Pour M. Vitacca et coll. (14), si l’intubation endotrachéale
peut être évitée grâce à cette ventilation non invasive chez des
patients BPCO admis pour insuffisance respiratoire aiguë, le
pronostic est meilleur, non seulement à court terme, mais éga-
lement à long terme. Ainsi, dans le groupe traité par ventila-
tion non invasive, la mortalité à un an était de manière signifi-
cative bien moindre que dans le groupe traité par ventilation
sur intubation endotrachéale après échec d’une ventilation non
invasive (30 % contre 63 %).
Enfin, il faut également souligner :
– l’impact défavorable des exacerbations sur l’état nutrition-
nel des patients atteints de BPCO. En effet, comme cela a été
clairement mis en évidence par M.A. Vermeeren et coll. (15),
la balance énergétique est largement déficitaire au cours d’une
exacerbation du fait d’une diminution des apports caloriques
par l’alimentation et d’une augmentation des besoins calo-
riques ;
– le bénéfice d’un réentraînement à l’effort au décours d’une
exacerbation. D.K. Kirsten et coll. (16) ont ainsi démontré
qu’avec un réentraînement à l’effort, les patients retrouvaient
beaucoup plus rapidement une plus grande autonomie. Au
onzième jour, les patients avec réentraînement ont vu leur dis-
tance parcourue au test de marche de 6 minutes passer de 237
à 420 m alors que, dans le groupe contrôle, avec un traitement
standard et sans réentraînement, la distance parcourue passait
de 230 à 255 m seulement ;
– d’après le travail publié très récemment par J.A. Smith et
coll. (17), l’utilisation du traitement antibiotique au cours des
exacerbations de BPCO n’est pas optimale, avec des abus,
notamment l’utilisation excessive de formes intraveineuses et
d’associations non justifiées. Mais nous manquons cruellement
de critères de décision dans ce domaine.
La meilleure compréhension des mécanismes de l’exacerba-
tion, la possibilité d’assurer une prise en charge de la plupart
des traitements à domicile (oxygénothérapie, surveillance de la
saturation transcutanée, aérosolthérapie, etc.), le coût élevé des
hospitalisations ont conduit de nombreuses équipes à envisager
une prise en charge à domicile des exacerbations, y compris de
gravité moyenne, avec de bons résultats, comme cela a pu être
publié par J.H. Gravil et coll. (18). Il se révèle toutefois diffi-
cile de transposer les résultats d’études sur les alternatives à
l’hospitalisation d’un pays à l’autre, dans la mesure où ces
études ne tiennent en général pas compte de l’influence des
politiques de santé et des structures de soins, qui peuvent être
très différentes.
CONCLUSION
Les exacerbations représentent une complication fréquente des
BPCO. Les exacerbations graves, nécessitant une hospitalisa-
tion, ont un assez mauvais pronostic à moyen terme et survien-
nent plus volontiers chez les patients BPCO en insuffisance
respiratoire chronique hypercapnique. Il y a des relations
démontrées entre la qualité de vie et la fréquence de ces épi-
sodes aigus. Des essais thérapeutiques récents ont tenté de voir
s’il était possible de diminuer la fréquence des exacerbations
graves. L’impact économique des exacerbations de BPCO est
important. Une réduction des coûts de cette pathologie passe
par le développement d’alternatives à l’hospitalisation pour les
formes de gravité moyenne et par la diminution des durées
d’hospitalisation pour les formes graves, grâce notamment au
développement de la ventilation non invasive. ■
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La Lettre du Pneumologue - Vol. II - n° 5 - octobre 1999
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