revue de presse
Revue de presse
À ce jour, la littérature médicale consa-
crée à l’influence de l’anxiété et de la
dépression sur la consultation médicale
s’est surtout focalisée sur les personnes
recherchant une aide médicale pour des
symptômes médicalement inexplicables.
Peu d’études, en revanche, ont cherché à
savoir si l’anxiété et la dépression pou-
vaient influencer le comportement de
recherche d’aide dans des cas de présence
de symptômes de maladie physique sous-
jacente grave. Les auteurs de cette étude
ont examiné l’impact des épisodes de vie
difficiles et des troubles de l’humeur sur
le retard à la consultation pour cancer du
sein. Leur hypothèse de départ était que
les femmes ayant consulté leur médecin
plus de douze semaines après les pre-
miers symptômes étaient plus suscep-
tibles d’avoir vécu des périodes difficiles,
ou d’avoir vécu un épisode de dépression
ou d’anxiété au cours de l’année précé-
dant la découverte des symptômes (Bur-
gess C, Ramirez A, Smith P, Richards M.
Do adverse life events and mood disor-
ders influence delayed presentation of
breast cancer ? J Psychosom Res 2000 ;
48 : 171-5). Cent cinquante-huit patientes
ont été interviewées cinq mois après le
diagnostic, en vue d’établir la prévalence
d’événements de vie difficiles et de pro-
blèmes divers, à l’aide de l’échelle de
Bedford (Bedford College Life Events and
Difficulties Schedule). La morbidité psy-
chiatrique était évaluée par l’entretien cli-
nique structuré (SCID) et selon le DSM-
III-R. Les résultats ne montrent aucune
association entre le fait d’avoir vécu un
événement grave ou des difficultés,
sévères ou non, au cours de l’année pré-
cédant la découverte des symptômes et le
retard à la consultation de la patiente.
Curieusement, les femmes qui se présen-
taient sans attendre chez leur médecin
généraliste (dans un délai de moins de
douze semaines) avec des symptômes de
cancer du sein étaient, plus souvent que
celles qui avaient retardé la consultation,
susceptibles d’avoir vécu un événement
de vie peu grave au cours de l’année pré-
cédente. Toutefois, cette observation
pourrait être artéfactuelle, les femmes
consultant rapidement étant plus à même
de se souvenir d’événements ayant eu lieu
à des dates proches de la découverte des
premiers symptômes et de l’entretien
médical. Le retard à la consultation
n’était pas non plus relié à la prévalence
de la dépression ou à l’anxiété. Ces
observations suggèrent donc que le retard
pris par les femmes à consulter un méde-
cin généraliste après la découverte de
symptômes de cancer du sein ne peut être
attribué, ni à des expériences de vie diffi-
ciles ni à des troubles de l’humeur
(dépression, anxiété) au cours de l’année
précédant la découverte desdits symp-
tômes. Ces événements sont invoqués
comme prépondérants par les femmes
mais ne semblent pas refléter la réalité de
la situation. De même, les difficultés pra-
tiques sont une raison souvent invoquée
par les femmes pour ne pas avoir consulté
plus tôt, alors qu’en fait, ce sont les
femmes qui ont le plus d’obligations
familiales ou professionnelles qui consul-
tent le plus rapidement. En revanche, les
facteurs de risque de retard à la consulta-
tion médicale sont un âge plus avancé,
l’influence des autres et la découverte
d’un symptôme qui n’inclut pas la pré-
sence d’une grosseur.
Mots clés. Cancer du sein – Retard à la
consultation – Problèmes psychologiques.
Les réactions au cancer des
survivants de deuxième
génération de l’holocauste :
transmission de la réponse
à un traumatisme ?
Jérusalem (Israël)
La transmission familiale non géné-
tique, ou intergénérationnelle, de troubles
psychiatriques a été définie comme le pro-
cessus selon lequel, intentionnellement ou
non, une génération plus ancienne influence
psychologiquement les attitudes parentales
et le comportement des générations ulté-
rieures. L’existence d’un tel phénomène a été
particulièrement étudiée chez les survivants
de l’holocauste et leurs descendants. Toute-
fois, les opinions diffèrent quant aux résultats
: si la plupart des études cliniques concluent
à l’existence de taux plus élevés de psycho-
pathologie, des études plus contrôlées n’ont
pas confirmé ces affirmations. Le Dr Bai-
der et ses collaborateurs se sont intéressés à
des patientes survivantes de deuxième géné-
ration de l’holocauste présentant un cancer
du sein. Leur but était de déterminer si leur
réaction vis-à-vis de la maladie était carac-
térisée par la même détresse que celle qui est
typique des survivants de l’holocauste (Bai-
der L, Peretz T, Hadani P et al. Transmission
of response to trauma ? Second generation
holocaust survivors’reaction to cancer. Am
J Psychiatry 2000 ; 157 : 904-10). Dans le
cadre d’une étude de population concernant
le cancer du sein, 106 femmes survivantes
de l’holocauste de deuxième génération ont
été comparées à 102 femmes dont les parents
ne faisaient pas partie de l’holocauste.
Étaient considérés comme survivants de
deuxième génération des individus dont soit
un, soit les deux parents avaient survécu à
l’holocauste, après avoir été dans des camps
de concentration, des camps de travaux for-
cés ou des camps d’extermination en Europe
au cours de la Seconde Guerre mondiale. Les
informations concernant les origines et le
contexte familial des femmes de l’étude
étaient rassemblées au cours d’entretiens, et
les patientes ont également rempli trois ques-
tionnaires : une échelle d’attitude mentale
vis-à-vis du cancer, le Brief Symptom Inven-
tory (BSI), et une échelle d’impact des évé-
nements. Les deux groupes de femmes pré-
sentaient des scores identiques sur l’échelle
des attitudes mentales vis-à-vis du cancer.
Toutefois, les descendantes des survivants
de l’holocauste avaient des scores au BSI et
à l’échelle d’impact des événements signi-
ficativement plus élevés que les autres
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (18) n° 10, décembre 2001 308