La Lettre du Sénologue - n° 36 - avril-mai-juin 2007
Dossier
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périence utilise, dans un premier temps, une information
orale, primordiale, car elle peut être adaptée au patient. Elle
nécessite du temps, de la disponibilité et un environnement
adéquat. Les documents écrits ne sont qu’un complément de
l’information orale. Cette information a été organisée après
discussion entre les différents participants au programme, en
particulier sur l’emploi des termes simples, le “jargon médi-
cal” étant souvent difficilement compréhensible. Une étude
récente (9) a mis en évidence l’incompréhension des termes si
souvent employés par les cancérologues comme tumeur, mé-
tastase, rémission par un fort pourcentage de la population,
quel que soit le niveau social de celle-ci. Toutefois, dans notre
étude, il semble que les médecins se soient mis à la portée des
patients, avec moins de 10 % des personnes qui ont trouvé les
explications trop complexes.
La consultation IDE n’en demeure pas moins primordiale, les
informations délivrées étant complémentaires. L’infirmière ne
limite pas ses propos à une simple reformulation de l’entretien
médical, elle donne l’information sous un angle souvent pratique
(déroulement et durée des examens…), et aborde d’autres sujets
tels que les problèmes sociaux. Cette complémentarité explique
peut-être en partie la différence (55 %) entre les données fournies
par les médecins et les infirmières, les informations de la deuxiè-
me consultation n’étant pas une réplique de la première.
La présence de l’infirmière à la consultation médicale, malgré
le surcroît de temps nécessaire, permet une vraie multidisci-
plinarité. Elle prend connaissance des questions du malade et
évalue les points sur lesquels il faudra insister. Reste ensuite
le difficile équilibre entre le juste niveau et le trop plein d’in-
formations délivrées à une personne fragile, déstabilisée par
l’annonce du diagnostic cancer et qui, par conséquent, n’est
pas dans les meilleures dispositions d’écoute, mais est néan-
moins avide de données qu’elle ne peut souvent pas intégrer
en une seule fois. Cela se remarque au travers des 50 % d’in-
formations IDE considérées comme “claires” (alors que ces
dernières utilisent des termes simples et choisis), ainsi que les
57 à 60 % d’informations complémentaires recherchées par la
suite auprès des médecins ou des personnels paramédicaux
travaillant dans les unités de soins, voire dans le besoin, par-
fois exprimé, d’une seconde consultation infirmière. Les élé-
ments écrits, remis en fin de consultation, paraissent être une
aide importante dans la recherche de l’information, même s’ils
ne peuvent pas être exhaustifs (45,2 à 53,9 % des documents
remis sont considérés comme complets). Enfin, ce besoin
d’être entouré et en situation de confiance se constate dans
l’importance qu’accordent les patientes à la visite du service
au décours de laquelle elles prennent un premier contact avec
les membres de l’équipe soignante (plus de 90 % de plébiscite).
Cela rejoint l’importance accordée à la présence et à l’informa-
tion de la famille lors de la consultation d’annonce (10-12).
Dans notre expérience des groupes d’information, la partici-
pation a été régulière avec une dynamique importante. Il est
vrai que la pathologie ciblée a été, pour la plus grande partie
des groupes, le cancer du sein, non seulement en raison du
pourcentage de patientes traitées pour cette pathologie, mais
aussi pour une plus grande implication des femmes par rap-
port aux hommes dans la recherche de l’information (14, 15).
Malgré le biais généralement reconnu des questionnaires, les
patients expriment un haut degré de satisfaction et les mê-
mes remarques ont été notées, à savoir une meilleure compré-
hension de la maladie, la facilité à poser certaines questions
auprès des spécialistes.
Dans une étude publiée en 2002 sur des femmes porteuses
d’un cancer du sein, 24 % ne savaient pas quelles questions
poser au médecin, 22 % comment parler au médecin et 20 %
avaient peur de faire perdre leur temps au médecin.
CONCLUSION
La consultation d’annonce médecin-infirmière apparaît
aujourd’hui comme un atout majeur dans l’amélioration de la
prise en charge et de l’information donnée au patient. Elle est un
trait d’union efficace entre l’unité de consultation et les secteurs
d’hospitalisation. Il n’en reste pas moins vrai que l’information ne
sera jamais parfaite et qu’il faudra toujours essayer de l’adapter au
mieux au patient. Cela nécessite une équipe soudée, volontaire,
prête à être évaluée et à accepter une remise en cause régulière, le
tout dans le seul but de progresser. n
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