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La Lettre du Gynécologue - n° 297 - décembre 2004
•
•Résultats carcinologiques
après trachélectomie élargie
Plante M et al. Vaginal radical trachelectomy: an
oncologically safe fertility-preserving surgery. An
updated series of 72 cases and review of the litera-
ture. Gynecol Oncol 2004;94:614-23.
Cette étude est intéressante car elle comporte l’ana-
lyse d’une large cohorte de patientes (72) avec un suivi après traite-
ment conséquent puisqu’il est de 60 mois. Au début, 82 patientes
devaient bénéficier d’une chirurgie conservatrice d’un cancer du col
de l’utérus, 10 cas ont été récusés à cause d’une extension ganglion-
naire chez 4 patientes, d’un envahissement de la marge endocervi-
cale chez 5 patientes et en raison d’adhérences tubo-ovariennes très
sévères chez 1 patiente.
Soixante-douze patientes ont donc bénéficié d’une trachélectomie
élargie. L’âge moyen de celles-ci était de 31 ans et 75 d’entre elles
étaient nullipares. Il s’agissait d’un carcinome épidermoïde dans
52% des cas et d’un adénocarcinome dans 48 % des cas. Quatre
vingt-neuf pour cent des patientes (n = 64) avaient une lésion infé-
rieure à 2 cm. Des embols tumoraux péricervicaux ont été observés
chez 14 patientes. Il est à noter que le diagnostic a été posé sur une
pièce de conisation ou d’électro-résection du col dans 74 % des cas.
Trente-deux ganglions en moyenne par patiente ont été réséqués
lors de la chirurgie. La durée d’intervention était de 252 minutes et
la durée d’hospitalisation de 3,5 jours. On note 5 complications per-
opératoires (plaie iliaque ou épigastrique dans 3 cas, saignement
paramétrial dans 1 cas et plaie vésicale dans 1 cas). Trois de ces 5
complications ont nécessité une conversion par laparotomie. Les
complications postopératoires sont plus fréquentes et ont été obser-
vées chez 13 patientes : il s’agissait essentiellement de dysfonction-
nement vésical nécessitant un sondage prolongé. Lors de l’analyse
histologique des spécimens chirurgicaux, 60 % des patientes
n’avaient plus de reliquat tumoral sur la pièce chirurgicale et une
patiente a bénéficié d’une radiothérapie complémentaire en raison
de la présence d’une micro-métastase ganglionnaire méconnue lors
de l’intervention initiale.
Sur le plan carcinologique, après une médiane de 60 mois, trois
récidives ont été observées : une patiente ayant une tumeur neuro-
endocrine de 1 cm a fait une évolution polymétastatique létale rapi-
dement ; une autre patiente ayant une tumeur de stade IIA de 3 cm a
présenté une récidive latéro-pelvienne 18 mois après la trachélecto-
mie élargie et est décédée d’une récidive métastatique apparue au
cours du traitement de rattrapage ; la dernière patiente avait une
tumeur de 2,5 cm et a présenté une récidive péritonéale mésosig-
moïdienne 15 mois après le traitement de son cancer du col et a été
traitée par chirurgie exclusive. Lors de l’analyse statistique, le seul
facteur de récidive retrouvé dans cette série est la taille tumorale
supérieure à 2 cm. Comme on pouvait s’y attendre, la survie
des 10 patientes n’ayant pas eu de trachélectomie élargie (en rai-
son des constatations d’une atteinte ganglionnaire ou de l’isthme
utérin) était significativement moins bonne que la survie des
72 patientes ayant pu bénéficier d’une chirurgie conservatrice.
Les données de cette étude confirment l’intérêt que l’on doit porter
à la trachélectomie élargie. Les résultats carcinologiques semblent
similaires à ceux du traitement radical, mais sous réserve de ne pro-
poser cette chirurgie que chez les patientes ayant d’excellents fac-
teurs pronostiques : histologie classique (carcinome épidermoïde,
adénocarcinome ou tumeur mixte ; il faut impérativement exclure
les autres types histologiques plus rares en particulier neuro-endo-
crines), tumeur de moins de 2 cm, absence d’atteinte ganglionnaire,
marges saines (en revanche, la longueur minimale pour assurer la
résection in sano est toujours discutée dans la littérature : 5 mm,
10mm ?) et pour la plupart des équipes dont nous faisons partie,
l’absence d’embols tumoraux. Cette donnée est connue dans la plu-
part des cas après analyse histologique de la pièce de conisation ini-
tiale. Sous réserve de respecter scrupuleusement ces critères de
sélection, la chirurgie conservatrice peut être proposée. Les résultats
obstétricaux n’ont pas été discutés dans cette série, mais ils vont
faire l’objet d’une étude ultérieure. ■
•
•Résultats de la colpo-hystérec-
tomie élargie par cœlioscopie
Steed H et al. A comparison of laparoscopic-assisted radical
vaginal hysterectomy and radical abdominal hysterectomy in
the treatment of cervical cancer. Gynecol Oncol 2004;93:
588-93.
Cet article provient de l’équipe expérimentée d’Alan Covens
au Canada et analyse les résultats de la colpo-hystérectomie
élargie par laparoscopie pour cancer du col utérin de stade pré-
coce. Cette série compare 71 patientes ayant bénéficié de cette
chirurgie à 205 patientes ayant bénéficié d’une chirurgie simi-
laire mais par laparotomie. Dans tous les cas une chirurgie pre-
mière a été réalisée. Lors de la chirurgie laparoscopique, une
lymphadénectomie première a été effectuée par voie cœliosco-
pique ainsi que l’ouverture de l’espace vésico-utérin, le repé-
rage de l’artère utérine et la coagulation de celle-ci à son ori-
gine associée à une coagulation haute du ligament utéro-sacré.
La colpo-hystérectomie a ensuite été poursuivie par voie vagi-
nale. Il s’agit donc plutôt d’une colpo-hystérectomie élargie
cœlio-assistée. Les données cliniques et paracliniques étaient
comparables dans les deux groupes (âge, taille tumorale, type
histologique et grade, profondeur d’atteinte stromale, fré-
quence des patientes avec des embols ou une atteinte ganglion-
naire). Néanmoins, il existait une différence significative
concernant la distribution par stade, le taux de cancers micro-
invasifs étant plus fréquent chez les patientes traitées par
cœlioscopie que chez celles traitées par laparotomie.
Aucune conversion par laparotomie n’a été nécessaire dans le
groupe des patientes ayant bénéficié d’une laparoscopie. Le
temps opératoire était significativement allongé après laparosco-
pie (3,5 heures versus 2,5 heures), mais le saignement peropéra-
toire y était plus faible (300 ml versus 500 ml) sans engendrer de
différence sur le taux de transfusion (7 versus 8% dans le groupe
laparotomie). Par ailleurs, le taux de complications peropéra-
toires était plus important chez les patientes traitées par cœliosco-
pie (13 versus 4 %). Il s’agissait essentiellement de plaies de
l’arbre urinaire (vésicales dans 7 cas, urétérales dans 1 cas) tou-
jours réparées par cœlioscopie.
Le taux de complications postopératoires n’était pas significati-
vement différent. Néanmoins, le délai médian pour l’obtention
d’une miction normale était plus long chez les patientes traitées
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EVUE DE PRESSE
Philippe Morice (Institut Gustave-Roussy)