Conflits familiaux : les enfants les liraient systémiquement

Conflits familiaux : les enfants
les liraient systémiquement
Williamstown (États-Unis)
Les théories de l’attribution constituent
un corpus important en psychologie
sociale. La clinique des thérapies fami-
liales constructivistes s’intéresse avec
une acuité accrue tant au rôle joué par
les enfants dans les processus de chan-
gement qu’à l’impact des interventions
systémiques sur la construction de leur
réalité psychique. Une étude récente
(H.E. Weston, P. Boxer, L.
Heatherington : Children’s attributions
about family arguments : implications
for family therapy. Fam. Proc., 1998, 37
[1] : 35-49) explore les attributions
causales des 5-12 ans à propos des dis-
putes familiales. Répartis en trois
groupes d’âge, ils écoutent des enregis-
trements audio d’une dispute parent-
parent (n = 42) ou parent-enfant
(n = 50), puis répondent à des entre-
tiens structurés en cotant leur degré
d’accord avec les assertions qui leur
sont proposées (ex. : quand les parents
se disputent “c’est parce que le père a
passé une mauvaise journée”). On
obtient une carte des attributions
(constructions) des enfants, qui
montre qu’ils optent significativement
davantage pour des attributions interac-
tives (systémiques) que linéaires, quel
que soit leur âge et quel que soit le type
de dispute analysée, ce que ne laissent
aucunement prévoir les théories déve-
loppementales et la clinique psychothé-
rapeutique. Les traits de personnalité de
la mère sont significativementt moins
mis en cause que son état transitoire
(fatigue, souci) ; il en va différemment
pour le père. Certaines causes sont
significativement écartées et considé-
rées comme non génératrices de dis-
putes (ex. : le manque d’amour l’un
pour l’autre). Ces premiers résultats
apportent de l’eau au moulin de la théo-
rie de M. Selvini sur les effets patho-
gènes (psychotisants) de l’instigation
d’un jeune enfant dans le conflit conju-
gal en l’amenant à choisir son camp
(processus “contre nature” ?). La répli-
cation de cette recherche, avec un
échantillon d’enfants inclus dans des
thérapies familiales demandées du fait
de conflits interpersonnels, serait pas-
sionnante, dans la mesure où l’on sait
que plus un enfant est perturbé plus il
attribue linéairement et sur un mode
interne. Ch. L.
Mots-clés : Conflits familiaux, Enfants,
Attributions, Systémique.
Naissance à risque et suicide
des jeunes : pas d’association
épidémiologique ?
New York (États-Unis)
Certaines études montraient une corré-
lation entre les grossesses à risque, les
complications anté- et périnatales et la
mortalité par suicide chez les adoles-
cents et les jeunes adultes (2ecause de
mortalité des 15-24 ans). Une équipe
américaine vient de répliquer une étude
princeps avec des résultats très diffé-
rents (R. Neugebauer, M.L. Reuss :
Association of maternal, antenatal and
perinatal complications with suicide in
adolescence and young adulthood.
Acta. Psychiatr. Scand., 1998, 97 [6] :
412-8). Cent quatre-vingt-neuf per-
sonnes (soit 88 % des décès par suicide
pendant la période considérée) répon-
daient aux critères d’inclusion : être
décédé par suicide à New York entre
15-22 ans, dans la période 1985-91 et
pouvoir être apparié à deux cas témoins
(sexe, âge, race) nés immédiatement
avant et après. Les certificats de nais-
sance ont permis de recenser et d’éva-
luer (score de risque) pour chaque per-
sonne vingt-cinq conditions et/ou fac-
teurs de risque entourant leur venue au
monde, notamment : âge de la mère,
parité, statut marital, risques du fait
d’antécédents obstétriques connus,
maladie chronique, pathologies durant
la grossesse, suivi prénatal tardif, com-
plications pendant le travail et la déli-
vrance, difficultés de développement
fœtal, anomalies congénitales du nou-
veau-né. Résultats : le score moyen
observé de risques et de complications
des sujets expérimentaux ne se diffé-
rencie pas de celui des deux groupes
contrôles. Les conditions et l’état de la
mère, les facteurs anté- et périnataux ne
sont pas associés avec le suicide des
jeunes gens, quels que soient le sexe, la
race, l’âge de la mort, le statut de l’ins-
titution de naissance (publique ou pri-
vée). Les auteurs concluent qu’il
n’existe pas aujourd’hui d’éléments
épidémiologiques permettant d’affir-
mer que des conditions classiquement
considérées comme défavorables
autour de la naissance majorent le
risque de suicide entre 15 et 22 ans.
Heureux d’apprendre que tout n’est pas
joué ni perdu dès le départ à New York,
on attend des études ultérieures pour
l’identification des facteurs de risque
(davantage psychologiques que médi-
caux ?). Ch. L.
Mots-clés : Suicide, Contrôle par cas,
Périnatal, Anténatal, Épidémiologie.
Catastrophes et stress post-
traumatique des soignants
urgentistes : quels facteurs
de risque ?
Bethesda (États-Unis)
Les interventions sur les sites de catas-
trophe ne sont pas sans effets sur cer-
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Revue de presse
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tains soignants, et, d’une manière géné-
rale, il semble que certains individus
présentent une plus grande sensibilité
que d’autres au développement de
troubles liés au stress post-traumatique
(SPT). R.E. Epstein, C.F. Fullerton, R.J.
Ursano ont étudié 355 soignants mili-
taires pendant les 18 mois qui ont suivi
leur intervention sur les lieux d’une
catastrophe aérienne (Posttraumatic
stress disorder following an air disas-
ter : a prospective study : Am. J.
Psychiatry, 1998, 155 [7] : 934-8).
L’objectif était de déterminer des pré-
dicteurs du SPT afin de faciliter l’iden-
tification précoce et l’éventuelle pré-
vention de la morbidité subséquente. Ils
ont mesuré, entre autres, les réactions
péritraumatiques associées à la catas-
trophe, la fréquence des autres événe-
ments stressants consécutifs et effectué
une évaluation standardisée du SPT à 6,
12 et 18 mois. Les études antérieures
sur le même thème étaient rétrospec-
tives pour la plupart et reposaient sur ce
que disaient les sujets de ce qui leur
était arrivé. C’est à 12 mois que l’on
trouve le plus fort taux de SPT (12,1 %)
et de symptômes de stress. Le SPT
s’amende à 18 mois (7,3 %) mais pas
les symptômes. Ce sont les sujets les
plus jeunes, non gradés, de plus bas
niveau culturel, confrontés à de grands
brûlés, à des enfants blessés ou à des
cadavres, anxieux ou effrayés par la
catastrophe, ayant vécu alors un état
stuporeux et ayant été confrontés à
davantage d’événements stressants
dans leur vie durant les 6 mois suivant
l’accident, qui ont le plus développé un
trouble de SPT. Statistiquement, les
meilleurs prédicteurs seraient : un bas
niveau culturel, la confrontation aux
grands brûlés, un plus grand nombre
d’événements stressants après la catas-
trophe et un vécu de “zombie” (réponse
dissociative) au moment de l’exposition
à celle-ci. Chacun d’eux se suffirait à
lui-même et la meilleure prévention du
SPT consisterait à aider les soignants
urgentistes de terrain à équilibrer leur
vie personnelle après intervention sur
les lieux d’une catastrophe. Quel type
d’aide ? Une chose semble sûre : il faut
prendre soin des équipes d’intervention
d’urgence. Ch. L.
Mots-clés : Stress post-traumatique,
Urgentistes, Catastrophes.
Peurs et phobies
Ann Arbor (États-Unis)
En dehors de l’agoraphobie ou de la
phobie sociale, les phobies constituent
des troubles psychiatriques fréquents
dont les typologies sont peu définies.
Elles s’accompagnent d’une comorbi-
dité importante, notamment dépressive
ou toxicomaniaque. L’étude que rappor-
tent G.C. Curtis et coll. tente de préci-
ser ces éléments (Specific fears and
phobias. Br. J. Psychiatry 1998, 173 :
212-7).
Ces auteurs ont interrogé 8 098 per-
sonnes, âgées de 15 à 54 ans, entre
1990 et 1992 à l’aide d’entretiens struc-
turés. À partir de ces données, ils ont
repéré les patients présentant des
troubles phobiques (agoraphobie, pho-
bie sociale, phobie spécifique) et ceux
ayant des peurs spécifiques mais ne
répondant pas aux critères de la phobie.
Dans cette population, près de la moitié
des sujets interrogés (49,5 %) rappor-
tent une ou plusieurs peurs irraison-
nées. La peur des animaux (souris, arai-
gnée, serpent...) est la plus répandue
(22,2 %) et la première chez les
femmes. La peur du vide est la deuxième
(20,4 %) grande angoisse de cet échan-
tillon et la première chez les hommes.
Viennent ensuite la peur de l’eau
(9,4 %), de l’orage (8,7 %) et celle
d’être seul (7,3 %). Parmi ces patients,
22,7 % seulement (soit 11,3 % de la
population) présentent les critères d’un
trouble phobique selon le DSM IV. Le
risque de développer une phobie aug-
mente avec le nombre des peurs. Ainsi,
seulement 12 % des sujets ayant une
seule peur présentent un tableau de
phobie, alors que 57 % de ceux qui en
ont six à huit présentent une phobie
constituée. Au niveau de la comorbidi-
té, la situation est comparable. Si 42 %
des monophobiques présentent un
trouble anxieux associé, c’est plus de
84 % de ceux souffrant de 6-8 peurs qui
en sont atteints.
L’âge de survenue de ces peurs est pré-
coce puisque l’âge moyen d’apparition
est de 12 ans et le tableau est installé
avant 25 ans. Les antécédents parentaux
de troubles psychiques sont également
plus fréquents chez les sujets polypho-
biques par rapport aux monophobiques.
Enfin, le pronostic est plus sombre chez
les polyphobiques puisque seulement
20 % d’entre eux guérissent contre
60 % des monophobiques.
Pour expliquer ces résultats, les auteurs
évoquent une hypothèse adaptative ori-
ginale. Ces peurs ancestrales auraient
constitué des critères de survie dans
notre lointain passé (peur des serpents
par exemple...), bien avant que l’in-
conscient viennent tenter de brouiller
les pistes (de la savane évidemment...).
P. D.
Mots-clés : Peurs, Phobie.
Vitamine et dyskinésies tardives
Staffordshire (Grande-Bretagne)
La survenue de dyskinésies tardives est
une complication grave, invalidante et
assez fréquente des traitements neuro-
leptiques. Sa prévalence varie selon les
études, mais elle est globalement esti-
mée à 20 % des patients traités. Elle
toucherait préférentiellement les sujets
âgés et ceux traités sur de longues
périodes. L’origine de cette complica-
tion reste mystérieuse et, surtout, il
Revue de presse
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (15), n° 215, décembre 1998
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semble en pratique impossible d’en
prédire la survenue. Enfin, dans un
nombre non négligeable de cas, elle
reste définitive malgré l’arrêt du traite-
ment neuroleptique.
Les traitements curatifs sont d’une
efficacité relative et souvent incertaine.
Pourtant, plusieurs publications ont
rapporté l’intérêt de la vitamine E.
Cette molécule agirait en neutralisant
les radicaux libres cérébraux “respon-
sables” des dyskinésies tardives. Les
radicaux libres sont, rappelons-le, des
molécules instables générées lors des
réactions métaboliques et dont les élec-
trons libres “s’attaqueraient” aux
lipides membranaires.
S.H.A. Sajjad rapporte une étude tes-
tant l’intérêt de ce produit dans le trai-
tement de cette complication (Vitamine
E in the treatment of tardive dyskine-
sia : a preliminary study over 7 months
at different doses. Int. Clin.
Psychopharmacol., 1998, 13 : 147-55).
L’auteur a constitué une population de
18 individus souffrant de dyskinésies
tardives. Les patients ont ensuite été
répartis en deux groupes par tirage au
sort. Le premier (n = 11) recevait un
traitement par vitamine E à dose crois-
sante (400 mg/j la première semaine,
600 mg/j de la deuxième à la fin du
troisième mois, 800 mg/j le quatrième
mois, 1 200 mg/j le cinquième et
1 600 mg/j le sixième et septième
mois), et le second groupe (n = 9) ne
recevait que son traitement habituel.
L’évaluation clinique était effectuée à
l’aide de l’AIMS (abnormal involunta-
ry movement scale) avant traitement et
à un, trois, quatre, cinq, six et sept
mois.
Les résultats montrent un effet statisti-
quement significatif à la fin du premier
mois, mais qui disparaît ensuite pour ne
réapparaître qu’à partir du sixième
mois avec des doses de 1 600 mg/j.
L’effet se poursuit et s’amplifie au sep-
tième mois. La tolérance est bonne
puisque le seul effet secondaire rencon-
tré est une diarhée chez un patient.
L’action est identique quel que soit le
type de dyskinésies (faciale, distale ou
troculaire).
Les auteurs en concluent que la vita-
mine E à forte dose est un traitement
potentiel des dyskinésies tardives, dont
les mécanismes d’action restent aussi
obscurs que ceux à l’origine des symp-
tômes traités... P. D.
Mots-clés : Dyskinésie tardive, Neuroleptique,
Vitamine.
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