Orienter l`épargne vers les entreprises de taille mOyenne

ORIENTER L’ÉPARGNE VERS
LES ENTREPRISES DE TAILLE MOYENNE
Grégoire Sentilhes et Thierry Ortmans
23 mars 2015
3
Un rapport de McKinsey de février 2015, « Debt and (not much) deleveraging », fait apparaître que la dette mondiale
a cru de 57 trillions de dollars depuis 2007, que la dette des états industrialisés a atteint des sommets, que les
sources de financement non bancaire représentent presque toute la croissance des nouveaux crédits depuis 2008
en particulier en Europe et en France, et qu’il convient désormais de trouver de nouvelles solutions pour amorcer
le désendettement et gérer efficacement la dette. Tout un chacun s’accorde à reconnaître que seule la croissance
permettra de résoudre durablement la question de la dette. Et la clé est la relance de l’investissement.
Orienter l’épargne existante vers les entreprises
de taille moyenne : la meilleure manière pour
créer emploi, croissance et confiance
Source : « Funding the Future » G20 YEA Mexico 2012 & EY
À l’heure où le Gouvernement promulgue la Loi Macron, alors que le chômage bat un triste record depuis
40 ans (200 000 chômeurs en 1974, 3,5 millions en 2014 et en fait, 5 millions dans la réalité), que la France
vit un véritable décrochage économique par rapport à ses principaux concurrents y compris en Europe, que
l’absence de croissance et le taux de chômage élevé (11%), en particulier chez les jeunes (24%), font le lit de la
non-intégration et du terrorisme, des moyens existent pour inverser la tendance et relancer enfin la croissance de
l’économie française. La France dispose d’une épargne abondante, la 4ème au monde (16% du revenu épargné/an
avec un stock d’épargne financière de 3 500 milliards d’euros dont 1 400 milliards d’euros d’assurance vie), mais
que nous ne mobilisons pas de manière productive vers notre économie réelle, les PME et les ETI en particulier.
20%
21% 17%
42%
États-Unis
7%
92%
1%
France
95%
Italie
39%
51%
Grande-Bretagne
6%
20%
74%
Allemagne
Le financement des PME et ETI en France est marqué par
le poids prédominant en France de la dette bancaire
Prêt bancaire Introduction en Bourse Capital Investissement Business Angel
Analyse comparée et structure de financement equity / dette de l’économie réelle dans 5 grands pays du G20 :
Equity
Dettes
11%
5%
4
En France, les 28 800 entreprises de taille moyenne (ETM) emploient 2,8 millions de personnes et représentent
28% du PIB ; en Allemagne, les ETM emploient 6,9 millions de personnes et représentent 37% du PIB. Cette
différence de taille est un élément clé du taux de chômage français (11% vs 6% en Allemagne), ainsi que
le déficit des exportations françaises de 70 milliards d’euros contre une balance positive des exportations
allemandes de 217 milliards d’euros, dont 85% sont réalisés par les ETM.
Les entreprises de taille moyenne, meilleurs acteurs
de la croissance et créateurs de 85% des emplois
Allemagne France Italie UK
Nombre d’ETI 12 500 4 800 8 000 10 500
PIB
(en milliard d’€ PPA)12 672,6 1 868,8 1 604,7 1 851,9
Balance des exportations
(en milliards d’€)2217 -88 34 -150
Taux de chômage35,3% 10,3% 12% 7,7%
Allemagne France Italie UK
CA moyen d’une ETM
(en millions d’€) 108 46 22 98
Nombre moyen d’employés 450 180 85 500
En outre, la situation du financement des entreprises de taille moyenne continue de se détériorer car Bâle
3 et Solvency 2 entrainent de fait un désengagement partiel mais structurel des acteurs institutionnels
français qui finançaient traditionnellement l’économie essentiellement par la dette.
Toutes les études démontrent que les PME et ETI sont les meilleurs acteurs de la croissance, de
la compétitivité et de la création d’emplois, priorités tant du gouvernement que des Français. Les
PME ont créé 85% de l’emploi dans l’Union Européenne entre 2002 et 2010 (Rapport Croissance
Plus / Institut Montaigne, 2012) et il est prouvé qu’elles ont une croissance supérieure aux
entreprises du SBF 120 et du CAC 40 (Etude KPMG) alors même que la plupart d’entre elles ne
sont pas cotées en bourse et n’ont donc pas un accès direct aux marchés financiers.
1 Chiffres Banque de France 2013
2 OCDE 2013 - Balance des exportations
3 Chiffres Eurostat - moyenne 2013
5
En novembre 2014, le Ministre de l’Économie,
Emmanuel Macron, disait à l’occasion de la 7ème
Conférence Annuelle des Entrepreneurs à Bercy
consacrée aux ETI : « il faut améliorer les possibilités
d’investissement en fonds propres, … ». Dans le
même temps, Christian Noyer, Gouverneur de la
Banque de France, s’alarmait des risques que la
baisse des taux de rendement (2,8% en moyenne
en 2014) faisait peser sur le bilan des assureurs.
Au moment où les compagnies d’assurance vie
investissent, pour améliorer la performance de
leurs fonds en euros, dans des fonds de capital
investissement, les souscripteurs ne peuvent pas le
faire à titre individuel, dans le cadre des contrats de
droit français.
Or, pour drainer une partie de l’épargne existante des français investie dans l’assurance vie (1400 milliards
d’euros) vers l’économie réelle, compte tenu du succès mitigé prévisible des contrats Euro Croissance
et Vie Génération, il suffirait de permettre aux souscripteurs de contrats d’assurance vie de droit français
d’investir dans des unités de compte correspondant à des parts de fonds d’investissement (capital
risque, capital investissement, capital développement). Tant l’État, les assureurs que les souscripteurs
ou les PME et ETI françaises y ont fortement intérêt ! C’est, d’ailleurs, déjà possible avec des contrats
d’assurance vie de droit luxembourgeois.
Pourquoi favoriser les filiales des compagnies d’assurance vie basées au Luxembourg qui payent leurs
impôts dans le Grand Duché, (16 milliards d’euros partis de France au Luxembourg au 2ème semestre
2014) au lieu de favoriser l’activité des compagnies d’assurance vie françaises, qui payent leurs impôts
en France et qui pourraient favoriser l’investissement dans les PME et ETI françaises via des unités de
compte investies au choix du souscripteur dans des fonds d’investissement préalablement agréés par
les assureurs ?
Donner aux assureurs et aux souscripteurs
la flexibilité pour investir dans les PME et ETI
Karine Berger et Dominique Lefebvre indiquaient dans leur rapport (2013) que
« le prochain cycle de l’expansion française dépendra entièrement de notre capacité à
relancer l’investissement productif ». Leur 8ème mesure préconise de s’appuyer en particulier
sur l’assurance vie, à savoir « redonner aux assureurs des marges de manœuvre dans
l’allocation d’actifs en faveur de l’économie productive et inciter les épargnants les plus
à même de le faire vers le financement des entreprises ». Ils préconisent de « favoriser
l’investissement en fonds propres dans les PME et les ETI ».
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