la crise les cles pour comprendre anaes schacher

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The Financial
Dossier spécial :
La crise, les clés pour
comprendre
par Anaïs Schacher
La crise, les clés
pour comprendre
Vocabulaire
Ce dossier spécial
a pour but de permettre à tous de
comprendre les tenants et les aboutissants de la crise
financière mondiale
qui dévit depuis
2008.
Décryptage des mécanismes de la crise,
étude simplifiée
de la crise dite des
subprimes ainsi de
la crise grecque, ces
articles éclaireront
les néophytes de la
finance sur la situation mondiale.
Passifs : Le passif recense l’ensemble des ressources de l’entreprise, c’est-à-dire les capitaux propres apportés par les actionnaires et les dettes d’exploitation ou bancaires et financières qui
vont financer l’actif de l’entreprise. Le passif des particuliers se
compose essentiellement des dettes bancaires.
Actifs : Les actifs sont acquis le plus souvent sur un marché de
capitaux. Ces actifs financiers permettent aux émetteurs de satisfaire à leurs besoins de capitaux et aux investisseurs à leurs
besoins de rémunération de leurs capitaux.
Subprimes : Les subprimes sont des crédits immobiliers gagés
sur le logement de l’emprunteur (principe de l’hypothèque), avec
un taux d’emprunt fixe les premières années, puis variable au
cours du temps.
Titres de créance : Un titre de créance négociable est un titre
émis par une banque, une entreprise ou l’État contre un prêt
d’argent par un particulier ou une entreprise.
Inflation : L’inflation est la perte du pouvoir d’achat de la monnaie
qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix.
CDO (Collateralized Debt Obligation) : Un CDO est une obligation sécurisée par un ensemble d’actifs comprenant généralement des crédits bancaires, des obligations, des CDS
SIV (Structured Investment Vehicle) : La titrisation est une
technique financière qui transforme des actifs peu liquides, c’està-dire pour lequel il n’y a pas véritablement de marché, en valeurs mobilières facilement négociables comme des obligations.
FED (Federal reserve) : La FED est l’équivalent pour les U.S.A.
de la Banque Centrale Européenne pour la zone euro. La FED a
pour mission, comme son homologue européenne, de mener à
bien la politique monétaire américaine qui consiste pour l’essentiel à concilier une inflation contrôlée et une croissance économique soutenue.
BCE ( Banque centrale européenne) : La Banque Centrale Européenne a pour mission d’élaborer la politique monétaire de la
zone euro et de veiller à la pérennité de l’ensemble des systèmes
bancaires de la zone EURO. La BCE a donc la responsabilité de
veiller à limiter l’inflation.
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Définitions tirées de trader-finance.fr, crédit-coopératif.coop, insee.fr, next-finance.net, la finance pour tous.com
Les mécanismes de
la crise
Afin de comprendre la crise économique qui touche les pays industrialisés de la planète depuis 2008, il faut tout d’abord se pencher sur les mécanisme de cette dernière.
Comment naît une crise ? Les banques en sont-elles les uniques responsables ?
Pour définir le mécanisme
d’une crise financière, il faut
tout d’abord comprendre le
mécanisme des banques. Les
fonds de ces dernières se partagent entre leurs passifs
(leur ressources apportées par
leurs fonds propres, les dépôts
de leurs clients et des prêts
d’autres banques) et leurs actifs (fonds dépensés dans des
prêts à des particuliers, des entreprises, d’autres banques et
des états). Tant que ces deux
parties sont équilibrées et les
banques gagnent de l’argent.
Hélas, de nombreuses situations peuvent déstabilisées cet
équilibre.
Lorsqu’un état ou une autre
banque entre en crise ou amène
une perte de confiance des investisseurs, les problèmes arrivent. En effet, la banque ayant
prêté à ces derniers se retrouve
avec des actifs qui ne valent
plus rien. Pour exemple, on appellera cette banque la banque
A. Les clients, apeurés, retirent
leurs fonds de cette banque,
mais
perdent
également
confiance face aux banques B
et C ayant prêté de l’argent à la
banque A, par crainte d’un défaut de remboursement, et ainsi
de suite. Cette situation s’appelle une faillite virtuelle.
Les banques n’osent plus se
prêter de l’argent entre elles, et
manquent de capitaux pour en
prêter aux particuliers et aux
entreprises. Il y a un blocage
du système financier qui va se
répercuter sur la population et
créer une socialisation des
pertes.
Les entreprises, qui ne peuvent
plus emprunter réduisent donc
leurs productions mais aussi
leurs effectifs. Ces nouveaux
chômeurs
provoquent une
baisse de la consommation,
n’ayant plus les moyens nécessaires pour acheter des produits ou des services n’étant
pas de première nécessité. Du
côté des salariés, la possibilité
d’un licenciement change également leur manière de dépenser. Ils préfèrent épargner afin
de se protéger d’un éventuel
coup dur.
La faillite virtuelle des banques
s’est transformée en crise réelle
pour la population.
Cette évolution s’explique simplement en quatre points : les
entreprises baissent leur
production, le commerce international recule, le taux de
chômage augmente considérablement, tout comme la
dette publique.
Car les crises actuelles s’expliquent principalement par les
politiques économiques menées par certains états depuis
les années 70, à savoir emprunter afin de couvrir des dépenses
publiques importantes.
Cela a notamment été le cas en
Europe et plus particulièrement
en Grèce.
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Je veux comprendre...
la crise des subprimes
La crise des subprimes a été l’élément déclencheur de la situation économique mondiale. De simples emprunts à risque ont fini par mettre en péril le monde entier, et cela
à cause de placements dangereux imaginés par les établissements eux même.
Auparavant symbole de puissance, les États-Unis ont
connus dès 2007 l’une des
crises les plus importantes de
son histoire. Durant les années
2000, la FED n’ a pas hésité à
proposer aux citoyens américains des taux d’intérêts très
bas afin que chacun accède
à la propriété. C’est ainsi que
presque tous ont pu emprunter
afin d’investir dans l’immobilier.
Tous, même les moins fortunés.
Ces derniers contractent alors
des crédits appelés subprimes
: leurs taux sont bas au début
mais ils évoluent en fonction de
la valeur du bien, mise en gage
. Lorsque la maison perd de
la valeur, le taux grimpe.
En 2007 s’est produit une
hausse du taux de la FED : de
nombreux ménages n’ont plus
été en capacité de rembourser et les maisons en ont perdu de la valeur, à tel point que
la saisi de ces dernières par
les établissements prêteurs ne
permettent pas de rembourser
les fonds débloqués. De nombreuses banques, qui avaient
elles même investi dans ces
établissements voient leurs
fonds partir en fumée. Elles se
retrouvent dans l’obligation de
vendre leurs actions.
Cet enchaînement provoque
alors une crise de confiance
dans le secteur bancaire. Les
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banques ne se prêtent plus
d’argent entre elles et d’autres
commencent à manquer de liquidités. Elles doivent à leur
tour vendre leurs actions, ce
qui provoque une chute brutale
des valeurs boursières.
Fin août, cette stratégie commence enfin à payer, mais trop
tard : la crise de 2008 est déjà
engagée.
Le rôle des banques centrales
En effet, les crédits à risque évoqués plus tôt ont entre temps
été greffés à d’autres actifs, tels
que les CDO. Ces derniers ont
à leur tour été cédés en bourse,
pour beaucoup à des banques.
Mais ces CDO ont perdu toute
leur valeur faute de remboursement. Pire, certains ont même
créés des SIV. Ces investissements à risque ont mené à
la faillite de grandes banques
telles que Lehman Brothers
ou encore Merill Lynch, avant
de se répercuté sur le territoire
européen et dans le reste du
monde.
Les banques en manque de
liquidité commencent alors
à vendre leurs titres de
créances à leur banque centrale en échange de liquidités.
Les remboursements de ces
derniers sont alors directement
versés à la BCE.
De plus, la BCE et la FED décident d’injecter de l’argent
dans le circuit monétaire afin
de pallier ce manque de liquidité et de redonner confiance aux
investisseurs pour ne pas qu’ils
vendent leurs actions. Mais en
créant cet argent, les banques
centrales créent aussi de l’inflation. Durant l’été 2007, 300
milliards de dollars sont sorti
de leurs établissements.
L’effet boule de neige des
titres dérivés
S’en suit alors une crise financière mondiale catastrophique
dont beaucoup de pays peinent
à s’extirpés aujourd’hui encore.
Je veux comprendre...
la crise grecque
Véritable symbole de la crise européenne, la Grèce fait régulièrement la Une de l’actualité. Plans d’austérité à répétition, risque de sortie de l’euro, dette empirant d’années en années, la situation de ce pays menace plus que jamais l’équilibre de la zone
euro.
Tout à commencé en 2001,
lorsque la Grèce entre officiellement dans la zone euro. Elle
remplit alors les critères du traité de Maastricht, comme un
déficit inférieur à 3% du PIB,
un taux d’inflation contrôlé
ou encore un endettement
public en dessous des 60%
du PIB. Du moins sur le papier.
Le pays profite alors d’un taux
d’emprunt avantageux et s’endette davantage. En 2004, une
première révélation du ministre
des finances de l’époque apprend aux pays européens
que certains chiffres annoncés
étaient falsifiés, et que le déficit
de la Grèce s’élève à 3,7% du
PIB. Un chiffre bien en deçà de
la vérité.
avantageux et la dette explose.
Le premier ministre met alors
en place un premier plan de rigueur, dans lequel il inclut une
réduction de 10% des frais de
l’état, le gel du recrutement
des fonctionnaires et la privatisation des propriétés foncières
de l’état.
Malgré ces mesures, et un second plan en 2010, la note du
pays passe dans la catégorie
spéculative (donc à risque).
Le pays ne peut plus emprunter. Les pays de la zone euro
votent alors un premier plan
d’aide international, puis un second en 2011 sous couvert de
nouveaux plans d’austérité.
vé, mais ne satisfait pas A. Tsipras.
En juin 2015, le pays se retrouve en défaut de paiement.
Le premier ministre ferme les
Mais rien n’y fait. Sept plans banques et organise un réféd’austérité plus tard, la pays rendum afin de demander l’acEn 2009, le nouveau premier continue de s’enfoncer dans cord de la population quant à
ministre du pays, Giórgos un crise de plus en plus dif- un nouveau plan de rigueur. Le
Papandréou, communique sur ficile à renverser. En 2010, la non l’emporte massivement.
les réels chiffres de la dette dette s’élevait à 140% du PIB. L’idée d’une sortie de la Grèce
grecque : cette dernière s’élève En 2015, ce chiffre représente de la zone euro, une Grexit, se
fait de plus en plus entendre.
en fait à 279 milliard d’euros, 175% de ce dernier.
soit 115% du PIB. Le vrai visage de l’économie du pays est Les plans de rigueur successifs Syriza et les créanciers parrévélé au monde entier. Em- et sans résultats provoquent viennent à éviter le pire et à
prunts à grande échelle, fraude une révolte de la population et trouver un accord, encore une
fiscale et économie souterraine amène au pouvoir en janvier fois ponctué de rigueur. A. Tsiauraient été monnaie courante 2015 Syriza, parti radical de pras perd la confiance de son
depuis plusieurs décennies.
gauche. Le nouveau premier parti et démissionne.
ministre du pays, Alexis TsiLes répercutions de ces révé- pras, demande des aides sup- Il sera réélut en septembre
lations ne se font pas attendre, plémentaires aux créanciers du 2015, mais l’avenir du pays
et la note de la dette grecque pays, ainsi qu’un allègement reste encore incertain.
baisse considérablement. Le de la dette et l’arrêt des plans
pays perd son taux d’emprunt d’austérité. Un accord est trou5
Chiffres : Le Monde
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