DOSSIER THÉMATIQUE
* Département de biopathologie, Institut Paoli-Calmettes, Marseille.
Le diagnostic anatomopathologique est fondé sur des cri-
tères cytologiques et architecturaux, et sur l’immunohisto-
chimie.
La classification OMS actuellement utilisée est simple,
facilement utilisable, et représente la première classification
histopronostique proposée pour ces tumeurs.
Elle fait intervenir des notions classiques de taille, d’ex-
tension tumorale, d’architecture et la présence de nécrose,
ainsi que des critères cytologiques, d’index mitotique et de
prolifération.
POINTS FORTS
POINTS FORTS
Classification des tumeurs endocrines digestives
Classification of digestive endocrine tumours
G. Monges*
L
a classification des tumeurs endocrines digestives de réfé-
rence est celle proposée par l’OMS en 2000 (1). C’est
la première classification histopronostique utilisable en
routine. Les classifications précédentes de Capella et al. (2),de 1994
et de Kloppel (3),de 1997, étaient extrêmement complexes et peu
utilisables en pratique. La classification OMS est commune aux
tumeurs du tube digestif et du pancréas avec quelques nuances. Elle
est fondée sur des notions classiques en pathologie tumorale comme
la taille, l’extension tumorale, les caractères architecturaux et cyto-
logiques, ainsi que l’index mitotique et l’expression de la pro-
téine P53. Le profil moléculaire (4) n’apporte pas d’élément dia-
gnostique déterminant à l’heure actuelle.
La classification OMS 2000 distingue trois groupes de tumeurs :
les tumeurs endocrines bien différenciées, les carcinomes endo-
crines bien différenciés et les carcinomes endocrines peu différen-
ciés, avec des différences pronostiques pour ces trois groupes. Des
travaux récents suggèrent que les formes bien différenciées et peu
différenciées relèvent d’une histogenèse distincte (5).
Il est préférable d’utiliser le terme de tumeur endocrine plutôt que
celui de tumeur “neuro”-endocrine, car ces tumeurs n’ont rien de
“neuro” en dehors de quelques marqueurs communs avec les cel-
lules nerveuses. Leur origine endodermique semble être reconnue
à l’heure actuelle.
Nous étudierons successivement la classification OMS 2000, les
bases du diagnostic anatomopathologique, puis quelques particu-
larités en fonction de la topographie, les formes mixtes et les tumeurs
entrant dans le cadre des polyendocrinopathies.
LA CLASSIFICATION OMS
Elle distingue trois groupes de tumeurs.
Les tumeurs endocrines : ce sont des lésions localisées, de petite
taille (1cm pour le tube digestif et 2cm pour le pancréas),
les cellules sont régulières, le nombre de mitoses est réduit (2pour
10 champs à fort grossissement [GX]). Ces tumeurs peuvent être
considérées comme bénignes. Si l’un des critères est absent, ces
tumeurs entrent dans le cadre des tumeurs à malignité atténuée.
Les carcinomes endocrines bien différenciés : les tumeurs sont
plus volumineuses (> 1 cm pour le tube digestif et > 2 cm pour le
pancréas), les atypies cellulaires sont modérées, l’index mitotique
est > 2 et < 10 pour 10 champs à fort grossissement et l’index de
prolifération>2%et <15%. Ces tumeurs peuvent s’accompa-
gner de métastases ganglionnaires ou hépatiques.
Les carcinomes endocrines peu différenciés : les cellules sont
atypiques, de petite taille ou de taille intermédiaire, disposées en
larges plages mal définies, souvent associées à de la nécrose. Les
emboles vasculaires et les engainements périnerveux sont quasi
systématiques. L’index mitotique est élevé (> 10) et l’index de
prolifération Ki67 > 15 % ; P53 peut être surexprimée et mise en
évidence par immunohistochimie. En règle générale, ces tumeurs
s’accompagnent de métastases à distance. Dans ce groupe, l’OMS
englobe les carcinomes endocrines peu différenciés à petites cel-
lules, comparables à l’oat cell carcinoma bronchique, et les carci-
nomes endocrines indifférenciés à plus grandes cellules.
La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 3 - vol. VIII - mai-juin 2005 103
DOSSIER THÉMATIQUE
La classification OMS 2000 des tumeurs endocrines digestives
est simple, facilement utilisable pour les pièces opératoires, “adap-
table” aux prélèvements biopsiques. Le type de sécrétion n’inter-
vient plus, comme c’était le cas pour les classifications antérieures.
Cette classification est particulièrement utile s’il y a une indication
de chimiothérapie, puisque le choix de celle-ci sera déterminé en
fonction de la différenciation.
Mais il existe des zones d’imprécision, et la reproductibilité inter-
observateur reste à valider. De nouveaux facteurs pronostiques
qui sont en cours d’étude devraient être validés en vue d’une nou-
velle classification.
LE DIAGNOSTIC ANATOMOPATHOLOGIQUE
Il est fondé sur des critères cytologiques et architecturaux et sur
des réactions immunohistochimiques. Ce sont des tumeurs épithé-
liales, généralement constituées de cellules de petite taille, relati-
vement régulières, disposées en îlots, entourées par de fins capil-
laires, caractéristiques de l’architecture endocrinoïde.
Le caractère endocrine est mis en évidence par des immunodétec-
tions de groupe, avec la chromogranine A et la synaptophysine.
La chromogranine A met en évidence des granules sécrétoires et
la synaptophysine des vésicules sécrétoires (6). Ces immunodétec-
tions remplacent les colorations spéciales de Grimelius et de Fon-
tana, réputées mettre en évidence l’argyrophilie et l’argentaffinité
de ces tumeurs. On peut citer aussi la NSE peu spécifique et peu
utilisée, le Leu7, le PGP 9.5, le CD 56 et le MAP 18.
Mieux que l’index mitotique, l’index de prolifération est évalué
grâce au Ki67 (ou Mib1). L’étude de la P53 peut aider à définir le
degré de différenciation. Pour des problèmes de diagnostic diffé-
rentiel,des immunodétections complémentaires peuvent être utiles,
telles que les kératines, l’ACE, la vimentine, le CD45 (panleuco-
cyte). Enfin, des immunodétections peuvent être réalisées pour
caractériser le type de sécrétion : insuline, gastrine, somatostatine,
sérotonine, VIP, glucagon, etc.
Le diagnostic de tumeur endocrine est en règle générale relativement
facile sur les pièces opératoires. Il peut s’avérer plus difficile sur biop-
sie ou ponction sous échoendoscopie. Pour les ponctions sous écho-
endoscopie, l’obtention de microbiopsies et/ou de cytologies mono-
couches est indispensable pour réaliser des immunodétections
(chromogranine A et synaptophysine) qui permettent d’affirmer le
diagnostic ; la différenciation tumorale peut être évaluée sur des cri-
tères cytologiques, sur la valeur du Ki67 et sur une éventuelle immuno-
expression de P53, avec les réserves dues à la taille des échantillons (7).
PARTICULARITÉS EN FONCTION DE LA LOCALISATION
LE LONG DU TUBE DIGESTIF
Au niveau de l’œsophage : on observe essentiellement des carci-
nomes endocrines peu différenciés.
Au niveau de l’estomac : il existe une forme particulière, les
tumeurs endocrines multiples du fundus développées dans un
contexte d’hyperplasie des cellules endocrines fundiques, secon-
daires à une hypergastrinémie, elle-même le plus souvent associée
à une anémie de Biermer. Ce sont des tumeurs à cellules ECL le
plus souvent multiples et bénignes. Les lésions gastriques uniques
suivent la classification générale.
Au niveau du duodénum : on observe essentiellement des gastri-
nomes et des somatostatinomes, sporadiques ou associés à des
polyendocrinopathies, plus rarement des tumeurs sécrétant de la
sérotonine.
Au niveau du jéjunum et de l’iléon : ce sont le plus souvent des
tumeurs sécrétant de la sérotonine, correspondant à d’authentiques
carcinoïdes. Les flushs ne s’observent que quand il y a des méta-
stases hépatiques.
Au niveau de l’appendice iléocæcal : il faut distinguer les
tumeurs développées au niveau de la pointe, qui ont en règle géné-
rale un bon pronostic, des tumeurs développées au niveau de la
base, qui suivent la classification OMS. Dans cette localisation,
les tumeurs et les carcinomes endocrines sont toujours bien
différenciés.
Au niveau du côlon : ce sont le plus souvent des carcinomes peu
différenciés.
Au niveau du rectum : on peut observer aussi de petites tumeurs
bien différenciées se présentant sous forme de “polypes ses-
siles”, de coloration beige chamois. Ces tumeurs sont le plus sou-
vent négatives pour la chromogranine A et la synaptophysine,
mais elles seraient en revanche positives pour la chromogra-
nine B. La résection endoscopique ne permet pas toujours d’ap-
précier le caractère indemne des limites de résection.
LES TUMEURS MIXTES ENDOCRINES
ET EXOCRINES
On peut distinguer les tumeurs de collision, les tumeurs compo-
sites et les adénocarcinoïdes.
Les tumeurs de collision correspondent au développement
parallèle d’une tumeur endocrine et d’un adénocarcinome. Les
métastases peuvent être mixtes ou ne comporter qu’un type cel-
lulaire. Le pronostic est théoriquement celui du contingent
métastatique.
Dans les tumeurs composites,les deux composantes cellulaires
endocrine et exocrine sont mêlées. Les métastases sont mixtes.
Le pronostic est théoriquement celui d’un adénocarcinome.
L’adénocarcinoïde est une forme particulière de tumeur compo-
site, décrite par Warkel en 1979. Cette tumeur s’observe préféren-
tiellement au niveau de l’appendice iléocæcal.
La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 3 - vol. VIII - mai-juin 2005
104
DOSSIER THÉMATIQUE
LES FORMES ENTRANT DANS LE CADRE
D’UNE POLYENDOCRINOPATHIE
Les tumeurs endocrines digestives s’observent dans les syndromes
de néoplasie endocrinienne multiple de type I (4),associant des
gastrinomes le plus souvent duodénaux et des tumeurs endocrines
multiples du pancréas présentant des sécrétions hormonales variées.
Dans le syndrome de Recklinghausen (5),on observe essentielle-
ment des somatostatinomes duodénaux.
CONCLUSION
La classification OMS 2000 des tumeurs endocrines digestives a,
par rapport aux anciennes classifications, l’avantage d’être d’uti-
lisation facile et de ne pas faire intervenir le type de sécrétion.
Cependant, elle est parfois imprécise, sa reproductibilité inter-
observateur n’est pas connue et elle n’a pas été validée sur de
grandes séries.
Mots-clés.Tumeurs endocrines - Immunohistochimie - Classifi-
cation OMS.
Keywords.Endocrine tumours - Immunochemistry - WHO classi-
fication.
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crine tumors of the lung, pancreas and gut. Digestion 1994;55(Suppl. 3):11-23.
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1997;81:111-7.
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well-differentiated endocrine tumors and poorly differentiated endocrine carci-
nomas of the gastroenteropancreatic tract. Clin Cancer Res 2004;10:947-57.
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and pancreas. Endocr Relat Cancer 2003;10:427-36.
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résultats d’une étude monocentrique portant sur 1 323 patients. Acta Endoco-
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