Être et savoir
Être et savoir
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 5 - mai 2007
possible des éléments de fragilité sociale existant ou à venir chez
le patient. Ce travail, amorcé dès la consultation d’annonce,
est approfondi lors de l’entretien soignant et oriente, si néces-
saire, le patient vers les services sociaux. Une coordination entre
les médecins, les infi rmiers de consultation d’annonce et les
assistants sociaux est donc indispensable dès ce stade de la prise
en charge. Si la situation sociale le nécessite, un entretien avec un
travailleur social permet de faire le point sur les droits ouverts
en matière de mutuelle et d’assurance, sur les démarches à faire
en matière de conventions collectives et de droit du travail au
regard d’une situation professionnelle salariée ou libérale, sur
les aménagements du temps de travail possibles, l’articulation
avec la médecine du travail et le congé d’accompagnement.
Cet entretien permet également d’informer le patient des aides
dont il pourrait bénéfi cier, notamment les aides au maintien à
domicile (aide ménagère, auxiliaire de vie, etc.) ;
la prise en charge psychologique, qui est, dans un premier
temps, assurée par le médecin et le personnel soignant qu’est
amené à voir le patient en premier lieu. Le psychologue doit,
cependant, autant que faire se peut, être présenté au patient
dès le début de sa prise en charge dans le but d’établir un
premier contact, celui-ci pouvant être suivi d’une prise en
charge psychologique au long cours si le patient en ressent
le besoin. Cette off re doit rester une proposition et ne jamais
revêtir un caractère obligatoire. Le suivi par le psychologue peut
se faire sur le mode de consultations ayant lieu à des moments
où le patient est hospitalisé (pendant ses séances de chimiothé-
rapie, par exemple), voire en dehors des hospitalisations, ou bien
sur le mode d’entretiens téléphoniques — raison pour laquelle
le patient doit pouvoir disposer du numéro de téléphone du
psychologue afi n d’établir facilement un contact aux moments
où il en ressent le besoin. La prise en charge psychologique ne
s’adresse pas seulement au patient, mais également aux proches
(conjoint, enfants, parents, membres de la famille, etc.) qui
l’accompagnent quotidiennement pendant la maladie ;
la prise en charge de la douleur, qui fait souvent appel à des
médecins référents de la douleur, spécialisés dans la prise en
charge non seulement des symptômes douloureux, mais aussi
de tous les autres symptômes liés aux cancers (dyspnée, asthénie,
etc.) ou relatifs à la toxicité des traitements anticancéreux ;
les autres compétences en soins de support sont assurées par
des professionnels spécialisés (kinésithérapeutes, diététiciens,
etc.) qui, après évaluation des besoins, sont sollicités de manière
ponctuelle pour la prise en charge de problèmes particuliers.
L’articulation entre la médecine de ville et l’hôpital
autour de l’annonce
Le rôle du médecin traitant est primordial dans la prise en charge
d’un patient atteint de cancer, puisqu’il est le médecin de proxi-
mité que le patient consulte en premier recours. D’autre part,
il est le seul médecin qui puisse intervenir au jour le jour au
domicile du patient. Enfi n, il ne faut pas oublier qu’il est, en règle
générale, le médecin de famille qui connaît le mieux le contexte
familial et social du patient. Il est donc important qu’il soit
informé et associé, dès le début de la prise en charge du cancer,
du diagnostic et du projet thérapeutique afi n d’être associé très
tôt au parcours de soins et d’assurer la meilleure coordination des
soins entre l’hôpital et le domicile. Le médecin traitant doit être
le destinataire principal des résultats signifi catifs des examens
complémentaires réalisés à chaque étape de la prise en charge
du cancer, en particulier des résultats anatomopathologiques
et d’imagerie. Il doit également être tenu au courant de tous les
temps successifs de la stratégie thérapeutique (chirurgie, radio-
thérapie, chimiothérapie, etc.), des eff ets indésirables prévisibles
des traitements et des modifi cations éventuelles en cours de
traitement en raison d’évolutions non prévues. Pour cela, le
médecin responsable du traitement du cancer doit demander
au patient les coordonnées de son médecin traitant ou l’inviter,
s’il n’en n’a pas, à en choisir un. En eff et, le médecin traitant est
devenu indispensable pour les démarches de demande de prise
en charge à 100 % par la Sécurité sociale pour “aff ection de
longue durée” (ALD) : c’est impérativement lui qui doit remplir
les formulaires nécessaires, le médecin spécialiste, oncologue
ou autre, n’étant plus habilité à les signer. En pratique, il est
souhaitable que ce protocole ALD se fasse de concert entre le
médecin généraliste et l’oncologue.
Un point particulier est celui de l’annonce dans le cadre d’un
programme de dépistage. Elle concerne tous les médecins
susceptibles de participer au dépistage du cancer (radiologues,
gastro-entérologues, gynécologues, dermatologues, oncogéné-
ticiens, généralistes). L’annonce d’un dépistage positif doit être
associée à l’information immédiate du médecin traitant, avec
l’accord du patient, et à l’orientation la plus rapide possible vers
un centre spécialisé dans la prise en charge du cancer diagnos-
tiqué, incluant le dispositif d’annonce tel que décrit plus haut.
LA CONSULTATION D’ANNONCE : ET APRÈS ?
La mise en place du dispositif d’annonce du cancer constitue-t-elle
la solution aux problèmes soulevés lors des états généraux du
cancer organisés en 1998 et 2000 par la Ligue nationale contre
le cancer ? Bien présomptueux serait celui qui avancerait cette
affi rmation. Même si cette mesure a permis un vrai progrès
en termes de prise de conscience des besoins des patients,
il conviendra de voir au fi l du temps si les diff érents points sont
tous eff ectifs dans la prise en charge des patients. Cela fait partie
des objectifs d’évaluation du Plan cancer. S’il est certain que
l’on ressent déjà des améliorations en termes d’information du
patient (du fait des discussions engendrées sur les conditions
de l’annonce au sein des équipes soignantes), de renforcement
en personnel infi rmier, de reconnaissance du temps consacré
aux consultations d’annonce et d’implication signifi cative des
administrations, il n’en demeure pas moins que la consultation
d’annonce n’est qu’un cadre qui ne remplace pas le contenu
humain que chaque médecin désire y mettre. Le temps passé à
donner toutes les informations ayant trait au diagnostic et au
projet personnalisé de soins ne doit pas faire oublier le temps,
probablement plus long, nécessaire à une réelle écoute du