différents traitements préalables (washout) de deux semaines, les patients étaient traités pendant huit semaines soit 128 J.M. Visy, Reims. ✔ E. Tronvik et al. Prophylactic treatment of migraine with an angiotensin II receptor blocker. JAMA 2003 ; 289 : 65-69. L’entrée en résistance ■ P. Azouvi ✔ De Kruik JR, Leffers P, Menheere PPCA et al. Prediction of post-traumatic complaints after mild traumatic brain injury : early symptoms and biochemical markers. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2002 ; 73 : 727-32. groupe candésartan. Les effets secondaires furent similaires dans le groupe placebo et dans le groupe candésartan. Commentaire. Les auteurs ont utilisé un critère d’efficacité primaire inhabituel (nombre de jours de céphalée) et non le nombre de crises de migraine, comme cela est habituellement le cas. Ils ont estimé ce critère plus fiable. Ce choix aurait dû faire l’objet d’une explication plus fournie, en définissant mieux les types de céphalées répertoriés dans cette appellation. On aurait également aimé avoir un échantillon un peu plus large de patients que cette cohorte de 57 sujets. Le mécanisme d’action du candésartan serait lié à une réduction de l’effet vasoconstricteur de l’angiotensine II, de l’activation du système sympathique, de la sécrétion d’adrénaline et des catécholamines, voire à un effet modulateur sur le débit sanguin cérébral ainsi que sur la sécrétion des neurotransmetteurs impliqués dans le processus migraineux (dopamine, sérotonine, NO). Les sartans arrivent dans le traitement de fond de la migraine ■ Une récente méta-analyse portant sur 12 000 patients recevant quotidiennement des inhibiteurs de l’angiotensine II pour une raison autre que la migraine ont vu la fréquence de leur céphalée diminuer de 30 %. Cela a conduit les auteurs à envisager un essai thérapeutique dans la migraine avec le candésartan. Soixante patients ont été randomisés (double aveugle, cross over). Le nombre moyen de jours avec céphalées (critère de jugement primaire) a été de 18,5 dans le groupe placebo versus 13,6 dans le groupe candésartan (p = 0,001). Parmi les critères secondaires, il y a eu significativement moins de jours avec migraine, moins d’heures de céphalée ou de migraine, un index de sévérité de la céphalée moins élevé et un nombre de jours d’arrêt de travail moins important dans le Cette étude avait pour objectif d’étudier l’histoire naturelle des épilepsies réfractaires. Trois cent trente-trois patients souffrant d’une épilepsie partielle pharmacorésistante ont été inclus. Tous ont été recrutés lors de leur inclusion dans un bilan préchirurgical dans un centre spécialisé d’épileptologie. Chez ces patients, l’intervalle moyen entre le début de l’épilepsie et l’échec d’un second traitement médicamenteux était de 9,1 ans (0-48 ans). Fait important, 26 % des patients avaient présenté une période de rémission de leurs crises d’au moins un an et 8,5 % avaient même eu une période de rémission de plus de cinq ans. Un âge de début précoce de l’épilepsie était associé à une haute probabilité de rémission et à un intervalle libre plus long avant échec du traitement. Commentaire. La pharmacorésistance demeure un mystère : mystère physiopathologique et mystère quant à son évolution naturelle. Cette étude démontre que la pharmacorésistance n’apparaît pas toujours d’emblée et qu’une longue période de pharmacosensibilité peut précéder l’échec La Lettre du Neurologue - n° 4 - vol. VII - avril 2003 médicamenteux secondaire. Il existe donc une fenêtre temporelle pendant laquelle on pourrait agir efficacement et prévenir la survenue de la pharmacorésistance, à condition d’en connaître les mécanismes. Par ailleurs, fait moins réjouissant, le contrôle initial facile d’une épilepsie partielle ne préjuge pas d’une bonne évolution à long terme. D’autres facteurs pronostiques sont alors à considérer lors de l’initiation du traitement et du message à délivrer au patient, notamment l’existence d’une lésion de type sclérose hippocampique, qui est en soi synonyme de pharmacorésistance à plus ou moins long terme. S. Dupont, hôpital de la Salpêtrière, Paris. ✔ Berg et al. How long does it take for partial epilepsy to become intractable ? Neurology 2003 ; 60 : 186-90. à des crises. Aucune étude n’a jusqu’ici déterminé si le fait de traiter après une première crise diminuait de façon significative le risque de blessure ou de décès. • Le fait de traiter change-t-il le pronostic à long terme ? Non, le fait d’instaurer un traitement après une première crise ou de le différer à la seconde crise ne modifie pas le pourcentage de rémission. • Quels sont les principaux effets secondaires des médicaments antiépileptiques à redouter chez l’enfant ? Essentiellement cognitifs et comportementaux. Commentaire. Une nouvelle fois, aucune recommandation générale ne ressort de cette étude. La décision de traiter est à prendre au cas par cas en fonction du rapport risque/bénéfice. Néanmoins, il est important de bien connaître les résultats des principales études de la littérature avant de prendre la décision d’instaurer ou non un traitement, et ces résultats inciteraient plutôt chez l’enfant à une attitude plus attentiste que chez l’adulte. Traiter ou ne pas traiter ? SD ■ Cet article rapporte les conclusions d’une conférence de consensus ayant réuni les commissions neurologiques et pédiatriques américaines. Le but était de répertorier et commenter les données de la littérature concernant l’instauration d’un traitement antiépileptique après une première crise non situationnelle chez l’enfant ou l’adolescent. Les questions suivantes ont été abordées : • Quel est le risque de récidive ? Il est très variable selon les études, entre 14 et 65 % de récidive dans la première année. En revanche, le risque d’entrer dans une épilepsie active (plus de dix crises) est relativement faible : de l’ordre de 10 %. • Traiter diminue-t-il le risque de récidive ? Plusieurs études semblent montrer que le fait de traiter après une première crise réduit le risque de récurrence ; mais aucune de ces études n’est vraiment satisfaisante sur un plan méthodologique. • Quels sont les risques potentiels en cas de survenue d’une seconde crise si l’on ne traite pas ? Les modèles animaux indiquent que des crises prolongées et récurrentes peuvent induire des lésions neuronales et une épilepsie secondaire. Néanmoins, il n’existe aucune évidence clinique que des crises prolongées (hors situation de l’état de mal) puissent induire des lésions cérébrales. Donc, à ce jour, le seul risque potentiel à prendre en compte est celui de blessures physiques ou de décès subits liés ✔ Hirtz et al. Practice parameter : treatment of the child with a first unprovoked seizure : report of the quality standards subcommittee of the American Academy of Neurology and the Practice Committee of the Child Neurology Society. Neurology 2003 ; 60 : 166-75. convaincants tels que ses effets neurotrophiques, les dosages de la DHEA chez des patients déments ou son action chez l’animal, il était tentant, logique, et finalement nécessaire d’essayer la DHEA dans la MA. Mais, premièrement, l’étude en cause a une puissance statistique limitée (peu de patients) ; deuxièmement, une forte proportion (30-50 %) des malades abandonnèrent l’essai dans les deux groupes traitement comme placebo ; troisièmement, on pourrait argumenter que la DHEA ou n’importe quel autre traitement symptomatique de la MA devrait être ajouté à un traitement de référence par IACE et ne devrait pas être utilisé seul. Malgré ces réserves, ce travail donne une raison de plus de justifier la prudence des médecins français à l’égard de la DHEA qui reste à ce jour un simple complément alimentaire et non un médicament. En attendant d’éventuels résultats contradictoires dans des situations voisines (MCI, etc.) ! JAC ✔ D. Knopman et al. DHEA for Alzheimer’s disease : a modest showing by a super hormone. Neurology 2003 ; 60 : 1060-1. ✔ OM Wolkowitz et al. DHEA treatment of Alzheimer’s disease : a randomized, double-blind, placebo-controlled study. Neurology 2003 ; 60 : 1071-6. ASCOT-LLA : oh la la ! DHEA contre maladie d’Alzheimer ■ Les auteurs ont comparé les performances cognitives de 58 patients atteints de la maladie d’Alzheimer (MA) traités en double insu soit par placebo, soit par 100 mg/jour de DHEA (déhydroépiandrostérone), pendant une période de 6 mois. Il s’agissait de patients hommes et femmes âgés de 75 à 77 ans en moyenne, avec un MMS de 22/30 environ (exclusion si MMS < 8/30), sans autres traitements symptomatiques (anticholinestérasiques = IACE). Les échelles utilisées étaient celles habituellement recommandées dans ce type d’essai (ADAS Cog et non Cog, CIBIC plus, etc.), mais aucune ne démontra de modification significative ni à 3, ni à 6 mois. Il n’y eut pas d’effets secondaires graves, biologiques ou cliniques, mais une tendance vers davantage de confusion/agitation ou idées délirantes sous DHEA. Commentaire. En se fondant sur un ensemble d’arguments biologiques presque La Lettre du Neurologue - n° 4 - vol. VII - avril 2003 ■ En prévention primaire chez les patients avec une hypercholestérolémie élevée (WOOSCOP) ou modérée (AFCAPS/TexCAPS), la pravastatine et la lovastatine ont montré une réduction des événements coronaires majeurs. Mais qu’en est-il chez les sujets ayant d’autres facteurs de risque ? HPS, avec la simvastatine, avait commencé à montrer un effet positif dans ses sous-groupes d’hypertendus et de diabétiques. Effet non observé avec la pravastatine dans le bras lipidique de la population d’hypertendus de ALLHAT (mais cette étude avait deux fois moins de puissance que celle planifiée avant le début de l’étude). Voici maintenant un autre méga-essai qui a évalué l’effet de l’atorvastatine 10 mg/jour contre placebo chez 10 305 patients ayant un cholestérol total inférieur à 2,30 g/dl (bras lipidique de l’étude ASCOT) parmi une population totale de 19 342 patients hypertendus à risque (> 160/100 si non traités, > 140/90 si déjà traités). Il s’agissait 129 R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco d’un plan factoriel, car l’objectif initial dans la population entière d’ASCOT était d’évaluer l’effet de l’amlodipine versus énalapril sur une durée de 5 ans. Après un suivi de 3,3 ans, l’étude a été arrêtée prématurément car il a été observé une réduction relative de l’incidence des infarctus du myocarde de 36 % (17 à 50 %, p = 0,0005), des AVC de 27 % (4 à 44 %, p = 0,0236 ; soit 89 [1,7 %] AVC versus 121 [2,4 %]) et de tout événement cardiovasculaire de 21 % (10 à 31 %, p = 0,0005) ; il n’a pas été observé d’effet sur la mortalité, ni dans le groupe des diabétiques. Commentaire. Ces résultats sont une avancée majeure en prévention des maladies cardiovasculaires car ils établissent le bienfondé de stratégies thérapeutiques prenant en compte le risque cardiovasculaire global de l’individu. En d’autres termes, chez un hypertendu avec d’autres facteurs de risque, il ne faut pas seulement s’occuper de sa pression artérielle, mais il faut aussi faire baisser son cholestérol, même s’il est peu élevé. celui-ci (2 mois et 10 mois après). De façon systématique, un traitement antiagrégant a été instauré après l’embolisation. Les contrôles angiographiques à distance (2 ans pour l’un des patients) ont montré la thrombose du sac anévrismal. Commentaire. L’utilisation d’endoprothèse pour le traitement des anévrismes intracrâniens est relativement récente ; il permet en général la mise en place, plus sûre, de spires métalliques au sein d’un anévrisme à collet large. Les observations rapportées par R. Vanninen et al. sont intéressantes parce qu’elles montrent qu’une thrombose progressive du sac anévrismal peut être obtenue par la mise en place par le seul stenting. Cette technique relativement simple ouvre des perspectives nouvelles pour le traitement des anévrismes à large collet. Les risques du traitement antiagrégant restent toutefois à évaluer, en particulier en cas d’anévrisme traité à la période hémorragique. J.F. Méder, service de neuroradiologie, hôpital Sainte-Anne, Paris P. Amarenco, service de neurologie et centre d’ATAC, hôpital Bichat, Paris ✔ PS Sever. Prevention of coronary and stroke events with atorvastatin in hypertensive patients who have average or lower-than-average cholesterol concentrations, in the Anglo-Scandinavian Cardiac Outcomes Trial-Lipid Lowering Arm (ASCOT-LLA) : a multicentre randomised controlled trial. Lancet 2003 ; 361. ✔ Vanninen R, Manninen H, Ronkainen A. Broadbased intracranial aneurysms : thrombosis induced by stent placement. AJNR 2003 ; 24 : 263-6. L’étude ANBP2 : les IEC en avaient bien besoin ! Traitement des anévrismes intracrâniens par stent ■ Les auteurs rapportent trois observations de traitement d’anévrisme intracrânien, à collet large, par utilisation exclusive d’un stent non couvert. Chez 2 patients, âgés de 57 et 44 ans, il s’agissait d’anévrismes rompus, l’un de l’artère basilaire, l’autre de l’artère carotide interne. Chez le troisième patient, âgé de 39 ans, le double sac de l’artère carotide interne supracaverneuse n’était pas responsable de l’hémorragie sous-arachnoïdienne. Le traitement endovasculaire a été fait au décours de l’accident hémorragique ou à distance de 130 ■ Depuis les résultats de l’étude CAPPP (captopril versus diurétique dans le traitement de l’HTA) qui montraient un surcroît d’AVC dans le groupe captopril, il existait un doute sur l’effet potentiellement négatif des inhibiteurs de l’ACE sur la survenue des AVC. Ce doute a été depuis renforcé par l’absence d’efficacité du périndopril dans l’étude PROGRESS à diminuer la récidive d’AVC lorsqu’il était utilisé en monothérapie, puis par le plus grand nombre d’AVC dans le groupe énalapril de l’étude ALLHAT comparativement aux diurétiques. Des explications très justifiées, tenant au design de ces études, permettaient de garder entière confiance dans les IEC en prévention de l’AVC. Mais le doute restait là. Dans cette nouvelle étude australienne, 6 083 sujets hypertendus (PAS > 160 mmHg ou PAD > 90 mmHg) de 65 à 84 ans ont été randomisés en ouvert en milieu de médecine générale, entre inhibiteur de l’ACE et diurétique. L’objectif assigné aux médecins de famille qui ont été responsables du traitement durant toute l’étude a été de diminuer la PAS de 20 mmHg au moins au-dessous de 160 mmHg et moins de 140 mmHg de PAS si cela était bien toléré, et une diminution de 10 mmHg pour la PAD qui devait baisser au moins au-dessous de 90 mmHg et si cela était bien toléré au-dessous de 80 mmHg. Pour ce faire, on pouvait associer au traitement des bêtabloquants des inhibiteurs calciques ou des alphabloquants dans les deux groupes. À 5 ans, la PA a baissé de 26/12 mmHg dans les deux groupes. Après 4,1 années de suivi en moyenne, il y a eu une réduction significative des événements cardiovasculaires et des décès toutes causes dans le groupe IEC de 11 % (0 à 29 %, p = 0,05), sauf dans le groupe des femmes dans lequel il n’y a eu aucune réduction (interaction significative). Il y a eu le même nombre d’AVC dans les deux groupes. Commentaire. Cette étude, qui contrairement aux autres a l’avantage d’avoir obtenu la même baisse de pression artérielle dans les deux groupes, rassure sur l’efficacité des IEC en prévention des événements cérébrovasculaires et vient contredire de façon convaincante ALLHAT, CAPPP et PROGRESS. Néanmoins, si les IEC font aussi bien que les diurétiques (gold standard), ils ne font pas mieux, à l’inverse des inhibiteurs calciques, qui eux ont toujours fait mieux que les diurétiques en prévention de l’AVC. À quand une étude IEC plus diurétiques versus ICC plus diurétique en prévention secondaire de l’AVC ? P. Amarenco ✔ Wing et al. A comparison of outrepasses with angiotensin-converting-enzyme inhibitors and diuretiques for hypertension in the elderly. N Engl J Med 2003 ; 348 : 583-92. La Lettre du Neurologue - n° 4 - vol. VII - avril 2003