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Observation
Mme B., 28 ans, professeur d’anglais
consulte pour un sevrage tabagique. Elle a
fait quatre tentatives d’arrêt avec des
rechutes liées à un état dépressif une pre-
mière fois et à la majoration de son trouble
anxieux ensuite. La dépendance est forte
avec un test de Fagerström à 7. Le test
HAD (Hospital Anxiety Depression Scale)
est à 13/3, le CO dans l’air expiré est de
35 ppm. Elle accepte finalement l’avis
d’un psychiatre qui conclut à un trouble
anxieux généralisé selon les critères du
DSM IV (tableau). Nous décidons de
prendre en charge par thérapie comporte-
mentale et cognitive (TCC) son trouble
anxieux généralisé (TAG) et de revoir le
problème du tabagisme ultérieurement. La
patiente cesse spontanément et sans aide
son tabagisme à la fin de la TCC, sans
intervention tabacologique. Le CO dans
l’air expiré est à 2 ppm et l’arrêt du tabac
est confirmé à 6 mois.
Discussion
Le critère 1 du DSM IV du TAG : au moins
un souci durant six mois, un jour sur deux
(travail, scolarité, santé…) est retenu
(tableau). La prévalence du TAG est de
l’ordre de 4 à 5,1 % de la population géné-
rale (5). Le TAG est plus fréquent chez les
femmes (6,6 %) que chez les hommes
(3,6 %). La comorbidité est fréquente avec
parmi les diagnostics secondaires les plus
fréquents : la phobie sociale, le trouble
panique, la dysthymie et la phobie simple
(5). Les résultats sur 400 fumeurs avec une
dépendance physique élevée (Fagerström ≥
6), objectivent des troubles anxieux et/ou
dépressifs dans 34 % des cas. Chez ces
fumeurs, la phobie sociale (PS) et l’anxiété
généralisée (TAG) sont présentes environ
une fois sur deux (7). Dans une enquête sur
la prévalence sur un an du TAG portant sur
4181 sujets, le risque relatif de dépendan-
ce à la nicotine a été retrouvé à 1,7 (IC
95 % : 0,8-3,7) (2). D’autres troubles
anxieux sont fréquemment associés au
tabagisme notamment la phobie sociale.
Les liens entre PS et dépendance tabagique
ont été démontrés dans une enquête portant
sur 3 021 adolescents et jeunes adultes de
14 à 24 ans : à âge égal, dans le groupe pho-
bie sociale, la dépendance tabagique est deux
fois plus fréquente que dans le groupe
témoin. Avec un recul de quatre ans, l’exis-
tence initiale d’une PS multiplie par deux à
trois le risque de devenir un fumeur régu-
lier puis dépendant (9). Une étude récente a
également mis en évidence les relations
entre attaque de panique et tabagisme (10) :
on observe une augmentation du risque
d’apparition d’attaque de panique chez les
fumeurs réguliers (OR : 2,9, IC 95 % :
1,08,4) et chez les fumeurs dépendants (OR :
3,6, IC 95 % : 1,2-10,5). Le TAG constitue
ainsi une source de difficultés à l’arrêt du
tabac et également de rechute. Il doit donc
être traité par TCC, éventuellement asso-
ciée à un inhibiteur de la recapture de la
sérotonine (6) et à un traitement nicoti-
nique, si la dépendance est importante.
Dans notre observation, la dépendance était
forte et avait été traitée initialement de
façon optimale, et les difficultés du sevrage
étaient liées au trouble anxieux. La TCC a
été efficace sur le TAG permettant l’arrêt
du tabac (4). G. Lagrue souligne les diffi-
cultés à l’arrêt du tabac chez les femmes
par plusieurs facteurs : l’existence d’un
trouble anxieux, notamment le TAG et/ou
des états dépressifs, la prise de poids, l’ag-
gravation prémenstruelle des troubles
dépressifs (8)… Les tabacologues doivent
apprendre à mieux diagnostiquer les
troubles anxieux pour une meilleure prise
en charge multidisciplinaire, notamment
avec l’apport des TCC (4).
Des liens entre les troubles anxieux, notamment phobie sociale
(PS) ou trouble anxieux généralisé (TAG), et la dépendance
tabagique ont été mis en évidence (6, 9). Nous rapportons un
cas de trouble anxieux généralisé (TAG) pris en charge par une
thérapie comportementale et cognitive (TCC) chez une patiente
tabagique candidate au sevrage. À la fin de la thérapie, l’arrêt
du tabagisme est obtenu sans difficulté, alors qu’antérieurement
de nombreuses tentatives de sevrage s’étaient soldées par des
échecs en raison de la persistance du trouble anxieux.
Traitement d’un trouble anxieux
généralisée par thérapie comportementale
et cognitive chez une tabagique
P. Guichenez(1),I.Clauzel(1),A.M. Clauzel(2),P.Dupont(3),G.Lagrue(3)
1. Centre de tabacologie, centre hospitalier,
2, rue Haüy, 34500 Béziers.
2. Centre de tabacologie, clinique Lavalette,
34000 Montpellier.
3. Centre de tabacologie, hôpital Albert-
Chenevier, 94000 Créteil.
1. Au moins un souci durant les 6 mois, un
jour sur deux (travail, scolarité, santé…).
2. Préoccupation difficile à contrôler.
3. Au moins trois symptômes sur la liste
suivante :
– agitation, surexcitation ;
– fatigabilité ;
– trouble de la concentration ;
– irritabilité ;
– tension musculaire ;
– trouble du sommeil.
4. Souci non limité à des attaques de
panique, une phobie sociale, ou des
obsessions.
5. Souffrance, altération sociale ou pro-
fessionnelle significative.
6. Le trouble n’est pas consécutif à un abus
de substance, une affection médicale ou un
trouble de l’humeur ou psychotique.
Tableau. Trouble anxieux généralisé
(TAG): DSM IV.
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