Éditorial Sommaire Actualités oncosciences COX-2 et cancer : >> 5 Coordonné par S. Faivre et C. Tournigand 3 questions à... >> 15 > ERBITUX® (cétuximab) en traitement concomitant à la radiothérapie dans les cancers des VADS localement avancés Entretien avec J. Bourhis Reportage >> 17 > Les agences sanitaires en France : la Haute Autorité de santé HAS Réalisé par G. Mégret Ailleurs >> 21 > La cancérologie en Roumanie Entretien avec H. Homokos D’après Meric JB, Rottey S, Olaussen KA et al. Cyclooxygenase-2 as a target for anticancer drug development. Crit Rev Oncol Hematol 2006. 2 une autre manière de cibler le cancer D epuis ces dix dernières années, que ce soit sur le plan fondamental ou clinique, le rôle joué par la cyclooxygénase-2 (COX-2) dans la carcinogenèse a été largement démontré. Les anti-inflammatoires de type AINS et, récemment, les inhibiteurs de COX-2 sont connus pour limiter la prolifération tumorale. Ce sont surtout les grandes études cliniques de chimioprévention, en particulier chez les patients à risque de cancer colorectal, qui ont confirmé cette activité. L'expression ou la surexpression de COX-2 est actuellement démontrée au sein de nombreuses lésions prénéoplasiques (côlon, estomac, poumon) ou de lésions cancéreuses (côlon, poumon, mélanome, vessie), avec des niveaux d'expression variables ; cependant, une discussion persiste sur la possibilité que ce soit seulement les cellules inflammatoires intratumorales qui l'expriment. Quoi qu'il en soit, il existe actuellement suffisamment de données précliniques pour confirmer l'implication de COX-2 dans certains mécanismes de cancérogenèse, à savoir dans l'induction et la promotion tumorale, l’inhibition de l’apoptose, l’invasion, le processus métastatique et même la néoangiogenèse. Sur le plan thérapeutique, si l’on se situe au niveau de la chimioprévention, les AINS et les inhibiteurs plus spécifiques de COX-2 réduisent de façon significative un certain nombre de cancers comme le cancer colorectal, le cancer gastrique, le cancer de la prostate et de la vessie. Au-delà de la chimioprévention, de nombreux essais cliniques ont évalué l’association d’un inhibiteur de COX-2 et d’une chimiothérapie cytotoxique, comme dans le cancer bronchique. Si l’on se base sur des critères purement biologiques, des différences existent, en particulier sur les niveaux d’expression de la PGE2 et de COX-2 intratumoraux. Sur le plan des critères d’efficacité purement cliniques, on a pu également observer des taux de réponse cliniques et anatomopathologiques assez élevés en situation néoadjuvantes (chimiothérapie type paclitaxel/carboplatine plus célécoxib). Des taux de réponse objective très élevés ont aussi été obtenus grâce à des associations comprenant un inhibiteur de l’aromatase, en situation néoadjuvante chez des patientes atteintes de cancer du sein. Par ailleurs, l’autre point intéressant des anti-COX-2 est leur capacité à réverser certaines chimiorésistance (résistance de type MDR), comme cela est décrit à ce titre avec d’autres agents appartenant aux thérapies ciblées. Au total, à l’heure des nouvelles stratégies thérapeutiques, des associations chimiothérapie/thérapies ciblées, sans oublier la recherche permanente de nouveaux agents de chimioprévention, les inhibiteurs de COX-2 offrent un rationnel probant pour une utilisation plus importante à l’avenir. Le seul point qui reste à explorer porte sur leur profil de toxicité, en particulier sur le plan cardiovasculaire ; la récente remise sur le marché du célécoxib nous permettra probablement de répondre à cette question. J.P. Spano, J.B. Méric, département d’oncologie médicale, groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière, Paris. La Lettre du Cancérologue - Suppl. Les Actualités au vol. XV - n° 1 - avril 2006