COMMENT TRAITER UNE CALCIFICATION TENDINEUSE
La Lettre du Rhumatologue - n° 316 - novembre 2005
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En cas de pluralité des sites, l’examen clinique – s’il est fiable –
peut nous orienter vers un secteur tendineux particulier. Sinon, nous
abordons en priorité la collection sus-épineuse, le plus souvent
responsable des symptômes (dans la littérature : 70 à 80 % des cas).
Technique des ponctions-lavages
Le matériel radiologique comprend une table fixe avec amplifica-
teur de brillance, le tube étant inclinable en antéro-postérieur.
Le repérage, avant asepsie, se fait sur le sujet en décubitus dorsal,
rayon vertical perpendiculaire à l’épaule, en s’efforçant d’orienter
la calcification en dehors des structures osseuses :
–la collection supra-épineuse apparaît sur la scopie de face, bras
en rotation externe, en dehors et au-dessus du tiers supérieur du
trochiter ;
–la calcification infra-épineuse apparaît, bras en rotation interne,
en dehors du tiers moyen du trochiter, et celle du tendon du petit
rond, en dehors du tiers inférieur ;
–la collection sous-scapulaire, bien mise en évidence de face,
en rotation nulle, se déplace transversalement selon les rotations
du bras ;
–les calcifications sus- et sous-glénoïdiennes, proches des deux
portions bicipitales, ne sont pas influencées par les rotations du
bras ;
–la bursite sous-acromiodeltoïdienne est repérée très facilement
de face, en légère rotation externe du bras.
Un index métallique (figure 1)est superposé devant l’opacité cal-
cique à ponctionner, et un marquage cutané entoure le point repéré.
Après asepsie cutanée (avec un dérivé iodé), un champ stérile avec
perforation minimale de 5 cm de diamètre est appliqué avec les
précautions usuelles : port de gants stériles, bavette, non seulement
pour l’opérateur, mais aussi pour le patient. L’aiguille de ponc-
tion avec mandrin de désobstruction (19 gauge,1,1 x 50 mm) est
introduite verticalement au centre du marquage, et l’injection de
lidocaïne (4 à 6 ml à 1 % minimum) est effectuée depuis la peau
jusqu’au contact de la calcification. Après quelques minutes, la
collection est pénétrée. On s’assure alors de la situation constante
de l’extrémité de l’aiguille au sein de la calcification, en faisant
varier l’inclinaison antérieure et postérieure du tube radiologique
(3) (figure 2).
La ponction-lavage proprement dite est indolore. Lorsque la ou les
aiguilles de ponction sont en place, un cliché standard est réalisé.
Après avoir contrôlé l’absence d’effraction vasculaire, des pulsions
intermittentes sont effectuées sur le piston. À l’interruption de chaque
pulsion, le liquide porteur de cristaux est recueilli sous la forme
d’un nuage blanc. L’opération est renouvelée au fur et à mesure du
reflux des cristaux (figure 3). Le liquide ponctionné, en cas d’ana-
lyse souhaitée, doit être recueilli dans un tube plastique stérile
hépariné ; si l’examen est retardé de plus de 12 heures, il doit être
réfrigéré. La plupart des cristaux sont des apatites carbonatées
(forme stable du phosphate de calcium), identifiables individuel-
lement en microscopie électronique.
Si la collection est importante, nous utilisons une deuxième aiguille
de ponction communicante. Quelquefois, malgré son homogénéité,
la calcification, trop dure, n’est pas ponctionnable. Cependant,
l’échec de ce recueil peut être suivi, les jours suivants, d’une migra-
tion micro-cristalline au moins partielle. Une infiltration cortiso-
nique termine le geste (sauf en cas de diabète instable). Un panse-
ment sec est appliqué. La durée de la ponction est de 25 à 40 minutes.
Un cliché, identique aux précédents, est réalisé en fin de séance. Les
lipothymies, rares, seront évitées en retardant l’orthostatisme.
Si le patient n’est pas en hospitalisation de jour, il doit être raccom-
pagné à son domicile, l’avant-bras soutenu, après contrôle tension-
nel. Un repos complet de quatre à dix jours est recommandé avec
un arrêt de travail modulé selon la profession. La conduite d’un
véhicule est exclue. Les sports de haut niveau et les travaux
pénibles sont retardés jusqu’au contrôle radio-clinique de la cin-
quième semaine.
Précautions et complications
(4)
À l’occasion de ces ponctions, le consentement éclairé du malade
doit découler d’une “information loyale, claire et appropriée.” Cette
obligation est encore plus stricte depuis l’arrêt de la Cour de cas-
Figure 1. Le repérage métallique. Figure 3. Le nuage calcique.
Figure 2. Le repérage scopique (schéma d’après J.D. Laredo).