sée. Pour la titration, l’augmentation de 25 µg/h
se fera en cas de consommation d’au moins
60 mg d’interdose de morphine orale par 24 heures.
Le passage d’une morphine LP au patch de
Durogesic®se fera de la façon suivante : pose
du patch et, en même temps, prise de la der-
nière dose de morphine LP ; à l’inverse, ablation
du patch avant de reprendre la morphine LP
12 heures plus tard. Dans un cas comme dans
l’autre, il faudra prévoir des interdoses.
Hydromorphone (Sophidone®)
Ce morphinique LP s’administre comme la mor-
phine LP, toutes les douze heures. Il suffit de
substituer à cette dernière la dose équivalente
de Sophidone®(tableau VII). Son intérêt est sa
bonne tolérance en cas d’effets secondaires
mal contrôlés avec la morphine. Il est à noter
que son augmentation se fait au minimum de
8mg en deux prises sur les 24 heures, soit
60 mg en dose équivalente morphine. Le risque
d’accumulation en cas d’insuffisance rénale est
le même que pour la morphine.
Méthadone
En France, la méthadone est un opioïde essen-
tiellement connu pour son utilisation dans les
programmes de traitement substitutif s’adres-
sant aux toxicomanes. Utilisé dans les autres
pays européens dans le traitement des dou-
leurs cancéreuses, cet opioïde commence à
être prescrit en France dans ce cadre, même s’il
n’a pas encore reçu l’AMM. Son efficacité dans
les douleurs avec composante neurogène fait
tout son intérêt. Il a sa place dans la rotation
des opioïdes en cas d’intolé-
rance ou d’escalade des doses
des autres opioïdes.
Son initiation, ou sa substitu-
tion à un traitement opioïde
antérieur, est délicate ; il
existe différents protocoles.
Initiation et substitution ne
peuvent se faire que lors d’une courte hospita-
lisation, de 5 à 7 jours. La méthadone se prend
par voie orale, le plus souvent toutes les
8heures avec, si besoin, des doses supplémen-
taires toutes les 6 heures au maximum. Elle est
délivrée tous les 7 jours dans ce contexte par
les pharmacies des hôpitaux et, depuis peu, par
les pharmacies de ville.
Effets secondaires des morphiniques
Toute initiation d’un traitement morphinique
devra comporter une information détaillée à
remettre au patient sur le traitement lui-même,
sur les peurs qu’il peut en avoir et sur les effets
secondaires possibles. Les plus fréquents sont
la somnolence en rapport avec la dette de som-
meil, qui dure habituellement 24 heures, la
constipation, constante et qui doit être systé-
matiquement prévenue par un traitement laxa-
tif et surveillée, et les nausées et/ou vomisse-
ments. Pour ces derniers, qui ne sont pas
systématiques et ne durent habituellement que
quelques jours, il faudra prescrire un traitement
antiémétique sous forme lyoc ou suppositoire à
prendre en cas de nécessité.
Le risque de surdosage et de dépression respi-
ratoire est très rare chez un patient cancéreux
douloureux régulièrement réévalué et traité de
façon continue. Toute réapparition inexpliquée
d’une somnolence se majorant progressivement
doit conduire à interrompre temporairement le
traitement morphinique et à rechercher une
insuffisance rénale, une potentialisation par des
traitements associés (psychotropes et en parti-
culier benzodiazépine, alcool), une cause orga-
nique, une erreur de dose. La naloxone
(Narcan®) pourra être utilisée, tout en sachant
que sa durée d’action est très courte. La cause
du surdosage expliquée, le patient sera remis
sous morphinique à une dose adaptée.
Les coanalgésiques
Ce sont des traitements qui, associés aux antal-
giques cités, ont soit un effet antalgique dans
certains types de douleur comme les corticoïdes,
les antidépresseurs tricy-
cliques, les antiépileptiques,
soit un effet potentialisateur
des antalgiques comme les
anxiolytiques, les neurolep-
tiques et les hypnotiques.
Concernant ces derniers, leur
prescription ne doit pas être
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Correspondances en médecine - n° 1, vol. III - janvier/février/mars 2002
dossier
Utilisée dans les autres pays euro-
péens dans le traitement des dou-
leurs cancéreuses, la méthadone
commence à être prescrite en
France dans ce cadre, même si elle
n’a pas encore reçu l’AMM.
Tableau VII. Hydromorphone (Sophidone
®
).
Prescription de 28 jours
Libération prolongée : toutes les 12 heures
Comprimé de 4, 8, 16 et 24 mg
Conversion morphine orale-hydromorphone :
– 30 mg de morphine = 4 mg d’hydromorphone
– ou dose de morphine = 7,5 x dose d’hydromorphone