Les nouvelles préoccupations des patients
L
a dernière étude réalisée par
l’équipe du Pr Khayat (Pitié-Sal-
de la Pitié-Salpêtrière montrent que
neuf patients sur dix souhaiteraient
qu’on leur propose spontanément,
en début de maladie, une aide psy-
chologique, non seulement pour
eux mais aussi pour le conjoint. Ce-
lui-ci doit en effet réinventer sa re-
lation de couple et sa sexualité,
faute de quoi, il développera une
pathologie propre.
Sexe et image de soi
En fonction de la localisation du
cancer, l’attitude du patient et celle
de son conjoint sont différentes.
Les cancers, qui atteignent notam-
ment l’image de soi, requièrent une
collaboration affective plus active
des proches. Le conjoint d’un pa-
tient cancéreux souffre aussi et vit
difficilement les défaillances psy-
chologiques et sexuelles de son
partenaire, il ne sait pas quelle at-
titude adopter. La personne at-
teinte subit une blessure narcis-
sique difficile à cicatriser. Elle est
marquée au plus profond d’elle-
même et doit faire son propre tra-
vail de deuil en évitant d’aggraver
par son attitude les blessures nar-
cissiques de son partenaire. L’idéal
est que le couple accepte l’idée qu’il
y a problème et que l’un et l’autre
se fassent aider ensemble pour re-
chercher des solutions.
Lors de la consultation, après avoir
évalué l’impact strictement orga-
nique de la maladie, les problèmes
secondaires à la chimiothérapie, la
radiothérapie ou la chirurgie, il faut
savoir faire s’exprimer les patients
qui sont à la recherche de la vérité
permettant de trouver une solution
acceptable et la plus appropriée
possible pour les deux conjoints.
Les cancers atteignant la vie sexuelle,
comme le cancer de la prostate chez
l’homme, le cancer du sein ou les
cancers gynécologiques chez la
femme atteignent plus ou moins gra-
vement la qualité de vie et l’état de
santé en général. Ainsi, après une in-
tervention chirurgicale, la douleur
physique est amplifiée par la douleur
morale. Vingt-six pour cent des
femmes interrogées par la Sofres ont
l’impression “qu’on leur a enlevé une
partie de leur féminité, que leur
image est altérée”. En affectant di-
rectement ou indirectement les or-
ganes de la reproduction et la vie
sexuelle, les cancers gynécologiques
sont responsables, outre le trauma-
tisme physique, d’un traumatisme
psychique important pouvant favo-
riser une dépression. Les consé-
quences sexuelles telles que dyspa-
reunie, sténose vulvaire, sécheresse
vaginale, etc., ne doivent pas être né-
gligées. Les femmes interrogées ex-
priment un besoin important d’in-
formations sur le parcours qui les
attend. Le flou et les non-dits sur la
nature des traitements et leurs diffé-
rentes étapes sont générateurs d’an-
goisse. D’après l’enquête Sofres -
Bristol-Myers Squibb et la Ligue na-
tionale contre le cancer, l’attente des
femmes concerne surtout l’amabilité
du personnel soignant (66 %), sa dis-
ponibilité (51 %), la fréquence des
visites du médecin (49 %). La majo-
rité souhaite avoir la possibilité de
parler avec quelqu’un en dehors de
l’équipe médicale.
Reconnues unanimement comme
étant plus proches des malades, les
infirmières doivent œuvrer pour ac-
compagner ce besoin de qualité de
vie qui intègre aussi la vie sexuelle.
Même s’il est difficile de surmonter
les tabous, il est temps de pouvoir
proposer de façon naturelle aux pa-
tients la rencontre de personnes qui
pourra les aider dans leur sexualité.
Des patients tellement démunis
qu’ils osent difficilement aborder
cette demande, considérée, à tort,
comme inopportune par rapport à
l’épreuve du cancer.
A.-L.P.
Pendant longtemps, le souci principal des cancérologues a été de
maintenir les patients en vie. Les progrès thérapeutiques ont
soulevé d’autres préoccupations, notamment celles concernant
la qualité de vie, y compris la vie sexuelle.
Cancérologie
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No35 - mars 2002
pêtrière, Paris) sur 100 patients
atteints de cancer confirme les pré-
cédentes. Il devient essentiel de
prendre en compte l’impact des ef-
fets indésirables de la chimiothéra-
pie anticancéreuse sur les patients.
Une évolution cependant. Alors
qu’il n’y a pas si longtemps les pa-
tients mettaient en avant les souf-
frances dues aux nausées, aux vo-
missements et à l’anxiété liés aux
traitements, le principal critère sou-
levé aujourd’hui concerne le reten-
tissement des traitements sur la fa-
mille et le partenaire.
L’alopécie arrive en deuxième po-
sition, suivi par la fatigue.
Ces résultats confirment les progrès
majeurs réalisés grâce aux traite-
ments antiémétiques modernes, aux
chambres implantables et aux fac-
teurs de croissance. C’est aussi l’at-
tention portée à la diminution de la
toxicité des traitements.
La fatigue se traite par les transfu-
sions, l’érythropoïétine, les modi-
fications du traitement et surtout
l’écoute du patient. Le vécu est ce-
pendant sensiblement différent se-
lon le sexe. Pour les hommes, la fa-
tigue permanente est gênante en
elle-même alors que, chez les
femmes, la répercussion familiale
apparaît au premier plan.
Une affaire de couple
L’annonce de la maladie traumatise
le patient mais aussi la famille et
particulièrement le conjoint. Or, le
couple, quand il est solide, reste la
pierre angulaire de l’équilibre psy-
chologique du patient. La diminu-
tion de la libido, présente chez les
deux sexes, semble être considérée
par les femmes comme plus sévère
chez elles. Les résultats de l’enquête
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