R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco Risque hémorragique de malformations artérioveineuses traitées par radiochirurgie et considérées comme traitées : attention ! ■ La radiochirurgie est un traitement de référence des malformations artério-veineuses (MAV). Le succès de cette thérapeutique est jugé sur l’oblitération angiographique, considérée comme éliminant tout risque de saignements. Ces auteurs japonais ont repris les cas de 236 patients porteurs de MAV traités avec succès par radiochirurgie, c’est-à-dire par une oblitération angiographique, avec un recul moyen de plus de 6 ans. Ils ont identifié 4 patients qui ont eu un accident hémorragique entre 16 et 51 mois après l’oblitération angiographique, avec peu de conséquences neurologiques (2 aggravations d’un déficit préexistant). L’analyse histologique des pièces opératoires a montré la persistance de résidu de MAV. Le risque hémorragique annuel a été de 0,6 %, avec un risque cumulatif de 2,2 % sur une période de 10 ans. La persistance d’une prise de contraste au scanner ou à l’IRM a été le seul facteur associé de façon statistiquement positive au risque hémorragique. La conclusion de ce travail est limitée par le nombre réduit de cas. Néanmoins, il souligne l’impossibilité de conclure de façon certaine à l’absence de risque hémorragique d’une MAV traitée avec oblitération angiographique prouvée, surtout en cas de persistance d’une prise de contraste sur l’IRM ou le scanner. Un suivi prolongé est donc recommandé par les auteurs. Commentaire. Les auteurs ont prouvé qu’il existait un risque hémorragique pour une MAV traitée par radiochirurgie avec oblitération artériographique totale. Ce risque est faible, plus faible que le risque hémorragique d’une MAV non traitée. Par ailleurs, il semble, au vu de ces 4 cas, que la conséquence clinique du saignement soit limitée. Le fait qu’il existe une corrélation significative entre la persistance d’une prise de contraste du nidus au scanner ou à l’IRM et le risque hémorragique pourrait faire discuter la résection “préventive”, chez un patient jeune et en bonne santé, de cette lésion située en zone non éloquente. M. Kalamarides, service de neurochirurgie, hôpital Beaujon, Paris. ✔ Shin M, Kawahra N, Maryuma K et al. Risk of hemorrhage from an arteriovenous malformation confirmed to have been obliterated on angiography after streotactic radiosurgery. J Neurosurg 2004;102:842-6. Commentaire. L’effet de l’approche par thérapie génique musculaire est majeur, et va bien au-delà de tout ce qui a été rapporté jusqu’à maintenant dans le modèle SOD1. Cela constitue un argument en faveur de l’ARNi, par rapport à l’approche “anti-sens” concurrente. Il est utile d’insister sur le fait que ces stratégies ne concernent que les formes liées à la mutation SOD1, qui ne représentent que 1 à 2 % des cas de SLA. P.F. Pradat, service de neurologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris. Faire taire un gène pour traiter la SLA ■ L’interférence ARN est considérée comme une innovation thérapeutique majeure. Son principe consiste à utiliser un mécanisme cellulaire ancestral de régulation de la production d’ARN pour “éteindre” un gène délétère. Les ARN interférents (ARNi) sont des petits brins d’ARN double brin d’une vingtaine de nucléotides. Ils ne sont pas traduits et dirigent le clivage de l’ARNm du gène cible via un complexe enzymatique, produisant un silence apparent du gène. Deux études, publiées simultanément dans Nature Medicine, ont conclu à l’efficacité de cette approche, couplée à la thérapie génique, chez les souris transgéniques mutantes pour la SOD1, un modèle animal de SLA familiale. L’équipe de l’université d’Oxford (1) a testé l’injection intramusculaire d’un Lentivirus contenant un ARNi spécifique de la SOD1, profitant du transport rétrograde de ce virus dans les motoneurones à partir de leur cible musculaire. L’injection, réalisée chez des souris de 7 jours, ciblait préférentiellement les pattes arrière, la face, la langue et le diaphragme, qui a un rôle déterminant dans l’aggravation de la SLA. Une prolongation spectaculaire de 80 % de l’espérance de vie était observée. L’apparition des signes cliniques, évaluée au moyen d’un rotarod test, était retardée de 115 %. L’équipe suisse de P. Aebischer (2) a utilisé l’injection des Lentivirus porteurs de l’ARNi directement dans la moelle lombaire chez des souris plus âgées (40 jours). L’effet thérapeutique était moins impressionnant, l’apparition des signes moteurs et le décès étant retardés de 20 jours. La Lettre du Neurologue - vol. IX - n° 6 - juin 2005 ❶ Ralph GS, Radcliffe PA, Day DM et al. Silencing mutant SOD1 using RNAi protects against neurodegeneration and extends survival in an ALS model. Nat Med 2005;11:429-33. ❷ Raoul C, Abbas-Terki T, Bensadoun JC et al. Lentiviral-mediated silencing of SOD1 through RNA interference retards disease onset and progression in a mouse model of ALS. Nat Med 2005;11:423-8. Facteurs de risque cardiovasculaire dans les occlusions rétiniennes veineuses et artérielles ■ Les occlusions vasculaires rétiniennes artérielles et veineuses sont fréquentes dans la population de plus de 50 ans, et sont associées à un risque plus élevé d’accident vasculaire cérébral (AVC) et de mortalité cardiovasculaire. Cette étude a pour but d’évaluer l’association entre les maladies cardiovasculaires et les occlusions vasculaires rétiniennes artérielles et veineuses chez un grand nombre de sujets (caucasiens et noirs américains) vivant aux États-Unis. Les participants ont été recrutés à partir des études ARIC (Atherosclerosis Risk in Communities Study ; n = 12 642 ; âge moyen : 60 ans) et CHS (Cardiovascular Health Study ; n = 2 824 ; âge moyen : 79 ans). Les occlusions vasculaires rétiniennes artérielles et veineuses ont été diagnostiquées sur une photographie du fond d’œil prise lors de l’inclusion dans les deux études. La présence d’un signe du croisement artérioveineux et d’un retrécissement artériolaire localisé a également été recherchée. Tous les participants ont bénéficié d’une étude détaillée des fac205 R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco teurs de risque cardiovasculaire, y compris un écho-Doppler carotidien. Les prévalences respectives des occlusions rétiniennes veineuses et artérielles étaient de 0,3 % (n = 39 cas) et 0,2 % (n = 34 cas). Après ajustement sur l’âge, les occlusions veineuses rétiniennes étaient associées à l’hypertension artérielle (odds-ratio [OR] : 2,96 ; IC95 : 1,43-6,14), à la pression artérielle systolique (OR : 4,12 ; IC95 : 1,40-12,16), à la pression artérielle diastolique (OR : 2,64 ; IC95 : 1,07-6,46), à la présence d’une plaque athéromateuse carotidienne (OR : 5,62 ; IC95 : 2,60-12,16), à l’indice de masse corporelle (OR : 3,88 ; IC95 : 1,23-12,18), au fibrinogène plasmatique (OR : 3,29 ; IC95 : 1,0810,02), à un signe du croisement artérioveineux rétinien (OR : 4,09 ; IC95 : 2,00-8,36) et à un rétrécissement artériel rétinien localisé (OR : 5,17 ; IC95 : 2,59-10,29). Après ajustement sur l’âge, les emboles artériolaires rétiniens étaient associés à l’hypertension artérielle (OR : 3,14 ; IC95 : 1,44-6,84), à la pression artérielle systolique (OR : 3,46 ; IC95 : 1,13-10,65), à la maladie coronarienne (OR : 2,33 ; IC95 : 1,01-5,42), à la présence d’une plaque carotidienne (OR : 4,62 ; IC95 : 1,8511,57), à la lipoprotéine A) plasmatique (OR : 3,69 ; IC95 : 1,20-11,41), au fibrinogène plasmatique (OR : 3,09 ; IC95 : 0,989,76) et au tabagisme (OR : 3,08 ; IC95 : 1,47-6,47). Environ un quart des sujets ayant une occlusion veineuse et une occlusion artérielle avaient une plaque carotidienne athéromateuse sur l’écho-Doppler. Commentaire. Cette étude confirme que les occlusions veineuses et artériolaires rétiniennes sont associées à l’athérome carotidien, à l’hypertension artérielle et à d’autres facteurs de risque cardiovasculaire. Néanmoins, la présence d’une sténose carotidienne chez ces patients est souvent le simple reflet de la maladie athéromateuse, et l’endartérectomie carotidienne est le plus souvent non indiquée. V. Biousse, Emory University, Atlanta, GA. ✔ Wong TY, Larsen EK, Klein R et al. Cardiovascular risk factors for retinal vein occlusion and arteriolar emboli: the Atherosclerosis Risk in Communities and Cardiovascular Health studies. Ophthalmology 2005;112:540-7. 206 Fenestration de la gaine du nerf optique en pédiatrie du liquide cérébrospinal, qui n’est pas sans complications chez les enfants. ■ La décision de traiter chirurgicalement des enfants présentant un syndrome d’hypertension intracrânienne idiopathique est fondée sur la sévérité des céphalées et de l’atteinte de la fonction visuelle. Comme il est souvent difficile d’évaluer la fonction visuelle des jeunes enfants, le traitement chirurgical est en général réalisé précocement, afin de prévenir l’atteinte visuelle. Les dérivations du liquide cérébrospinal sont populaires chez les enfants, mais les fenestrations de la gaine du nerf optique sont également utiles. Elles sont souvent réalisées par les ophtalmologistes américains, bien qu’il y ait peu de données sur ce sujet dans la littérature. Cet article présente les résultats de la fenestration du nerf optique réalisée chez 12 enfants (17 yeux) âgés de moins de 16 ans ayant une hypertension intracrânienne chronique (11 avec le syndrome d’hypertension intracrânienne idiopathique et un avec une méningite chronique). Tous les patients avaient un œdème papillaire et étaient traités par acétazolamide sans amélioration notable. L’âge moyen des enfants était de 10,1 ans (extrêmes de 5,1 à 16 ans). Le suivi moyen était de 39,6 mois. Les céphalées constituaient le symptôme le plus fréquent. L’œdème papillaire s’est amélioré chez tous les patients. L’acuité visuelle soit s’est améliorée, soit est restée stable, pour tous les yeux opérés. Une dérivation lombopéritonéale a été nécessaire chez un patient, et deux patients ont été maintenus sous acétazolamide. Aucun patient n’a eu d’infection postopératoire, de baisse visuelle ou de diplopie. Chez cinq patients, une fenestration controlatérale a été nécessaire. Commentaire. Cette étude rétrospective confirme que la réalisation d’une fenestration de la gaine du nerf optique est possible chez les enfants ayant un syndrome d’hypertension intracrânienne idiopathique. Les résultats sont comparables à ceux observés chez les adultes. Cette approche permet d’éviter une dérivation VB ✔ Thuente DD, Buckley EG. Pediatric optic nerve sheath decompression. Ophthalmology 2005; 112:724-7. Chirurgie carotide et coronaire combinée : quel risque ? ■ Les auteurs ont étudié, via le PMSI canadien (1992-2001), les risques d’une chirurgie simultanée – ou quasi simultanée, durant la même hospitalisation – associant endartérectomie (EA) carotide et pontage aorto-coronaire (PAC) [n = 669]. Ils ont comparé les risques observés à ceux de la chirurgie carotidienne seule (n = 131 762). Après ajustement, la mortalité (4,9 % versus 3,3 %) n’était pas plus importante dans le groupe EA + PAC que dans le groupe PAC seul, mais le risque d’infarctus cérébral passait de 1,8 % en cas de chirurgie coronaire seule à 6,8 % en cas de double intervention, soit un risque combiné de décès + infarctus cérébral de 13 % significativement plus élevé dans le groupe EA + PAC (RR : 2,67). Commentaire. De ce travail, les auteurs, prudents, ne tirent pas d’enseignement particulier, et suggèrent bien sûr une étude prospective et randomisée. Ils notent en effet que, au fil des ans, la proportion de patients ayant subi une double opération (EA + PAC) augmente globalement, avec des différences selon les régions du pays, ce qui reflète bien l’absence de consensus clair sur cette question. Aux États-Unis, ce sont près de 2,1 % des patients qui sont opérés simultanément, avec un taux combiné de décès + infarctus cérébral de 17,7 %. En France ou en Europe, on peut regretter l’absence de données publiées sur ce sujet de santé publique, car, finalement, la question d’une chirurgie combinée se pose plus souvent qu’on ne le croit : on estime que 22 % des patients opérés des coronaires ont une sténose carotide supé- La Lettre du Neurologue - vol. IX - n° 6 - juin 2005 rieure à 50 %, et que 30 % des patients candidats à l’endartérectomie carotide ont des lésions coronaires susceptibles d’être pontées. Enfin, l’angioplastie, associée ou non à un stenting carotidien et proposée pour des malades à haut risque, mérite également une mention parmi les options proposées, et aurait sa place dans une étude comparative. Actuellement, et à défaut de résultats consensuels, la décision est prise au cas par cas en fonction des équipes hospitalières et des techniques localement disponibles. J. d’Anglejan-Chatillon, Versailles. ✔ Mill MD, Shrive FM, Kennedy J et al. Simultaneous carotid endarterectomy and coronary bypass surgery in Canada. Neurology 2005; 64(8):1435-7. conjonctif a minima – en dehors des cas (rares) de maladies du tissu conjonctif (Marfan, Ehlers-Danlos type IV) ? Enfin, où siège le défaut initial : déchirure de l’intima, saignement des vasa vasorum dans la paroi de l’artère ? Les données publiées suggèrent qu’il existerait peut-être à la phase précoce des dissections une artériopathie généralisée, avec une fragilité particulière des couches les plus externes de l’artère. Il reste à confirmer ces travaux par d’autres études portant sur de plus grandes séries, peut-être par des méthodes moins invasives que la biopsie, et à voir s’il en découle des pistes intéressantes en termes de traitement. JAC maladie coronaire et d’AVCI augmente selon le quartile de Lp-PLA2 avec un risque relatif de 1,39, 1,97 et 1,99 respectivement dans les second, troisième et dernier quartiles comparativement au premier quartile pour l’événement coronaire, et de 1,08, 1,58 et 1,97 pour l’événement vasculaire cérébral. Commentaire. La Lp-PLA2 aurait ainsi une valeur prédictive sur le risque de survenue de maladie coronaire et d’AVCI dans une population générale. Il reste à démontrer, pour qu’elle puisse être considérée comme un facteur de risque, que sa diminution est associée à une réduction de l’incidence de ces mêmes événements. P.J. Touboul, Paris. ✔ Völker W, Besselmann M, Dittrich R et al. Generalized arteriopathy in patients with cervical artery dissection. Neurology 2005;64:1508-13. ✔ Lipoprotein-associated phospholipase A2 activity is associated with risk of coronary heart disease and ischemic stroke. The Rotterdam Study. Circulation 2005;111:570-5. Biopsie de l’artère temporale dans les dissections ■ Les auteurs ont analysé et comparé des biopsies d’artères temporales chez 9 patients âgés d’environ 40 ans et ayant souffert d’une dissection d’une ou de plusieurs artères cervicales à la phase semi-précoce (1 à 11 semaines des premiers symptômes) et chez des témoins vivants (2 contrôles) ou à partir de prélèvements autopsiques. Les coupes furent examinées en microscopie optique et électronique par des anatomo-pathologistes non informés des données cliniques. La principale donnée de cette étude est la présence d’hématies et de quelques cellules immunocompétentes dans les couches externes des artères chez les patients biopsiés, mais aussi d’une faiblesse relative (amincissement) à la jonction entre la limitante élastique externe et l’adventice de l’artère. Commentaire. Ce travail est certes imparfait, les deux populations comparées étant un peu différentes et l’effectif réduit. Il permet cependant d’aborder, via la morphologie artérielle, la question de la physiopathologie des dissections artérielles cervicales : pourquoi existe-t-il une corrélation à certaines saisons, à des épisodes viraux ? Pourquoi des cas de dissections multiples ou récidivantes ? Y aurait-il chez certains patients des maladies du tissu La Lp-PLA2, nouveau candidat comme facteur de risque cardiovasculaire ■ La phospholipase Lp-PLA2 (lipoprotein-associated phospholipase A2) est un marqueur de l’inflammation vasculaire. L’enzyme circulante, liée au LDL-cholestérol, favorise, par l’hydrolyse des phospholipides, la production de lysophosphatidylcholine et d’acides gras oxydés. Son action anti-inflammatoire résulte de l’hydrolyse du PAF (platelet activating factor). La Rotterdan Study, étude de cohorte comprenant 7 983 sujets âgés d’au moins 55 ans, a analysé 418 événements ischémiques (308 coronaires et 110 cas vasculaires cérébraux) et les a comparés à 1 820 témoins choisis au hasard. L’analyse multivariée, après ajustement sur l’âge, le sexe, l’index de masse corporelle, la pression artérielle systolique, le cholestérol total et le HDL-cholestérol, le diabète, la consommation de tabac ou d’alcool, le traitement hypolipémiant, le taux de leucocytes et la CRP, met en évidence une relation significative entre maladie coronaire, accident vasculaire cérébral ischémique (AVCI) et taux de Lp-PLA2. La comparaison selon les quartiles de Lp-PLA2, montre que le risque de survenue d’une La Lettre du Neurologue - vol. IX - n° 6 - juin 2005 Stimulation de l’aire cingulaire subgénuale dans la dépression réfractaire ■ L’équipe de H. Mayberg a montré en imagerie chez des malades dépressifs une hyperactivité métabolique de l’aire cingulaire subgénuale, ou aire 25 de Brodman (Cg25). Cette hyperactivité se normalise sous traitement antidépresseur efficace. Partant de cette observation, Mayberg (département de neurologie, université de Toronto, maintenant Emory University, Atlanta) et Lozano (département de neurochirurgie, université de Toronto) ont fait le pari de stimuler la substance blanche adjacente à l’aire Cg25 pour voir si cette technique permettait de modifier conjointement l’humeur et l’activité métabolique de cette aire chez des malades dépressifs. Six malades remplissant les critères DSM IV d’une dépression majeure résistante aux traitements avec un épisode dépressif sévère (score > 20 sur l’échelle de Hamilton) depuis au moins un an ont participé à l’étude. La stimulation bilatérale (paramètres moyens 4V, 60 µs, 130 Hz) a entraîné un effet bénéfique sur l’humeur, en aigu, dès la mise en route ; et un arrêt en aveugle était suivi d’une perte 207 R E V U E D E P R E S S E Dirigée par le Pr P. Amarenco d’efficacité. Une amélioration du score de dépression supérieure à 50 % a été constatée pour 4 des 6 malades après 6 mois de stimulation. Tous les malades avaient une hyperactivité de l’aire Cg25, et l’amélioration clinique s’est accompagnée d’une diminution importante du métabolisme de l’aire Cg25, mesurée en TEP. Commentaire. Dans vingt ans, cette étude sera citée comme ayant inauguré le renouveau de la psychochirurgie. En effet, les dépressions rebelles au traitement représentent un challenge majeur pour la psychiatrie. Certes, ces résultats devront être confirmés par une étude portant sur un plus grand nombre de malades et utilisant un protocole en double aveugle. La valeur de la présente étude réside dans le fait qu’elle part d’une hypothèse physiopathologique et qu’elle apporte la preuve de l’implication d’une toute petite aire frontale dans la mélancolie. Dans cette localisation, la stimulation cérébrale est plus un outil physiopathologique que thérapeutique. Une mini-ablation d’une seule aire corticale avec des méthodes peu invasives, comme par exemple le gamma knife, pourrait à l’avenir guérir des dépressions rebelles, ce qui changerait le quotidien du psychiatre. P. Krack, département de neurologie, CHU de Grenoble. ✔ Mayberg HS et al. Deep brain stimulation for treatment-resistant depression. Neuron 2005;45: 651-60. Réserve cognitive : l’épilepsie aussi ! ■ Les auteurs ont cherché à déterminer si la notion de réserve cognitive développée dans le cadre de la maladie d’Alzheimer pouvait également s’appliquer aux troubles cognitifs décrits dans l’épilepsie. Pour cela, ils ont étudié l’impact du niveau d’éducation de patients épileptiques sur les troubles cognitifs qu’ils pouvaient présenter. Soixantequatre patients épileptiques souffrant d’épilepsie partielle (59 cas) ou généralisée (5 cas) ont été recrutés et ont bénéficié de deux évaluations neuropsycholo208 giques complètes à un an d’intervalle. Trente et un patients présentaient un haut niveau d’éducation, et 33 un bas niveau. Les deux groupes étaient similaires en termes de répartition épilepsie généralisée/partielle, en termes d’étiologies et de réponse aux médicaments. Seul l’âge de début différait (significativement plus bas dans le groupe présentant un haut niveau d’éducation). L’évaluation initiale a montré que de nombreux domaines cognitifs étaient déficitaires dans les deux groupes : mémoire immédiate et à long terme, orientation, navigation et manipulation mentale, langage, attention, pensée abstraite. Le niveau d’éducation influençait significativement les performances cognitives (meilleures performances dans le groupe présentant un haut niveau d’éducation), à l’exception de deux domaines : la mémoire à long terme et l’orientation. L’évaluation à un an ne montrait pas de modifications significatives, le délai de réévaluation étant probablement trop court pour mettre en évidence des modifications notables. Commentaire. Le concept de réserve cognitive semble donc également s’appliquer aux troubles cognitifs de l’épilepsie, ce qui semble logique. Néanmoins, l’épilepsie n’est pas complètement comparable à la maladie d’Alzheimer, et les troubles cognitifs de l’épilepsie sont souvent multifactoriels et influencés par différents facteurs déjà répertoriés dans des études précédentes, tels que la durée d’évolution de l’épilepsie, la localisation lobaire en cas d’épilepsie partielle, l’étiologie, le nombre de crises secondairement généralisées et enfin, bien entendu, le nombre et le type de médicaments antiépileptiques administrés. Or, dans cette étude, on ignore quelle est la répartition lobaire des épilepsies partielles dans les deux groupes, ainsi que le nombre et la nature des médicaments administrés. S. Dupont, unité d’épileptologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris, et unité INSERM 0224 Cortex et épilepsie. ✔ Pai MC, Tsai JJ. Cognitive reserve and epilepsy. Epilepsia 2005;46(Suppl.1):7-10. De nouvelles causes de neuropathie périphérique ? Les maladies inflammatoires digestives (maladie de Crohn et RCH) ■ Après avoir proposé la maladie cœliaque il y a un peu plus d’un an (Chin et al., 2003), le Centre des neuropathies périphériques de New York (équipe de Norman Latov) a mené une très large étude rétrospective, à partir d’un fichier informatisé, sur la survenue et les types de neuropathie périphérique au cours des maladies digestives inflammatoires (maladie de Crohn [MC] et rectocolite hémorragique [RCH]). Après avoir éliminé tous les patients ayant une autre cause évidente de neuropathie, ils ont obtenu 18 patients avec une neuropathie périphérique au cours de la MC et 15 patients pour la RCH. Il existe une prédominance masculine importante chez ces patients (autour de 75 %), alors que ces maladies touchent normalement les deux sexes de façon égale. L’âge de début est en moyenne de 52 ans. Le type de neuropathie observé est très variable : à peu près un tiers de neuropathies démyélinisantes, un tiers de neuropathies sensitives pures et un tiers de polyneuropathies sensitivo-motrices axonales. Plus précisément, les auteurs ont observé, pour la MC 3 CIDP, 2 neuropathies multifocales motrices à blocs de conduction, 11 polyneuropathies axonales (7 sensitivomotrices, 4 sensitives pures) et 2 neuropathies sensitives des petites fibres, et, pour la RCH, 4 CIDP, 7 polyneuropathies axonales sensitivo-motrices et 4 neuropathies des petites fibres. L’apparition de la neuropathie après le début de la maladie digestive est extrêmement variable, mais l’intervalle est surtout important pour les neuropathies démyélinisantes, où il existe d’ailleurs une prédominance féminine. Les neuropathies sensitives, voire sensitives pures des petites fibres, surviennent significativement plus tôt au cours de la maladie. Le rôle d’une exposition au Flagyl® ou à une carence vitaminique (B12) a été particulièrement analysé. Certains patients avaient bien sûr été traités, mais la neuropathie a continué de progresser malgré l’arrêt du traitement. Sur le plan thérapeutique, les 9 patients avec une neuropathie La Lettre du Neurologue - vol. IX - n° 6 - juin 2005 démyélinisante ont répondu très favorablement aux traitements immunomodulateurs. Mais, point important, 11 patients (5 MC et 6 RCH) avec une axonopathie ont été traités par Cortancyl® et/ou Ig i.v., avec une efficacité faible ou modérée dans 9 cas. Pour les auteurs, la survenue d’une neuropathie périphérique, même axonale, au cours de la MC ou de la RCH ne serait pas une simple coïncidence, mais bien une complication extradigestive à médiation immunitaire de ces maladies. Commentaire. Il s’agit effectivement de la plus grande série publiée de neuropathie au cours des maladies inflammatoires digestives, avec une revue exhaustive de la littérature. Ce texte, accepté en 24 heures (!) par Brain et qui a pu bénéficier d’une publication accélérée, n’est toutefois pas indemne de critiques. On connaît la prévalence de la MC (20-40/100 000) et de la RCH (70-150/100 000), mais les auteurs ne précisent nulle part la prévalence de la neuropathie au cours de leur série. Les neuropathies au Flagyl® sont analysées à travers la littérature, mais ne semblent pas présentes dans leur cohorte. Elles doivent pourtant être évoquées devant des neuropathies très sensitives et douloureuses, parfois très invalidantes et ataxiantes chez des patients ayant reçu, en général, de fortes doses (plusieurs dizaines, voire centaines de grammes). Il y a également eu des cas de neuropathie dysautonomique, même s’ils ne sont pas observés dans cette étude. Le point faible est, comme souvent dans ce type d’étude rétrospective, l’utilisation d’une amélioration très discutable et subjective des neuropathies axonales chroniques sous traitements immunomodulateurs comme argument pour en faire des neuropathies liées à ces maladies digestives par une médiation immunitaire. Toutefois, on ne peut nier (et cela dès les premières études) la survenue fréquente de neuropathies démyélinisantes aiguës comme chroniques au cours de ces maladies. Comme pour le diabète, on peut imaginer un facteur favorisant immunitaire. Pour les neuropathies axonales sensitivo-motrices ou sensitives pures “petites fibres”, une approche thérapeutique immunitaire pourra se discuter en cas d’évolutivité nette, mais après élimination attentive des causes toxiques, carentielles, et si possible avec une meilleure caractérisation, en particulier par une biopsie neuro-musculaire, ce dernier point n’ayant pas du tout été analysé dans cette étude… T. Maisonobe, fédération de neurophysiologie clinique, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris. ✔ Gondim FA, Brannagan TH, Sander HW et al. Peripheral neuropathy in patients with inflammatory bowel disease. Brain 2005; 128:867-79. La Lettre du Neurologue vous souhaite un bel été et vous remercie de la fidélité de votre engagement. Le prochain numéro paraîtra en septembre 2005 La Lettre du Neurologue - vol. IX - n° 6 - juin 2005 209