historiques eux-mêmes ou par ceux qui médiatisent à distance
temporelle certaines situations historiques sélectionnées, mais
aussi donner à voir différentes approches anthropologiques dans
leur effort de rendre compte des relations évolutives.
Des textes consacrés à des situations historiques intenses
sont inévitablement aussi autant de contributions à l’histoire des
sociétés et des domaines abordés, soit par les faits que ces textes
introduisent, et qui étaient jusqu’alors ignorés, soit par la lumière
qu’ils projettent sur les moments historiques visés. Le chercheur
peut ainsi favoriser la réappropriation de l’histoire par les gens, il
peut aider les gens à faire reconnaître qu’ils ont une histoire,
contribuer à la médiatiser et à la valoriser, mais il peut aussi
« remettre en mémoire » des événements « oubliés ». Quoi qu’il
en soit, le travail des chercheurs des sciences sociales, et en ce
domaine probablement plus qu’en aucun autre, participe de la
sédimentation mémorielle des sociétés qu’il étudie.
Un des problèmes qui se pose à l’anthropologie dans son
analyse des phénomènes sociaux est la difficile prise en compte
conjointe de l’initiative individuelle, de la pratique humaine,
d’une part, et de la structure et des règles de la contrainte, d’autre
part. Ou encore, les difficultés que posent l’articulation de la
parole des acteurs et du contexte englobant : Comment prendre
en compte à la fois l’aspect englobant dans lequel un acte
historique se déroule et la dimension particulière du sujet pour
qui la dimension globale du contexte n’a pas de visibilité ? Ou
alors faut-il considérer que rien n’existe en dehors « de l’ordre du
subjectif », et qu’une pratique humaine comme la politique, par
exemple, n’exprime rien de plus élevé qu’elle-même bien que sa
singularité soit en permanence recouverte de nobles générosités.
Chaque fait historique se révèle être une singularité : il est
singulier parce qu’il n’est ni naturel ni universel, mais il est
singulier aussi par la restitution abstraite qu’en font les
observateurs, ethnographes ou historiens. Et comment ne pas
suivre Paul Veyne lorsqu’il affirme que toute restitution est