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La Lettre du Gynécologue - n° 278 - janvier 2003
GYNÉCOLOGIE ET SOCIÉTÉ
a notion selon laquelle le cancer peut être lié au stress
ou à des facteurs émotionnels remonte à au moins
200 ans après J.C., avec Galien, qui relevait que les
femmes mélancoliques étaient bien plus sensibles au cancer
que les autres. Plus récemment, la recherche s’est focalisée sur
les explications externes de la maladie, sous l’influence de
Descartes, qui considérait l’esprit comme une entité distincte
entretenant peu de liens avec le “corps mécanique”. Le renou-
veau de l’intérêt pour la relation corps-esprit que l’on observe
depuis quelques décennies coïncide avec notre meilleure
connaissance de la relation complexe qu’entretiennent les sys-
tèmes endocrinien, immunologique et nerveux. Aujourd’hui, la
psycho-oncologie – l’aspect psychologique de l’oncologie –
attire de plus en plus l’attention des praticiens. Des études
japonaises récentes ont démontré que 30 à 40 % des patients
cancéreux souffraient de troubles psychiatriques tels que
dépression sévère et troubles de l’adaptation. Le cancer du sein
est hormonosensible. Étant donné que le “stress” est impliqué
dans l’activation du système immunitaire, il semble probable
que des facteurs psychosociaux puissent jouer un rôle prépon-
dérant dans le cancer du sein, plus que dans tout autre. Par
ailleurs, des programmes d’intervention psychologique ont fait
leurs preuves pour améliorer la durée de vie des patients
atteints de cancer. C’est dire l’importance d’une meilleure
connaissance des troubles psychologiques ou psychiatriques
accompagnant cette maladie organique et des éventuels
moyens psychologiques efficaces pour les soulager.
Existe-t-il une relation entre les événements de vie,
la manière de faire face, les facteurs de personnalité
et le développement du cancer du sein ?
Une approche épidémiologique
Sydney (Australie)
Mots-clés: Cancer du sein - Stress - Facteurs prédictifs.
I
l est bien connu que le stress est susceptible de perturber le
système immunitaire et qu’une perturbation de celui-ci pré-
dispose à la croissance de tumeurs malignes. On ne sait pas,
toutefois, si les facteurs psychosociaux interagissent directe-
ment sur le système immunitaire, endocrinien et nerveux, ou
indirectement, en affectant les comportements tels que le
régime alimentaire, l’exercice, le sommeil, etc., comporte-
ments qui ont eux-mêmes un impact sur le fonctionnement
endocrinien et immunitaire. Une équipe australienne a réalisé
une revue de la littérature sur le sujet, afin de mettre en
lumière les relations pouvant exister entre les facteurs psycho-
sociaux et le développement du cancer du sein (Butow P,
Hiller J, Price M et al. Epidemiological evidence for a rela-
tionship between life events, coping style, and personality fac-
tors in the development of breast cancer. J Psychosom Res
2000 ; 49 : 169-81). Les seize articles retenus à partir des
interrogations réalisées sur plusieurs sites Internet de littérature
médicale ont été publiés entre 1975 et 1996. Ils ont été sélec-
tionnés selon un certain nombre de critères : un diagnostic de
cancer du sein, l’évaluation d’un ou de plusieurs facteurs de
risque psychosociaux, un modèle d’étude prospectif ou de
contrôle de cas, au moins un groupe de comparaison de
femmes saines ou de femmes avec un cancer du sein de forme
bénigne, et, enfin, la publication dans un journal de langue
anglaise pratiquant le contrôle par les pairs. Les auteurs ont
choisi de se focaliser sur les éventuels prédicteurs du dévelop-
pement d’un cancer du sein plutôt que sur les prédicteurs de
l’évolution et du pronostic de la maladie. Des critères standar-
disés de qualité ont permis d’évaluer la pertinence du statut de
prédicteur psychosocial des cancers du sein pour les caractéris-
tiques suivantes : des événements de vie stressants, la manière
de faire face (coping style), le soutien social et les facteurs
émotionnels et de personnalité. L’analyse approfondie des tra-
vaux publiés révèle que, en fait, peu d’études correctement
réalisées rapportent l’existence d’une association significative
entre des événements de vie stressants et le cancer du sein.
Seules deux petites études utilisant une échelle d’événements
de vie et de difficultés (Life Events and Difficulties Schedule
[LEDS]) rapportent l’existence d’une association entre des
événements sévères et traumatisants et le risque de cancer du
sein. Sept études ont démontré que la répression de la colère et
l’alexithymie sont des prédicteurs, avec des risques plus élevés
chez les femmes les plus jeunes. Aucune étude ne démontre
que la qualité du soutien social, l’anxiété chronique ou la
dépression affectent le développement du cancer du sein. Si
l’on excepte les facteurs de rationalité/anti-émotionnalité, les
facteurs de personnalité ne sont pas non plus prédictifs de la
Cancer du sein et psychopathologie :
cause ou conséquence ? [1]
[1] Article paru dans “Les Actualités en Psychiatrie” 2001; 18 (10): 306-10.
* INSERM, 67000 Strasbourg.
L
!E. Bacon*
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La Lettre du Gynécologue - n° 278 - janvier 2003
maladie. À ce jour, il n’y a donc qu’une faible preuve de l’exis-
tence d’une relation entre les facteurs psychosociaux et le risque
de survenue de cancer du sein. Les facteurs prédictifs identifiés
les plus puissants sont la répression émotionnelle et des événe-
ments de vie graves. Toutefois, comme le relèvent les auteurs de
cette revue, le caractère athéorique d’une approche destinée à
identifier clairement des concepts psychosociaux interreliés dans
une maladie multifactorielle comme le cancer du sein est une
faiblesse importante de ce champ de recherche. Les futurs tra-
vaux tireraient grand profit d’une réflexion théorique sous-
jacente et d’une plus grande rigueur méthodologique.
Relations entre la condition psychologique
de patientes atteintes d’un cancer du sein et la survie
Haïfa (Israël)
Mots-clés: Cancer du sein - Psychopathologie - Survie.
S
e fondant sur la théorie de l’existence d’un lien entre les
facteurs psychologiques et le système immunitaire, d’autres
chercheurs se sont focalisés sur les éventuelles connexions pou-
vant exister entre les facteurs psychologiques et la survie de
patients atteints de cancer. Les résultats observés par les cher-
cheurs se sont révélés contradictoires. Certains auteurs ont ainsi
constaté des taux plus élevés d’immunoglobulines IgM trois
mois après une mastectomie chez des patientes qui avaient mis
en œuvre des stratégies de déni, que chez celles utilisant
d’autres stratégies pour faire face à leur maladie. Selon une
étude de 1988, les femmes ayant exprimé un espoir, un opti-
misme et une stabilité de la personnalité face à de tels pro-
blèmes majeurs de santé avaient tendance à vivre plus long-
temps avec une maladie récurrente. D’autres chercheurs, en
revanche, n’ont trouvé aucune connexion entre la durée de la
survie et des facteurs psychologiques tels que l’anxiété, la
dépression, l’hostilité, le bien-être général et l’estime de soi. Le
Dr Gilbar et son équipe ont alors décidé de s’intéresser à la
relation entre les facteurs psychologiques et la durée de la sur-
vie sans maladie apparente chez 40 patientes atteintes d’un can-
cer du sein aux stades I et II. Leur objectif était d’arriver à anti-
ciper quelles patientes pourraient mourir ou développer des
métastases dans les huit années consécutives, en se fondant sur
des variables psychologiques. Une telle connaissance pourrait
permettre de mettre en œuvre des stratégies destinées à allonger
la durée de la survie (Gilbar O. The connection between the
psychological condition of breast cancer patients and
survival. A follow-up after eight years. Gen Hosp Psychiatry
1996; 18 : 266-70). Quarante patientes (âge moyen : 50 ans)
atteintes d’un cancer du sein ont participé à cette étude entre-
prise en 1984. Toutes avaient subi une mastectomie, sans qu’on
connaisse, au moment des premiers entretiens, leur statut tumo-
ral. Le premier entretien était passé environ deux semaines
après l’opération chirurgicale. Les entretiens incluaient un test
destiné à établir l’adaptation à la maladie (Psychosocial
Adjustment to Physical Illness Scale [PAIS]). Un inventaire de
la détresse psychologique (Brief Symptom Inventory [BSI]) per-
mettait d’évaluer divers types de symptômes, tels la somatisa-
tion, les comportements obsessifs compulsifs, la sensibilité
interpersonnelle, la dépression, l’anxiété, l’hostilité, l’anxiété
phobique, les idéations paranoïdes, etc. Un score de détresse,
dénommé “index global de sévérité” (GSI), était obtenu en
combinant la quantité et l’intensité des symptômes rapportés.
Huit ans après les entretiens, 8 des patientes étaient décédées et
7 avaient développé des métastases. Les 25femmes survivantes
ne présentaient aucun signe de maladie. Les constatations
essentielles de cette étude étaient que la détresse psycholo-
gique, l’anxiété, l’hostilité, les idéations paranoïdes, ainsi que
l’index global de sévérité étaient plus sévères au moment du
diagnostic chez les 8 patientes qui sont décédées au cours des
8 années consécutives que chez celles ayant survécu. Ces résul-
tats confirment les impressions cliniques selon lesquelles une
meilleure prise en charge de leur maladie par les patientes mène
à une survie plus longue. La question centrale reste de savoir si
la prise de conscience par la patiente de ses propres réponses
psychologiques face à la maladie peut contribuer à un style de
prise en charge personnelle qui puisse influer sur la survie ulté-
rieure. On peut toutefois penser que la programmation d’une
intervention psychologique adaptée, destinée aux patientes for-
tement perturbées psychologiquement et effectuée immédiate-
ment après le diagnostic, pourrait les aider à faire face et à amé-
liorer leur durée de survie.
Des expériences de vie difficiles et les troubles
de l’humeur peuvent-ils influencer le délai
de consultation pour un cancer du sein ?
Londres (Grande-Bretagne)
Mots-clés: Cancer du sein - Retard à la consultation -
Problèmes psychologiques.
P
our environ un cinquième des femmes diagnostiquées avec
un cancer du sein, l’intervalle entre l’apparition de symp-
tômes et la consultation chez un médecin est de plus de douze
semaines. Les patientes invoquent souvent des problèmes
sociaux, des responsabilités et des soucis domestiques comme
autant de raisons de différer la consultation médicale. À ce
jour, la littérature médicale consacrée à l’influence de l’anxiété
et de la dépression sur la consultation médicale s’est surtout
focalisée sur les personnes recherchant une aide médicale pour
des symptômes médicalement inexplicables. Peu d’études, en
revanche, ont cherché à savoir si l’anxiété et la dépression
pouvaient influencer le comportement de recherche d’aide
dans des cas de présence de symptômes de maladie physique
sous-jacente grave. Les auteurs de cette étude ont examiné
l’impact des épisodes de vie difficiles et des troubles de
l’humeur sur le retard à la consultation pour cancer du sein.
Leur hypothèse de départ était que les femmes ayant consulté
leur médecin plus de douze semaines après les premiers symp-
tômes étaient plus susceptibles d’avoir vécu des périodes diffi-
ciles, ou d’avoir vécu un épisode de dépression ou d’anxiété au
cours de l’année précédant la découverte des symptômes
(Burgess C, Ramirez A, Smith P, Richards M. Do adverse life
events and mood disorders influence delayed presentation of
GYNÉCOLOGIE ET SOCIÉTÉ
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La Lettre du Gynécologue - n° 278 - janvier 2003
GYNÉCOLOGIE ET SOCIÉTÉ
breast cancer ? J Psychosom Res 2000 ; 48 : 171-5). Cent cin-
quante-huit patientes ont été interviewées cinq mois après le
diagnostic, en vue d’établir la prévalence d’événements de vie
difficiles et de problèmes divers, à l’aide de l’échelle de
Bedford (Bedford College Life Events and Difficulties
Schedule). La morbidité psychiatrique était évaluée par l’entre-
tien clinique structuré (SCID) et selon le DSM-III-R. Les
résultats ne montrent aucune association entre le fait d’avoir
vécu un événement grave ou des difficultés, sévères ou non, au
cours de l’année précédant la découverte des symptômes et le
retard à la consultation de la patiente. Curieusement, les
femmes qui se présentaient sans attendre chez leur médecin
généraliste (dans un délai de moins de douze semaines) avec
des symptômes de cancer du sein étaient, plus souvent que
celles qui avaient retardé la consultation, susceptibles d’avoir
vécu un événement de vie peu grave au cours de l’année précé-
dente. Toutefois, cette observation pourrait être artéfactuelle,
les femmes consultant rapidement étant plus à même de se
souvenir d’événements ayant eu lieu à des dates proches de la
découverte des premiers symptômes et de l’entretien médical.
Le retard à la consultation n’était pas non plus relié à la préva-
lence de la dépression ou à l’anxiété. Ces observations suggè-
rent donc que le retard pris par les femmes à consulter un
médecin généraliste après la découverte de symptômes de can-
cer du sein ne peut être attribué ni à des expériences de vie dif-
ficiles, ni à des troubles de l’humeur (dépression, anxiété) au
cours de l’année précédant la découverte desdits symptômes.
Ces événements sont invoqués comme prépondérants par les
femmes, mais ne semblent pas refléter la réalité de la situation.
De même, les difficultés pratiques sont une raison souvent
invoquée par les femmes pour ne pas avoir consulté plus tôt,
alors qu’en fait, ce sont les femmes qui ont le plus d’obliga-
tions familiales ou professionnelles qui consultent le plus rapi-
dement. En revanche, les facteurs de risque de retard à la
consultation médicale sont un âge plus avancé, l’influence des
autres et la découverte d’un symptôme qui n’inclut pas la
présence d’une grosseur.
Les réactions au cancer des survivants
de deuxième génération de l’Holocauste :
transmission de la réponse à un traumatisme ?
Jérusalem (Israël)
Mots-clés: Cancer du sein - Psychopathologie - Transmission
intergénérationnelle.
L
a transmission familiale non génétique, ou intergénération-
nelle, de troubles psychiatriques a été définie comme le
processus selon lequel, intentionnellement ou non, une généra-
tion plus ancienne influence psychologiquement les attitudes
parentales et le comportement des générations ultérieures.
L’existence d’un tel phénomène a été particulièrement étudiée
chez les survivants de l’Holocauste et leurs descendants.
Toutefois, les opinions diffèrent quant aux résultats : si la plu-
part des études cliniques concluent à l’existence de taux plus
élevés de psychopathologie, des études plus contrôlées n’ont
pas confirmé ces affirmations. Le Dr Baider et ses collabora-
teurs se sont intéressés à des patientes survivantes de deuxième
génération de l’holocauste présentant un cancer du sein. Leur
but était de déterminer si leur réaction vis-à-vis de la maladie
était caractérisée par la même détresse que celle qui est typique
des survivants de l’Holocauste (Baider L, Peretz T, Hadani P et
al. Transmission of response to trauma ? Second generation
Holocaust survivors’reaction to cancer. Am J Psychiatry 2000 ;
157 : 904-10). Dans le cadre d’une étude de population concer-
nant le cancer du sein, 106 femmes survivantes de l’Holocauste
de deuxième génération ont été comparées à 102 femmes dont
les parents ne faisaient pas partie de l’Holocauste. Étaient
considérés comme survivants de deuxième génération des indi-
vidus dont soit un, soit les deux parents avaient survécu à
l’Holocauste, après avoir été dans des camps de concentration,
des camps de travaux forcés ou des camps d’extermination en
Europe au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les informa-
tions concernant les origines et le contexte familial des femmes
de l’étude étaient rassemblées au cours d’entretiens, et les
patientes ont également rempli trois questionnaires : une
échelle d’attitude mentale vis-à-vis du cancer, le Brief Symptom
Inventory (BSI), et une échelle d’impact des événements. Les
deux groupes de femmes présentaient des scores identiques sur
l’échelle des attitudes mentales vis-à-vis du cancer. Toutefois,
les descendantes des survivants de l’Holocauste avaient des
scores au BSI et à l’échelle d’impact des événements significa-
tivement plus élevés que les autres femmes, et leurs scores
atteignaient même les niveaux de la psychopathologie. Parmi
ce groupe de femmes, celles qui étaient mariées ou dont la mère
était encore vivante étaient même davantage en état de détresse
que les autres. Les autres variables indépendantes ne permet-
taient pas de mettre en lumière les raisons pour lesquelles les
survivantes de l’Holocauste de deuxième génération atteintes
d’un cancer du sein souffraient d’une détresse aussi intense. Il
est clair, toutefois, au vu des résultats de cette étude, que les
survivantes de l’Holocauste de deuxième génération sont parti-
culièrement vulnérables à la détresse psychologique et que,
lorsqu’elles sont confrontées à un traumatisme tel que le dia-
gnostic d’un cancer du sein, leur réaction s’accompagne d’une
détresse psychologique intense. On peut penser qu’un tel état
de fait ne se limite pas à cette population spécifique, mais que
les filles de parents ayant subi des traumatismes sévères,
comme les victimes de guerre ou les réfugiés, doivent être
considérées comme particulièrement vulnérables aux pro-
blèmes psychologiques.
Association entre l’optimisme vis-à-vis du traitement
du cancer du sein et la symptomatologie dépressive
Houston (Texas)
Mots-clés: Cancer du sein - Optimisme - Essais cliniques de
phase I.
L
es essais cliniques de phase I constituent la première étape
destinée à évaluer la toxicité et l’efficacité potentielle de
nouveaux agents antinéoplasiques chez l’homme. Les tests de
phase I permettent en général d’évaluer la pharmacocinétique,
la toxicité, la dose maximale tolérée et la dose recommandée
pour les essais de phase II. Il est possible que quelques patients
aient une réponse favorable au traitement en phase I, mais, le
plus souvent, les malades sont traités avec des doses faibles et
relativement inefficaces. La proportion de patients qui répon-
dent au traitement est en effet généralement inférieure à 5 %.
Quoique le bénéfice thérapeutique soit souvent faible, les
patients dont les possibilités thérapeutiques sont par ailleurs
limitées sont souvent volontaires pour les essais de phases I et
II. Malgré les explications données concernant le but des essais
de phase I, les patients surestiment souvent leurs probabilités
de réponse au traitement et ont des attentes irréalistes quant à
son efficacité. Par ailleurs, il a été démontré que des disposi-
tions optimistes sont associées à un meilleur pronostic et un
meilleur ajustement psychologique chez les femmes ayant été
soignées pour un cancer du sein. Le Dr Cohen et ses collabora-
teurs ont donc fait une étude prospective de l’association entre
l’optimisme manifesté vis-à-vis du traitement et la santé men-
tale de patientes engagées dans des essais cliniques de phase I/b
(Cohen L, de Moor C, Amato R. The association between treat-
ment-specific optimism and depressive symptomatology in
patients enrolled in a phase I cancer clinical trial. Cancer
2001 ; 91 : 1950-5). Vingt-quatre patientes présentant des
métastases rénales et 22 patientes avec un mélanome métasta-
sique ont passé des tests au début du traitement ainsi que trois
semaines plus tard, ce qui correspondait au dernier jour du trai-
tement. Elles ont rempli des échelles de mesure de l’optimisme
vis-à-vis du traitement, c’est-à-dire de leur croyance en l’effica-
cité dudit traitement. La symptomatologie dépressive, les
troubles de l’humeur et la détresse générale ont également été
évalués. La majorité des patientes pensaient que le traitement
allait les guérir (87 %) ou arrêter l’évolution de la maladie
(85%). Le niveau d’optimisme relatif au traitement était corrélé
de manière négative au niveau de base des symptômes dépres-
sifs, des troubles de l’humeur et des symptômes de détresse,
après contrôle des effets de l’âge, du nombre de métastases et
du délai passé depuis la date du diagnostic. En revanche, les
patientes présentant des symptômes cliniques de dépression au
départ de l’étude exprimaient un optimisme relatif au traite-
ment moins élevé que les patientes n’ayant pas présenté de tels
symptômes au départ. L’optimisme relatif au traitement était
également associé de manière négative aux symptômes de
dépression à la fin du traitement, après contrôle des symptômes
de dépression au début du traitement. Un optimisme marqué
quant aux effets d’un nouveau traitement, même irréaliste, est
donc corrélé à une meilleure santé mentale, tant au début qu’à
la fin du traitement.
Efficacité d’une intervention de groupe
chez des patientes atteintes d’un cancer du sein
à un stade précoce
Osaka (Japon)
Mots-clés: Cancer du sein - Intervention psychiatrique -
Traitement de groupe.
U
n certain nombre d’études japonaises ont démontré
qu’un programme d’intervention psychiatrique structuré
de cinq semaines pouvait soulager efficacement l’inconfort
psychologique chez des patientes atteintes d’un cancer du
sein, et que l’efficacité d’un tel soutien se maintenait pendant
six mois chez des patientes ne présentant pas de métastase ni
de troubles de l’ajustement de la conduite. Étant donné que
ce traitement n’avait pas d’effet prolongé chez les patientes
présentant des métastases ou des troubles de l’ajustement de
la conduite, cette équipe de chercheurs japonais a évalué
l’efficacité d’un traitement complémentaire de trois réunions
de groupe tous les trois mois s’ajoutant au programme initial
de cinq semaines (Hosaka T, Sugiyama Y, Okuyama T et al.
Effects of a modified group intervention with early stage
breast cancer patients. Gen Hosp Psychiatry 2001 ; 23 :
145- 51). Quarante-trois patientes, âgées de 40 à 66 ans, ont
suivi le programme complet. Les scores du profil des états
mentaux (Profile of Mood States [POMS]) ont été comparés
avant l’initiation du traitement psychologique, immédiate-
ment après les cinq semaines de la première phase, immédia-
tement après chacune des sessions complémentaires de trois
interventions, et six mois après la fin du programme complet.
Au cours de la première période de cinq semaines, les
patientes participaient à des réunions hebdomadaires de
quatre-vingt-dix minutes. Le contenu des réunions consistait
en une éducation psychologique, des exercices de résolution
de problèmes, un soutien psychologique, un entraînement à
la relaxation et aux images mentales positives. Les réunions
étaient animées par un psychiatre et une infirmière. Les ses-
sions complémentaires étaient construites sur le même
modèle, et les patientes étaient également invitées à s’expri-
mer librement, sans programme spécifique. Le POMS était
constitué de 65 items permettant d’évaluer la détresse psy-
chologique. Parmi ceux-ci, citons la dépression, le manque
d’énergie, l’agressivité, l’hostilité, la fatigue, l’anxiété, la
confusion et les troubles généralisés de l’humeur. Les résul-
tats confirment les observations précédentes, à savoir que le
programme de cinq semaines était suffisant pour les patientes
sans nodules métastasiques ni troubles de l’ajustement, mais
insuffisant pour les autres patientes. En revanche, l’interven-
tion supplémentaire de trois réunions de groupe tous les trois
mois s’est révélée efficace et suffisante pour les patientes
présentant ces types de complications. Les bons résultats
obtenus à la suite de ce programme d’intervention psychia-
trique permettent également d’envisager l’application de ce
type de programme d’intervention à des patients souffrant
d’autres maladies physiques graves à des stades avancés.
L’ajustement au cancer : une manière de faire face
ou une transition personnelle ?
Bristol (Grande-Bretagne)
Mots-clés: Cancer - Psychopathologie - Ajustement.
Le terme “ajustement” est largement utilisé dans la littérature
de psycho-oncologie et, quoique le phénomène ait une impor-
tance centrale pour le vécu des personnes souffrant de cancer,
les mécanismes psychologiques de l’ajustement ont rarement
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La Lettre du Gynécologue - n° 278 - janvier 2003
GYNÉCOLOGIE ET SOCIÉTÉ
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La Lettre du Gynécologue - n° 278 - janvier 2003
GYNÉCOLOGIE ET SOCIÉTÉ
été décrits. Plutôt que de le considérer comme une absence de
psychopathologie ou le point final de la manière de faire face
aux menaces que constitue le cancer, l’ajustement concerne les
processus psychologiques qui se déroulent avec le temps, au
fur et à mesure que l’individu ainsi que les personnes apparte-
nant à son monde social gèrent les nombreux changements
amenés par la maladie et son traitement, s’y adaptent et en
tirent les leçons. Toutefois, ces changements ne sont pas tou-
jours “pour le pire”. Ils entraînent parfois une maturation per-
sonnelle “saine”, dans un certain nombre de domaines. C’est
seulement à partir de théories explicites de l’ajustement que
des progrès pourront être réalisés dans la compréhension de
comment et pourquoi des troubles psychologiques sont si fré-
quents en cas de cancer et quelles mesures peuvent être prises
pour les prévenir (Brennan J. Adjustment to cancer. Coping or
personal transition ? Psychooncology 2001 ; 10 : 1-18).
POUR EN SAVOIR PLUS
– Cohen L, Hack T, de Moor C et al. The effects of type of surgery and time on
psychological adjustment in women after breast cancer treatment. Ann Surg
Oncol 2000 ; 7 : 427-34.
Les effets des différents types de chirurgie sur la détresse psychologique et la
qualité de vie des femmes ne deviennent apparents qu’au bout de plusieurs
années. Un conseil psychologique serait donc souhaitable pour informer les
femmes des implications potentielles des différents traitements chirurgicaux
envisageables en cas de cancer du sein.
– Stanton A, Danoff-Burg S, Bishop M et al. Emotionnally expressive coping
predicts psychological and physical adjustment to breast cancer. J Consult Clin
Psychol 2000 ; 68 : 875-82.
Les femmes qui, à l’entrée dans l’étude, faisaient face à la maladie en expri-
mant leurs émotions concernant le cancer, voyaient leur santé physique et leur
énergie améliorées, leur détresse diminuée, et avaient consulté moins souvent
leur médecin pour des problèmes liés au cancer au cours des trois mois suivants
que les femmes exprimant moins leurs émotions.
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à l’attention de ..............................................................................
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