MQ.1 – Manifestation d’un monde quantique – Y. Alméras (yalmeras@free.fr) – Décembre 2013 – Document n’ayant pas vocation à être publié par un tiers 3
des situations concrètes (rayonnement d’astres par exemple, quitte à ajouter un facteur
d’émissivité (corps gris). . .).
Le corps noir n’est pas noir : il est qualifié ainsi car il absorde tout rayonnement
incident mais cela ne veut pas dire qu’il n’émet rien (ce serait étonnant pour un ob-
jet qualifié dans sa définition d’émetteur thermique. . .). Il émet un rayonnement qui
détermine sa couleur. . .
Il s’agit maintenant de voir en quoi le rayonnement émis par un corps noir pose
problème vis-à-vis de la physique classique. . .
2/ Échec de la physique classique
Sur la fin du XIXesiècle, le rayonnement du corps noir (et l’interaction lumière-
matière sous-jacente) est sujet à de nombreux questionnements car la physique clas-
sique ne parvient pas à l’expliquer convenablement 3:
•Stefan découvre en 1879 que la puissance surfacique ϕémise par un corps noir
est proportionnelle à la puissance quatrième de la température :
ϕ=σT4
où σ≃5,67.10−8W.m−2.K−4est une constante de Stefan. Cette loi est dé-
ductible de la thermodynamique classique et de l’électromagnétisme de Maxwell
(comme le fait Boltzmann en 1884) mais l’expression théorique de σreste mys-
térieuse 4.
•Wien observe en 1893 que la longueur d’onde λmdu maximum de la puissance
spectrale émise par le corps noir varie en fonction de la température Tsuivant
la loi empirique de déplacement de Wien
λmT = 2898 µm.K(avec λen µm et Ten K)
•On peut analyser expérimentalement la puissance surfacique spectrale du rayon-
nement du corps noir définie comme suit et voir d’autres problèmes. . .
Soit un rayonnement correspondant à un transfert de puissance d2Φà travers une
surface élémentaire dSuniquement pour les composantes spectrales de l’intervalle
élémentaire [ν;ν+dν]en fréquence (soit [λ;λ+dλ]en longueur d’onde). On appelle
puissances surfaciques spectrales les fonctions ϕν(ν, T) et ϕλ(λ, T) telles que
Définition
3. Les détails notamment théoriques vont être volontairement sautés car ils dépassent trop large-
ment le cadre du programme. Si vous êtes quand même intéressés, vous pouvez jeter un œil sur le
sujet d’ADS 2005 de la filière MP mis à disposition sur le site scei-concours.org.
4. La constante σvient d’une constante d’intégration dans le calcul que l’on n’arrive pas à expli-
citer ; sa valeur numérique à l’époque n’est qu’expérimentale et la loi de Stefan est considérée alors
comme empirique.
d2Φ = ϕν(ν, T) dν
|{z }
flux surfacique sur [ν;ν+dν]
dS = ϕλ(λ, T) dλ
|{z }
flux surfacique sur [λ;λ+dλ]
dS
pour tout dSet pour tout intervalle spectral.
À propos des puissances surfaciques spectrales. . .
1. En admettant que l’on connaisse la loi ϕν(ν, T), comment pourrait-on en
déduire la loi de Stefan ?
2. Toujours en admettant que l’on connaisse la loi ϕν(ν, T), comment pourrait-
on en déduire la loi de déplacement de Wien ?
Exercice 3
Réponse
1. Il suffirait d’intégrer ϕν(ν, T) sur toutes les fréquences (de zéro à l’infini) : la puis-
sance surfacique n’est rien d’autre que l’aire totale sous la courbe représentative
de ϕν(ν, T) en fonction de la fréquence à Tfixée.
2. Tout d’abord, il faudrait passer à la loi ϕλ(λ, T) qui ne s’obtient pas simple-
ment en remplaçant νpar c/λ !De toute façon, ϕλ(λ, T) et ϕν(ν, T) n’ont
pas la même dimension. . . Procédons soigneusement. . .
Soit un intervalle spectral [λmin , λmax]correspondant à l’intervalle en fréquence
[νmin, νmax ](en prenant garde au fait que νmin =c/λmax et inversement. . .).
La puissance surfacique du rayonnement est identique (puisque c’est le même
intervalle spectral) :
ϕ=Zλmax
λmin
ϕλ(λ, T) dλ=Zνmax
νmin
ϕν(ν, T) dν
On obtient la relation entre les flux surfaciques spectraux en changeant de variable
et en notant qu’ils sont tous deux positifs (convention) :
ϕλ(λ, T) |dλ|=ϕν(ν, T) |dν|
soit ϕλ(λ, T) = c
λ2ϕν(c/λ, T)
Dans tous les cas, on pensera bien au fait que le flux surfacique est l’aire sous
une portion de courbe représentative du flux surfacique spectral.
Enfin, pour obtenir la loi de déplacement de Wien, il suffit de rechercher pour
quelle valeur λmde longueur d’onde, ϕλ(λ, T) est maximale à Tfixée (dériva-
tion. . .).