Échos des congrès
Correspondances en Onco-Urologie - Vol. II - no 4 - octobre-novembre-décembre 2011
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© Rhoberazzi
Compte-rendu de l’ECCO/ESMO 2011.
Cancer de la prostate
Stockholm, 23-27 septembre 2011
P. Beuzeboc*, S. Oudard**
Facteurs de risque
Association entre hyperplasie bénigne
de la prostate et augmentation de l’incidence
et de la mortalité par cancer de la prostate
Orsted DD et al., abstr. 7102
L’hyperplasie bénigne de la prostate n’est pas consi-
dérée comme une lésion précancéreuse, mais l’asso-
ciation entre les 2 pathologies est discutée depuis de
nombreuses années.
Cette très large étude a utilisé 5 registres nationaux,
totalisant 3 000 258 Danois, 53 315 diagnostics de cancer
de la prostate, avec 25 459 décès spécifi ques, et un
diagnostic d’hypertrophie bénigne de la prostate à
partir de données d’hospitalisation (n = 187 591) et/ou
d’opérations (n = 77 698) au cours des années 1980-2006
et de l’utilisation d’antagonistes des récepteurs
adrénergiques α (n = 143 365) et/ou d’inhibiteurs de
5-α réductase au cours des années 1995-2006.
Dans cette étude étalée sur une période de 27 ans,
l’hyperplasie bénigne de la prostate paraît associée
à un risque 2 fois plus élevé de développer un cancer
de la prostate et à un risque 2 à 8 fois plus élevé d’en
décéder. L’implication clinique qui en découle est la
nécessité d’une surveillance plus étroite des patients
traités pour une hyperplasie bénigne afi n de permettre
un diagnostic et un traitement plus précoces pour amé-
liorer les chances de guérison.
Le PCA3 et les marqueurs génétiques (recherche de
gènes de fusion dans les urines) pourraient s’avérer
utiles dans l’avenir.
PSA et prédiction à long terme de l’incidence
et de la mortalité par cancer de la prostate
chez des hommes de la population générale
danoise
Orsted DD et al., abstr. 7100
Au total, 4 383 hommes âgés de 20 à 94 ans, suivis dans
le cadre de l’étude Copenhagen City Heart Study de 1981
à 2009 ont fait l’objet d’un dosage du PSA initial avec
étude de l’incidence cumulée et de la mortalité par
cancer de la prostate.
Avec un suivi de 28 ans, 170 hommes ont présenté un
cancer de la prostate et 94 en sont décédés.
Concernant l’incidence de cancer prostatique, le hazard-
ratio ajusté à l’âge par rapport à un taux inférieur à
1 ng/ ml était de 2,5 % (IC95 : 1,6-3,9) pour un PSA entre
1,01 et 2 ng/ml, de 5,0 % (IC
95
: 3,1-8,2) pour un PSA
entre 2,01 et 3 ng/ml, de 6,1 % (IC95 : 3,2-11) pour un
taux entre 3,01 et 4 ng/ml, de 12 % (IC95 : 7,7-19) pour
un taux entre 4,01 et 10 ng/ml et de 44 % (IC95 : 26-74)
pour un taux supérieur à 10 ng/ml .
Pour les hommes présentant des taux compris entre
4,01 et 10 ng/ml, le risque absolu de cancer de la pros-
tate était de 11 % pour les hommes de moins de 50 ans,
de 19 % entre 50 et 60 ans, de 21 % entre 60 et 70 ans
et de 22 % après 70 ans. Pour des taux supérieurs à
10 ng/ml, les chiff res étaient respectivement pour ces
tranches d’âge de 37, 68, 73 et 79 %.
En conclusion, les paliers d’élévation progressive des
taux de PSA sont prédictifs d’une augmentation d’un
facteur 3 à 44 du risque de cancer et d’un facteur 2 à 12
du risque de mortalité.
Le risque absolu à 10 ans de cancer de la prostate était
de 11 à 22 % chez les patients présentant un taux de
PSA entre 4,01 et 10 ng/ml et de 37 à 79 % en cas de
taux supérieur à 10 ng/ml.
Ces données devraient aider à fi xer les recommanda-
tions du dosage de PSA chez l’homme sain. Les méde-
cins pourraient concentrer leurs eff orts sur les hommes
présentant initialement les taux les plus élevés de PSA
afi n d’éviter à ceux qui présentent des taux faibles des
examens superfl us et des diagnostics excessifs, ainsi
que des dépenses de santé publiques…
Selon le Pr Hein Van Poppel, directeur de l’École euro-
péenne d’urologie, porte-parole de l’ESMO (European
Society for Medical Oncology), “pour le dépistage du
cancer de la prostate par le PSA, il faut déterminer
les périodes de dépistage idéales. Il se pourrait qu’il
faille commencer le dépistage à un âge où il n’y a pas
d’inter férence avec l’hyperplasie bénigne, par exemple
à 40 ans, en répétant les dosages à l’âge de 45 à 50 ans.
La courbe du PSA permettra sans doute de reconnaître
les personnes présentant des probabilités élevées de
* Institut Curie, Paris.
** Service d’oncologie
médicale,
hôpital européen
Georges-Pompidou, Paris.
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