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DOSSIER
Maladie d’Alzheimer
>> DOSSIER
Un diagnostic trop tardif
Focus
...
Définition
La maladie d’Alzheimer
(MA) est définie par l’association d’un syndrome
démentiel caractérisé par
une détérioration
progressive des fonctions
cognitives dont :
– la mémoire, le langage,
l’attention, les fonctions
visuo-spatiales, les
fonctions exécutives
(c’est-à-dire l’anticipation,
l’initiation
et la planification
des tâches),
- la conscience de soi et
de son environnement,
- les praxies (capacités
gestuelles) et les
gnosies(capacités à
reconnaître les êtres
vivants et les objets) avec
un retentissement
significatif sur les activités
sociales et professionnelles
du malade.
La maladie d’Alzheimer reste largement sous-diagnostiquée alors qu’une détection précoce permettrait de freiner son évolution. Il existe en effet des traitements médicamenteux dont l’action sur les troubles cognitifs et l’évolution générale du patient sont
démontrés. Ces traitements ne sont efficaces que s’ils sont administrés précocement.
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ême tardif, le diagnostic
n’est fait que pour un
malade sur deux. En
France, il s’écoule en moyenne
deux ans entre les premiers symptômes et le diagnostic ; en
Allemagne, dix mois seulement.
La maladie
Outre l’association d’un syndrome
démentiel des praxies et des gnosies, le retentissement des troubles
est particulièrement et précocement marqué sur certaines activités
de la vie quotidienne comme l’utilisation des moyens de transport, la
conduite automobile, la prise de
médicaments, la gestion du budget,
l’utilisation du téléphone, la communication avec autrui en général.
L’examen histologique du cerveau
(forcément post mortem) montre
l’existence d’une perte neuronale et
la présence de plaques amyloïdes
et de dégénérescences neurofibrillaires. La maladie d’Alzheimer est la
cause principale du syndrome démentiel et en représente au moins
deux tiers des cas.
plus de 65 ans. On peut raisonnablement se fonder sur les données
qu’elle fournit. Aujourd’hui, en rapportant ces chiffres à la population
française (métropolitaine) pour
2004, on peut estimer le nombre
de personnes âgées de plus de
65 ans atteintes d’une maladie d’Alzheimer à 856 662. Les femmes
représentent 72 % de ces cas, et
73 % des personnes atteintes ont
plus de 80 ans. Parmi ces malades,
332 628, âgés de 75 ans et plus,
sont à un stade sévère ou modérément sévère de la maladie d’Alzheimer, ce qui veut dire que près
de 90 % d’entre eux sont dépendants d’autrui pour les activités les
plus simples de la vie quotidienne.
Le nombre de nouveaux cas de
maladie d’Alzheimer est estimé à
225 263 par an (incidence) en
appliquant les données de l’étude
PAQUID à la population française
en 2004. Parmi eux, 150 000 sont
des cas sévères et près de la moitié
(45 %) surviennent chez des personnes âgées de plus de 85 ans.
Les projections
Prévalence et incidence
En France, l’estimation du nombre
de patients atteints de maladie d’Alzheimer n’est ni simple ni vraiment
précise compte tenu :
– d’une part, de l’évolution des critères de démence du sujet âgé
depuis quelques années (les
études faites au début des années
1990, comme l’étude européenne
EURODEM, ne sont plus pertinentes),
– d’autre part, du sous-diagnostic
patent de la maladie.
Une seule étude épidémiologique
française (PAQUID) suit depuis
15 ans une cohorte de 4 000 personnes, tirées au sort, âgées de
Réalisées à partir des scénarios
démographiques de l’INSEE, en faisant l’hypothèse que la prévalence
de la maladie d’Alzheimer restera
constante, les projections sont très
alarmantes : le nombre total absolu
de personnes atteintes de maladie
d’Alzheimer passera en 2020 à
1 276 147 (856 662 en 2004)
chez les personnes âgées de plus
de 65 ans et à 829 448 chez les
personnes de plus de 75 ans
(766 425 en 2004). Sur les
mêmes bases, les malades
d’Alzheimer à un stade modérément sévère ou sévère (donc les
malades totalement dépendants)
atteindront 500 330 cas en 2020
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 66 • octobre-novembre-décembre 2005
(332 628 en 2004). Aujourd’hui, le
taux de déments est de 14,5 pour
1 000. On peut raisonnablement
extrapoler qu’en 2020 le nombre
de personnes démentes pour
1 000 habitants sera compris entre
18,3 et 22,42. Promouvoir une
prise en charge globale et de proximité des malades et de leurs
proches.
Préconisations
Le rapport OPEPS propose un renforcement des réseaux de prise en
charge (médecins traitants, gériatres, neurologues, psychologues,
infirmières, auxiliaires de vie), et
d’améliorer la coordination entre
tous les professionnels de soins en
choisissant un “correspondant unique” qui conclurait un contrat avec
le patient et son entourage, précisant le cadre de son action. Ce rôle
pourrait être dévolu à une infirmière coordonnatrice des soins à
domicile, formée à cette responsabilité. Des recommandations de
bonne pratique du suivi des patients doivent être établies et diffusées pour améliorer la qualité de la
prise en charge, et la formation des
aidants professionnels ou familiaux
doit être renforcée. L’objectif final
est de permettre le maintien du
patient à son domicile le plus longtemps possible, dans les meilleures
conditions possibles, pour luimême comme pour son entourage. Une augmentation significative du nombre de lits et des
effectifs est indispensable en établissements spécialisés.
ALP
Source : “Les maladies d’Alzeimer
et les maladies apparentées”,
rapport de l’OPEPS
déposé au Parlement en juillet 2005.
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