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REVUE DE PRESSE
Dirigée par le Pr P. Amarenco
La Lettre du Neurologue - vol. IX - n° 6 - juin 2005
teurs de risque cardiovasculaire, y compris
un écho-Doppler carotidien. Les préva-
lences respectives des occlusions réti-
niennes veineuses et artérielles étaient de
0,3 % (n = 39 cas) et 0,2 % (n = 34 cas).
Après ajustement sur l’âge, les occlusions
veineuses rétiniennes étaient associées à
l’hypertension artérielle (odds-ratio [OR] :
2,96 ; IC
95
:1,43-6,14), à la pression artérielle
systolique (OR : 4,12 ; IC
95
:1,40-12,16), à la
pression artérielle diastolique (OR : 2,64 ;
IC
95
:1,07-6,46), à la présence d’une plaque
athéromateuse carotidienne (OR : 5,62 ;
IC
95
:2,60-12,16), à l’indice de masse corpo-
relle (OR : 3,88 ; IC
95
:1,23-12,18), au fibri-
nogène plasmatique (OR : 3,29 ; IC
95
:1,08-
10,02), à un signe du croisement
artérioveineux rétinien (OR : 4,09 ; IC
95
:
2,00-8,36) et à un rétrécissement artériel réti-
nien localisé (OR : 5,17 ; IC
95
:2,59-10,29).
Après ajustement sur l’âge, les emboles
artériolaires rétiniens étaient associés à
l’hypertension artérielle (OR : 3,14 ; IC95 :
1,44-6,84), à la pression artérielle systo-
lique (OR : 3,46 ; IC95 :1,13-10,65), à la
maladie coronarienne (OR : 2,33 ; IC95 :
1,01-5,42), à la présence d’une plaque
carotidienne (OR : 4,62 ; IC95 :1,85-
11,57), à la lipoprotéine A) plasmatique
(OR : 3,69 ; IC95 :1,20-11,41), au fibrino-
gène plasmatique (OR : 3,09 ; IC95 :0,98-
9,76) et au tabagisme (OR : 3,08 ; IC95 :
1,47-6,47). Environ un quart des sujets
ayant une occlusion veineuse et une occlu-
sion artérielle avaient une plaque caroti-
dienne athéromateuse sur l’écho-Doppler.
Commentaire. Cette étude confirme que
les occlusions veineuses et artériolaires
rétiniennes sont associées à l’athérome
carotidien, à l’hypertension artérielle
et à d’autres facteurs de risque cardio-
vasculaire. Néanmoins, la présence d’une
sténose carotidienne chez ces patients est
souvent le simple reflet de la maladie athé-
romateuse, et l’endartérectomie caroti-
dienne est le plus souvent non indiquée.
V. Biousse, Emory University, Atlanta, GA.
Fenestration de la gaine
du nerf optique en pédiatrie
■La décision de traiter chirurgicale-
ment des enfants présentant un syn-
drome d’hypertension intracrânienne idio-
pathique est fondée sur la sévérité des
céphalées et de l’atteinte de la fonction
visuelle. Comme il est souvent difficile
d’évaluer la fonction visuelle des jeunes
enfants, le traitement chirurgical est en
général réalisé précocement, afin de préve-
nir l’atteinte visuelle. Les dérivations du
liquide cérébrospinal sont populaires chez
les enfants, mais les fenestrations de la
gaine du nerf optique sont également
utiles. Elles sont souvent réalisées par les
ophtalmologistes américains, bien qu’il y
ait peu de données sur ce sujet dans la lit-
térature.
Cet article présente les résultats de la
fenestration du nerf optique réalisée chez
12 enfants (17 yeux) âgés de moins de
16 ans ayant une hypertension intracrâ-
nienne chronique (11 avec le syndrome
d’hypertension intracrânienne idiopa-
thique et un avec une méningite chro-
nique). Tous les patients avaient un œdème
papillaire et étaient traités par acétazola-
mide sans amélioration notable. L’âge
moyen des enfants était de 10,1 ans
(extrêmes de 5,1 à 16 ans). Le suivi moyen
était de 39,6 mois. Les céphalées consti-
tuaient le symptôme le plus fréquent.
L’œdème papillaire s’est amélioré chez
tous les patients. L’acuité visuelle soit
s’est améliorée, soit est restée stable, pour
tous les yeux opérés. Une dérivation lom-
bopéritonéale a été nécessaire chez un
patient, et deux patients ont été maintenus
sous acétazolamide. Aucun patient n’a eu
d’infection postopératoire, de baisse
visuelle ou de diplopie. Chez cinq patients,
une fenestration controlatérale a été néces-
saire.
Commentaire. Cette étude rétrospective
confirme que la réalisation d’une fenestra-
tion de la gaine du nerf optique est pos-
sible chez les enfants ayant un syndrome
d’hypertension intracrânienne idiopa-
thique. Les résultats sont comparables à
ceux observés chez les adultes. Cette
approche permet d’éviter une dérivation
du liquide cérébrospinal, qui n’est pas sans
complications chez les enfants.
VB
Chirurgie carotide
et coronaire combinée :
quel risque ?
■Les auteurs ont étudié, via le PMSI
canadien (1992-2001), les risques
d’une chirurgie simultanée – ou quasi
simultanée, durant la même hospitalisa-
tion – associant endartérectomie (EA)
carotide et pontage aorto-coronaire (PAC)
[n = 669]. Ils ont comparé les risques
observés à ceux de la chirurgie caroti-
dienne seule (n = 131 762). Après ajuste-
ment, la mortalité (4,9 % versus 3,3 %)
n’était pas plus importante dans le groupe
EA + PAC que dans le groupe PAC seul,
mais le risque d’infarctus cérébral passait
de 1,8 % en cas de chirurgie coronaire
seule à 6,8 % en cas de double interven-
tion, soit un risque combiné de décès +
infarctus cérébral de 13 % significative-
ment plus élevé dans le groupe EA+ PAC
(RR : 2,67).
Commentaire. De ce travail, les auteurs,
prudents, ne tirent pas d’enseignement
particulier, et suggèrent bien sûr une
étude prospective et randomisée. Ils notent
en effet que, au fil des ans, la proportion
de patients ayant subi une double opé-
ration (EA + PAC) augmente globale-
ment, avec des différences selon les
régions du pays, ce qui reflète bien l’ab-
sence de consensus clair sur cette ques-
tion. Aux États-Unis, ce sont près de
2,1 % des patients qui sont opérés simul-
tanément, avec un taux combiné de
décès + infarctus cérébral de 17,7 %. En
France ou en Europe, on peut regretter
l’absence de données publiées sur ce
sujet de santé publique, car, finalement, la
question d’une chirurgie combinée se
pose plus souvent qu’on ne le croit : on
estime que 22 % des patients opérés des
coronaires ont une sténose carotide supé-
✔
Wong TY, Larsen EK, Klein R et al.
Cardiovascular risk factors for retinal vein occlu-
sion and arteriolar emboli: the Atherosclerosis
Risk in Communities and Cardiovascular Health
studies. Ophthalmology 2005;112:540-7.
✔
Thuente DD, Buckley EG. Pediatric optic nerve
sheath decompression. Ophthalmology 2005;
112:724-7.