Pathologie neurovasculaire P athologie neurovasculaire >agXei\Xj du Pr Pierre Amarenco (Centre d’accueil et de traitement de l’attaque cérébrale,hôpital Bichat, Paris) FAST négatif, quel est l’avenir du traitement médical de l’hémorragie cérébrale ? P. Amarenco : Le traitement médical reste le traitement principal. L’étude STICH et les précédentes n’ont montré aucun bénéfice de la chirurgie, quel que soit le sous-groupe de patients. Il est temps d’inverser les habitudes et de recommander que les patients ayant une hémorragie cérébrale soient pris en charge en unité neurovasculaire, car on sait que cette prise en charge est bénéfique pour les sujets qui ont un AVC en général, et, si besoin est, il faudra réaliser une étude randomisée pour le démontrer (prise en charge en neurochirurgie versus unité neurovasculaire). Cela serait une belle étude à faire au sein de la Société française de neurologie vasculaire. Cela dit, FAST n’est pas le dernier mot du facteur VII recombinant comme agent utilisé pour stopper l’accroissement de l’hémorragie cérébrale et diminuer la mortalité et le handicap de ces patients. Lorsque l’on examine l’étude, l’hypothèse qui sous-tendait une efficacité de ce traitement a été vérifiée : le volume de l’hémorragie a significativement moins augmenté dans le groupe traité que dans le groupe placebo. Lorsque, ensuite, on examinait le groupe des patients âgés de moins de 70 ans, le traitement était très fortement efficace sur les critères de jugement cliniques. On se prend donc à rêver d’une deuxième étude du Novoseven® chez les patients de moins de 70-75 ans pour finir d’évaluer le rapport bénéfice/risque de ce traitement. Ces malades, orphelins de traitement agissant directement sur l’hémorragie cérébrale, le valent bien ! Après les résultats de l’étude SPARCL, faut-il donner une statine à tous les patients atteints d’AVC ou d’AIT ? ☛ Propos recueillis par La Lettre du Neurologue 244 L’étude SPARCL est une étude saine, et clairement positive. Ici, l’atorvastatine 80 mg/j a, sans discussion possible, montré son efficacité pour réduire le risque de récidive d’AVC et d’événement coronaire majeur, et ce quels que soient les sous-groupes à l’entrée dans l’étude (patients inclus avec un AIT, avec un AVC lié à l’athérosclérose, avec un AVC lié à une maladie des petites artères, ou de cause inconnue, avec une sténose carotide, ou sans sténose carotide, femme ou homme). Seuls les patients présentant une hémorragie cérébrale avaient une tendance à avoir plus d’AVC sous atorvastatine que ceux randomisés sous placebo, à cause d’un excès d’hémorragie cérébrale. Cette tendance n’était cependant pas significative et, par ailleurs, chez ces patients qui avaient une hémorragie cérébrale, on notait une réduction considérable des événements coronaires sous atorvastatine comparativement au groupe placebo. Ainsi, je dirais que tout patient qui a eu un AIT ou un infarctus cérébral devrait désormais recevoir une statine, quel que soit son niveau de LDL-cholestérol de départ. Pour les patients qui ont une hémorragie cérébrale, il faut évaluer le rapport bénéfice/risque, car ils sont à risque d’événement coronaire (et ne peuvent pas recevoir d’antithrombotique) et d’infarctus cérébral, utiliser une dose de statine inférieure et La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 7 - septembre 2007 peut-être cibler ceux d’entre eux qui ont des facteurs de risque d’athérosclérose ou une athérosclérose documentée. Il ne faut pas non plus oublier pour ces patients que le traitement le plus efficace pour éviter la récidive est le contrôle de l’hypertension artérielle. Depuis que l’étude PROGRESS nous l’a montré, la baisse systématique de la pression artérielle, quel que soit son niveau de départ, dès lors qu’elle est tolérée cliniquement par le patient, permet de diminuer de 50 à 60 % le risque de récidive ! Que pensez-vous du risque d’hémorragie cérébrale avec cette forte dose de statine utilisée dans SPARCL ? Tout d’abord, le risque était significativement plus élevé dans le groupe atorvastatine que dans le groupe placebo, mais, en proportion d’événements, il restait très faible (55 hémorragies versus 33 dans le groupe placebo) comparativement au nombre d’infarctus cérébraux (218 infarctus cérébraux dans le groupe atorvastatine, 274 dans le groupe placebo). Cependant, le fait que l’étude HPS ait montré la même tendance significative (22 hémorragies dans le groupe simvastatine versus 11 dans le groupe placebo) doit nous faire nous interroger, non pas sur la dose (dans HPS, la dose était standard, entre 20 et 40 mg de simvastatine), mais sur les facteurs associés qui contribuent à augmenter ce risque. Car, dans l’analyse multivariée réalisée à partir de l’étude SPARCL, l’atorvastatine restait associée de façon indépendante et significative au risque d’hémorragie cérébrale. Les facteurs qui augmentent ou causent l’hémorragie cérébrale sont l’hypertension artérielle, particulièrement lorsqu’elle n’est pas bien contrôlée, les traitements antithrombotiques, le fait d’avoir déjà eu une hémorragie cérébrale et l’âge. Il n’est donc pas étonnant que tous ces facteurs (sauf les traitements antithrombotiques) se soient révélés être associés de façon significative à la survenue d’hémorragies cérébrales dans SPARCL. En particulier, l’hypertension artérielle non contrôlée semblait être le facteur le plus important. Cela débouche sur une recommandation immédiate : les patients qui ont un AVC sous statine doivent avoir un contrôle strict de leur pression artérielle. Il est important de noter que la baisse du LDL-cholestérol n’était pas associée à l’augmentation du risque d’hémorragie. Bien plus, les patients qui avaient les plus bas niveaux de LDL-cholestérol n’avaient pas d’augmentation de risque d’hémorragie. Or, la baisse du LDL-cholestérol est bien le meilleur marqueur de l’efficacité (et de la prise) des statines. Pathologie neurovasculaire P athologie neurovasculaire Mis à part les sujets ayant une hémorragie cérébrale, chez quels autres groupes de patients faut-il être prudent lors de la prescription de statines ? Dans SPARCL, il n’a pas été identifié d’autre sous-groupe. On aurait pu soupçonner le groupe des infarctus lacunaires, qui ont une artériolopathie proche de celle observée chez les patients ayant une hémorragie cérébrale, mais les lacunes à l’entrée dans l’étude n’étaient pas prédictives d’hémorragie cérébrale. Cependant, je resterais prudent chez les patients qui n’ont pas d’athérosclérose documentée associée. Beaucoup de paramètres manquaient dans SPARCL. Par exemple, la leucoaraïose : c’est un marqueur d’artériolopathie, et aussi d’angiopathie amyloïde ; elle augmente le risque d’hémorragie cérébrale. Il sera très important dans de futures études d’évaluer le risque d’hémorragie cérébrale associé à un traitement par statines chez les patients La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 7 - septembre 2007 245 Pathologie neurovasculaire P athologie neurovasculaire qui ont une leucoaraïose sévère. Le fait que la récidive d’hémorragie a été significativement plus fréquente chez ceux qui avaient déjà eu une hémorragie cérébrale pourrait suggérer qu’angiopathie amyloïde et statines ne font pas bon ménage… Enfin, pour vous, quels sont les objectifs thérapeutiques pour le cholestérol des patients atteints d’AVC ? Les recommandations pour la pression artérielle sont claires : < 140/90 mmHg (< 130/85 mmHg chez le diabétique). Pour le cholestérol, c’est bien différent, car les études ont testé, en matière d’AVC, “statine” ou “pas de statine”. La réponse est donc qu’il faut donner une statine. Ensuite, les recommandations de l’Afssaps sont les suivantes : les patients qui ont un AVC ou une sténose carotide documentée doivent avoir un LDL-cholestérol inférieur à 1 g/l. À l’évidence, SPARCL a validé cette recommandation. La question est désormais : faut-il aller plus bas ? L’analyse post hoc de SPARCL suggère que la diminution de plus de 50 % du LDL-cholestérol est associée à une réduction de risque d’AVC de 31 % (soit près de deux fois mieux que le résultat global de l’étude), et que diminuer le LDL-cholestérol en dessous de 0,7 g/l est associé à une diminution du risque d’AVC de 28 %. Cette analyse a été conduite post hoc. Elle ne doit donc être considérée que comme pouvant générer une hypothèse à tester dans une future étude. En attendant, elle pourrait conduire les cliniciens à s’assurer d’une observance maximale de la part de leurs patients auxquels ils prescrivent l’atorvastatine 80 mg/j. ■ ▶ Agenda Neurones en mouvement 246 La prochaine réunion nationale provinciale de la Société française de neurologie aura lieu le 8 novembre 2007 à la faculté de médecine de Warembourg de Lille. Président de la journée : Pr Alain Destée Renseignements et inscriptions en ligne : www.b-c-a.fr/sfnlille2007 Sélection des candidats : sur dossier composé d’une lettre de motivation + CV adressé au Pr Adams, service de neurologie, hôpital Bicêtre, 78 rue du Général-Leclerc, 94275 Le Kremlin-Bicêtre. Renseignements : secrétariat – Mme Jessica Bosse Tél. : 01 45 21 26 18 ou 01 45 21 27 11. Fax : 01 45 21 28 53. E-mail : [email protected] DU de Pathologie du système nerveux périphérique 2007-2008 Enseignement DIU de myologie (Paris-Marseille) Faculté de médecine Paris-sud (Le Kremlin-Bicêtre) Responsables de l’enseignement : Pr David Adams, Pr Gérard Said Clotûre des inscriptions : 14 novembre 2007 Début de l’enseignement : 15 novembre 2007 (un jeudi par mois de 10 h à 17 h) Formation théorique et pratique destinée à une meilleure évaluation et prise en charge des personnes atteintes de pathologie neuromusculaire ouverte aux médecins hospitaliers et libéraux, aux étudiants en médecine, internes ayant validé leur 2e cycle, aux chercheurs statutaires ou en formation, aux biologistes titulaires d’une maîtrise et aux kinésithérapeutes diplômés. Renseignements : Marie-Luce Boisseau Tél. : 01 42 16 58 61 – E-mail : [email protected] DU Handicaps sensoriels et rééducation des troubles de l’équilibre Université Paris-VII Responsables de l’enseignement : A. Yelnik, P. Herman, P. Tran Ba Huy Programme et renseignements : secrétariat des services, médecine physique et de réadaptation FernandWidal. Tél. : 01 40 05 42 05. Inscription : Scolarité université Paris-VII Denis-Diderot, site Villemin, 10 avenue de Verdun, 75010 Paris. Tél. : 01 44 89 78 35. La Lettre du Neurologue - Vol. XI - n° 7 - septembre 2007