Psych. 12/98 • XPress 23/04/04 11:58 Page 3875 Revue de presse Conflits familiaux : les enfants les liraient systémiquement Williamstown (États-Unis) Les théories de l’attribution constituent un corpus important en psychologie sociale. La clinique des thérapies familiales constructivistes s’intéresse avec une acuité accrue tant au rôle joué par les enfants dans les processus de changement qu’à l’impact des interventions systémiques sur la construction de leur réalité psychique. Une étude récente (H.E. Weston, P. Boxer, L. Heatherington : Children’s attributions about family arguments : implications for family therapy. Fam. Proc., 1998, 37 [1] : 35-49) explore les attributions causales des 5-12 ans à propos des disputes familiales. Répartis en trois groupes d’âge, ils écoutent des enregistrements audio d’une dispute parentparent (n = 42) ou parent-enfant (n = 50), puis répondent à des entretiens structurés en cotant leur degré d’accord avec les assertions qui leur sont proposées (ex. : quand les parents se disputent “c’est parce que le père a passé une mauvaise journée”). On obtient une carte des attributions (constructions) des enfants, qui montre qu’ils optent significativement davantage pour des attributions interactives (systémiques) que linéaires, quel que soit leur âge et quel que soit le type de dispute analysée, ce que ne laissent aucunement prévoir les théories développementales et la clinique psychothérapeutique. Les traits de personnalité de la mère sont significativementt moins mis en cause que son état transitoire (fatigue, souci) ; il en va différemment pour le père. Certaines causes sont significativement écartées et considérées comme non génératrices de disputes (ex. : le manque d’amour l’un pour l’autre). Ces premiers résultats apportent de l’eau au moulin de la théo- rie de M. Selvini sur les effets pathogènes (psychotisants) de l’instigation d’un jeune enfant dans le conflit conjugal en l’amenant à choisir son camp (processus “contre nature” ?). La réplication de cette recherche, avec un échantillon d’enfants inclus dans des thérapies familiales demandées du fait de conflits interpersonnels, serait passionnante, dans la mesure où l’on sait que plus un enfant est perturbé plus il attribue linéairement et sur un mode interne. Ch. L. Mots-clés : Conflits familiaux, Enfants, Attributions, Systémique. Naissance à risque et suicide des jeunes : pas d’association épidémiologique ? New York (États-Unis) Certaines études montraient une corrélation entre les grossesses à risque, les complications anté- et périnatales et la mortalité par suicide chez les adolescents et les jeunes adultes (2e cause de mortalité des 15-24 ans). Une équipe américaine vient de répliquer une étude princeps avec des résultats très différents (R. Neugebauer, M.L. Reuss : Association of maternal, antenatal and perinatal complications with suicide in adolescence and young adulthood. Acta. Psychiatr. Scand., 1998, 97 [6] : 412-8). Cent quatre-vingt-neuf personnes (soit 88 % des décès par suicide pendant la période considérée) répondaient aux critères d’inclusion : être décédé par suicide à New York entre 15-22 ans, dans la période 1985-91 et pouvoir être apparié à deux cas témoins (sexe, âge, race) nés immédiatement avant et après. Les certificats de naissance ont permis de recenser et d’évaluer (score de risque) pour chaque per- 3875 sonne vingt-cinq conditions et/ou facteurs de risque entourant leur venue au monde, notamment : âge de la mère, parité, statut marital, risques du fait d’antécédents obstétriques connus, maladie chronique, pathologies durant la grossesse, suivi prénatal tardif, complications pendant le travail et la délivrance, difficultés de développement fœtal, anomalies congénitales du nouveau-né. Résultats : le score moyen observé de risques et de complications des sujets expérimentaux ne se différencie pas de celui des deux groupes contrôles. Les conditions et l’état de la mère, les facteurs anté- et périnataux ne sont pas associés avec le suicide des jeunes gens, quels que soient le sexe, la race, l’âge de la mort, le statut de l’institution de naissance (publique ou privée). Les auteurs concluent qu’il n’existe pas aujourd’hui d’éléments épidémiologiques permettant d’affirmer que des conditions classiquement considérées comme défavorables autour de la naissance majorent le risque de suicide entre 15 et 22 ans. Heureux d’apprendre que tout n’est pas joué ni perdu dès le départ à New York, on attend des études ultérieures pour l’identification des facteurs de risque (davantage psychologiques que médicaux ?). Ch. L. Mots-clés : Suicide, Contrôle par cas, Périnatal, Anténatal, Épidémiologie. Catastrophes et stress posttraumatique des soignants urgentistes : quels facteurs de risque ? Bethesda (États-Unis) Les interventions sur les sites de catastrophe ne sont pas sans effets sur cer- Psych. 12/98 • XPress 23/04/04 11:58 Page 3876 Revue de presse tains soignants, et, d’une manière générale, il semble que certains individus présentent une plus grande sensibilité que d’autres au développement de troubles liés au stress post-traumatique (SPT). R.E. Epstein, C.F. Fullerton, R.J. Ursano ont étudié 355 soignants militaires pendant les 18 mois qui ont suivi leur intervention sur les lieux d’une catastrophe aérienne (Posttraumatic stress disorder following an air disaster : a prospective study : Am. J. Psychiatry, 1998, 155 [7] : 934-8). L’objectif était de déterminer des prédicteurs du SPT afin de faciliter l’identification précoce et l’éventuelle prévention de la morbidité subséquente. Ils ont mesuré, entre autres, les réactions péritraumatiques associées à la catastrophe, la fréquence des autres événements stressants consécutifs et effectué une évaluation standardisée du SPT à 6, 12 et 18 mois. Les études antérieures sur le même thème étaient rétrospectives pour la plupart et reposaient sur ce que disaient les sujets de ce qui leur était arrivé. C’est à 12 mois que l’on trouve le plus fort taux de SPT (12,1 %) et de symptômes de stress. Le SPT s’amende à 18 mois (7,3 %) mais pas les symptômes. Ce sont les sujets les plus jeunes, non gradés, de plus bas niveau culturel, confrontés à de grands brûlés, à des enfants blessés ou à des cadavres, anxieux ou effrayés par la catastrophe, ayant vécu alors un état stuporeux et ayant été confrontés à davantage d’événements stressants dans leur vie durant les 6 mois suivant l’accident, qui ont le plus développé un trouble de SPT. Statistiquement, les meilleurs prédicteurs seraient : un bas niveau culturel, la confrontation aux grands brûlés, un plus grand nombre d’événements stressants après la catastrophe et un vécu de “zombie” (réponse dissociative) au moment de l’exposition à celle-ci. Chacun d’eux se suffirait à lui-même et la meilleure prévention du SPT consisterait à aider les soignants urgentistes de terrain à équilibrer leur vie personnelle après intervention sur les lieux d’une catastrophe. Quel type d’aide ? Une chose semble sûre : il faut prendre soin des équipes d’intervention d’urgence. Ch. L. Mots-clés : Stress post-traumatique, Urgentistes, Catastrophes. Peurs et phobies Ann Arbor (États-Unis) En dehors de l’agoraphobie ou de la phobie sociale, les phobies constituent des troubles psychiatriques fréquents dont les typologies sont peu définies. Elles s’accompagnent d’une comorbidité importante, notamment dépressive ou toxicomaniaque. L’étude que rapportent G.C. Curtis et coll. tente de préciser ces éléments (Specific fears and phobias. Br. J. Psychiatry 1998, 173 : 212-7). Ces auteurs ont interrogé 8 098 personnes, âgées de 15 à 54 ans, entre 1990 et 1992 à l’aide d’entretiens structurés. À partir de ces données, ils ont repéré les patients présentant des troubles phobiques (agoraphobie, phobie sociale, phobie spécifique) et ceux ayant des peurs spécifiques mais ne répondant pas aux critères de la phobie. Dans cette population, près de la moitié des sujets interrogés (49,5 %) rapportent une ou plusieurs peurs irraisonnées. La peur des animaux (souris, araignée, serpent...) est la plus répandue (22,2 %) et la première chez les femmes. La peur du vide est la deuxième (20,4 %) grande angoisse de cet échantillon et la première chez les hommes. Viennent ensuite la peur de l’eau (9,4 %), de l’orage (8,7 %) et celle d’être seul (7,3 %). Parmi ces patients, 22,7 % seulement (soit 11,3 % de la population) présentent les critères d’un Act. Méd. Int. - Psychiatrie (15), n° 215, décembre 1998 3876 trouble phobique selon le DSM IV. Le risque de développer une phobie augmente avec le nombre des peurs. Ainsi, seulement 12 % des sujets ayant une seule peur présentent un tableau de phobie, alors que 57 % de ceux qui en ont six à huit présentent une phobie constituée. Au niveau de la comorbidité, la situation est comparable. Si 42 % des monophobiques présentent un trouble anxieux associé, c’est plus de 84 % de ceux souffrant de 6-8 peurs qui en sont atteints. L’âge de survenue de ces peurs est précoce puisque l’âge moyen d’apparition est de 12 ans et le tableau est installé avant 25 ans. Les antécédents parentaux de troubles psychiques sont également plus fréquents chez les sujets polyphobiques par rapport aux monophobiques. Enfin, le pronostic est plus sombre chez les polyphobiques puisque seulement 20 % d’entre eux guérissent contre 60 % des monophobiques. Pour expliquer ces résultats, les auteurs évoquent une hypothèse adaptative originale. Ces peurs ancestrales auraient constitué des critères de survie dans notre lointain passé (peur des serpents par exemple...), bien avant que l’inconscient viennent tenter de brouiller les pistes (de la savane évidemment...). P. D. Mots-clés : Peurs, Phobie. Vitamine et dyskinésies tardives Staffordshire (Grande-Bretagne) La survenue de dyskinésies tardives est une complication grave, invalidante et assez fréquente des traitements neuroleptiques. Sa prévalence varie selon les études, mais elle est globalement estimée à 20 % des patients traités. Elle toucherait préférentiellement les sujets âgés et ceux traités sur de longues périodes. L’origine de cette complication reste mystérieuse et, surtout, il Psych. 12/98 • XPress 23/04/04 11:58 Page 3877 semble en pratique impossible d’en prédire la survenue. Enfin, dans un nombre non négligeable de cas, elle reste définitive malgré l’arrêt du traitement neuroleptique. Les traitements curatifs sont d’une efficacité relative et souvent incertaine. Pourtant, plusieurs publications ont rapporté l’intérêt de la vitamine E. Cette molécule agirait en neutralisant les radicaux libres cérébraux “responsables” des dyskinésies tardives. Les radicaux libres sont, rappelons-le, des molécules instables générées lors des réactions métaboliques et dont les électrons libres “s’attaqueraient” aux lipides membranaires. S.H.A. Sajjad rapporte une étude testant l’intérêt de ce produit dans le traitement de cette complication (Vitamine E in the treatment of tardive dyskine- A A BB O O N N sia : a preliminary study over 7 months at different doses. Int. Clin. Psychopharmacol., 1998, 13 : 147-55). L’auteur a constitué une population de 18 individus souffrant de dyskinésies tardives. Les patients ont ensuite été répartis en deux groupes par tirage au sort. Le premier (n = 11) recevait un traitement par vitamine E à dose croissante (400 mg/j la première semaine, 600 mg/j de la deuxième à la fin du troisième mois, 800 mg/j le quatrième mois, 1 200 mg/j le cinquième et 1 600 mg/j le sixième et septième mois), et le second groupe (n = 9) ne recevait que son traitement habituel. L’évaluation clinique était effectuée à l’aide de l’AIMS (abnormal involuntary movement scale) avant traitement et à un, trois, quatre, cinq, six et sept mois. N N Merci d’écrire nom et adresse en lettres majuscules Dr, M., Mme, Mlle Prénom Adresse Code postal Ville Pays Tél. EE ZZ -- Tarif 1998/P Les résultats montrent un effet statistiquement significatif à la fin du premier mois, mais qui disparaît ensuite pour ne réapparaître qu’à partir du sixième mois avec des doses de 1 600 mg/j. L’effet se poursuit et s’amplifie au septième mois. La tolérance est bonne puisque le seul effet secondaire rencontré est une diarhée chez un patient. L’action est identique quel que soit le type de dyskinésies (faciale, distale ou troculaire). Les auteurs en concluent que la vitamine E à forte dose est un traitement potentiel des dyskinésies tardives, dont les mécanismes d’action restent aussi obscurs que ceux à l’origine des symptômes traités... P. D. Mots-clés : Dyskinésie tardive, Neuroleptique, Vitamine. VV O O ABONNEMENT FRANCE U U SS !! (DOM-TOM et CEE) ❐ 1 an / 380 F ❐ 2 ans / 620 F ❐ 1 an / 190 F étudiants joindre la photocopie de la carte ❐ + 60 F par avion pour les DOM - TOM ❐ 1 an / 470 F ABONNEMENT ETRANGER ❐ + 190 F par avion (autre que CEE) POUR RECEVOIR LA RELIURE ❐ 70 F avec un abonnement ou un réabonnement ❐ 140 F par reliure supplémentaire (franco de port et d’emballage) MODE DE PAIEMENT ❐ par carte Visa Signature : N° Date d’expiration ❐ par chèque (à établir à l'ordre de Médica-Press International) Médica-Press International - 62-64, rue Jean-Jaurès - 92800 Puteaux Tél. : 01 41 45 80 00 - Fax. 01 41 45 80 25 - E-mail : [email protected] Merci de joindre votre dernière étiquette-adresse en cas de réabonnement, changement d’adresse ou demande de renseignements. Votre abonnement prendra effet dans un délai de 3 à 6 semaines à réception de votre ordre. Un justificatif de votre règlement vous sera adressé quelques semaines après son enregistrement. 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