L’ORL prescrit l’appareillage et l’audio-
prothésiste choisit le type d’appareil. La
prise en charge est assurée à 100 % par
la Sécurité sociale chez les moins de
vingt ans. Il n’y a pas de recommanda-
tions en termes de renouvellement, qui
se fait en moyenne après cinq ou six
ans. Un nourrisson peut être appareillé
dès l’âge de trois mois à raison de
quelques heures par jour.
Toute surdité, même profonde, relève
au début d’un appareillage convention-
nel. Dans un deuxième temps, un im-
plant cochléaire peut être proposé.
IMPLANT
En cas de surdité profonde sans bénéfice
prothétique, un implant cochléaire peut
être proposé, dans le cadre d’un projet
oraliste de la famille et dans un environ-
nement orthophonique et scolaire favo-
rable. Le principe de l’implant est de
mettre en place une série d’électrodes
dans le colimaçon au niveau de l’oreille
interne. Les électrodes retranscrivent le
son sur différentes fréquences, ce qui
permet d’obtenir une intelligibilité bien
meilleure qu’avec l’appareillage.
Initialement, les indications de l’im-
plant cochléaire étaient réservées aux
surdités profondes avec un gain prothé-
tique insuffisant et un projet oralisant.
Les indications s’étendent peu à peu à
des situations qui étaient jusqu’alors
des contre-indications : malformation
de l’oreille interne, ossification co-
chléaire (postméningitique notam-
ment), pathologies associées et troubles
du comportement, audition résiduelle.
Initialement, l’HAS ne finançait qu’un
seul implant dans un premier temps
(sauf indications particulières). Les in-
dications d’implants bilatéraux, soit
dans un même temps, soit de façon sé-
quentielle, sont en cours de générali-
sation. L’implant est pris en charge par
la Sécurité sociale, avec un change-
ment de processeur externe tous les
cinq ans.
Le principe est d’implanter tôt, avant
trois ans, voire deux ans dans les surdi-
tés sévères profondes, pour avoir le
meilleur résultat possible sur le langa-
ge. Un enfant implanté avant l’âge de
Médecine
& enfance
novembre 2012
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deux ans pourra développer un langage
similaire à celui d’un enfant entendant.
La prise en charge orthophonique est ab-
solument essentielle et se fait, selon les
cas, en libéral ou dans des établissements
type CAMSP (centre d’action médicoso-
ciale précoce), SAFEP (service d’accom-
pagnement familial et d’éducation préco-
ce), SEFIS (service d’éducation familiale
et d’intégration scolaire)…
Le succès de l’implant dépend étroite-
ment de la qualité de l’orthophonie, qui
doit se faire à raison d’au moins trois
séances par semaine. La scolarité de
l’enfant tend à se faire de plus en plus
souvent dans l’école de quartier, sinon
dans une école intégrante, une classe
ou un centre spécialisé.
Enfin, le volet administratif est égale-
ment important, le médecin devant
remplir notamment le formulaire médi-
cal de demande d’ALD et le certificat
médical accompagnant la demande au-
près de la MDPH (maison départemen-
tale des personnes handicapées).
SURDITÉ DE L’ENFANT,
UNE ORIGINE GÉNÉTIQUE
HUIT FOIS SUR DIX
D’après la communication de
S. Marlin, service d’ORL, hôpital d’Enfants
Armand-Trousseau, Paris
La
Parmi les causes extrinsèques, l’infec-
tion anténatale par le cytomégalovirus
(CMV), qui serait à l’origine d’environ
10 % des surdités congénitales, est par-
ticulièrement étudiée. En France, selon
des données récentes, 50 % des femmes
enceintes sont séronégatives, une séro-
conversion survient dans 0,46 % des cas
lors du premier trimestre de la grosses-
se et dans 0,26 % des cas lors du
deuxième ou du troisième trimestre de
la grossesse. Dans 90 % des cas, les
nouveau-nés infectés sont asymptoma-
tiques et 8 à 18 % d’entre eux dévelop-
peront par la suite une surdité. Chez les
enfants symptomatiques à la naissance,
une surdité apparaît une fois sur deux.
Dans un travail très récent mené sur
100 enfants âgés de moins de trois ans
présentant une surdité de perception bi-
latérale, la recherche virale sur Guthrie
réalisée a posteriori a permis de retrou-
ver la présence de CMV dans 8 % des
cas. Chez ces enfants, un retard moteur
est plus souvent rapporté, associé à des
anomalies cérébrales telles des lésions
mineures de la substance blanche. Les
autres causes extrinsèques sont plus
rares : toxoplasmose, anoxie néonatale
très sévère, prise de médicaments oto-
toxiques (notamment aminosides sur
certains terrains génétiques), méningite
ou fracture du rocher.
CAUSES
Les causes génétiques de la surdité sont
de mieux en mieux connues. Si le mode
de transmission est dominant dans 10 à
20 % des cas, lié au sexe dans 1 % des
cas, d’origine mitochondriale dans 1 %
des cas également, il se fait majoritaire-
ment sur un mode récessif.
Plus de 60 gènes à l’origine d’une surdi-
té isolée ont été découverts. Parmi les
mutations les plus fréquentes, celle qui
porte sur le gène codant pour la con -
nexine 26 est responsable en France
d’un quart des surdités de l’enfant. L’at-
teinte est bilatérale et symétrique,
stable, la sévérité allant de la surdité lé-
gère à profonde. En France, 3 % de la
population entendante est porteuse de
la mutation à l’état hétérozygote.
Une autre mutation assez fréquente
(10 % des cas) porte sur le gène de la
stéréociline. Elle se traduit par une sur-
dité de sévérité moyenne à la naissance.
La mutation du gène de la pendrine
peut être à l’origine d’une surdité isolée,
asymétrique, fluctuante et évolutive.
L’apparition de troubles thyroïdiens à
l’adolescence entre dans le cadre du
syndrome de Pendred.
Enfin, un des pièges du dépistage est la
surdité secondaire à une mutation du
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