DOSSIER THÉMATIQUE
La classification OMS 2000 des tumeurs endocrines digestives
est simple, facilement utilisable pour les pièces opératoires, “adap-
table” aux prélèvements biopsiques. Le type de sécrétion n’inter-
vient plus, comme c’était le cas pour les classifications antérieures.
Cette classification est particulièrement utile s’il y a une indication
de chimiothérapie, puisque le choix de celle-ci sera déterminé en
fonction de la différenciation.
Mais il existe des zones d’imprécision, et la reproductibilité inter-
observateur reste à valider. De nouveaux facteurs pronostiques
qui sont en cours d’étude devraient être validés en vue d’une nou-
velle classification.
LE DIAGNOSTIC ANATOMOPATHOLOGIQUE
Il est fondé sur des critères cytologiques et architecturaux et sur
des réactions immunohistochimiques. Ce sont des tumeurs épithé-
liales, généralement constituées de cellules de petite taille, relati-
vement régulières, disposées en îlots, entourées par de fins capil-
laires, caractéristiques de l’architecture endocrinoïde.
Le caractère endocrine est mis en évidence par des immunodétec-
tions de groupe, avec la chromogranine A et la synaptophysine.
La chromogranine A met en évidence des granules sécrétoires et
la synaptophysine des vésicules sécrétoires (6). Ces immunodétec-
tions remplacent les colorations spéciales de Grimelius et de Fon-
tana, réputées mettre en évidence l’argyrophilie et l’argentaffinité
de ces tumeurs. On peut citer aussi la NSE peu spécifique et peu
utilisée, le Leu7, le PGP 9.5, le CD 56 et le MAP 18.
Mieux que l’index mitotique, l’index de prolifération est évalué
grâce au Ki67 (ou Mib1). L’étude de la P53 peut aider à définir le
degré de différenciation. Pour des problèmes de diagnostic diffé-
rentiel,des immunodétections complémentaires peuvent être utiles,
telles que les kératines, l’ACE, la vimentine, le CD45 (panleuco-
cyte). Enfin, des immunodétections peuvent être réalisées pour
caractériser le type de sécrétion : insuline, gastrine, somatostatine,
sérotonine, VIP, glucagon, etc.
Le diagnostic de tumeur endocrine est en règle générale relativement
facile sur les pièces opératoires. Il peut s’avérer plus difficile sur biop-
sie ou ponction sous échoendoscopie. Pour les ponctions sous écho-
endoscopie, l’obtention de microbiopsies et/ou de cytologies mono-
couches est indispensable pour réaliser des immunodétections
(chromogranine A et synaptophysine) qui permettent d’affirmer le
diagnostic ; la différenciation tumorale peut être évaluée sur des cri-
tères cytologiques, sur la valeur du Ki67 et sur une éventuelle immuno-
expression de P53, avec les réserves dues à la taille des échantillons (7).
PARTICULARITÉS EN FONCTION DE LA LOCALISATION
LE LONG DU TUBE DIGESTIF
Au niveau de l’œsophage : on observe essentiellement des carci-
nomes endocrines peu différenciés.
Au niveau de l’estomac : il existe une forme particulière, les
tumeurs endocrines multiples du fundus développées dans un
contexte d’hyperplasie des cellules endocrines fundiques, secon-
daires à une hypergastrinémie, elle-même le plus souvent associée
à une anémie de Biermer. Ce sont des tumeurs à cellules ECL le
plus souvent multiples et bénignes. Les lésions gastriques uniques
suivent la classification générale.
Au niveau du duodénum : on observe essentiellement des gastri-
nomes et des somatostatinomes, sporadiques ou associés à des
polyendocrinopathies, plus rarement des tumeurs sécrétant de la
sérotonine.
Au niveau du jéjunum et de l’iléon : ce sont le plus souvent des
tumeurs sécrétant de la sérotonine, correspondant à d’authentiques
carcinoïdes. Les flushs ne s’observent que quand il y a des méta-
stases hépatiques.
Au niveau de l’appendice iléocæcal : il faut distinguer les
tumeurs développées au niveau de la pointe, qui ont en règle géné-
rale un bon pronostic, des tumeurs développées au niveau de la
base, qui suivent la classification OMS. Dans cette localisation,
les tumeurs et les carcinomes endocrines sont toujours bien
différenciés.
Au niveau du côlon : ce sont le plus souvent des carcinomes peu
différenciés.
Au niveau du rectum : on peut observer aussi de petites tumeurs
bien différenciées se présentant sous forme de “polypes ses-
siles”, de coloration beige chamois. Ces tumeurs sont le plus sou-
vent négatives pour la chromogranine A et la synaptophysine,
mais elles seraient en revanche positives pour la chromogra-
nine B. La résection endoscopique ne permet pas toujours d’ap-
précier le caractère indemne des limites de résection.
LES TUMEURS MIXTES ENDOCRINES
ET EXOCRINES
On peut distinguer les tumeurs de collision, les tumeurs compo-
sites et les adénocarcinoïdes.
Les tumeurs de collision correspondent au développement
parallèle d’une tumeur endocrine et d’un adénocarcinome. Les
métastases peuvent être mixtes ou ne comporter qu’un type cel-
lulaire. Le pronostic est théoriquement celui du contingent
métastatique.
Dans les tumeurs composites,les deux composantes cellulaires
endocrine et exocrine sont mêlées. Les métastases sont mixtes.
Le pronostic est théoriquement celui d’un adénocarcinome.
L’adénocarcinoïde est une forme particulière de tumeur compo-
site, décrite par Warkel en 1979. Cette tumeur s’observe préféren-
tiellement au niveau de l’appendice iléocæcal.
La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 3 - vol. VIII - mai-juin 2005
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