La Lettre du Neurologue - n° 1 - vol. IV - février 2000 7
diagnostics plus précis et plus précoces, des investigations plus
appropriées et une meilleure prévention des complications.
L’efficacité de ces unités d’urgences neurovasculaires a été
démontrée dans les années quatre-vingt, alors qu’il n’existait
pas encore de traitement spécifique de l’ischémie cérébrale. Il
faut maintenant ajouter à l’effet bénéfique de la structure celui
apporté par les traitements fibrinolytiques. En France, en 1999,
seulement 4 % des AVC ont pu accéder à une telle unité. En
effet, pour 130 000 AVC survenant chaque année, on ne
dénombre que 84 lits spécialement dévolus à leur prise en char-
ge. Ces unités sont également indispensables pour former les
neurologues à la pathologie neurovasculaire. Elles sont un lieu
privilégié pour poursuivre la recherche et pour progresser enco-
re dans le traitement de ces patients : essais thérapeutiques avec
de nouveaux antithrombotiques ou des associations neuropro-
tecteurs-thrombolytiques et évaluation de l’imagerie par réso-
nance magnétique à la phase aiguë de l’AVC. Si le scanner reste
le premier examen radiologique à effectuer pour différencier
l’ischémie de l’hémorragie, l’IRM de diffusion est le seul exa-
men actuellement capable de montrer l’étendue de la souffran-
ce ischémique une heure après l’occlusion. L’IRM de diffusion
couplée à l’IRM de perfusion, qui montre la zone hypoperfusée,
permettra probablement dans les mois à venir de mieux sélec-
tionner les patients devant être traités par fibrinolytiques. La dif-
férence entre les deux zones (perfusion moins diffusion) repré-
sente la zone de tissu cérébral à risque, potentiellement sauvable
par reperfusion de l’artère dans les toutes premières heures (7).
Parallèlement à la création d’unités neurovasculaires spéciali-
sées permettant de diminuer la mortalité et le handicap des
sujets atteints d’AVC, et donc le coût de cette pathologie, il faut
structurer la filière de traitement des AVC. C’est une trajectoire
des soins qu’il faut organiser en préhospitalier et en intrahospi-
talier. Pour cela, il est indispensable d’augmenter les capacités
d’accueil dans les services de rééducation et dans les structures
de soins de suite, voire de créer des équipes mobiles pour la
prise en charge des séquelles d’AVC à domicile, sans oublier la
formation continue des médecins traitants qui ont un rôle pri-
mordial dans l’AVC, qu’il s’agisse de prévention primaire
(tabac, HTA, diabète, cholestérol, etc.) ou après l’AVC. Outre le
contrôle des facteurs de risque, ils assurent le suivi du traitement
antithrombotique et demandent les bilans neurovasculaires et/ou
cardiaques réguliers. Ils sont en première ligne pour aider le
patient à vivre avec son handicap, pour organiser la rééducation
motrice et orthophonique, les éventuels soins à domicile et pour
dépister les dépressions si fréquentes.
La création d’unités d’urgences neurovasculaires permettant le
traitement de tout AVC et l’administration, si justifiée, de fibri-
nolytique sont des urgences. Les séquelles des infarctus céré-
braux avec leurs conséquences physiques, neuropsycholo-
giques, familiales ou professionnelles sont trop souvent drama-
tiques pour le patient et son entourage pour que ne soit pas envi-
sagé chez tous les patients présentant un infarctus cérébral un
traitement thrombolytique, même si celui-ci n’est finalement
administré qu’à une minorité de patients. Les neurologues, en
collaboration avec les neuroradiologues, les neurochirurgiens,
les chirurgiens vasculaires, les urgentistes, les médecins réédu-
cateurs et les gériatres, conscients du véritable problème de
santé publique que posent les AVC, se sont organisés depuis
quelques années pour améliorer la prise en charge de cette
pathologie, en créant la Société française neuro-vasculaire, en
mettant en place un diplôme interuniversitaire de pathologie
neurovasculaire et en individualisant au sein des services de
neurologie des lits spécialement dévolus à la prise en charge des
AVC. Il faut maintenant une volonté politique pour parvenir à la
création d’unités d’urgences neurovasculaires dans les établis-
sements adéquats et à l’augmentation des capacités d’accueil
des AVC dans les services de soins de suite. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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