inquiétude ou une anxiété incontrôlable et excessive à propos
d’un certain nombre d’événements ou d’activités. Le début des
symptômes intervient généralement durant les vingt premières
années. L’évolution clinique du TAG est souvent chronique avec
40 % des patients rapportant que la durée de la maladie est supé-
rieure à cinq ans. Cette pathologie est souvent associée à un han-
dicap fonctionnel prononcé. Les benzodiazépines sont fréquem-
ment prescrites pour le traitement du TAG. Pourtant, elles ne sont
pas recommandées pour le traitement à long terme pour les rai-
sons que nous avons évoquées auparavant (5). Actuellement,
seules la venlafaxine d’action prolongée et la paroxétine ont reçu
l’AMM pour le traitement de trouble anxieux. La venlafaxine a
démontré son efficacité contre placebo dans deux essais théra-
peutiques randomisés d’une durée de six mois. La paroxétine a
démontré sa supériorité par rapport au placebo dans des essais à
court terme, puis dans la prévention de la rechute à six mois, et
des recherches sont en cours pour évaluer l’utilisation d’autres
IRS. La fréquence des rechutes chez les répondeurs au traitement
curatif reste importante : 6 % à six mois, 20 % à deux ans, 28 %
à cinq ans. Cela met en lumière la nécessité de stratégies théra-
peutiques à long terme. Cependant, il n’existe actuellement
aucune donnée concernant le traitement au long cours (au-delà
de six mois), notamment sur l’efficacité de ces stratégies de
prévention du suicide, des comorbidités et du fonctionnement
social des patients anxieux (6).
RECOMMANDATIONS POUR LE TRAITEMENT
À LONG TERME DU TROUBLE PANIQUE
Le trouble panique est une maladie chronique, invalidante. Les
symptômes clés sont des attaques de panique récurrentes cou-
plées à une anxiété anticipatoire et à des conduites d’évitement
et de réassurance. Ce trouble est souvent comorbide avec l’ago-
raphobie, et la dépression majeure. Les IRS sont reconnus
comme le traitement présentant le meilleur rapport bénéfice
risque. Actuellement, le traitement de maintenance est recom-
mandé pour une période minimale de 12 à 24 mois et dans cer-
tains cas, de façon indéfinie (7). Il n’y a pas de recommandation
définissant des critères pour l’arrêt du traitement.
RECOMMANDATIONS POUR LE TRAITEMENT
AU LONG COURS DE LA PHOBIE SOCIALE
La phobie sociale est le trouble anxieux le plus commun avec une
fréquence rapportée allant de 3 à 18 %. La symptomatologie est
caractérisée par une peur persistante et marquée d’être observé ou
évalué par autrui dans des situations d’interactions sociales ou de
performance et est associée à des symptômes physiques, cognitifs
et comportementaux. Le début de la maladie intervient durant
l’enfance et l’adolescence. L’évolution est habituellement chro-
nique, sans rémission et associée à un handicap social significa-
tif. La phobie sociale montre un haut degré de comorbidités avec
les troubles de l’humeur, les troubles anxieux et la dépendance ou
l’abus de substance. L’efficacité, la tolérance et la sécurité des IRS
en font les agents de première ligne de traitement. Le traitement
de la phobie sociale nécessite d’être poursuivi pendant plusieurs
mois pour consolider la réponse et achever une rémission la plus
complète possible. Les IRS ont montré un bénéfice dans les essais
thérapeutiques dits à long terme, ce qui correspond pour la plu-
part à des durées de 12 semaines de traitement. En regard de la
chronicité de la phobie sociale et du taux élevé de rechute après
des thérapies à court terme, il est actuellement recommandé de
poursuivre le traitement efficace pendant au moins 12 mois.
Cependant, nous manquons de données pour préciser combien de
temps un traitement de maintenance doit être administré (8) et sur
quels arguments cliniques il peut être arrêté.
RECOMMANDATIONS POUR LA PRISE EN CHARGE AU LONG
COURS DU TROUBLE OBSESSIONNEL COMPULSIF (TOC)
Le TOC est un trouble relativement commun avec une prévalence
approximative de 2 % en population générale. Il a souvent un
début précoce, dans l’enfance ou l’adolescence, et devient fré-
quemment chronique. Le TOC est caractérisé par la présence
d’obsessions et de compulsions qui entraînent une perte signifi-
cative de temps, causent une détresse marquée ou interfèrent
significativement dans le fonctionnement de la personne. La plu-
part des patients font l’expérience de leurs symptômes à travers
leur vie et bénéficient de traitement au long cours. Les options
pharmacologiques incluent les antidépresseurs tricycliques (clo-
mipramine) et les IRS (citalopram, fluoxétine, fluvoxamine, ser-
traline). Ils ont tous montré un bénéfice dans les essais en aigus.
La clomipramine, la fluvoxamine, la fluoxétine et la sertraline ont
aussi démontré une efficacité dans les essais thérapeutiques au
long cours, c’est-à-dire d’au moins 24 semaines. Les recomman-
dations actuelles pour la durée du traitement médicamenteux sont
d’un minimum de un à deux ans avant qu’une diminution pro-
gressive puisse être envisagée (9).
RECOMMANDATIONS POUR LE TRAITEMENT
AU LONG COURS DE L’ESPT
Ce trouble intervient chez les patients exposés à des traumatismes
sévères, et la prévalence peut atteindre 12 % d’une population.
S’il reste non traité, l’ESPT peut perdurer pendant des années
après le traumatisme, et résulte en un handicap fonctionnel et
émotionnel importants, et une réduction dramatique de la qualité
de vie. Les traitements pharmacologiques de l’ESPT incluent les
IRS, les antidépresseurs tricycliques et les inhibiteurs de la mono-
amine oxydase. Seuls les IRS ont montré leur efficacité et leur
sécurité dans des essais contrôlés randomisés. Les recommanda-
tions actuelles pour l’ESPT sont actuellement en faveur d’une
durée minimale de traitement de 12 à 24 mois (10). Cependant,
ici encore, les questions portant sur la durée optimale de traite-
ment et sur les candidats qui pourraient bénéficier de traitements
à long terme restent encore sans réponse définitive (11).
La Lettre du Psychiatre - vol. II - n° 1 - janvier-février 2006
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