PATRICK TURUVANI
On ne lui a pas volé ses godasses, et el-
les ne sont pas non plus restées embour-
bées dans la gadoue des Ponts-de-Mar-
tel. Thibaud Guillaume-Gentil court le
BCN Tour à pieds nus par plaisir et rejet
du jogging en chaussures. Et ses chronos
sont honorables: 1h04’57 à Cornaux,
1h01’46 à Couvet et 55’11 aux Ponts.
Même s’il s’avoue «assez bio-écolo-végé-
tarien» et adepte d’un «style de vie mini-
maliste»,ThibaudGuillaume-Gentil
(29 ans) nest pas un hurluberlu excen-
trique en quête de singularité. Son dé-
pouillement est réfléchi et documenté,
largement inspiré de l’histoire de Ken
Bob, gourou californien du «barefoo-
ting», qui a couru près de 80 marathons
àpiedsnus.«Courir avec des chaussures
me déprime. C’est comme jouer du piano
avec des gants, on ressent mieux la texture
du sol, les variations de températures. C’est
plus vivant et plus fun. Et puis les baskets
sont souvent fabriquées en Chine par des
enfants dans des conditions inacceptables.»
Quand on est papa de deux fillettes, on
pense un peu plus à ce genre de choses
.
Retour aux sources
Dans sa conception du sport, le critère
du bien-être terrasse celui de la perfor-
mance. Ancien nageur du Red-Fish (50
/100 m crawl et dauphin), le Chaux-de-
Fonnier d’adoption – il vient de Colom-
bier – a rangé ses nageoires à 18 ans en
raison de tendinites aux épaules. Il sest
mis à la course à pied il y a quatre ans
(Fyne Marathon, Quatre Foulées, 21 km
du Défi, Rochers de Tablettes...), mais
ne court à pieds nus que depuis la fin de
l’été dernier (Marchethon, semi-mara-
thon du CEP Cortaillod, BCN Tour).
Les chaussures minimalistes (avec une
semelle très fine, et parfois la forme des
orteils) ne l’ont pas convaincu. «Elles
pardonnent plus, on nest pas complète-
ment juste sur la position, ilyamoinsde
sensations... C’est moins drôle, quoi!»
Car l’enjeu est là. Courir juste permet
d’éviter quantité de douleurs et de bles-
sures (lire ci-dessous). «J’avais mal au ge-
nou l’an dernier, mais j’ai quand même cou-
ru l’avant-dernière étape du BCN Tour à La
Chaux-de-Fonds, car j’adore cette épreuve.
Cela s’est mal pas. Je me suis renseigné sur
internet et j’ai rapidement été séduit par les
vertus du barefooting. On parle d’une nou-
velle manière de courir, alors que ce nest
qu’un retour aux sources. L’homme na pas
attendu l’invention des baskets pour se dé-
placer et courir!» La course à pied nus a
réussi là où les semelles du podologue
ont échoué: les douleurs ont disparu de-
puis son retour à une foulée originelle
débarrassée du «confort» que la publici-
té prête aux semelles souples.
Regarder où l’on pose les pieds
Bien sûr, on imagine quelles ont cédé la
place à d’autres bobos. «Les gens me par-
lent de seringues, de briques de verre...
Mais il suffit de regarder où l’on pose les
pieds! L’idéal est d’avoir un peu d’espace –
c’est plus pénible en peloton – et de courir
sur le goudron, mais cela passe très bien en
forêt. Le pire, ce sont les descentes et les gros
chemins caillouteux. Et il vaut mieux éviter
les hautes herbes qui cachent le détail du
sol. Je me fais parfois de petites écorchures,
surtout sur le BCN Tour où je force un peu,
mais rien de grave. Même si j’aime voir que
je progresse, je cours pour le plaisir. Mon
challenge, c’est de finir les courses.»
Thibaud Guillaume-Gentil travaille
dans une start-up (Jilion) spécialisée
dans l’informatique et ne cache pas son
côté «assez extrême et tête dure».Mais
courir à pieds nus est à la portée de n’im-
porte qui, assure-t-il. «C’est une question
d’envie et de volonté, faut quand même le
vouloir! Cela demande un effort d’appren-
tissage pour modifier sa technique. Il faut
courir léger, dynamique, par petites fou-
lées.» Et surtout éviter le «too much too
soon» (trop, trop vite). «Il faut d’abord
courir à pieds nus cinq minutes au début et
àlafindujogging,puisdix,quinze,vingt...
Le pied s’habitue très vite et la musculature
aussi. Au début, c’était l’horreur au niveau
des mollets! Mais après deux ou trois mois,
je courais 5 à 8 km sans problème
Le Chaux-de-Fonnier est bien ac-
cueilli sur le BCN Tour. «En trois étapes,
je suis déjà devenu ‘celui qui court à pieds
nus’»,sourit-il.«C’est sympa, il y a beau-
coup d’intérêt et de respect. Je partage vo-
lontiers mon expérience. Ce serait bien
que d’autres coureurs s’y mettent, on pour-
rait faire une catégorie pieds nus!» !
Contact par e-mail: thibaud@thibaud.me
DÉPART DU NORDIC WALKING À 19H POUR NE PAS PERTURBER DAVANTAGE LE TRAFIC
La quatrme étape du BCN Tour aura lieu ce soir à Colombier/Planeyse (coureurs ET marcheurs à 19h, Kids’Tour dès
16h30). Cette «étape Milvignes» passera devant les bureaux communaux de Colombier, Auvernier et Bôle, où des apé-
ros sont pvus pour la population. Le peloton passera devant le château de Colombier, rejoindra Auvernier par le bord
du lac, reviendra par les vignes jusqu’à la Prise Roulet, grimpera jusqu’à Cottendart par Le Chanet et redescendra sur
Bôle pour rallier l’arrivée. Il y aura quelques différences par rapport au parcours balisé pour la reconnaissance. Le tra-
fic automobile sera perturbé entre 19h et 20h dans les zones suivantes: Colombier, liaison entre Colombier et Peseux
via Auvernier, ainsi que sur la route
Bôle-Rochefort. Pour ne pas pertur-
ber davantage la circulation, les mar-
cheurs ne s’élanceront pas à 18h
mais à 19h. Avant la course, en rai-
son de travaux à Colombier, il est re-
commandé demprunter le rond-
point d’Areuse pour rejoindre les
parkings à Planeyse.
!
INSOLITE En trois étapes, Thibaud Guillaume-Gentil est devenu «celui qui court à pieds nus».
Le BCN Tour, c’est vraiment le pied
Thibaud Guillaume-Gentil.
CHRISTIAN GALLEY
CYCLISME
Apprentissage en élites
A 20 ans, le Chaux-de-Fonnier
Mathieu Jacot dire le passage
d’amateurs en élites.
Il participera au Tour
de Franche-Comté qui arrivera
demain au Locle. PAGE 26
MERCREDI 16 MAI 2012 L’EXPRESS - L’IMPARTIAL
SPORTS
CHRISTIAN GALLEY
ZOLA BUDD La Sud-Africaine Zola Budd
(qui courait sous les couleurs du
Royaume-Uni grâce à une grand-mère
britannique) est restée célèbre pour son
accrochage fortuit avec Mary ,
la grande favorite américaine (qui a
chuté dans l’aventure) lors du 3000 m
des JO de Los Angeles en 1984.
On oublie parfois qu’elle a aussi détenu
le record du monde du 5000 m en
14’48’’07 (il est de 14’11’’15 aujourd’hui).
ABEBE BIKILA L’Ethiopien Abebe Bikila
aremportélemarathondesJOde
Rome, en 1960, en établissant un
nouveau record du monde en 2h15’16’’
(il est de 2h03’38’’ aujourd’hui). Bikila
sera encore sacré quatre ans plus tard
àTokyo,maiscettefoisavecdesAsics
aux pieds. !
PIEDS NUS CÉLÈBRES
Il y a trois manières de courir: avec des chaussu-
res de jogging traditionnelles, avec des chaussures
minimalistes ou à pieds nus. «Les semelles avec
amorti permettent d’attaquer le sol avec le talon»,ex-
plique Florian Lorimier. «Le bassin (centre de gravi-
té) est alors situé en arrière de l’appui, et une onde de
choc remonte dans les genoux, les hanches et la co-
lonne vertébrale.» Doublement dangereux: «La
posture est mauvaise et les impacts plus nombreux.»
De plus, le pied est «endormi». «Dans une telle
chaussure, les capteurs sensoriels reçoivent les infor-
mations trop tard, et donc la réponse motrice (con-
traction musculaire) arrive trop tard aussi»,relance
le préparateur physique, qui a notamment tra-
vaillé avec Christophe Stauffer (triple vainqueur
du BCN Tour) et collabore désormais avec Pau-
line Purro. «La musculationne jouepas bienson rôle
d’amortisseur, etce sontles tendons,lesligamentsetles
articulations qui absorbent les chocs. D’où des problè-
mes de dos et de tendinites aux genoux.»
En courant pieds nus, en revanche, «onattaque le
sol avec l’avant du pied. Larchitecture et la muscula-
ture du pied assument ainsi leur rôle naturel d’amor-
tisseur»,poursuitFlorianLorimier.«Le bassin est à
l’aplomb, voire en avant de l’appui. Il y a moins de
stress dans les genoux, les hanches et la colonne.»
De plus, «il y a autant de capteurs sensoriels – no-
tamment tactiles – dans le pied que dans la main.
Courir avec des chaussures, cest comme jouer au bas-
ket ou au volley avec des gants, c’est beaucoup moins
précis»,relanceleVaudruzien.«A pieds nus, les
capteurssensorielssontmieuxactivés.La contraction
musculaire se fait mieux (les bons groupes sont enga-
gés) et au bon moment. Des mesures en accéléromé-
trie montrent qu’il y a moins d’impacts dans les ge-
noux si l’on court à pieds nus, et c’est flagrant. On peut
également gagner 15 à 20% en performance.»
Depuis les années 1980 et l’apparition des fa-
meuses «Nike Air», la publicité dit l’inverse.
«C’est de la désinformation à 200%»,conclutFlo-
rian Lorimier, convaincu par les vertus du «bare-
footing». «Cette idée nest pas récente. Même Zato-
pek faisait une grande partie de ses entraînements à
pieds nus. C’est le précurseur de l’attaque du sol avec
l’avant du pied.» Et le Tchécoslovaque courait
dans les années 1950.
!
Les vertus de la course à pieds nus
<wm>10CFWKoQ7DQAxDvygnx02WSwOnsqpgGj8yFff_0W5lA5bs57fv5Q13ntvx3l6lALsElJrVyQaLymzUpWB0zmdFaiBgf7b0mAsYP0VgojEU4rNwWOZQwm7mjke7PucXTFksuH4AAAA=</wm>
<wm>10CAsNsjY0MDCy0DU3MDQytAQAfuH2NQ8AAAA=</wm>
Sponsor Titre Sponsor Privilège
Partenaires Presse
Sponsor ravitaillement
GARAGE HAUTERIVE
T. MATTEI SA
2068 Hauterive
Sponsors Or
PUBLICITÉ
Retrouvez l’ensemble
de nos articles, photos
et vidéos sur notre site
internet et sur iPad.
BCN TOUR+
http://bcntour.arcinfo.ch
1 / 1 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !