et des étapes conduisant à une reconnaissance ont fait l’objet de mises
au point récentes auxquelles le lecteur peut se référer (5, 35).
En revanche, les aspects récents concernant les affections liées à
l’amiante justifient un développement spécifique. En effet, la loi
du 23 décembre 2000 a marqué l’orientation vers la réparation
intégrale des préjudices chez les personnes atteintes d’une patho-
logie due à l’amiante, avec la création du Fonds d’indemnisation
des victimes de l’amiante (FIVA) (36). Le FIVA est un établisse-
ment public national sous la tutelle des ministères du Budget et
de la Sécurité sociale (37). Il indemnise plusieurs préjudices :
– des préjudices dits “patrimoniaux” (ou “économiques”), c’est-
à-dire les dépenses dues à la maladie (soins, aménagements, tierce
personne...) restées à la charge de la victime, le préjudice profes-
sionnel (perte de revenus présents et à venir) et le préjudice d’inca-
pacité (ou physiologique), représenté par le taux d’incapacité selon
le barème du FIVA (taux IBF) ;
– les préjudices “extrapatrimoniaux” (ou “personnels”) que sont
les souffrances physiques et morales (ou “pretium doloris”), le
préjudice d’agrément (diminution des plaisirs de la vie du fait des
séquelles), le préjudice esthétique (dégradation de l’apparence
physique secondaire à la maladie ou aux traitements), le préju-
dice sexuel.
En cas de décès d’un patient atteint de CBP secondaire à l’amiante,
ses ayants droit peuvent également demander réparation du fait
du préjudice moral occasionné par son décès s’il est secondaire
à sa maladie.
L’indemnisation versée par le FIVA permet ainsi une meilleure
indemnisation que la reconnaissance en maladie professionnelle
par la Sécurité sociale, puisque cette dernière ne répare, forfaitai-
rement, qu’une partie des préjudices patrimoniaux : les dépenses
dues à la maladie (soins, tierce personne, mais pas les aménagements),
les indemnités journalières en cas d’arrêt de travail (60 % les
28 premiers jours, puis 80 %), une indemnisation de l’incapacité
permanente partielle ou IPP (séquelles), calculée en fonction du
taux de rente comme pour toute maladie dont le taux d’IPP est
supérieur à 10 % (ce qui est bien sûr le cas pour le CBP). Il n’y
a pas d’indemnisation en cas de perte d’emploi, mais protection
de l’emploi. L’indemnisation par la Sécurité sociale ne tient pas
compte des préjudices extrapatrimoniaux. Les ayants droit (le
conjoint et les enfants mineurs) perçoivent une rente dite “rente
de réversion” en cas de décès imputable à la maladie.
Les patients atteints d’un CBP peuvent être indemnisés par le
FIVA dans deux situations principales :
– En cas de reconnaissance de leur CBP en maladie profession-
nelle due à l’amiante au titre de la législation française (régime
général, fonction publique, mines, etc.). Le patient doit alors four-
nir le formulaire de demande d’indemnisation (qui peut être obtenu
auprès du FIVA, tour Gallieni 2, 36, avenue du Général-de-Gaulle,
93175 Bagnolet Cedex, tél. : 0800 500 200 ; téléchargement à
partir du site du FIVA : www.fiva.fr) et les documents de recon-
naissance de la maladie professionnelle (notification de décision
et taux d’IPP).
– En cas de préjudice résultant directement d’une exposition à
l’amiante sur le territoire de la République française, mais dont
la pathologie n’a pas été reconnue en maladie professionnelle
(par exemple, les artisans, ou en cas d’exposition environne-
mentale). Le patient doit alors fournir un certificat médical attes-
tant de la pathologie, et tout document de nature à établir la réa-
lité de l’exposition à l’amiante. Le dossier est instruit par la Com-
mission d’examen des circonstances d’exposition à l’amiante. Si
le demandeur a précisé dans le formulaire que le préjudice est
susceptible d’avoir une origine professionnelle et qu’il n’a pas
été reconnu en maladie professionnelle, il doit fournir un certifi-
cat médical attestant le lien possible entre l’affection et l’activité
professionnelle afin que le FIVA le transmette à l’organisme de
Sécurité sociale, cette transmission valant déclaration de mala-
die professionnelle. La proposition d’indemnisation est effectuée
dans les trois mois après l’avis de la CPAM, et en tout cas dans
un délai de neuf mois.
L’indemnisation attribuée par le FIVA est déterminée en partie
par le taux d’IBF, celui-ci pouvant être différent du taux d’IPP
de la Sécurité sociale, établi en fonction du traitement initial admi-
nistré au patient. Ainsi, les patients qui n’ont pas été opérés béné-
ficient d’un taux d’IBF de 100 %. Ceux qui ont été opérés ont un
taux d’IBF de 100 % durant les deux premières années, puis, si
le cancer n’est pas évolutif, un taux de 70 % durant les trois années
suivantes et si le cancer n’est toujours pas évolutif, le taux est rééva-
lué en fonction du barème “fonction publique” selon les séquelles
chirurgicales et fonctionnelles reconnues à partir de documents
médicaux fournis par le patient. Les indemnisations déjà versées
(par les tribunaux ou par le régime de protection sociale) sont
soustraites des préjudices patrimoniaux. Le tableau IV présente
le montant de l’indemnisation globale en fonction de l’âge et de
la situation clinique (CBP opéré ou non).
Les ayants droit d’un patient décédé de CBP dû à l’amiante peuvent
bénéficier d’une indemnisation au titre du préjudice moral. Ils four-
nissent alors les documents concernant la victime (reconnaissance
de la maladie professionnelle ou certificat médical selon la situa-
tion), un document justifiant du “lien de parenté”, le certificat de
décès et un certificat médical attestant le lien entre le décès et la
maladie imputable à l’amiante. L’indemnisation versée au titre du
préjudice moral est alors de 22 000 €pour le conjoint, 15 000 €pour
les enfants de moins de 25 ans, 5 à 9 000 €pour les enfants de plus
de 25 ans, 3 000 €pour les petits-enfants.
Le patient, en désaccord avec un rejet de demande peut contes-
ter la décision devant la cour d’appel de son domicile dans un
délai de deux mois à partir de la date de l’offre d’indemnisation.
Il en est de même s’il n’a pas reçu de réponse de la part du FIVA
dans un délai de six mois (ce qui signifie rejet implicite).
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La Lettre du Pneumologue - Volume VII - no2 - mars-avril 2004
Tableau IV. Montant indicatif de l’indemnisation versée par le FIVA
en cas de CBP en fonction de l’âge de survenue de ce cancer (en cas
d’indemnisation par un organisme de Sécurité sociale, les sommes
reçues de la part de cet organisme sont soustraites du total proposé
par le FIVA).
45 ans 55 ans 65 ans 75 ans 85 ans
CPB non opéré :
– extrapatrimonial 150 k€127 k€100 k€68 k€37 k€
– rente/an 16 k€16 k€16 k€16 k€16 k€
CPB opéré :
– extrapatrimonial 39-65 k€33-55 k€26-43 k€18-29 k€10-16 k€
– rente (cumul 5 ans) 60 k€60 k€60 k€60 k€60 k€