–gestion de services aux intérêts
souvent opposés ;
–obligation de faire face à une
conjoncture sociale ;
–ajustement des priorités en
tenant compte des événements
conjoncturels au sein de l’hôpital.
Le chef de projet doit donc déve-
lopper ses capacités à anticiper, à
réagir vite, à s’adapter sans jamais
perdre de vue ses objectifs. Il doit
être prospectif.
Si la fonction cadre n’est pas isolée
mais bien imbriquée dans une
unité et que la synergie au sein de
l’encadrement est nécessaire, c’est
encore plus vrai pour celle de chef
de projet. Elle est directement sou-
mise à la validation du directeur du
service des soins. En effet, de ce der-
nier dépend la progression du pro-
jet. Le chef de projet s’inscrit dans
la démarche qualité et se soumet
àl’évaluation de ses supérieurs.
Outre l’entretien oral, il doit rédi-
ger périodiquement des comptes-
rendus et des bilans nécessitant un
esprit de synthèse et une bonne
maîtrise de l’écriture.
Influence de la “mission”
sur le “rôle”
Aujourd’hui, les cadres s’inscrivent
dans une dynamique permanente
d’amélioration de la qualité et d’évo-
lution des soins. Ils s’engagent dans
la participation et l’implication des
équipes. Le cadre de santé “chef de
projet”, par la vision globale qu’il
acquiert, aura plus de facilités à exer-
cer sa fonction au sein de son ser-
vice. En effet, confronté à des pro-
blèmes internes ou externes, il lui
sera plus aisé d’appréhender les dif-
ficultés rencontrées, de relativiser le
travail demandé et de prioriser ses
actions. Sa fonction de contrôle,
grâce à l’élaboration de protocoles
de soins et de critères d’évaluation
lui permettant de fixer des objectifs
et d’en assurer le suivi, en sera faci-
litée elle aussi. La complexité des
échanges rencontrée par un cadre,
que ce soit au niveau des patients,
des médecins, des agents, des inter-
venants extérieurs, sera également
abordée avec plus d’aisance. Habi-
tué à définir des objectifs, à traiter
des questions et à négocier des ac-
tions, il pourra établir des relations
constructives avec son entourage et
évaluer sa marge de manœuvre.
Ainsi, il sera plus à même de mesu-
rer le degré d’urgence requis et de
trouver les solutions les mieux adap-
tées aux problèmes posés. L’analyse
en besoins de formation pour son
équipe en sera plus précise et les ob-
jectifs plus ciblés. Une démarche
participative aux projets de service
en assurera une application plus fa-
cile et plus cohérente. La gestion
d’une équipe au quotidien sera fa-
vorisée par une conduite de réunion
mieux adaptée et une identification
des ressources mieux cernée. La
communication en sera favorisée.
Les rapports avec la hiérarchie, di-
rects ou indirects, seront plus
construits donc plus fructueux.
Le cadre d’un service, lui-même
convaincu et plus impliqué, ob-
tiendra plus facilement l’adhésion
des équipes aux projets transver-
saux de l’hôpital. Il fera bénéficier
son service de ses connaissances, de
ses nombreux échanges et de ses
différentes rencontres. Il le dyna-
misera et l’entraînera dans une ré-
flexion constante. Toutes les quali-
tés indispensables au chef de projet,
et celles nécessaires au cadre de
santé, se complètent et se dévelop-
pent en se renforçant mutuelle-
ment. Cette complémentarité réci-
proque fait que le cadre assure le lien
entre l’hôpital et le service, entre la
théorie et la pratique. Il est le porte-
parole direct des équipes. Il en
connaît les besoins et les lacunes, ce
qui le rend plus efficace et réaliste
dans ses projets.
Rester réaliste
Il ne faudrait pas pour autant idéa-
liser la mission de chef de projet
qui peut être difficile et lourde à
assumer. Elle nécessite, en effet,
des qualités d’organisation afin de
trouver un équilibre entre les deux
fonctions. Il faudra aussi être sans
cesse en mouvement, se dépenser
sans compter pendant les heures
de service et en dehors, apprendre
à composer avec les membres de
sa hiérarchie pour trouver un équi-
libre mutuellement satisfaisant
entre le “temps présent dans le ser-
vice” et le “temps passé à l’exté-
rieur” consacré aux réunions. Il lui
faudra convaincre de l’importance
et de l’intérêt du travail transver-
sal et faire la preuve du bénéfice
apporté au service, notamment en
termes d’efficacité accrue.
S’il est vrai que la mission trans-
versale n’est pas une sinécure, elle
n’est pas non plus la panacée et en-
core moins une fin en soi.
Conclusion
L’exercice simultané de la fonction
de cadre de santé et de chef de pro-
jet constitue certainement une ou-
verture pour l’avenir. Elle montre,
entre autres, qu’un cadre relative-
ment nouveau dans un service
peut avancer plus vite et dévelop-
per plus rapidement des qualités
qui relèvent normalement d’une
longue expérience.
Inscrit dans la démarche qualité et
accréditation, ce positionnement
nouveau, loin d’être en contradic-
tion avec le rôle traditionnel du
cadre de santé, présente un avan-
tage certain en renforçant ce dernier
dans l’exercice de sa fonction et en
favorisant la qualité des soins au sein
du service. Ce positionnement per-
met aussi d’établir un parallèle (qui
n’est pas toujours évident) entre le
rôle du cadre dans l’unité de soins
et sa mission dans sa fonction trans-
versale, sans occulter pour autant
les quelques différences qui les sé-
parent. Toutes les différences et les
difficultés que rencontrera le chef
de projet vont avoir une influence
positive sur son rôle de cadre. Il
pourra tirer profit de cet avantage
pour mieux œuvrer dans son ser-
vice et s’engager dans le processus
d’amélioration constante de la qua-
lité des soins donnés au patient.
Yasmine Calisi-Pierron
Cadre de santé en radiothérapie,
hôpital Saint-Louis, AP-HP, Paris.
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Cadre dans une unité et chef de projet en transversal
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Professions Santé Infirmier Infirmière - No44 - mars 2003