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02
Édifice généralement
en forme de tour, dont
l’intérieur est tapissé de
niches ou boulins. Ces
bâtiments sont détachés
des autres constructions.
03
Les volières ont en règle
générale un nombre limité
de boulins et concerne
les édifices construits
sur piliers, ou à même les
bâtiments de la ferme :
grange, porche, combles.
04
On compte généralement
6 à 7 nichées de mars
à septembre de 1 à 2
pigeonneaux. Les jeunes
se reproduisent au bout de
6 mois.
05
Le boulin est la niche de
l’oiseau. En fonction des
régions, le nid peut être
fabriqué en osier, sous
forme de panier ou de
demi-sphère ; en terre
cuite, sous forme de pot
que l’on superpose ou que
l’on maçonne ; en torchis
ou encore, pour les plus
durables, en brique, réalisé
dans l’épaisseur de la
maçonnerie.
06
Le droit coutumier précise
qu’il faut posséder entre
50 et 100 arpents de terres
(soit entre 17 et 51 ha)
minimum pour posséder un
colombier et qu’un arpent
donne droit à 1 ou 2 boulins.
Les colombiers
Les pigeonniers ou colombiers sont connus
et utilisés depuis la haute Antiquité, de
nombreux témoignages et traces iconogra-
phiques attestent de la présence de bâtiments
spécifiquement dédiés à l’élevage de ces vo-
latiles. Cette tradition séculaire se perpétue
d’ailleurs en Égypte, dans des colombiers dont
la forme ne s’éloigne guère de ce que l’on peut
voir dans les gravures, mosaïques et dessins
anciens.
Dans nos régions, la présence de colombier
est attestée au Moyen Âge, notamment
grâce aux textes qui en règle la possession et
l’usage. Le droit coutumier précise que seuls
les seigneurs ont le droit de posséder des
«colombiers à pied»02, l’usage de volière03 étant
réservé aux paysans disposant de la surface de
terrain suffisante pour les nourrir.
Depuis toujours, les pigeons sont élevés avant
tout pour leur chair. En effet, le pigeon pré-
sente le gros avantage de se reproduire rapide-
ment04 et de fournir, quasiment toute l’année,
de la viande fraîche tout en se nourrissant
quasiment seul. Le colombier est également
une source de revenu financier et en nature
pour celui qui le loue et pour celui qui en
dispose. En effet, la vente des pigeonneaux sur
les marchés apporte au vendeur des liquidités
immédiatement.
Le nombre de personnes affectées à l’entre-
tien des colombiers est fonction du nombre
de boulins05. Sachant qu’un boulin accueille
un couple d’oiseau, on mesure l’étendue de la
richesse des grands domaines06 où les boulins
pouvaient être au nombre de 3.000. Ce sont
donc, dans ce cas, 4 à 5 serviteurs qui sont
chargés de son entretien en permanence. Il
ne faut pas oublier l’autre grande richesse
produite par les pigeons : la colombine.
Celle-ci, composée des fientes des oiseaux, a
longtemps été considérée comme le meilleur
des engrais. Riche en azote et en acide
phosphorique elle était utilisée pour fumer
les terres. Cependant, son caractère volatile
et son odeur nauséabonde ont orienté sont
utilisation vers les cultures exigeant beaucoup
d’engrais ou dans les jardins.
Au regard de ce qui précède on comprend le
soin apporté à la construction des colombiers.
Symbole de puissance, de richesse et de pou-
voir, ils sont également une pièce importante
dans l’exploitation d’un domaine agricole.
La construction des colombiers est abon-
damment reprise et illustrée dans les traités
d’architecture. Ces derniers prescrivent
de construire des tours circulaires. Cette
forme présente le double intérêt de limiter
l’accès des rats qui ne pourraient escalader
les pierres dans les angles et parce que cela
limite justement l’utilisation de pierres
taillées, plus onéreuse, pour la réalisation
desdits angles. De plus, la forme ronde à
l’intérieur facilite l’accès aux boulins depuis
l’échelle pivotante installée dans l’axe du
bâtiment. Plusieurs autres dispositifs sont
installés pour limiter l’accès des nuisibles :
les maçonneries extérieures doivent être
barrées par un ou plusieurs cordons larmiers
en pierres lisses, les murs intérieurs sont
enduits pour boucher les trous et fentes
qui pourraient leur servir d’accès et les
premiers rangs de boulins sont construit à
une hauteur de 80cm pour empêcher le saut
des rongeurs.
L’implantation du colombier a également
une grande importance. Le bâtiment doit
être implanté à l’abri du vent, du bruit et des
grands arbres qui peuvent servir de repaires
aux rapaces. Les baies, ou lucarnes sont ou-
vertes du côté du levant et jamais orientées
vers les vents dominants. Elles sont fermées
par un panneau dans lequel sont ménagés les
trous d’accès et elles sont dotées d’une aire
d’envol en saillies de la muraille. Un épi de
faîtage vient généralement couronner la cou-
verture de toiture et souligner, par un décor
spécifique, la destination du bâtiment.
Vue des boulins du tambour
à la suite du démontage de
la couverture de toiture et
du voligeage – mai 2009.
Photo Olivier Berckmans,
© SPW