M
ême tardif, le diagnostic
n’est fait que pour un
malade sur deux. En
France, il s’écoule en moyenne
deux ans entre les premiers symp-
tômes et le diagnostic ; en
Allemagne, dix mois seulement.
La maladie
Outre l’association d’un syndrome
démentiel des praxies et des gno-
sies, le retentissement des troubles
est particulièrement et précoce-
ment marqué sur certaines activités
de la vie quotidienne comme l’utili-
sation des moyens de transport, la
conduite automobile, la prise de
médicaments, la gestion du budget,
l’utilisation du téléphone, la com-
munication avec autrui en général.
L’examen histologique du cerveau
(forcément post mortem) montre
l’existence d’une perte neuronale et
la présence de plaques amyloïdes
et de dégénérescences neurofibril-
laires. La maladie d’Alzheimer est la
cause principale du syndrome dé-
mentiel et en représente au moins
deux tiers des cas.
Prévalence et incidence
En France, l’estimation du nombre
de patients atteints de maladie d’Al-
zheimer n’est ni simple ni vraiment
précise compte tenu :
d’une part, de l’évolution des cri-
tères de démence du sujet âgé
depuis quelques années (les
études faites au début des années
1990, comme l’étude européenne
EURODEM, ne sont plus perti-
nentes),
d’autre part, du sous-diagnostic
patent de la maladie.
Une seule étude épidémiologique
française (PAQUID) suit depuis
15 ans une cohorte de 4 000 per-
sonnes, tirées au sort, âgées de
plus de 65 ans. On peut raisonna-
blement se fonder sur les données
qu’elle fournit. Aujourd’hui, en rap-
portant ces chiffres à la population
française (métropolitaine) pour
2004, on peut estimer le nombre
de personnes âgées de plus de
65 ans atteintes d’une maladie d’Al-
zheimer à 856 662. Les femmes
représentent 72 % de ces cas, et
73 % des personnes atteintes ont
plus de 80 ans. Parmi ces malades,
332 628, âgés de 75 ans et plus,
sont à un stade sévère ou modéré-
ment sévère de la maladie d’Al-
zheimer, ce qui veut dire que près
de 90 % d’entre eux sont dépen-
dants d’autrui pour les activités les
plus simples de la vie quotidienne.
Le nombre de nouveaux cas de
maladie d’Alzheimer est estimé à
225 263 par an (incidence) en
appliquant les données de l’étude
PAQUID à la population française
en 2004. Parmi eux, 150 000 sont
des cas sévères et près de la moitié
(45 %) surviennent chez des per-
sonnes âgées de plus de 85 ans.
Les projections
Réalisées à partir des scénarios
démographiques de l’INSEE, en fai-
sant l’hypothèse que la prévalence
de la maladie d’Alzheimer restera
constante, les projections sont très
alarmantes : le nombre total absolu
de personnes atteintes de maladie
d’Alzheimer passera en 2020 à
1 276 147 (856 662 en 2004)
chez les personnes âgées de plus
de 65 ans et à 829 448 chez les
personnes de plus de 75 ans
(766 425 en 2004). Sur les
mêmes bases, les malades
d’Alzheimer à un stade modéré-
ment sévère ou sévère (donc les
malades totalement dépendants)
atteindront 500 330 cas en 2020
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 66 • octobre-novembre-décembre 2005
(332 628 en 2004). Aujourd’hui, le
taux de déments est de 14,5 pour
1 000. On peut raisonnablement
extrapoler qu’en 2020 le nombre
de personnes démentes pour
1 000 habitants sera compris entre
18,3 et 22,42. Promouvoir une
prise en charge globale et de proxi-
mité des malades et de leurs
proches.
Préconisations
Le rapport OPEPS propose un ren-
forcement des réseaux de prise en
charge (médecins traitants, gé-
riatres, neurologues, psychologues,
infirmières, auxiliaires de vie), et
d’améliorer la coordination entre
tous les professionnels de soins en
choisissant un “correspondant uni-
que” qui conclurait un contrat avec
le patient et son entourage, préci-
sant le cadre de son action. Ce rôle
pourrait être dévolu à une infir-
mière coordonnatrice des soins à
domicile, formée à cette responsa-
bilité. Des recommandations de
bonne pratique du suivi des pa-
tients doivent être établies et diffu-
sées pour améliorer la qualité de la
prise en charge, et la formation des
aidants professionnels ou familiaux
doit être renforcée. L’objectif final
est de permettre le maintien du
patient à son domicile le plus long-
temps possible, dans les meilleures
conditions possibles, pour lui-
même comme pour son entou-
rage. Une augmentation significa-
tive du nombre de lits et des
effectifs est indispensable en éta-
blissements spécialisés.
ALP
Source : “Les maladies d’Alzeimer
et les maladies apparentées”,
rapport de l’OPEPS
déposé au Parlement en juillet 2005.
Focus ...
Définition
La maladie d’Alzheimer
(MA) est définie par l’asso-
ciation d’un syndrome
démentiel caractérisé par
une détérioration
progressive des fonctions
cognitives dont :
– la mémoire, le langage,
l’attention, les fonctions
visuo-spatiales, les
fonctions exécutives
(c’est-à-dire l’anticipation,
l’initiation
et la planification
des tâches),
- la conscience de soi et
de son environnement,
- les praxies (capacités
gestuelles) et les
gnosies(capacités à
reconnaître les êtres
vivants et les objets) avec
un retentissement
significatif sur les activités
sociales et professionnelles
du malade.
DOSSIER
22
>> DOSSIER
La maladie d’Alzheimer reste largement sous-diagnostiquée alors qu’une détection pré-
coce permettrait de freiner son évolution. Il existe en effet des traitements médica-
menteux dont l’action sur les troubles cognitifs et l’évolution générale du patient sont
démontrés. Ces traitements ne sont efficaces que s’ils sont administrés précocement.
Maladie d’Alzheimer
Un diagnostic trop tardif
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