OUVRONS LA FRANCE PAR SES TERRITOIRES ! Dossier de presse Jean-Christophe Fromantin Député des Hauts-de-Seine Président de Territoires en Mouvement SOMMAIRE INTRODUCTION LA DEMARCHE « Ouvrons la France par ses territoires ! » PRINCIPE 1 : Des métropoles qui connectent et qualifient les territoires PRINCIPE 2 : Des mobilités au cœur des dynamiques de développement PRINCIPE 3 : L’épargne au service de la croissance PRINCIPE 4 : Les talents au plus près des perspectives de développement PRINCIPE 5 : L’innovation des politiques publiques PERSPECTIVES CONCLUSION ANNEXE 2 INTRODUCTION Les enjeux de la mondialisation, les défis économiques et les mutations technologiques nous interpellent chaque jour sur la capacité de notre modèle à assurer les conditions d’un développement pérenne et harmonieux. Malheureusement, force est de constater que – jour après jour, année après année – nous accumulons les difficultés et que notre pays glisse progressivement dans la déprime, le pessimisme et l’absence d’ambition. Notre modèle ne produit plus ni richesse, ni efficacité, ni perspective d’avenir ; il tourne dans le vide. Les entreprises – étouffées par des prélèvements obligatoires records (46%+ en 2013) – sont les boucs émissaires ; les classes moyennes – sur fiscalisées – craignent le déclassement et les jeunes – constatant l’absence d’ambitions – rêvent d’horizons meilleurs. Le débat politique reste figé dans des perspectives de court terme en réaction aux émotions et à l’actualité. Les (près de) 2000 milliards de dette que notre pays doit supporter agissent comme une terrible épée de Damoclès et paralysent toute initiative, la dépense publique ne cesse d’augmenter atteignant près de 57% du PIB. La France s’enfonce progressivement dans un climat délétère. Un sentiment de défiance s’installe. Et c’est sur ce terreau, vide d’espérance, que viennent dangereusement prospérer les mouvements populistes et radicaux, lesquels, de tout temps, ont su profiter des périodes de doute ou de fin de cycle pour nous faire croire à des solutions simplistes qui, le plus souvent, tendent d’abord à diviser. L’objectif du projet « Ouvrons la France par ses territoires ! » est de proposer une démarche structurante en partant des territoires et de leur formidable potentiel. D’abord parce qu’ils possèdent l’ensemble des leviers en mesure de régénérer nos avantages comparatifs en terme de culture, d’environnement, de savoir-faire ou de connaissance ; ensuite parce que, grâce aux capacités de nos identités territoriales, ils sont le meilleur rempart pour éviter les risques de standardisation liés à la mondialisation. Cette démarche est développée sur une série de principes qui correspondent aux nouveaux défis du XXIème siècle : S’inscrire dans les nouvelles échelles, les rythmes et les flux que développe la mondialisation Régénérer nos avantages comparatifs en prenant en compte l’émergence de nouveaux consommateurs à travers le monde Impliquer de nouveaux talents en phase avec les nouveaux défis que nous avons à relever En 2020, plus de 30% des classes moyennes dans le monde seront issues des pays émergents. C’est un des plus grands leviers de croissance des décennies à venir ; pour la plupart d’entre elles notre pays reste parmi les plus attractifs au monde car nos valeurs sont fortes et porteuses d’équilibre. Elles sont notre capital d’avenir ; elles sont ancrées au plus profond de la France et de ses territoires ; elles portent les bases de notre rayonnement et de notre requalification dans la mondialisation. C’est la raison pour laquelle la France que nous devons ré-imaginer doit réinvestir ses territoires et régénérer ses avantages comparatifs ; elle doit restaurer la capacité d’initiatives des Français – là où ils vivent – et multiplier les connexions entre chaque territoire et le reste du monde ; elle doit s’inscrire dans de nouveaux réseaux qui 3 permettront de réconcilier les échelles locales et globales ; elle doit réinventer son offre et reconstituer de la valeur ajoutée en mobilisant ses savoir-faire, ses richesses et ses connaissances ; elle doit redonner à chacun une fierté et un sentiment d’appartenance en réhabilitant sa culture et son patrimoine ; elle doit retrouver un projet et une ambition. C’est à ces conditions, si elle sait rester singulière et porteuse d’espérance, que la France sera à nouveau positive, rayonnante et prospère. « La France que nous devons imaginer doit réinvestir ses territoires pour régénérer ses avantages comparatifs ». Réinventer la France par ses territoires suppose de repenser son modèle à l’aune des nouveaux enjeux. En 1790 Jean-Dominique Cassini finalisait la nouvelle carte de France adoptée par l’Assemblée Nationale. Cette carte avait pour objectif de répondre aux attentes politiques, administratives et économiques de l’époque en positionnant chaque français à moins d’une journée de cheval d’un chef-lieu de département. Aujourd’hui, à l’heure des technologies et de la mondialisation, nous continuons à travailler sur cette même construction géographique sans prendre en compte les nouveaux flux et les dynamiques de développement qu’ils engendrent. Cette situation est lourde de conséquences sur notre efficacité économique, sur l’emploi et sur l’évolution de la dépense publique. Le mille-feuille institutionnel actuel est le résultat d’une stratification des différentes couches de collectivités que nous renforçons au fil du temps et des textes sur la décentralisation. Il nous éloigne progressivement des rythmes et des flux de la mondialisation. Ce décalage croissant est en grande partie responsable de notre incapacité chronique à s’inscrire dans ce nouveau monde. En 2013, plus de deux siècles après la carte de Cassini, chaque français, chaque entreprise, chaque territoire, pourraient légitimement espérer une évolution de notre modèle en phase avec les enjeux du nouveau siècle. En proposant un modèle de développement à partir des territoires nous ouvrons une voie à la fois fidèle à nos valeurs, promotrice de nos atouts et accessible à tous. 4 LA DEMARCHE « OUVRONS LA FRANCE PAR SES TERRITOIRES ! » Depuis deux ans, Territoires en Mouvement, 1 avec une équipe d’entrepreneurs, d’économistes, d’élus et de représentants de la société civile 2 travaille sur la géographie économique et sociale du XXIème siècle. L’objectif de cette démarche est de faire correspondre notre organisation territoriale à la réalité de la France et du monde d’aujourd’hui ; nous voulons que notre pays retrouve une perspective de création, de production et de rayonnement, en Europe et à travers le monde. Ce projet considère qu’une grande partie de notre perte de compétitivité est due à une structure de territoires inadaptée ; qui n’encourage pas l’initiative ; qui génère de la dépense publique, qui ne draine pas les financements nécessaires à son développement ; qui n’est pas suffisamment connectée aux nouveaux moteurs de la croissance. Notre projet vise à dessiner les bases d’un modèle adapté à la nouvelle configuration de l’économie et de la mondialisation. « L’objectif de cette démarche est de faire correspondre notre organisation territoriale à la réalité de la France et du monde d’aujourd’hui ; nous voulons que notre pays retrouve une perspective de développement ». La démarche « Ouvrons la France par ses territoires ! » fait un double pari : celui des territoires et celui de la valeur ajoutée : Celui des territoires c’est celui des échelles de projet et de la valorisation des avantages comparatifs ; car les échelles actuelles sont totalement inadaptées aux enjeux auxquels nous devons faire face ; il est indispensable, pour des raisons à la fois économiques et sociales, de réinvestir nos territoires et de les configurer de manière à ce qu’ils soient à nouveau des vecteurs de développement. Celui de la valeur ajoutée c’est celui de l’initiative, de la créativité et de l’innovation ; notre économie a plus que jamais besoin de retrouver une dynamique entrepreneuriale ; pour atteindre cet objectif nous devons à la fois stimuler la convergence de tous les acteurs, publics et privés, afin que – sur un territoire donné – ils puissent créer, développer, produire et promouvoir mais également assurer la mise en réseau de leur territoire dans l’écosystème global. La conjugaison des deux - territoire et valeur ajoutée - constitue l’effet de levier proposé par notre démarche. « Nous proposons de faire des territoires le point de départ des réformes structurelles dont la France a besoin pour entrer dans cette nouvelle ère ». Territoires en Mouvement est le mouvement créé en 2010 par Jean-Christophe Fromantin afin de mettre le sujet des territoires au cœur de notre démarche politique. Jean-Christophe Fromantin a accompagné ce projet de deux livres « Mon village dans un monde global » et « Le temps des territoires » Ed. François Bourin. 2 Cf. liste en annexe 1 5 La mise en œuvre de cette démarche repose sur cinq principes : Le 1er est directement lié à la régénérescence de notre tissu économique en créant des territoires de plus grande taille au sein desquels les métropoles soutiennent l’économie productive en y incluant plus de valeur ajoutée. Le 2ème vise à accroître toutes les formes de mobilités, locales et globales, physiques et numériques, résidentielles et logistiques afin d’améliorer les niveaux de connections des hommes et des territoires. Le 3ème touche à la mobilisation de l’épargne au sein des territoires afin de redonner à l’économie, au patrimoine et aux infrastructures des nouveaux financements et des leviers de croissance. Le 4ème consiste à coordonner plus efficacement les politiques publiques qui concourent directement à l’emploi en stimulant les correspondances entre l’éducation, la formation et les entreprises. Le 5ème vise à mobiliser toutes les formes d’innovation pour faire du territoire un « espace augmenté », et pour donner aux acteurs publics et privés des nouvelles perspectives de croissance. 6 POURQUOI UNE TELLE DEMARCHE ? Cette approche est motivée par plusieurs éléments : 1) Le premier est directement lié à l’évolution de notre économie. Nous sommes aujourd’hui dans un monde global où toutes les économies sont liées. Nous devons focaliser notre énergie et nos moyens sur la création de valeur ajoutée, au plus près de nos avantages comparatifs. Or il y a urgence ; car notre économie n’arrive pas à s’adapter aux défis du XXIème siècle ; car la France n’exploite pas les opportunités d’exportation liées à la connaissance 3 ; car notre désindustrialisation est en grande partie liée à la difficulté à y incorporer de la valeur ajoutée susceptible de compenser les surcoûts de production ; enfin car notre organisation territoriale agit comme un filtre de distorsion entre les territoires et le reste du monde … Pourtant dès 2015 la planète comptera plus d’1 milliard de nouveaux consommateurs issus des pays émergents. C’est un formidable défi pour une économie comme la nôtre dont les produits, la culture mais aussi la connaissance du consommateur lui donne une avance considérable dans de très nombreux domaines (santé, luxe, distribution, agroalimentaire, services, mobilités etc.) « Le monde a changé d’échelle et de rythme ; alors que les flux commerciaux augmentent de 7% par an, les flux de capitaux de 10% par an, les flux d’information augmentent - eux - de 50% par an ! ». Ces écarts expliquent une grande partie de nos difficultés actuelles ; ils montrent à quel point nous devons accompagner ces dynamiques de croissance et combien les modèles anciens, générateurs d’inerties, agiront de plus en plus comme des freins à la croissance. 2) Notre deuxième urgence est liée à l’évolution de notre dépense publique. Dans une étude réalisée en mai 2011, l’Institut Thomas More faisait le constat que la France comptait 163 milliards d’EUR de dépense publique de plus qu’en Allemagne avec 18 millions d’habitants en moins4 … L’incapacité que nous avons à réduire les dépenses est en grande partie due au caractère systématique de nos politiques publiques. Là où nous avons besoin de souplesse et de flexibilité pour adapter des règlements, des normes ou des projets aux réalités économiques et sociales locales, nous opposons la centralisation des décisions et la rigidité de nos systèmes ; là où nous aurions besoin de mieux coordonner les actions pour que, par exemple, la politique de formation soit en phase avec les projets des entreprises ou que les politiques sociales ou d’aménagement du territoire soient adaptées aux évolutions économiques, nous opposons un mille-feuille territorial générateur de complexité et un Etat hyper-normatif ; là où nous avons besoin de faire des efforts particuliers, nous opposons des règles égalitaristes etc. Selon McKinsey la part de nos exportations des industries consommatrices de connaissance est quasi nulle (en % du PIB) 4 Institut Thomas More « 163 milliards de plus … Analyse comparative de la dépense publique en France et en Allemagne » Mai 2011 3 7 Comme l’a expliqué Laurent Davezies 5 les années à venir nous amèneront inévitablement à une baisse des dépenses publiques et/ou à une augmentation des prélèvements. Ces mesures ont, et auront, de plus en plus d’impacts sur nos territoires : la baisse de la dépense publique sera difficile à supporter pour les territoires qui subissent la désindustrialisation et l’augmentation des prélèvements aura un impact direct et négatif sur les territoires qui ont un potentiel de croissance. Nous ne pouvons pas nous contenter de ces deux alternatives et assister à un développement asymétrique de la France en opposant les territoires les uns aux autres. Nous avons le devoir d’explorer la voie de la croissance car c’est elle qui, la première, nous permettra de maintenir les amortisseurs sociaux. Cela passe bien entendu par une orientation politique nationale qui favorise l’entrepreneuriat (l’investissement et la reconstitution des marges) mais aussi et surtout par un modèle territorial adapté aux nouvelles perspectives de développement et aux opportunités de la mondialisation. 3) La troisième raison qui stimule cette démarche est le débat qui s’annonce autour d’une nouvelle réforme territoriale. Malheureusement, une fois de plus, cette réforme n’est pas inspirée par la volonté de reconfigurer nos territoires à l’aune des nouveaux enjeux mais plutôt de faire ou de défaire des modules territoriaux sans déplaire à personne. Le nouvel acte III de la décentralisation, au-delà du fait qu’il soit coupé en trois morceaux, n’apporte aucune innovation structurelle : maintien des 22 régions, maintien des départements, ajout systématique des intercommunalités aux communes, rétablissement de la clause de compétence générale pour tous, création de multiples schémas de mise en cohérence, création de conférences territoriales etc. Ce n’est pas d’une réforme mais d’une refonte de son organisation territoriale dont la France a besoin. Il nous faut un projet global qui stimule l’initiative, simplifie la gouvernance, neutralise les inerties, rend plus lisible les compétences et optimise la dépense publique. « Parce que la France, pour tirer parti de la croissance mondiale, a besoin de retrouver de la vitesse dans la décision et de la souplesse dans l’action ». 5 La Crise qui vient, Laurent Davezies, Edition Seuil, collection La République des Idées 8 PRINCIPE N°1 DES METROPOLES QUI CONNECTENT ET QUALIFIENT NOS TERRITOIRES. Créons des écosystèmes performants – autour de 8 pôles territoriaux – grâce à une économie plus diversifiée, plus complémentaire et qui permette à chacun, dans sa région, de bénéficier de l’attractivité naturelle d’une métropole. Repartons de la carte des départements pour les agréger au sein de grandes régions autour de puissantes métropoles connectées au monde. 1) Opportunités L’idée centrale de ce projet est de combiner les fonctions tertiaires et créatives des métropoles de celles à vocation productive de nos territoires. Notre économie productive n’a d’avenir que si elle se ressource grâce à la valeur ajoutée produite dans les métropoles ; les fonctions à valeur ajoutée des métropoles (créative, innovante, financière etc.) n’ont de justification que si elles sont d’abord au service des fonctions productives territoriales. Si cette complémentarité des économies tertiaires et productives est la base d’une stratégie économique d’aménagement du territoire, elle est aussi le fondement d’une politique d’emploi. En travaillant la combinaison de ces économies, on assure la diversité des emplois et une échelle de qualification en phase avec les réalités sociales des territoires. De nombreux chercheurs s’accordent à dire que les métropoles ont un rôle pivot à jouer dans la mondialisation ; elles sont à la fois ces nouvelles « fabriques » de valeur ajoutée qui donnent à notre économie un bon nombre de ses facteurs de développement mais également ces interfaces de connexion indispensables avec le reste du monde. Pour autant ces métropoles doivent être directement branchées à nos territoires ; elles participent d’un écosystème régional qui doit trouver de nouveaux équilibres à la fois fonctionnels et opérationnels. « Il est aujourd’hui fondamental de repositionner notre potentiel de valeur ajoutée au plus près de nos avantages comparatifs ; c’est l’objectif principal des pôles métropoles-régions ». Cette stratégie territoriale correspond également à une réalité française. Il n’est pas en France un seul territoire qui n’ait hérité d’atouts particuliers en termes de culture, de paysage, de savoir-faire ou de connaissance. Pour autant ces atouts se sont délités au fil des temps car ils n’ont pas pu s’adapter aux nouvelles conditions de la concurrence mondiale. En rapprochant la connaissance et la créativité de chaque territoire on ouvre des perspectives d’évolution ou de reconversion pour l’ensemble des secteurs industriels, artisanaux ou agricoles, on stimule les circuits courts qui sont de véritables leviers d’apprentissage pour les secteurs productifs et on redéploye de la valeur ajoutée sur l’ensemble du pays. Il est aujourd’hui fondamental de repositionner notre potentiel de valeur ajoutée au plus près de nos avantages comparatifs. Un autre élément stratégique qui motive cette structuration économique de nos territoires est celui de la globalisation. Le monde, tel qu’il se dessine, amène 9 progressivement chaque entreprise à se positionner le plus efficacement possible dans des chaînes de valeurs. Les territoires de croissance doivent être des territoires fortement connectés avec le monde. Notre stratégie consiste à partir des métropoles et à agréger, autour d’elles, des territoires régionaux de taille suffisante pour que d’autres leviers comme les financements, la formation ou l’innovation puissent fonctionner de façon optimum (cf. principes 3, 4 et 5). Ces métropoles doivent être reliées entre elles, connectées au reste du monde et communiquer le plus efficacement possible avec l’ensemble du territoire qu’elles desservent pour jouer pleinement leur rôle de « locomotive territoriale » (cf. principe 2). Ce schéma métropole/région qui vise à redéployer nos efforts sur l’ensemble du territoire présente également l’avantage de reconsidérer l’avenir des villes moyennes. Aujourd’hui la plupart de ces villes – souvent bien dotées en équipement et en services publics – mesurent leur potentiel de développement à l’aune de leur liaison avec Paris. Cette évolution est contre-productive, voire dangereuse, car elle isole progressivement ces villes, ainsi que leurs entreprises, des pivots métropolitains ; elle les prive progressivement de toutes perspectives de développement et les entraîne à terme dans une spirale négative. Or ces villes moyennes présentent de nombreux atouts. Leur dimension humaine et la qualité de vie qui en découlent sont des atouts indéniables pour la préservation de nos équilibres. En reconsidérant la relation entre les villes moyennes et les pivots métropolitains on redonne une attractivité économique et sociale à ces villes. « Pour accompagner cette évolution de notre économie il convient de développer une organisation territoriale plus simple, plus lisible et plus opérationnelle. Ce découpage doit s’opérer selon une logique de projet en recherchant la meilleure efficacité ». Fidèle au principe de subsidiarité nous partirons des communes : si le maillage communal reste un socle indélébile et essentiel à notre démocratie il doit néanmoins retrouver pleinement sa place dans ce projet de développement. Chaque métropole, chaque commune ou chaque village doivent être dotées d’un socle de compétences générales afin d’avoir un véritable pouvoir d’initiative. En redéployant une ambition sur l’ensemble du territoire national, le socle communal redevient une échelle stratégique en termes économique et social. Ces mêmes communes doivent travailler à tout ce qui valorise leurs cultures, leurs patrimoines et leurs savoir-faire afin d’adosser progressivement leur économie à leurs avantages comparatifs. Elles doivent tendre vers la mutualisation des services publics au sein d’intercommunalités ou de syndicats de projets. La trame départementale doit persister car elle marque des identités territoriales fortes. Elle sert de base à la création de circonscriptions régionales afin d’élire les Conseillers régionaux. Il convient donc de fusionner les Conseils généraux avec les grandes régions – cf. ci-dessous – dont les compétences actuelles pourraient être réparties entre les acteurs intercommunaux et régionaux. Celles des compétences qui justifieraient d’être déployées ou animées à l’échelle départementale ne nécessitent pas pour autant une 10 structure politique comme celles des Conseils généraux d’aujourd’hui. Les départements doivent rester l’échelon des relations quotidiennes entre l’Etat et les communes. Des grands « Pôles territoriaux » seraient créés sur des binômes métropoles-régions en fonction de la réalité des flux économiques et des effets de seuil qu’il convient de développer. Ils devraient être plus efficacement organisés pour synchroniser les politiques publiques qui concourent à cette nouvelle dynamique de croissance : les actions de développement économique, les politiques d’aménagement du territoire, la formation, une part importante des politiques d’éducation, les politiques sociales et les dispositifs d’emploi. Cela permettrait une convergence et une cohérence des politiques publiques en fonction des orientations stratégiques du territoire et de ses atouts. Un pouvoir normatif et réglementaire serait transféré dans ces grands pôles territoriaux afin d’accélérer les prises de décisions et l’efficacité des politiques publiques. Pour réaliser ce travail nous nous sommes également inspirés de dizaines d’exemples d’organisations privées (centrales d’achats de la distribution, directions régionales de grandes entreprises etc. qui toutes convergent vers une organisation de leurs modèles vers 8 à 12 grands territoires) L’Etat pourrait ainsi davantage s’appuyer sur les territoires pour retrouver de l’efficacité dans ses missions régaliennes et stratégiques. Il pourrait s’articuler autour de deux assemblées : l’assemblée nationale dans une version réduite et une assemblée des territoires composée des représentants des grands pôles territoriaux. Cette assemblée des territoires deviendrait la première chambre pour tous les projets à vocation territoriale. 2) Recommandations Travailler sur de nouveaux Pôles territoriaux – métropoles/régions – qui permettent de combiner les fonctions productives et les fonctions à valeur ajoutée. Sélectionner les métropoles à partir de leur potentiel de rayonnement mondial, de leur capacité de développement et de leur contribution à l’équilibre des territoires français. Assurer la connexion des territoires avec des pôles logistiques en mesure d’assurer la meilleure fluidité des flux import/export afin de faciliter le positionnement des entreprises dans les chaînes de valeurs qui se construisent dorénavant sur des échelles mondiales. Réformer l’organisation de nos collectivités locales 1) en renforçant le maillage communal/ intercommunal pour stimuler leur pouvoir d’initiative ; 2) en transférant les compétences sociales des Conseils généraux vers le bloc communal/intercommunal et/ ou vers les Pôles territoriaux et en maintenant au niveau des départements une administration décentralisée ; 3) en dotant les métropoles d’un statut particulier avec davantage d’autonomie et de moyens pour exercer des fonctions de développement ; 4) en structurant le territoire autour de 8 grands Pôles territoriaux (métropole-région), en leur donnant 11 d’avantage d’autonomie et de moyens pour coordonner les politiques publiques qui concourent à la croissance, en leur donnant un pouvoir réglementaire et normatif ; 5) en révisant complètement le système des dotations afin d’encourager la coordination des politiques publiques et la mutualisation des équipements. Réformer le mode d’élections régionales en créant des circonscriptions régionales à partir de la carte des départements dont les conseillers seraient élus au scrutin majoritaire avec une part de proportionnelle afin de favoriser des logiques de projet. Transformer le Sénat en Assemblée des Territoires au sein de laquelle siègeront les représentants des exécutifs métropolitains et régionaux. Fusionner le CESE avec cette nouvelle assemblée. Faire de chaque Pôle territorial une circonscription européenne afin de « territorialiser » les parlementaires européens et de les responsabiliser dans le cadre des relations entre chaque pôle et les instances européennes. Cf. Schéma de la Gouvernance territoriale en pièce-jointe 12 PRINCIPE N°2 DES MOBILITES AU CŒUR DES DYNAMIQUES DE DEVELOPPEMENT. Nos mobilités sont génératrices de croissance si elles accompagnent les flux économiques et sociaux. Développons les échanges à tous les niveaux, infrarégional et interrégional comme global. Renforçons nos mobilités logistiques, véritables leviers de croissance dans la compétitivité industrielle mondiale et déployons nos mobilités numériques. 1) Opportunités Le sujet des mobilités doit être abordé en fonction de l’évolution réelle des flux. Les flux du XXIème siècle ne sont pas ceux des siècles précédents ; ils se caractérisent par trois éléments qui sont au cœur de notre réflexion : L’influence grandissante des métropoles, L’évolution du commerce international, Les dynamiques numériques. « La double fonction des métropoles – connectée au monde / nouvelle fabrique de valeur ajoutée – doit nous amener à considérer une double exigence de mobilité ». « La première consiste à assurer les mobilités au sein du territoire naturel de rayonnement de chaque métropole afin que chaque Français soit progressivement à moins d’1h30 d’une métropole ». Cette exigence est fondamentale tant d’un point de vue politique qu’économique. D’un point de vue politique elle répond à cette recherche d’équité territoriale qui doit permettre à chaque habitant d’être à une distance acceptable de ces nouveaux espaces à forte concentration de connaissance et de potentiel que sont les métropoles. D’un point de vue économique on comprend facilement combien ces métropoles sont des interfaces stratégiques pour les entreprises. En concentrant une grande partie des fonctions créatives, logistiques et tertiaires, elles deviennent pour les entreprises des espaces hautement stratégiques grâce auxquels elles pourront accélérer leur développement. Par conséquent la première mobilité que nous devons réinventer est celle qui relie un territoire à une métropole. C’est à partir de cette exigence que nous devons repenser un schéma de transport rapide entre les villes petites/moyennes et les métropoles. C’est un véritable enjeu territorial. Il y a certes une solution technique et un modèle économique à réinventer pour atteindre cet objectif, mais nul doute qu’il sera un des éléments structurants d’une nouvelle ambition économique et sociale pour la France et probablement une source d’innovation et de compétitivité. « La deuxième exigence consiste à ce que la métropole assure les fonctions d’interface de connexion avec le reste du monde ». L’avenir de chaque territoire passe inévitablement par sa proximité avec la mondialisation. Cette tendance, dont la dynamique se confirme chaque jour, nous 13 impose que chaque métropole assure à la fois des fonctions de transport des voyageurs et de gestion des flux de marchandises. Pour atteindre cet objectif chaque métropole doit s’interroger sur sa relation avec les autres métropoles (françaises, européennes et mondiales). Concrètement cela passe par le développement d’un réseau ferroviaire « inter-métropolitain » à grande vitesse entre les métropoles françaises et européennes, par la relation de chaque territoire avec un aéroport et par le positionnement de chaque métropole au plus près d’une zone logistique à rayonnement mondial. Le choix de métropoles adossées aux Grands ports maritimes français est de ce point de vue particulièrement important. La fragmentation des processus industriels et la nécessité pour les entreprises de se positionner dans des chaînes de valeurs au niveau global accélèrent l’importance stratégique du transport par containers. Ce phénomène est amplifié par la construction de porte-containers de plus en plus gros (18000 boites) qui diminue progressivement la part du coût du transport dans les échanges internationaux. La conséquence directe de cette évolution est d’accroître la part des biens importés dans nos systèmes productifs et, dans de nombreux cas, de participer à l’amélioration de notre compétitivité. C’est la raison pour laquelle chaque pôle territorial devra s’assurer que la relation entre un port à vocation internationale et son hinterland soit le plus fluide et rapide possible. De nombreux progrès sont à faire dans ce domaine car aujourd’hui Rotterdam et Anvers sont de loin les premiers ports français et cette situation détériore fortement nos positions économiques et notre compétitivité. « Les mobilités numériques doivent être directement intégrées dans ce repositionnement des enjeux de territoires ». Nous avons de ce point de vue une opportunité exceptionnelle de requalification de nos zones à plus faible densité avec tous les avantages que cela peut avoir en terme économique et social. Ces nouvelles mobilités numériques passent, de notre point de vue, par trois orientations : une politique d’équipement des territoires de réseaux à très haut débit ; une politique de développement des services publics par voie numérique ; une politique d’implantation d’espaces de co-working sur l’ensemble du territoire français afin d’y accueillir des fonctions métropolitaines déconcentrées ainsi que des activités professionnelles délocalisées (accueil des créateurs d’entreprises et de salariés délocalisés, centre d’examen pour des universités en ligne (MOOC 6 ), espaces de mutualisation de technologies nouvelles comme les imprimantes en 3D etc.). Cette ambition numérique justifie des échelles de projet comme celles que nous proposons dans ces pôles territoriaux. Dans son étude annuelle sur l’impact du numérique dans l’efficacité des politiques publiques, le magazine The Economist démontre que les territoires les plus réceptifs sont ceux dont les échelles sont en moyenne de 10 millions d’habitants 7 . Ce sont à la fois des échelles propices à l’amortissement d’infrastructures importantes mais également des échelles d’expérimentation (cf. principe 5). 6 7 Massive Open Online Course Etude 2010 « Digital Economy Rankings » IBM et The Economist Intelligence Unit 14 2) Recommandations Faire de chaque métropole un point de convergence accessible en moins d’1h30 de chaque partie du territoire afin que chaque Français puisse en tirer le meilleur bénéfice en termes de qualification et de connexion avec le monde. Impliquer l’Etat dans la construction d’un réseau de transport rapide intermétropolitain, lui-même intégré dans un schéma européen, afin de favoriser les mobilités entre les territoires. Relier chaque métropole au plus près de zones portuaires et aéroportuaires connectées au reste du monde afin d’être le plus performant possible dans la nouvelle organisation modulaire du commerce international et de favoriser les échanges. Développer des réseaux numériques à très haut débit à l’échelle de chaque pôle territorial et veiller à ce que soit privilégiées dans un premier temps les zones à plus faible densité. Mailler le territoire – en priorité les zones à plus faible densité - de zones de coworking hyper-connectés, pour accompagner le travail délocalisé, accueillir les créateurs d’entreprises et déconcentrer des fonctions économiques métropolitaines. 15 PRINCIPE N°3 L’EPARGNE AU SERVICE DU DEVELOPPEMENT. Par une ingénierie financière régionale dirigeons l’épargne des Français vers les projets et la réalisation d’infrastructures qui créent de la valeur et stimulent l’emploi. Développons un système d’irrigation efficace qui permette aux épargnants et entrepreneurs d’un même territoire de contribuer ensemble au développement de leur région. Encourageons une meilleure relation entre épargne longue et investissement productif créateur d’emplois. 1) Opportunités L’appareil productif de notre pays est constitué d’une base extraordinairement large de petites, voire de très petites entreprises, d’une part, et de quelques centaines de groupes de taille mondiale d’autre part. Entre les deux, les entreprises de taille intermédiaire (ETI) ne sont que quelques milliers et leur nombre diminue. Pourtant elles sont souvent compétitives et font preuve d’une saine gestion : elles privilégient l’investissement, la culture d’entreprise et la qualité des relations sociales. Sur les 2,8 millions d’emplois créés en France ces 20 dernières années, 2,3 millions l’ont été par des entreprises de moins de 250 salariés. Les systèmes productifs territoriaux forgent la voie de l’ouverture de la France, et les difficultés que rencontrent aujourd’hui les PME/ETI dans leur développement sont autant d’obstacles à la croissance et la création d’emplois dans notre pays. Les raisons en sont connues : outre la lourdeur et l’inflexibilité administrative auxquelles elles sont confrontées, c’est surtout le manque de fonds propres qui, tel un « plafond de verre », les empêche de croître et, contrairement à leurs concurrentes allemandes ou anglaises, leur interdit l’accès à une taille critique – garant d’un développement équilibré et pérenne. « Dans les prochaines années, les besoins en fonds propres des seules PME devraient progresser fortement. De 13 Md € par an en 2012, ces besoins 8 pourraient dépasser les 20 Md € par an à l’horizon 2020 ». Or ces besoins semblent peu susceptibles d’être couverts par les acteurs traditionnels contraints par l’augmentation du coût du crédit (Bâle III) et des placements en actions (Solvabilité II). Face à des financements externes restreints, l’autofinancement devient un facteur indispensable au développement des PME/ETI. La France dispose pourtant d’atouts nombreux et singuliers : un fort taux d’épargne (16% du revenu disponible des ménages et un patrimoine d’épargne financière de 3 950 9 Md €), une position dominante de l’assurance-vie (1 430 Md € d’encours théoriquement à maturité longue), des acteurs professionnels – banques et assurances – puissants et solides, et du deuxième marché de capital investissement en Europe après le Royaume-Uni. 8 9 Selon l’Association Paris Europlace 8 février 2013 Selon la comptabilité nationale 16 « La question n’est pas le volume ou la disponibilité de l’épargne financière des ménages, mais son allocation au moyen d’un système d’irrigation efficace et adapté aux besoins des entrepreneurs et des épargnants ». Contrairement aux grandes entreprises qui disposent de plus de latitude dans leurs modalités de financement, les PME/ETI n’ont quasiment pas d’accès aux marchés des capitaux (le financement par augmentation de capital n’est utilisé que par 7% d’entre elles, et dans une proportion encore beaucoup plus faible par offre au public) et sont donc très dépendantes des crédits bancaires dont les coûts, aujourd’hui historiquement bas, sont appelés à se renchérir dans les prochaines années (nouvelles règles prudentielles et reprise de la demande). Dans la même veine, les rythmes particuliers de croissance et de financement des PME/ETI – faits de discontinuités, de successions de générations et de transmissions – requièrent une base financière de fonds propres et d’autofinancement solide, stable et durable. D’ailleurs, les prochaines années de sortie de crise vont être particulièrement délicates pour les PME/ETI dont les équilibres financiers ont été fragilisés par des marchés dépressifs et qui s'apprêtent à rembourser les crédits bancaires tendus accordés jusqu’en 2008 et 2009. Pour contourner ces obstacles, il existe un large choix de possibilités – telles que la mise à disposition de nouveaux instruments financiers (émissions obligataires collectives, de dettes mezzanines, de créances titrisées ou de prêts participatifs) et la création de bourses régionales – qui permettent de consolider les fonds propres et quasi-fonds propres des émetteurs, d’améliorer la liquidité des échanges et d’allonger la maturité des financements. Deux conditions fondamentales sont néanmoins nécessaires pour recréer une ingénierie financière dans les territoires : (i) une taille critique suffisante, de 6 à 10 millions d’habitants, offrant une typologie variée d’opportunités et (ii) la présence au niveau régional de réelles compétences financières (notamment sur le haut de bilan). Dans cette nouvelle organisation des flux financiers, nos territoires doivent jouer un rôle de premier ordre. Epargnants et PME/ETI vivent côte à côte, partageant les mêmes territoires, infrastructures, ambitions de développement local, préoccupations de bienêtre et de qualité de l'environnement. Cependant il n'existe quasiment aucune structure régionale établie qui permette aux premiers d'investir dans les seconds. « Et pourtant, n'y aurait-il pas une réelle logique à ce qu'un épargnant souhaitant contribuer au développement de son territoire et de ses entreprises dispose de moyens sérieux pour investir localement ? Plutôt que des supports d’épargne généraux, ne pourrait-on pas passer à une mobilisation de l’épargne territoriale sur des projets plus identifiés ? N'encouragerait-on pas ainsi une meilleure relation entre épargne longue et l’investissement productif créateur d'emplois ? » Territoires, acteurs privés et financiers doivent étroitement collaborer dans la résolution de crises ou de discontinuités majeures dans la vie des entreprises. Si les pouvoirs régionaux n’ont pas seuls les moyens de résoudre les aspects épineux des restructurations industrielles, il leur incombe en revanche d’être à l’écoute du terrain et d’avoir une connaissance anticipée des menaces auxquelles seraient exposées les 17 entreprises locales (réductions d’effectifs majeures, délocalisations, faillites etc.). Forte de ses capacités de mobilisation, la région doit aider à trouver des solutions d’accompagnement en amont des événements ce qui éviterait les descentes ex-post de responsables nationaux aptes au prosélytisme et peu au fait des situations industrielles. Les futurs Pôles territoriaux doivent compenser le tropisme de l’Etat en direction des grandes entreprises et avoir une écoute attentive des PME/ETI en s’appuyant notamment sur les filières économiques. « Il est impératif de créer des boucles locales de financement où une partie de l’épargne des résidents est investie dans des projets locaux ». La proximité produit des effets multiplicateurs économiques plus rapides et plus forts. Ces circuits courts régionaux « épargne longue-investissement long » (tels que les fonds régionaux, les bourses régionales, la finance participative 10 ) associés à des compétences d’ingénierie financière permettront une bien meilleure irrigation du système de financement en fonds propres de nos PME/ETI. Bien encadrés, les circuits courts régionaux seront plus rapides et moins coûteux que les circuits de financements traditionnels. 2) Recommandations Créer de nouvelles bourses régionales dédiées aux PME/ETI pour permettre les levées de fonds en capital ou en obligations et promouvoir la cotation sur les bourses régionales de fonds d’investissement. Encourager la visibilité et l’accès direct des bourses régionales aux investisseurs et analystes étrangers. Réinventer la relation public-privé en inversant la logique qui prévaut aujourd’hui où la subvention publique (apport de capitaux) est dissociée de l’évaluation financière privée (sélection des risques). Mettre en place, au niveau régional, une instance où les investisseurs privés (Business Angels, capital-risqueurs, fonds d’investissement régionaux) proposeraient aux autorités de la région d’investir pari passu dans les projets qu’ils ont eux-mêmes sélectionnés. Encourager l’émergence de fonds publics-privés dédiés à l’investissement régional dans les PME/ETI s’appuyant sur des programmes d’abondement ou de coinvestissement. Encourager la création de nouveaux instruments financiers adaptés aux PME/ETI tels que les émissions à moyen et long terme d’obligations convertibles ou non, la titrisation de créances, les émissions collectives, les prêts participatifs. Promouvoir des mécanismes de rehaussement de notation des titres émis par les PME/ETI. Redonner une fiscalité dynamique mais encadrée aux Pôles territoriaux pour amorcer et accompagner les projets d’investissements dans les PME/ETI La finance participative ou crowdfunding, qui connait un développement rapide dans les pays anglo-saxons, permet à des particuliers de participer directement à des petites levées de fonds. 10 18 locales. Etablir une incitation fiscale pour permettre un « branchement » de l’épargne résidentielle sur des investissements locaux. Créer un avantage fiscal pour les particuliers à souscrire à des emprunts obligataires régionaux, à des fonds d’investissements locaux ou à prendre des parts dans les entreprises régionales. En cohérence avec les incitations fiscales pour les investissements régionaux, allonger par des dispositifs appropriés la maturité effective de l’épargne non réglementée et notoirement de l’assurance-vie. Promulguer un « Small Business Act » comprenant une dimension territoriale avec pour vocation de privilégier le développement économique et un écosystème de croissance régionale. A ce titre introduire dans les appels d’offres une clause de proximité qui, sans constituer pour autant une clause de préférence, valoriserait les avantages liés à la présence du fournisseur sur le territoire. Créer un système de garanties territoriales pour stimuler les investissements régionaux. Les territoires bénéficieraient de garanties (BPI) afin de créer des véhicules d’investissement pour les projets de proximité. Amplifier et stabiliser l’implication et le rôle des grands groupes dans le développement des territoires et des PME/ETI locales – fonds d’investissements internes, plateformes de coopération « grands groupes-PME/ETI », chartes de portage ou consortiums d’exploitation – au sein des filières et des sous-filières économiques. Tarifer la participation des PME/ETI aux plates-formes de coopération au coût marginal pour leur éviter de supporter la totalité des investissements initiaux. Etudier les possibilités de mettre en place un revenu minimum territorialisé fondé sur les différences de coûts de vie régionaux pour augmenter l’attractivité des territoires. Favoriser les politiques « d’essaimage » des grands groupes en les encourageant à des revues systématiques de leur portefeuille d’activités et de participations et à la cession de leurs activités périphériques en faveur des PME/ETI de leur région. S’assurer que la région, les entreprises et les financiers identifient en amont les entreprises locales exposées à des risques d’exploitation majeurs (réductions d’effectifs, restructurations, difficultés de financement ou de transmission) et collaborent étroitement pour développer des solutions. 19 PRINCIPE N°4 LES TALENTS AU PLUS PRES DES PERSPECTIVES DE CROISSANCE. Adaptons les ressources humaines au potentiel de développement de chaque territoire et aux besoins des entreprises. Par une plus grande souplesse dans l’éducation et la formation et une gestion régionale de l’emploi, sachons répondre aux défis spécifiques de nos territoires. La politique de l’emploi ne doit plus être vue comme un coût, mais comme un levier d’adaptation pour l’économie du pays. 1) Opportunités Le choix du bon angle d’incidence détermine l’efficacité et l’impact des solutions envisagées. Ainsi la question de l’emploi ne doit pas être abordée uniquement en matière de politique sociale – nécessaire mais réductrice lorsqu’elle est considérée isolément – mais aussi du point de vue du développement économique des entreprises. Cette évolution, plus étendue et inclusive, repose sur trois principes interdépendants11. Le premier est la territorialisation de la politique de retour à l’emploi, pour assurer à la fois une appréciation plus fine des besoins des entreprises et une meilleure coordination de toutes les politiques publiques concernées : développement économique, éducation, formation professionnelle et traitement du chômage. Le deuxième principe, conditionné à l’adoption du premier, est l’élaboration d’une politique de l’emploi qui s’appuie sur les besoins des entreprises et le redéploiement massif des ressources sur la formation plutôt que sur l’indemnisation. Le troisième principe est l’amélioration de l’accueil et le suivi des dossiers pour traiter de façon distincte, tant en matière d’indemnisation que d’accès à la formation, les demandeurs d’emploi réemployables (ceux dont les profils coïncident avec les besoins), des demandeurs d’emploi adaptables (ceux dont les profils ne permettent pas de retrouver du travail rapidement). « Il faut distinguer les demandeurs d’emploi réemployables – ceux dont les profils coïncident avec les besoins –, des demandeurs d’emploi adaptables – ceux dont les profils ne permettent pas de retrouver du travail rapidement – ; nous devons adapter les solutions aux spécificités de ces situations très différentes ». La conjugaison de ces trois principes fondamentaux transformera le paradigme prévalant aujourd’hui de « sanctuarisation des postes » – conséquence d’une centralisation excessive de la politique de l’emploi et dont on peut apprécier le manque d’efficacité et le mécontentement partagé aussi bien par les employeurs que par les employés – à celui « d’employabilité des salariés » qui exige proximité des individus et intimité du terrain. 11 Le temps des territoires – Jean-Christophe Fromantin 20 Il faut garder à l’esprit qu’en France 71% des emplois du secteur privé résident dans les 2,8 millions d’entreprises de moins de 5 000 salariés. Ces 2,8 millions de sociétés sont répartis sur l’ensemble des territoires. Du fait de leur dispersion géographique, beaucoup de ces entreprises, notamment les nombreuses qui ont moins de 10 salariés, souffrent d’isolement qui touche à la fois salariés et dirigeants. Corrélativement, la compréhension de leurs besoins en temps réel est difficile, voire impossible avec l’organisation actuelle. Ainsi Pôle Emploi, qui ne dispose que d’outils nationaux placés sous la tutelle d’une direction centrale, n’a pas les moyens de connaître précisément le nombre d’emplois vacants dans les petites et moyennes entreprises et doit compter sur des sondages dont les taux de réponses sont souvent insuffisants. Seuls des outils d’analyses régionaux permettent d’entendre les « signaux faibles » en temps réel. De plus chaque territoire a ses propres spécificités d’emploi – sociodémographiques, spatiales, productives ou résidentielles – qui ne peuvent s’accommoder d’un calibrage unique. Une illustration saillante de ces disparités est la relation taux de chômage-taux de retour à l’emploi qui peut être divergente, voire inversée, selon les régions. A cela il faut ajouter la multiplicité des intervenants et des unités de décision dans le service public ou parapublic de l’emploi local présentant des risques d’asthénie collective (difficultés de coordination, différents rythmes de décision etc.) et qui reste illisible pour les usagers : Pôle Emploi, DIRRECTE, Maison de l’Emploi, AFPA, CAF, Plan local pour l’insertion et l’emploi, Comité de coordination régionale pour l’emploi et la formation professionnelle et autres instances de pilotage. Enfin, la formation professionnelle ne joue que partiellement son rôle de soutien au développement des compétences des salariés. Elle est gérée de façon indépendante de la politique d’éducation alors qu’elle fait partie d’un parcours continu d’acquisition de connaissances : éducation primaire, secondaire et professionnelle, universitaire et technique, développement, qualification et orientation continus. Les OPCA 12 , qui mutualisent et emploient une partie des fonds de la formation continue, ne jouent pas leur rôle de « redistributeurs » de fonds au bénéfice des TPE/PME 13 . Ainsi en 2009 seules les entreprises de moins de 10 salariés ont reçu plus de fonds (25%) qu’elles n’en ont versés (8%)14 et l’effet redistributif s’est réduit depuis 2004 (les chiffres étaient respectivement de 4% et de 7%). La fongibilité asymétrique15 encadrée par la loi du 24 novembre 2009 ne fonctionne pas. Le gisement d’emplois est d’abord là, dans les régions, au sein de centaines de milliers de sociétés qui ont un besoin avéré de services d’accompagnement proche. Organisme Paritaire Collecteur Agréé Le décret du 20 septembre 2010 a élevé le plafond de protection des entreprises disposant de peu de ressources aux TPE/PME de moins de 50 salariés. 14 Annexe au projet de loi de finances pour 2012 15 Le principe de fongibilité asymétrique consiste à sanctuariser les fonds versés par les petites entreprises tout en permettant d’y affecter les versements d’entreprises de plus grande taille 12 13 21 Les grandes entreprises de plus de 5 000 salariés doivent elles aussi jouer un rôle actif dans l’aide du retour à l’emploi. A l’instar de certaines régions, elles ont les moyens par exemple de « porter » des jeunes entrants pendant leur période d’apprentissage. Ceuxci peuvent ensuite être déployés auprès d’entreprises plus petites, clientes ou fournisseurs des premières. Les résultats sont (i) une garantie de qualité de formation pour les grandes entreprises, (ii) un recrutement rapide et peu coûteux pour les petites et moyennes sociétés, (iii) l’assurance d’une allocation efficiente des contributions régionales d’apprentissage et, évidemment, (iv) un emploi durable pour les jeunes. Cependant les grandes entreprises ne peuvent pas à elles seules résorber le chômage. Les gisements de plus grande ampleur résident dans les centaines de milliers de PME/ETI enracinées dans les territoires. Il convient d’ailleurs de se rappeler que les 10 plus grandes entreprises mondiales de « l’économie numérique » ont créé des centaines de milliards de dollars de capitalisation boursière mais à peine 200 000 emplois16. En revanche, les effets induits en matière d’emploi auprès de PME/ETI partenaires de ces géants sont tentaculaires. « Le territoire doit être « mis en capacité » afin de discerner les besoins de recrutement et d’adopter une approche globale des demandeurs d’emploi » Pour cela, il doit avoir les facultés de coordonner tous les intervenants concernés : Pôle Emploi, AFPA, CAF, services d’aide sociale (logement, surendettement, santé), services juridiques du travail, entreprises etc. Selon l’ARF, 80% des mobilités professionnelles interviennent à l’intérieur d’une région et 80% des formations suivies en-dessous du niveau IV sont près du domicile. Dans cette perspective, seules des régions qui ont une taille critique suffisante, de 6 à 10 millions d’habitants, peuvent s’appuyer sur une base suffisamment large de diversités. Cette nouvelle gouvernance permettra de mettre en œuvre les orientations nationales de l’emploi de façon beaucoup plus efficace en les adaptant aux caractéristiques de chaque territoire. L’emploi et la formation sont deux services publics nationaux en France mais ne sont pas des fonctions régaliennes. En matière d’emploi le nom commun doit être « la Région » et l’adjectif « l’Etat ». Le poids et le rôle de l’Etat dans cette fin de cycle est un tabou à lever. 2) Recommandations 16 Transférer les Pôles Emploi au niveau des nouveaux pôles territoriaux. Développer des partenariats multilatéraux avec les autres structures intervenants dans l’information et l’orientation des jeunes (Onisep, CIDJ, AFIJ, Apec, Centre Info, Cité des métiers, missions locales, CIO, etc.). Créer des services de support aux entreprises avec les acteurs ayant une relation étroite avec les Dominic Barton, Global Managing Director McKinsey 22 employeurs (Opca, chambres consulaires, branches, maisons de l’emploi, collectivités territoriales) Développer l’apprentissage dans le cadre d’un projet territorial de mise en cohérence des formations et des emplois. Inciter au regroupement des missions locales, des maisons de l’emploi et des plans locaux pour l’insertion et l’emploi, afin de simplifier le service public de l’emploi au niveau local. Réformer la formation professionnelle : sélection rigoureuse des formations proposées, assurer une redistribution réelle des budgets au profit des PME/ETI (fongibilité asymétrique), créer une véritable transparence avec la mise en place d’une banque de données. Engager la mise en correspondance de la politique de formation avec les secteurs économiques à fort potentiel et le développement des MOOC (Massive Open Online Courses) pour promouvoir les filières de formation spécifiques aux territoires. Développer des indicateurs de résultats pertinents, fiables et en temps réel de pilotage de l’emploi et les inclure dans les discussions budgétaires. Investir dans les nouvelles technologies pour développer des structures de coworking, des centres de télétravail et le travail à domicile. 23 PRINCIPE N°5 L’INNOVATION DES POLITIQUES PUBLIQUES. Open data, open source, co-working, programmes de soutien à la mise sur le marché. Faisons de nos territoires des écosystèmes propices à l’initiative, aux échanges et à l’expérimentation afin que soit convertie notre excellence technologique ou conceptuelle en véritables succès économiques et sociaux. 1) Opportunités L’innovation est essentielle à la croissance et au bien-être social d’un pays. C’est une caractéristique très particulière qui la met au cœur du développement économique et social : elle offre des rendements croissants qui augmentent le volume de nos connaissances et dont la dispersion se fait au bénéfice de tous. Or l’innovation, trop souvent comprise dans une acception réductrice « d’invention technologique », n’est encouragée par les pouvoirs publics qu’au moyen d’incitations fiscales ou de dotations. Pour comprendre comment l’innovation peut être génératrice de valeur ajoutée, il faut en définir ses contours de façon beaucoup plus large. 17 Bien au-delà de la seule conception, l’innovation concerne la fabrication, la distribution et le suivi des produits et services. Elle fait appel à l’ensemble des savoir-faire et des talents de l’entreprise pour assurer la migration du concept à sa commercialisation. C’est le chemin « du concept à la marque » et l’appropriation de la nouveauté par ceux qui auront à la mettre en œuvre. Une bonne idée est une idée qui, confrontée à la réalité du marché, devient bonne. L’innovation d’organisation est la mise en place d’un nouveau mode de fonctionnement, d’une nouvelle méthode de travail. L’innovation de marketing met en œuvre des concepts ou des stratégies de vente nouveaux ou qui diffèrent distinctement des méthodes de vente antérieures. L’innovation de « rupture » est aussi importante pour l’économie que l’innovation « incrémentale ». L’économie sociale est en France un espace particulièrement propice à l’innovation et à l’émergence d’une « économie quaternaire »17. L’innovation, créatrice de bénéfices économiques et sociaux probants, est une performance collective. C’est la capacité à faire travailler ensemble chercheurs, responsables régionaux, salariés, associations, investisseurs et entrepreneurs. C’est d’ailleurs en cela qu’elle peut-être fortuite, ne répondant à aucun programme explicite, comme pour les codes-barres, les imprimantes à jet d’encre ou les fours à micro-ondes. Elle requiert autant d’engagement intellectuel et moral que de contrôle. Elle peut trouver ses origines à l’extérieur des bureaux d’études et de R&D. Ainsi il est significatif d’observer que, dans les entreprises, la moitié des innovations sont suggérées par les clients et les fournisseurs, et un quart sont initiées par des opérationnels (commerciaux, producteurs, services Michèle Debonneuil 24 après-vente). C’est la raison pour laquelle la promotion des circuits courts est essentielle dans « l’apprentissage » de l’innovation. Les données et leur traitement constituent les briques de base de l’innovation. En croissance exponentielle depuis quelques années, les données de masse (Big Data), mises à disposition gratuitement (open data), offrent aux innovateurs un potentiel extraordinaire que l’on commence à peine à exploiter. Pour traiter des masses d’informations aussi importantes et hétérogènes, les opérateurs s’appuient sur des logiciels open source et des réseaux à très haut débit. La France, précurseur en son temps du déploiement de l’ADSL, est aujourd’hui en retard dans ces domaines. Cette situation présente pour nos entreprises et nos territoires des coûts d’opportunités significatifs. Que ce soit dans le domaine économique ou social, la diffusion large et instantanée d’informations pertinentes (en respectant les normes de confidentialité) est essentielle à l’innovation, à la compétitivité et au mieux-vivre. Plus les données seront territorialisées, plus elles seront exploitables, à la fois dans leur capacité prédictive et dans leurs usages économique, social et collaboratif. La France dispose d’un gisement d’innovation largement sous exploité : ainsi, notre pays investit 13,1% de sa valeur ajoutée industrielle dans la R&D contre 10,4% en Allemagne mais paradoxalement lorsqu’entre 2006 et 2008, 71% des entreprises allemandes avaient lancé une innovation technologique et 73% une innovation marketing, seules 40% et 39%, respectivement, des entreprises françaises en avaient fait autant18. Ceci est notamment la conséquence de la distorsion créée en France par les mécanismes de prélèvement qui favorisent les dépenses (R&D) et surtaxent les résultats. Plus inquiétant est notre inaptitude à exploiter notre capacité de recherche. Dans le secteur des télécommunications19 alors que le marché mondial des brevets augmentait de 38% par an entre 1997 et 2009, l’activité des sociétés françaises n’a crû que de 4,5% par an. Comme nous le rappellent les lancinantes comparaisons avec l'Allemagne, celleci présente des proportions très similaires à la France en matière d'acquisitions et de ventes de brevets (export, import et marché domestique). Pourtant les sociétés françaises de télécommunication vendent leurs meilleurs brevets à l’étranger et leurs moins bons à d’autres acteurs français, alors qu’il n’existe aucune différence significative du même ordre chez nos voisins allemands. Notre capacité d’innovation est peu productive de développement économique et social. Ce n’est donc pas le volume des fonds alloués qui expliquent le retard de la France en matière d’innovation, mais plutôt la difficulté de nos entreprises à transformer les initiatives et programmes de recherche en valeur économique (accessibilité et qualité des données, organisation de l’exploitation et de mise sur le marché). Le pilotage de la 18 19 Eurostat, OCDE, McKinsey, Les Echos Rapport Mines Paris Tech, Cerna et France Brevets 25 recherche est trop assujetti à l’offre par le biais des nécessaires subventions et trop peu d’attention est donnée aux étapes avals de production et de commercialisation. La France a autant besoin de développement que de recherche. L’excellence technologique ou conceptuelle a du mal à être convertie en succès économique et notre capacité d’innovation est trop marginalement contributive au développement social et aux résultats économiques. Hormis pour quelques grands programmes nationaux, le territoire est l’écosystème privilégié pour développer l’innovation. Il doit attirer les talents, enjoindre à la proximité et aux échanges, et favoriser l’expérimentation. Le territoire doit avoir une taille critique significative pour offrir un environnement ouvert, connecté au reste du monde et accueillant les influences, les techniques et les cultures venues d’autres horizons. Il permet une mobilisation efficace de l’ensemble des interlocuteurs – responsables locaux, universitaires, entreprises, financeurs. C’est au niveau territorial que la relation attractivité-innovation-compétitivité prend toute sa mesure. Il offre des moyens éducatifs variés, une bonne cohésion sociale, un sentiment d’appartenance, un environnement artistique et culturel dynamique. C’est l’espace où les innovateurs peuvent être soutenus pour devenir entrepreneurs. L’enracinement territorial est seul garant de résilience et de pérennité. 2) 20 Recommandations Accentuer la déconcentration de la recherche au profit des futurs Pôles territoriaux. Cette déconcentration de la recherche a démontré son efficacité, quoique lente à mettre en place, tant sur l'aspect quantitatif que sur la qualité des publications.20 Développer, en cohérence avec les directives nationales et les programmes européens (pour atteindre des masses critiques), un « plan régional pluriannuel de mise en œuvre du très haut débit (aspects financiers), de l’open data (aspects réglementaires) et de l’open source (aspect d’accessibilité et de confidentialité) ». Organiser de véritables liens entre pôles de compétitivité, entreprises, universitaires et élus régionaux. Structurer dans toutes les régions des partenariats très étroits avec l’enseignement supérieur sur des stratégies de filières et des politiques d’adaptation compétitive efficaces. Encourager l’innovation participative, spécifiquement dans les domaines de la santé et des soins à la personne, en rapprochant les prestataires des bénéficiaires. O. Bouba-Olga, « La productivité scientifique des régions françaises », mars 2012. 26 Impulser une dynamique de connexions des acteurs territoriaux à l’international et inciter à la mobilité professionnelle avec d’autres pays pour enrichir la base des talents locaux. Créer un baromètre des innovations et l’inclure dans les discussions budgétaires. Faire de l’innovation une « ardente obligation » déclarée du territoire. Former des demandeurs d’emploi à l’entrepreneuriat et faire la chasse aux « opportunités dormantes » des entreprises en promouvant des projets d’expérimentation dans un cadre juridique et fiscal adapté. 27 PERSPECTIVES Pour éviter l’effet « rocher de Sisyphe » des différentes initiatives de régionalisation que l’on connait depuis les années 70, il faut inscrire le programme de transformation dans le temps, le construire sur un processus endogène, l’asseoir sur une réelle implication démocratique et l’enraciner dans les territoires. Dans cette optique, un terme de 10 ans paraît raisonnable et approprié aux impératifs d’une transformation profonde. Le programme doit être rythmé par des échéances intermédiaires successives : 2 ans de préparation, de concertation et de réflexion stratégique qui conduisent à une « Conférence Territoriale Nationale » mobilisatrice en charge de définir (i) les contours des futurs Pôles territoriaux, (ii) le nouveau déploiement des compétences stratégiques et (iii) le cadre de la nouvelle gouvernance. A l’issue de ce processus un référendum permettrait de valider l’adhésion des citoyens. 3 ans pour adapter le cadre législatif et normatif, et pour que chaque “pôle territorial” établisse un plan stratégique à 10 ans. Encadré par les plans territoriaux décennaux, chaque Pôle lancera un « Grand Emprunt Régional » pour financer les investissements infra-régionaux. Ces grands emprunts régionaux permettront d’amorcer les circuits courts de financement en associant l’épargne locale aux projets territoriaux. Parallèlement, l’Etat émettra un « Grand Emprunt National » destiné à financer les transformations majeures d’infrastructures inter-métropolitaines. 5 ans de mise en œuvre. L’une des premières étapes de préparation consistera à déterminer les objectifs budgétaires et les économies à réaliser sur les bases suivantes : 28 Sur les budgets actuels de fonctionnement des régions et des départements – compte tenu de la transformation de 22 régions en 8 pôles territoriaux et de la suppression des Conseils généraux – on estime l’économie réalisable à environ 30% au terme du processus de refonte d’environ 5 ans. Soit en rythme annuel, sur une assiette budgétaire de 71 milliards d’EUR, une économie réelle de 21 milliards d’EUR. Pour éviter le risque récessif des baisses de dépenses d’investissement, les réductions de coûts porteraient essentiellement sur les dépenses réelles de fonctionnement. Cette refonte entrainerait de facto une diminution du même ordre de 30% des dépenses de fonctionnement allouées aux agences de l’Etat correspondant à des services déconcentrés. Soit, sur la base d’une assiette budgétaire de 50 milliards d’EUR, une économie supplémentaire de 15 milliards d’EUR. Un effort moins important, de l’ordre de 20%, serait demandé aux communes et aux groupements de communes à fiscalité propre représentant une économie potentielle d’environ 16 milliards d’EUR en rythme annuel. Pour atteindre cet objectif et compenser sa perte de revenus, le secteur communal serait encouragé à recourir à des regroupements ou à des fusions et/ou à développer des syndicats de projet plus ambitieux. Il serait néanmoins libre de ses choix et de ses arbitrages compte tenu des différences entre les régions et les politiques menées. Cet effort budgétaire d’environ 52 milliards d’EUR sera accompagné d’une trajectoire nationale de baisse de la dépense publique de 10 milliards d’EUR par an grâce, notamment, à une diminution du nombre de fonctionnaires de tutelle des collectivités locales ou déconcentrés, au transfert de pouvoirs normatifs et à la rationalisation des systèmes de décision. « L’économie globale de ce processus de refonte territoriale serait à terme de plus de 60 milliards d’EUR par an, uniquement sur les dépenses de fonctionnement, sans toucher aux investissements » A ces économies de structure – éliminations des redondances, fermetures des entités sans valeur ajoutée, consolidations – s’ajouteront des mesures d’amélioration de l’efficience de la fonction publique. Il est patent de constater qu’en Allemagne les fonctionnaires territoriaux (hors santé) sont capables de gérer des budgets 28% supérieurs à ceux de leurs homologues français21. Si les objectifs de réduction de coûts sont réalistes, c’est qu’ils sont le fruit d’une profonde restructuration des collectivités territoriales. Ils seraient hors d’atteinte si, comme cela a été le cas depuis les années 70, ils résultaient d’une succession de projets « ad hoc », sans grand dessein, séquencés (ou annulés) au gré des échéances électorales et dont les périmètres sont souvent beaucoup trop limités (des points de pourcentage sur des assiettes de quelques millions d’EUR). 21 Institut Thomas More. 163 milliards de plus… 29 En conclusion … L’ensemble de ce travail vise à démontrer le décalage profond entre la réalité des dynamiques telles qu’elles se sont développées au fil des décennies et la persistance d’un modèle ancien. Ce décalage, on le voit, est de plus en plus important ; il produit deux effets directs qui sont aujourd’hui responsables de la situation catastrophique dans laquelle est la France : le ralentissement de la croissance et l’inflation de la dépense publique. Si nous voulons réduire durablement la dépense publique en stimulant la croissance, alors il nous faudra adopter un modèle en phase avec les réalités de la vie ; un modèle de réseaux plutôt que de frontières, un modèle d’échanges plutôt que d’isolement … Le moment est venu d’ouvrir le débat. La proposition que nous lançons à la veille d’un texte sur la décentralisation vise à montrer qu’on ne prépare pas l’avenir en cherchant à faire évoluer un modèle qui date de 1790, bien qu’il ait été amélioré au fil du temps, mais qu’il est aujourd’hui indispensable que nous partions du présent pour dresser les contours de la France du XXIème siècle. 30 ANNEXE Liste des personnes ayant contribué à cette étude : BERTRAND BOLUFER BOUGA-OLGA BRIERE CANCELLONI CHAZAL COULON DANIEL DANJOU DARDIER DE SORAS DEBONNEUIL DESCHEEMAEKER DURAND-MEGRET Mireille Jean-Paul Olivier Quentin Sylvie Augustin Thibault Laurent Thibault Philipe Rodolphe Michèle Françoise Michel FAUBERT FOURCADE LAURENT Anne-Laure Alexandra Daniel Kevin Christian Bertrand Corinne Christophe Aude-Marie Anne-France Xavier Jean-Philippe Gilles Gilles Patrick Michel Eric Olivier Arnaud Pierre-Emmanuel Claude Gilbert J. Odile Inès Charles Gabrielle François Olivier Marc François Pierre-Adrien Bruno Julie Philippe François LOGNONÉ SAINT-ETIENNE SOURISSEAU VERRECCHIA AULNETTE BOUYE BRAQUEHAIS DE BAYSER DUMONT DUTHIL FOUCHER GIRY-DELOISON HANNOUN LABAYE LANDEL LANGLOIS-MEURINNE LECERF LIEBERMANN LUCE MONGHEAL MORTREUIL-ROGIC NICOLAS NIVET PAILLIER RÉGIS REYNAUD SOUTY BABEAU CLICQUOT DE MENTQUE COHEN CUESTA JEANMAIRE 31