Dossier thématique
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 9 - novembre 2007
érectile. Par exemple, la radiothérapie de la prostate provoque
30 % de dysfonction érectile à 1 an. Les troubles sont d’autant
plus marqués en cas de facteurs de risque vasculaire associés,
tels que l’hypertension artérielle, le diabète, la dyslipidémie et
le tabagisme.
La dysfonction érectile après curiethérapie dans le cancer de la
prostate est diffi cile à déterminer, car les résultats sont hétéro-
gènes : d’après G.S. Merrick et al. (1), son incidence est de 6 % à
90 % selon les séries. Trois facteurs pronostiques sont favorables :
une fonction sexuelle préopératoire normale, un âge jeune et
l’absence de radiothérapie externe associée. Enfi n, la réponse
au sildénafi l chez ces patients est excellente : il a été rapporté
que 92 % des patients avaient, six ans après curiethérapie, des
érections suffi santes pour avoir des rapports pénétrants en
prenant en compte des patients traités par sildénafi l (2).
PROSTATECTOMIE
Dans une étude de revue de A.G. Matthew et al. (3), la préva-
lence de la dysfonction érectile après prostatectomie radicale
est de 25 % à 75 % selon les séries. La fonction érectile s’amé-
liore au cours des deux premières années postopératoires. Les
résultats sont meilleurs en cas de conservation bilatérale des
bandelettes vasculo-nerveuses. Les taux d’érection suffi sante
pour obtenir un rapport pénétrant sont respectivement de
44 %, 41 % et 35 % en cas de conservation bilatérale des bande-
lettes, de conservation unilatérale ou de non-conservation.
Mais la conservation bilatérale ne peut s’envisager que si le
risque d’extension extraprostatique est faible. En outre, l’âge
du patient est un facteur pronostique majeur. Par exemple,
dans une étude portant sur 671 patients (4), les patients âgés
de moins de 58 ans avaient 60 % de chance d’érection en cas
de conservation bilatérale, et 31 % en cas de non-préservation.
Ceux qui étaient âgés de plus de 69 ans avaient 31 % de chance
d’érection en cas de conservation bilatérale, et 10 % en cas de
non-préservation.
Enfi n, un autre facteur péjoratif est à considérer : la dysfonction
érectile préopératoire.
CYSTOPROSTATECTOMIE
Ce qui est vrai pour la prostatectomie l’est aussi pour la cystopros-
tatectomie. Des équipes ont développé une technique de conser-
vation de la capsule prostatique qui améliore la fonction érectile,
au prix cependant d’un risque carcinologique majoré (5).
ORCHIDECTOMIE
L’orchidectomie unilatérale n’a pas d’impact sur la fonction érec-
tile. L’orchidectomie bilatérale conduit à une stérilité secondaire
et à une insuffi sance endocrine. Néanmoins, la supplémentation
hormonale permet d’éviter l’apparition de troubles sexuels.
CURAGE GANGLIONNAIRE LOMBOAORTIQUE
J.P. Van Basten et al. (6) ont comparé la sexualité dans deux
groupes de patients, l’un traité par chimiothérapie seule et l’autre
par chimiothérapie et curage ganglionnaire lombo-aortique. La
seule diff érence observée entre les deux groupes concernant la
fonction sexuelle était une fréquence d’éjaculation rétrograde
plus élevée dans le groupe avec curage.
CHIRURGIE DU RECTUM
La chirurgie carcinologique du rectum est plus souvent cause
de dysfonction érectile que la chirurgie non carcinologique, qui
permet une conservation du méso-rectum. Il existe entre 5 et
40 % de dysfonction érectile postopératoire après chirurgie pour
cancer du rectum et 5 à 50 % de troubles de l’éjaculation (7).
TRAITEMENTS
Les traitements de la dysfonction érectile sont peu spécifi ques
de chaque pathologie.
Il existe deux traitements médicamenteux avant tout : les
inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5, et les injections
intracaverneuses.
Les inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (tadalafi l
[Cialis
®
], vardénafi l [Levitra
®
], sildénafi l [Viagra
®
]) facilitent
l’érection. Une stimulation érotique reste donc nécessaire. Ils
ne doivent pas être associés aux dérivés nitrés, ni être prescrits
en cas de contre-indication à l’eff ort physique. Ils se présentent
sous forme de comprimés à prendre une heure avant le rapport,
sans dépasser la posologie d’un comprimé par jour.
Pour les injections intracaverneuses telles que l’alprostatil (Edex
®
)
aucune stimulation érotique n’est nécessaire. En outre, ces injec-
tions nécessitent un apprentissage et une adaptation de dose.
Le risque de priapisme doit être expliqué au patient. Leur usage
est à éviter en cas de contre-indication à l’eff ort physique ou de
prédisposition au priapisme (myélome, drépanocytose).
Le vacuum est une pompe à vide. Très peu utilisé en France, il
est pourtant effi cace (8).
Les prothèses péniennes semi-rigides ou gonfl ables peuvent
être utilisées en dernier recours.
La psychothérapie est également effi cace sur les dysfonctions
érectiles psychogènes.
Il faut cependant retenir que, avant tout traitement pouvant
aff ecter la fonction érectile et donc la fertilité, une cryocon-
servation du sperme doit être envisagée.
CONCLUSION
La dysfonction érectile en oncologie doit être prise en compte par
les praticiens en charge de la maladie. L’information des patients
et de leur partenaire est capitale, car la dysfonction érectile est