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Revue de presse
Cancer du sein
et psychopathologie :
cause ou
conséquence ?
E. Bacon
Inserm, Strasbourg
La notion selon laquelle le cancer
peut être relié au stress ou à des
facteurs émotionnels remonte à au
moins 200 ans après J.C., avec
Galien, qui relevait que les femmes
mélancoliques étaient bien plus
sensibles au cancer que les autres.
Plus récemment, la recherche s’est
focalisée sur les explications
externes de la maladie, sous l’in-
fluence de Descartes qui considérait
l’esprit comme une entité distincte
entretenant peu de liens avec le
corps mécanique”. Le renouveau
de l’intérêt pour la relation corps-
esprit que l’on observe depuis
quelques décennies coïncide avec
notre meilleure connaissance de la
relation complexe qu’entretiennent
les systèmes endocrinien, immuno-
logique et nerveux. Aujourd’hui, la
psycho-oncologie – l’aspect psycho-
logique de l’oncologie – attire de
plus en plus l’attention des prati-
ciens. Des études japonaises
récentes ont démontré que 30 à
40 % des patients cancéreux souf-
fraient de troubles psychiatriques
tels que dépression sévère et
troubles de l’adaptation. Le cancer
du sein est hormonosensible. Étant
donné que le “stress” est impliqué
dans l’activation du système immu-
nitaire, il semble probable que des
facteurs psychosociaux puissent
jouer un rôle prépondérant dans le
cancer du sein, plus que dans tout
autre. Par ailleurs, des programmes
d’intervention psychologique ont
fait leurs preuves pour améliorer la
durée de vie des patients atteints
de cancer. C’est dire l’importance
d’une meilleure connaissance des
troubles psychologiques ou psychia-
triques accompagnant cette mala-
die organique et des éventuels
moyens psychologiques efficaces
pour les soulager.
Existe-t-il une relation entre
les événements de vie, la
manière de faire face, les
facteurs de personnalité et
le développement du cancer
du sein ? Une approche
épidémiologique
Sydney (Australie)
Il est bien connu que le stress est sus-
ceptible de perturber le système immuni-
taire et qu’une perturbation de celui-ci pré-
dispose à la croissance de tumeurs
malignes. On ne sait pas, toutefois, si les
facteurs psychosociaux interagissent direc-
tement sur le système immunitaire, endo-
crinien et nerveux, ou indirectement, en
affectant les comportements tels que le
régime alimentaire, l’exercice, le sommeil,
etc., comportements qui ont eux-mêmes un
impact sur le fonctionnement endocrinien
et immunitaire. Une équipe australienne a
réalisé une revue de la littérature sur le sujet,
afin de mettre en lumière les relations pou-
vant exister entre les facteurs psycho-
sociaux et le développement du cancer du
sein (Butow P, Hiller J, Price M et al. Epi-
demiological evidence for a relationship
between life events, coping style, and per-
sonality factors in the development of
breast cancer. J Psychosom Res 2000 ; 49 :
169-81). Les seize articles retenus à partir
des interrogations réalisées sur plusieurs
sites Internet de littérature médicale ont été
publiés entre 1975 et 1996. Ils ont été sélec-
tionnés selon un certain nombre de critères :
un diagnostic de cancer du sein, l’évalua-
tion d’un ou de plusieurs facteurs de risque
psychosociaux, un modèle d’étude pros-
pectif ou de contrôle de cas, au moins un
groupe de comparaison de femmes saines
ou de femmes avec un cancer du sein de
forme bénigne, et, enfin, la publication dans
un journal de langue anglaise pratiquant le
contrôle par les pairs. Les auteurs ont choisi
de se focaliser sur les éventuels prédicteurs
du développement d’un cancer du sein plu-
tôt que sur les prédicteurs de l’évolution et
du pronostic de la maladie. Des critères
standardisés de qualité ont permis d’éva-
luer la pertinence du statut de prédicteur
psychosocial des cancers du sein pour les
caractéristiques suivantes : des événements
de vie stressants, la manière de faire face
(coping style), le soutien social et les fac-
teurs émotionnels et de personnalité. L’ana-
lyse approfondie des travaux publiés révèle
que, en fait, peu d’études correctement réa-
lisées rapportent l’existence d’une associa-
tion significative entre des événements de
vie stressants et le cancer du sein. Seules
deux petites études utilisant une échelle
d’événements de vie et de difficultés (Life
Events and Difficulties Schedule [LEDS])
rapportent l’existence d’une association
entre des événements sévères et traumati-
sants et le risque de cancer du sein. Sept
études ont démontré que la répression de la
colère et l’alexithymie sont des prédicteurs,
avec des risques plus élevés chez les
femmes les plus jeunes. Aucune étude ne
démontre que la qualité du soutien social,
l’anxiété chronique ou la dépression affec-
tent le développement du cancer du sein. Si
l’on excepte les facteurs de rationalité/anti-
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (18) n° 10, décembre 2001 306
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émotionnalité, les facteurs de personnalité
ne sont pas non plus prédictifs de la mala-
die. À ce jour, il n’y a donc qu’une faible
preuve de l’existence d’une relation entre
les facteurs psychosociaux et le risque de
survenue de cancer du sein. Les facteurs
prédictifs identifiés les plus puissants sont
la répression émotionnelle et des événe-
ments de vie graves. Toutefois, comme le
relèvent les auteurs de cette revue, le carac-
tère athéorique d’une approche destinée à
identifier clairement des concepts psycho-
sociaux interreliés dans une maladie mul-
tifactorielle comme le cancer du sein est
une faiblesse importante de ce champ de
recherche. Les futurs travaux tireraient
grand profit d’une réflexion théorique sous-
jacente et d’une plus grande rigueur métho-
dologique.
Mots clés. Cancer du sein – Stress –
Facteurs prédictifs.
Relations entre la condition
psychologique de patientes
atteintes d’un cancer du
sein et la survie
Haïfa (Israël)
Se fondant sur la théorie de l’exis-
tence d’un lien entre les facteurs psycho-
logiques et le système immunitaire,
d’autres chercheurs se sont focalisés sur
les éventuelles connexions pouvant exister
entre les facteurs psychologiques et la sur-
vie de patients atteints de cancer. Les résul-
tats observés par les chercheurs se sont
révélés contradictoires. Certains auteurs
ont ainsi constaté des taux plus élevés
d’immunoglobulines IgM trois mois après
une mastectomie chez des patientes qui
avaient mis en œuvre des stratégies de déni,
que chez celles utilisant d’autres stratégies
pour faire face à leur maladie. Selon une
étude de 1988, les femmes ayant exprimé
un espoir, un optimisme et une stabilité de
la personnalité face à de tels problèmes
majeurs de santé avaient tendance à vivre
plus longtemps avec une maladie récur-
rente. D’autres chercheurs, en revanche,
n’ont trouvé aucune connexion entre la
durée de la survie et des facteurs psycho-
logiques tels que l’anxiété, la dépression,
l’hostilité, le bien-être général et l’estime
de soi. Le Dr Gilbar et son équipe ont alors
décidé de s’intéresser à la relation entre les
facteurs psychologiques et la durée de la
survie sans maladie apparente chez
40 patientes atteintes d’un cancer du sein
aux stades I et II. Leur objectif était d’ar-
river à anticiper quelles patientes pour-
raient mourir ou développer des métastases
dans les huit années consécutives, en se
fondant sur des variables psychologiques.
Une telle connaissance pourrait permettre
de mettre en œuvre des stratégies destinées
à allonger la durée de la survie (Gilbar O.
The connection between the psychological
condition of breast cancer patients and
survival. A follow-up after eight years. Gen
Hosp Psychiatry 1996 ; 18 : 266-70). Qua-
rante patientes (âge moyen : 50 ans)
atteintes d’un cancer du sein ont participé
à cette étude entreprise en 1984. Toutes
avaient subi une mastectomie, sans qu’on
sache, au moment des premiers entretiens,
leur statut tumoral. Le premier entretien
était passé environ deux semaines après
l’opération chirurgicale. Les entretiens
incluaient un test destiné à établir l’adap-
tation à la maladie (Psychosocial Adjust-
ment to Physical Illness Scale [PAIS]). Un
inventaire de la détresse psychologique
(Brief Symptom Inventory [BSI]) permet-
tait d’évaluer divers types de symptômes,
tels la somatisation, les comportements
obsessifs compulsifs, la sensibilité inter-
personnelle, la dépression, l’anxiété, l’hos-
tilité, l’anxiété phobique, les idéations
paranoïdes, etc. Un score de détresse,
dénommé “index global de sévérité”
(GSI), était obtenu en combinant la quan-
tité et l’intensité des symptômes rapportés.
Huit ans après les entretiens, 8 des
patientes étaient décédées et 7 avaient
développé des métastases. Les 25 femmes
survivantes ne présentaient aucun signe de
maladie. Les constatations essentielles de
cette étude étaient que la détresse psycho-
logique, l’anxiété, l’hostilité, les idéations
paranoïdes, ainsi que l’index global de
sévérité étaient plus sévères au moment du
diagnostic chez les 8 patientes qui sont
décédées au cours des 8 années consécu-
tives que chez les patientes ayant survécu.
Ces résultats confirment les impressions
cliniques selon lesquelles une meilleure
prise en charge de leur maladie par les
patientes mène à une survie plus longue.
La question centrale reste de savoir si la
prise de conscience par la patiente de ses
propres réponses psychologiques face à la
maladie peut contribuer à un style de prise
en charge personnelle qui puisse influer sur
la survie ultérieure. On peut toutefois pen-
ser que la programmation d’une interven-
tion psychologique adaptée, destinée aux
patientes fortement perturbées psycho-
logiquement et effectuée immédiatement
après le diagnostic, pourrait les aider à faire
face et à améliorer leur durée de survie.
Mots clés. Cancer du sein – Psycho-
pathologie – Survie.
Des expériences de vie
difficiles et les troubles
de l’humeur peuvent-ils
influencer le délai
de consultation pour
un cancer du sein ?
Londres (Grande-Bretagne)
Pour environ un cinquième de
femmes diagnostiquées avec un cancer du
sein, l’intervalle entre l’apparition de
symptômes et la consultation chez un
médecin est de plus de douze semaines.
Les patientes invoquent souvent des pro-
blèmes sociaux, des responsabilités et des
soucis domestiques comme autant de rai-
sons de différer la consultation médicale.
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Act. Méd. Int. - Psychiatrie (18) n° 10, décembre 2001 307
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À ce jour, la littérature médicale consa-
crée à l’influence de l’anxiété et de la
dépression sur la consultation médicale
s’est surtout focalisée sur les personnes
recherchant une aide médicale pour des
symptômes médicalement inexplicables.
Peu d’études, en revanche, ont cherché à
savoir si l’anxiété et la dépression pou-
vaient influencer le comportement de
recherche d’aide dans des cas de présence
de symptômes de maladie physique sous-
jacente grave. Les auteurs de cette étude
ont examiné l’impact des épisodes de vie
difficiles et des troubles de l’humeur sur
le retard à la consultation pour cancer du
sein. Leur hypothèse de départ était que
les femmes ayant consulté leur médecin
plus de douze semaines après les pre-
miers symptômes étaient plus suscep-
tibles d’avoir vécu des périodes difficiles,
ou d’avoir vécu un épisode de dépression
ou d’anxiété au cours de l’année précé-
dant la découverte des symptômes (Bur-
gess C, Ramirez A, Smith P, Richards M.
Do adverse life events and mood disor-
ders influence delayed presentation of
breast cancer ? J Psychosom Res 2000 ;
48 : 171-5). Cent cinquante-huit patientes
ont été interviewées cinq mois après le
diagnostic, en vue d’établir la prévalence
d’événements de vie difficiles et de pro-
blèmes divers, à l’aide de l’échelle de
Bedford (Bedford College Life Events and
Difficulties Schedule). La morbidité psy-
chiatrique était évaluée par l’entretien cli-
nique structuré (SCID) et selon le DSM-
III-R. Les résultats ne montrent aucune
association entre le fait d’avoir vécu un
événement grave ou des difficultés,
sévères ou non, au cours de l’année pré-
cédant la découverte des symptômes et le
retard à la consultation de la patiente.
Curieusement, les femmes qui se présen-
taient sans attendre chez leur médecin
généraliste (dans un délai de moins de
douze semaines) avec des symptômes de
cancer du sein étaient, plus souvent que
celles qui avaient retardé la consultation,
susceptibles d’avoir vécu un événement
de vie peu grave au cours de l’année pré-
cédente. Toutefois, cette observation
pourrait être artéfactuelle, les femmes
consultant rapidement étant plus à même
de se souvenir d’événements ayant eu lieu
à des dates proches de la découverte des
premiers symptômes et de l’entretien
médical. Le retard à la consultation
n’était pas non plus relié à la prévalence
de la dépression ou à l’anxiété. Ces
observations suggèrent donc que le retard
pris par les femmes à consulter un méde-
cin généraliste après la découverte de
symptômes de cancer du sein ne peut être
attribué, ni à des expériences de vie diffi-
ciles ni à des troubles de l’humeur
(dépression, anxiété) au cours de l’année
précédant la découverte desdits symp-
tômes. Ces événements sont invoqués
comme prépondérants par les femmes
mais ne semblent pas refléter la réalité de
la situation. De même, les difficultés pra-
tiques sont une raison souvent invoquée
par les femmes pour ne pas avoir consulté
plus tôt, alors qu’en fait, ce sont les
femmes qui ont le plus d’obligations
familiales ou professionnelles qui consul-
tent le plus rapidement. En revanche, les
facteurs de risque de retard à la consulta-
tion médicale sont un âge plus avancé,
l’influence des autres et la découverte
d’un symptôme qui n’inclut pas la pré-
sence d’une grosseur.
Mots clés. Cancer du sein – Retard à la
consultation – Problèmes psychologiques.
Les réactions au cancer des
survivants de deuxième
génération de l’holocauste :
transmission de la réponse
à un traumatisme ?
Jérusalem (Israël)
La transmission familiale non géné-
tique, ou intergénérationnelle, de troubles
psychiatriques a été définie comme le pro-
cessus selon lequel, intentionnellement ou
non, une génération plus ancienne influence
psychologiquement les attitudes parentales
et le comportement des générations ulté-
rieures. L’existence d’un tel phénomène a été
particulièrement étudiée chez les survivants
de l’holocauste et leurs descendants. Toute-
fois, les opinions diffèrent quant aux résultats
: si la plupart des études cliniques concluent
à l’existence de taux plus élevés de psycho-
pathologie, des études plus contrôlées n’ont
pas confirmé ces affirmations. Le Dr Bai-
der et ses collaborateurs se sont intéressés à
des patientes survivantes de deuxième géné-
ration de l’holocauste présentant un cancer
du sein. Leur but était de déterminer si leur
réaction vis-à-vis de la maladie était carac-
térisée par la même détresse que celle qui est
typique des survivants de l’holocauste (Bai-
der L, Peretz T, Hadani P et al. Transmission
of response to trauma ? Second generation
holocaust survivors’reaction to cancer. Am
J Psychiatry 2000 ; 157 : 904-10). Dans le
cadre d’une étude de population concernant
le cancer du sein, 106 femmes survivantes
de l’holocauste de deuxième génération ont
été comparées à 102 femmes dont les parents
ne faisaient pas partie de l’holocauste.
Étaient considérés comme survivants de
deuxième génération des individus dont soit
un, soit les deux parents avaient survécu à
l’holocauste, après avoir été dans des camps
de concentration, des camps de travaux for-
cés ou des camps d’extermination en Europe
au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les
informations concernant les origines et le
contexte familial des femmes de l’étude
étaient rassemblées au cours d’entretiens, et
les patientes ont également rempli trois ques-
tionnaires : une échelle d’attitude mentale
vis-à-vis du cancer, le Brief Symptom Inven-
tory (BSI), et une échelle d’impact des évé-
nements. Les deux groupes de femmes pré-
sentaient des scores identiques sur l’échelle
des attitudes mentales vis-à-vis du cancer.
Toutefois, les descendantes des survivants
de l’holocauste avaient des scores au BSI et
à l’échelle d’impact des événements signi-
ficativement plus élevés que les autres
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (18) n° 10, décembre 2001 308
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femmes, et leurs scores atteignaient même
les niveaux de la psychopathologie. Parmi
ce groupe de femmes, celles qui étaient
mariées ou dont la mère était encore vivante
étaient même davantage en état de détresse
que les autres. Les autres variables indépen-
dantes ne permettaient pas de mettre en
lumière les raisons pour lesquelles les sur-
vivantes de l’holocauste de deuxième géné-
ration atteintes de cancer d’un sein souf-
fraient d’une détresse aussi intense. Il est
clair, toutefois, au vu des résultats de cette
étude, que les survivantes de l’holocauste de
deuxième génération sont particulièrement
vulnérables à la détresse psychologique et
que, lorsqu’elles sont confrontées à un trau-
matisme tel que le diagnostic d’un cancer du
sein, leur réaction s’accompagne d’une
détresse psychologique intense. On peut
penser qu’un tel état de fait ne se limite pas
à cette population spécifique, mais que les
filles de parents ayant subi des traumatismes
sévères, comme les victimes de guerres ou
les réfugiés, doivent être considérées comme
particulièrement vulnérables aux problèmes
psychologiques.
Mots clés. Cancer du sein – Psychopatho-
logie – Transmission intergénérationnelle.
Association entre
l’optimisme vis-à-vis
du traitement du cancer du
sein et la symptomatologie
dépressive
Houston (Texas)
Les essais cliniques de phase I
constituent la première étape destinée à éva-
luer la toxicité et l’efficacité potentielle de
nouveaux agents antinéoplasiques chez
l’homme. Les tests de phase I permettent
en général d’évaluer la pharmacocinétique,
la toxicité, la dose maximale tolérée et la
dose recommandée pour les essais de phase
II. Il est possible que quelques patients aient
une réponse favorable au traitement en
phase I, mais, le plus souvent, les malades
sont traités avec des doses faibles et relati-
vement inefficaces. La proportion de
patients qui répondent au traitement est en
effet généralement inférieure à 5 %.
Quoique le bénéfice thérapeutique soit sou-
vent faible, les patients dont les possibili-
tés thérapeutiques sont par ailleurs limitées
sont souvent volontaires pour les essais de
phases I et II. Malgré les explications don-
nées concernant le but des essais de phase
I, les patients surestiment souvent leurs pro-
babilités de réponse au traitement et ont des
attentes irréalistes quant à son efficacité.
Par ailleurs, il a été démontré que des dis-
positions optimistes sont associées à un
meilleur pronostic et un meilleur ajuste-
ment psychologique chez les femmes ayant
été soignées pour un cancer du sein. Le
Dr Cohen et ses collaborateurs ont donc fait
une étude prospective de l’association entre
l’optimisme manifesté vis-à-vis du traite-
ment et la santé mentale de patientes enga-
gées dans des essais cliniques de phase I/b
(Cohen L, de Moor C, Amato R. The asso-
ciation between treatment-specific opti-
mism and depressive symptomatology in
patients enrolled in a phase I cancer clini-
cal trial. Cancer 2001 ; 91 : 1950-5). Vingt-
quatre patientes présentant des métastases
rénales et 22 patientes avec un mélanome
métastasique ont passé des tests au début
du traitement ainsi que trois semaines plus
tard, ce qui correspondait au dernier jour
du traitement. Elles ont rempli des échelles
de mesure de l’optimisme vis-à-vis du trai-
tement, c’est-à-dire de leur croyance en
l’efficacité dudit traitement. La sympto-
matologie dépressive, les troubles de l’hu-
meur et la détresse générale ont également
été évalués. La majorité des patientes pen-
saient que le traitement allait les guérir
(87 %) ou arrêter l’évolution de la maladie
(85 %). Le niveau d’optimisme relatif au
traitement était corrélé de manière négative
au niveau de base des symptômes dépres-
sifs, des troubles de l’humeur et des symp-
tômes de détresse, après contrôle des effets
de l’âge, du nombre de métastases et du
délai passé depuis la date du diagnostic. En
revanche, les patientes présentant des
symptômes cliniques de dépression au
départ de l’étude exprimaient un optimisme
relatif au traitement moins élevé que les
patientes n’ayant pas présenté de tels symp-
tômes au départ. L’optimisme relatif au trai-
tement était également associé de manière
négative aux symptômes de dépression à la
fin du traitement, après contrôle des symp-
tômes de dépression au début du traitement.
Un optimisme marqué quant aux effets d’un
nouveau traitement, même irréaliste, est
donc corrélé à une meilleure santé mentale,
tant au début qu’à la fin du traitement.
Mots clés. Cancer du sein – Optimisme
– Essais cliniques de phase I.
Efficacité d’une intervention
de groupe chez des
patientes atteintes d’un
cancer du sein à un stade
précoce
Osaka (Japon)
Un certain nombre d’études japo-
naises ont démontré qu’un programme d’in-
tervention psychiatrique structuré de cinq
semaines pouvait soulager efficacement l’in-
confort psychologique chez des patientes
atteintes d’un cancer du sein, et que l’effi-
cacité d’un tel soutien se maintenait pendant
six mois chez des patientes ne présentant pas
de métastase ni de troubles de l’ajustement
de la conduite. Étant donné que ce traitement
n’avait pas d’effet prolongé chez les
patientes présentant des métastases ou des
troubles de l’ajustement de la conduite, cette
équipe de chercheurs japonais a évalué l’ef-
ficacité d’un traitement complémentaire de
trois réunions de groupe tous les trois mois
s’ajoutant au programme initial de cinq
semaines (Hosaka T, Sugiyama Y, Okuyama
T et al. Effects of a modified group inter-
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vention with early stage breast cancer
patients. Gen Hosp Psychiatry 2001 ; 23 :
145- 51). Quarante-trois patientes, âgées de
40 à 66 ans, ont suivi le programme com-
plet. Les scores du profil des états mentaux
(Profile of Mood States, POMS) ont été com-
parés avant l’initiation du traitement psy-
chologique, immédiatement après les cinq
semaines de la première phase, immédiate-
ment après chacune des sessions complé-
mentaires de trois interventions, et six mois
après la fin du programme complet. Au
cours de la première période de cinq
semaines, les patientes participaient à des
réunions hebdomadaires de quatre-vingt-dix
minutes. Le contenu des réunions consistait
en éducation psychologique, exercices de
résolution de problèmes, soutien psycholo-
gique, entraînement à la relaxation et aux
images mentale positives. Les réunions
étaient animées par un psychiatre et une
infirmière. Les sessions complémentaires
étaient construites sur le même modèle, et
les patientes étaient également invitées à
s’exprimer librement, sans programme spé-
cifique. Le POMS était constitué de 65 items
permettant d’évaluer la détresse psycho-
logique. Parmi ceux-ci, citons la dépression,
le manque d’énergie, l’agressivité, l’hosti-
lité, la fatigue, l’anxiété, la confusion et les
troubles généralisés de l’humeur. Les résul-
tats confirment les observations précédentes,
à savoir que le programme de cinq semaines
était suffisant pour les patientes sans nodules
métastasiques ni troubles de l’ajustement,
mais insuffisant pour les autres patientes. En
revanche, l’intervention supplémentaire de
trois réunions de groupe tous les trois mois
s’est révélée efficace et suffisante pour les
patientes présentant ces types de complica-
tions. Les bons résultats obtenus à la suite de
ce programme d’intervention psychiatrique
permettent également d’envisager l’applica-
tion de ce type de programme d’intervention
à des patients souffrant d’autres maladies
physiques graves à des stades avancés.
Mots clés. Cancer du sein – Intervention
psychiatrique – Traitement de groupe.
L’ajustement au cancer : une
manière de faire face ou une
transition personnelle ?
Bristol (Grande-Bretagne)
Le terme “ajustement” est large-
ment utilisé dans la littérature de psycho-
oncologie et, quoique le phénomène ait
une importance centrale pour le vécu des
personnes souffrant de cancer, les méca-
nismes psychologiques de l’ajustement
ont rarement été décrits. Plutôt que le
considérer comme une absence de psycho-
pathologie ou le point final de la manière
de faire face aux menaces que constitue le
cancer, l’ajustement concerne les proces-
sus psychologiques qui se déroulent avec
le temps, au fur et à mesure que l’individu
ainsi que les personnes appartenant à son
monde social gèrent les nombreux chan-
gements amenés par la maladie et son trai-
tement, s’y adaptent et en tirent les leçons.
Toutefois, ces changements ne sont pas
toujours “pour le pire”. Ils entraînent par-
fois une maturation personnelle “saine”,
dans un certain nombre de domaines. C’est
seulement à partir de théories explicites de
l’ajustement que des progrès pourront être
réalisés dans la compréhension de com-
ment et pourquoi des troubles psycho-
logiques sont si fréquents en cas de can-
cer et quelles mesures peuvent être prises
pour les prévenir (Brennan J. Adjustment
to cancer. Coping or personal transition ?
Psychooncology 2001 ; 10 : 1-18).
Mots clés. Cancer – Psychopathologie –
Ajustement.
Pour en savoir plus
Cohen L, Hack T, de Moor C et al. The
effects of type of surgery and time on psy-
chological adjustment in women after
breast cancer treatment. Ann Surg Oncol
2000 ; 7 : 427-34.
Les effets des différents types de chirur-
gie sur la détresse psychologique et la qua-
lité de vie des femmes ne deviennent appa-
rents qu’au bout de plusieurs années. Un
conseil psychologique serait donc souhai-
table pour informer les femmes des impli-
cations potentielles des différents traite-
ments chirurgicaux envisageables en cas
de cancer du sein.
Stanton A, Danoff-Burg S, Bishop M et
al. Emotionnally expressive coping pre-
dicts psychological and physical adjust-
ment to breast cancer. J Consult Clin
Psychol 2000 ; 68 : 875-82.
Les femmes qui, à l’entrée de l’étude, fai-
saient face à la maladie en exprimant leurs
émotions concernant le cancer, voyaient
leur santé physique et leur énergie amé-
liorées, leur détresse diminuée, et avaient
consulté moins souvent leur médecin pour
des problèmes liés au cancer au cours des
trois mois suivants que les femmes expri-
mant moins leurs émotions.
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (18) n° 10, décembre 2001 310
Le thème de la revue de presse
du mois de janvier 2002 sera :
Psychiatrie, télé et vidéo
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