bumine par aérosol a entraîné une inflammation des voies
aériennes (ce qui n’est pas observé chez des animaux traités
avec des macrophages au lieu de cellules dendritiques).
L’infiltrat inflammatoire est constitué de T lymphocytes. Il y a
également des éosinophiles. Ce phénomène est dose-dépen-
dant. L’analyse des ganglions lymphatiques péribronchiolaires
permet d’affirmer que c’est à ce niveau que se font la présenta-
tion de l’antigène et l’activation lymphocytaire.
Il est également possible que les cellules dendritiques présen-
tent l’antigène de manière continue aux cellules lymphocy-
taires, entretenant ainsi une inflammation chronique.
Pour prouver cette hypothèse, une expérimentation a été
conduite avec des souris transgéniques. Celles-ci ont été traitées
avec du ganciclovir pour détruire les cellules dendritiques. Une
disparition de l’inflammation des voies aériennes a été obser-
vée. La réponse IgE à l’ovabulmine a également été abolie.
Chez l’homme, qu’en est-il ? Le nombre de cellules dendri-
tiques est augmenté dans le nez et les bronches proximales de
l’asthmatique allergique. L’exposition aux polluants entraîne
un recrutement local des cellules dendritiques. Les corticoïdes
inhalés diminuent ce nombre.
Comment évaluer l’inflammation des voies aériennes chez
l’asthmatique ?
(M. Vignola)
Tout d’abord, est-il nécessaire de l’évaluer ? La réponse est
certainement positive, car l’asthme est une maladie inflamma-
toire et les malades sont sous-traités. Les moyens habituels de
surveillance, tel le DEP, sont en outre probablement insuffi-
sants pour un suivi optimal de certains malades (M. Vignola a
rappelé à cette occasion l’observation d’un jeune garçon décé-
dé brutalement d’un asthme suraigu, alors même que le DEP
était stable).
Les recommandations internationales insistent sur la nécessité
de valider des marqueurs de l’inflammation. Un marqueur
idéal doit remplir plusieurs conditions : être spécifique de la
maladie, être augmenté en fonction de la sévérité des symp-
tômes, diminuer spontanément ou sous l’effet du traitement
lors de l’amélioration. L’endoscopie bronchique a permis de
quantifier cette inflammation et de la corréler à certains phéno-
types, en particulier la sévérité de l’asthme. Toutefois, dans
l’immense majorité des cas, cet examen n’est pas utile et reste
un outil de recherche. Un marqueur sérique, urinaire ou dans
l’air expiré (NO, CO) reste à valider.
L’ECP (protéine cationique de l’éosinophile) sérique a été
amplement étudiée et satisfait à de nombreux critères :
– elle est libérée par les cellules inflammatoires ; on la trouve
dans les biopsies bronchiques ;
– sa mesure est sensible et spécifique ;
– elle est augmentée après test de provocation allergénique et
durant la saison pollinique ;
– elle-même et les symptômes sont corrélés dans l’asthme
chronique ;
– elle est diminuée par les traitements anti-inflammatoires.
L’ECP est donc un marqueur intéressant, mais les taux sériques
sont très variables, ce qui entraîne des “overlap” importants et
rend son utilisation peu fiable en pratique clinique. En outre, il
n’y a pas de corrélation entre les taux sériques d’ECP et la
sévérité des exacerbations. Leur suivi régulier ne permet pas
non plus de prévoir la survenue d’une exacerbation
Conclusion
Nous avons besoin de marqueurs, mais aucun n’est actuelle-
ment disponible.
Question posée : peut-on se contenter des symptômes pour
affirmer que le contrôle de l’asthme est satisfaisant ?
La réponse n’a pas été positive, sans toutefois être formelle. Il
existe en effet dans la littérature une étude qui montre la per-
sistance d’une inflammation bronchique à éosinophiles malgré
le traitement par corticoïdes inhalés et un bon contrôle de
l’asthme. Une discussion s’est engagée concernant l’intérêt ou
non de la mesure de l’HRB.
RECOMMANDATIONS POUR L’ASTHME
(R. Pauwels)
L’objectif des recommandations internationales est d’assister
le médecin généraliste et les pouvoirs publics dans leur prise
de décision.
Plusieurs recommandations ont été publiées (OMS, British
Thoracic Society et États-Unis) :
– les définitions du contrôle de l’asthme sont comparables ;
– les niveaux de sévérité sont différents (4 à 5 niveaux selon
les cas) ;
– les recommandations thérapeutiques sont assez proches dans
tous les documents ;
– les antileucotriènes sont proposés dans l’asthme persistant
léger comme alternative aux traitements habituels, et non en
première intention, car les auteurs estiment que le niveau de
preuve suffisant n’est pas encore atteint ;
– les Britanniques, contrairement aux autres, recommandent de
commencer par un traitement d’attaque, puis de diminuer les
doses en fonction du niveau de contrôle obtenu.
Une étude publiée par van der Mole (American Journal Respi-
ratory Clinical Care Medicine 1998 ; 158 : 121-5) démontre
qu’il n’y a pas de différence entre ces deux attitudes. Les
malades inclus dans l’essai avaient un asthme persistant léger.
Cette observation doit cependant être relativisée et ne
“condamne” pas les traitements d’attaque.
Le prix des ß2 à longue durée d’action est élevé et peut consti-
tuer un obstacle au traitement de longue durée dans certains
pays. A. Bennis s’est donc interrogé à ce sujet, proposant
d’inclure dans les recommandations la possibilité d’utiliser de
manière régulière les ß2-mimétiques classiques. La réponse de
R. Pauwells a été négative, arguant des études déjà menées sur
ce sujet et utilisant l’argument de la compliance.
Observance thérapeutique
(G. Rossi)
Elle est très mauvaise chez les asthmatiques. Les raisons en
sont probablement multiples : la relation médecin-malade est
mauvaise ; bien souvent, les malades ne veulent pas suivre leur
traitement car ils n’en perçoivent pas l’efficacité ; ils pensent
que le traitement sera moins efficace plus tard, préfèrent les
médecines douces, ou ont peur des effets secondaires ; enfin,
ils peuvent avoir des problèmes financiers.
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La Lettre du Pneumologue - n° 2 - décembre 1998