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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XI), n° 3, mai-juin 2007
Enfin, dans certains cas, on constate qu’il y a une confu-
sion institutionnelle forte entre “personne de confiance”
et “personne à prévenir”. La seconde n’a pas du tout la
même finalité que la première, elle n’est conçue pour être
utilisée qu’en cas de problème majeur ou de décès pour
donner une information en ce sens. Elle n’a en aucun cas
les autres rôles de la personne de confiance ; les confon-
dre peut avoir de lourdes conséquences en termes rela-
tionnels et de responsabilité médico-légale. La personne
de confiance a des missions claires définies par la loi et
qui confèrent aux soignants de nouvelles responsabilités,
ce qui n’est pas le cas pour la personne à prévenir. Faire
la distinction est donc essentiel.
Ainsi, les établissements et les services qui veulent faire
de la désignation de la personne de confiance un indica-
teur de qualité de l’accueil et de l’information des patients
doivent se garder de toute évaluation uniquement quan-
titative (nombre de patients ayant fait une désignation),
mais sont tenues de promouvoir une approche qualitative.
Cette dernière devrait passer par plusieurs approches.
Tout d’abord, les approches peuvent être un mode de dési-
gnation médicalisée par un médecin, en lien si besoin avec
l’équipe infirmière, ce qui permet de donner sens à la place
d’une éventuelle personne de confiance dans la démar-
che de soins et d’informer le patient sur l’intérêt de cette
désignation et sur les rôles de la personne de confiance. La
question de la rupture du secret sera également discutée ici.
Faire place à la présence de la personne de confiance suite à
cette désignation est également un élément essentiel pour
l’informer sur ses rôles et ses devoirs. Ainsi, cette désigna-
tion a de telles conséquences pour le patient qu’elle ne sau-
rait être “noyée” entre divers documents d’admission.
Par ailleurs, cette approche doit permettre de conseiller le
patient, dans un sens ou dans l’autre, au mieux du vécu de
la maladie, à un moment donné, dans un environnement
familial ou affectif parfois complexe. La désignation, comme
la non-désignation, peuvent dès lors être des choix tout à
fait légitimes. C’est en ce sens que le Code de santé publique
stipule qu’il y a une obligation à proposer une personne de
confiance, mais non une obligation de désignation. Le fait
de laisser cette liberté au patient et de le guider au mieux de
ses intérêts constitue une responsabilité d’ordre éthique.
Un autre point qualitatif important à prendre en compte
est la durée de validité de la désignation d’une personne
de confiance. En effet, les aléas relationnels de la vie et
l’évolution du vécu de la maladie par un patient font que
les choses peuvent changer au fil du temps. L’esprit de
la loi et la variabilité légitime des choix d’une personne
amènent à dire qu’il convient d’interroger le patient sur
la pérennité de la désignation ou de la non-désignation
d’une personne de confiance, à chaque nouvelle hospita-
lisation ou plus souvent si le médecin le juge nécessaire.
Enfin, la désignation ou la non-désignation doivent être
systématiquement notées dans le dossier médical avec les
coordonnées précises et la nature des liens entre patient
et personne désignée. Cela n’est pas encore effectif, ce
qui fait que, dans certaines équipes, on s’interroge par-
fois, en situation de crise, sur l’existence ou non d’une
personne de confiance, le patient n’étant alors plus en
état de s’exprimer. La démarche écrite dans ce domaine,
figurant dans le dossier, fait partie des critères de qualité
pour optimiser la transmission entre les équipes et les ser-
vices en charge d’un patient.
Soulignons en dernier lieu, en termes d’approche qualita-
tive, qu’il serait souhaitable qu’un document d’informa-
tion reprenant tous ces points soit remis au patient, afin
de compléter l’information orale.
Ainsi, entre démarche clinique, éthique et droit, ce nouvel
outil de la relation soignants-soignés qu’est la personne
de confiance doit nous amener à nous interroger en per-
manence sur l’abord de la personne et sur la distinction
entre approche administrative et approche médicale d’une
question qui touche avant tout à l’humain et à l’intime. ■
G. Moutel*
* Laboratoire d’éthique médicale et de médecine légale, Faculté de méde-
cine Paris-Descartes, Réseau de recherche en éthique de l’Inserm, rédacteur
en chef du Courrier de l’Éthique, revue de la Société française et franco-
phone d’éthique médicale, www.ethique.inserm.fr
© La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 5 - mai 2007
Extrait du Code de la santé publique
“Toute personne majeure peut désigner une personne de
confiance qui peut être un parent, un proche ou le méde-
cin traitant, et qui sera consultée au cas où elle-même
serait hors d’état d’exprimer sa volonté et de recevoir
l’information nécessaire à cette fin. Cette désignation
est faite par écrit. Elle est révocable à tout moment. Si le
malade le souhaite, la personne de confiance l’accompa-
gne dans ses démarches et assiste aux entretiens médi-
caux afin de l’aider dans ses décisions.
Lors de toute hospitalisation dans un établissement de
santé, il est proposé au malade de désigner une personne
de confiance dans les conditions prévues à l’alinéa précé-
dent. Cette désignation est valable pour la durée de l’hos-
pitalisation, à moins que le malade n’en dispose autre-
ment.” “…Lorsque la personne est hors d’état d’exprimer
sa volonté, aucune intervention ou investigation ne peut
être réalisée, sauf urgence ou impossibilité, sans que la
personne de confiance, ou la famille, ou à défaut, un de
ses proches ait été consulté…”
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