Mastère de Chimie Parcours Chimie Organique M2(S1) GLYCOCHIMIE Elément de cours Elaboré par: RafâaBesbes, Professeur à la faculté des Sciences de Tunis Faculté des Science Tunis-El Manar, Département de Chimie, Campus Universitaire, 2092 Tunis Tunisie. 1 Les glucides communément appelés sucres, sont des constituants essentiels des plantes et des animaux. Les végétaux transforment le dioxyde de carbone de l’air en glucides, principalement en cellulose et en amidon, au moyen de la photosynthèse. La cellulose est un élément constitutif des parois cellulaires rigides et des tissus ligneux des plantes, alors que l’amidon représente la principale réserve de glucides qui sera utilisée ultérieurement comme aliment ou source d’énergie. Certaines plantes produisent du saccharose, le sucre de table. Un autre glucide, le glucose, est un composant essentiel du sang. La chimie des glucides constitue un développement majeur dans le domaine de la chimie organique depuis le début du 20ème siècle pour quatre raisons fondamentales: Ces composés sont impliqués dans de nombreux processus biologiques (ADN, groupes sanguins ……) Ce sont des composés chiraux facilement accessibles qui induisent une chimie stéréospécifique indispensable en particulier dans l’industrie pharmaceutique ou l’industrie de produits phytosanitaires. 2 La cellulose et l’amidon sont des composés de base de nombreuses industries telles que l’industrie du papier, des textiles, des épaississants, des cosmétiques ainsi que l’industrie agroalimentaire. Les sucres sont, soit en surproduction, soit présents sous forme de coproduits non utilisés d’où la nécessité de les modifier chimiquement afin de les valoriser. Anciennement appelés hydrates de carbone en raison de leur formule moléculaire générale exprimée en tant que carbones hydratés (Cn(H2O)n). De ce fait, celle du glucose, C6H12O6, était représentée sous la forme C6(H2O)6. Ce sont des polyhydroxyaldéhydes, des polyhydroxycétones ou des substances qui mènent à ces composés après hydrolyse. La chimie des glucides repose principalement sur l’ensemble des réactions des deux groupements fonctionnels: les alcools et les aldéhydes ou cétones. Ils sont généralement classés en fonction du nombre d’unités de base qui les compose. On peut trouver quatre grandes classes:monosaccharides, oligosaccharides, polysaccharides et hétérosides. Les monosaccharides Les oligosaccharides Les polysaccharides. Les hétérosides 3 Les Monosaccharides Les plus simples sont l’aldotriose (2,3-dihydroxypropanal) et le cétotriose (1,3dihydroxypropanone ou 1,3-dihydroxyacétone). Les trioses jouent un rôle important dans la respiration a- Chiralité : Exemple du glycéraldéhyde En 1906, Emil FISCHER et ROSANOFF ont choisi le glycéraldéhyde comme composé de référence pour l'étude de la configuration des sucres. Emil Fischer a choisi arbitrairement le symbole D pour l'énantiomère dextrogyre, c'est-à-dire le composé qui dévie le plan de la lumière polarisée vers la droite ou plus exactement dans le sens des aiguilles d'une montre. Ce n'est qu'en 1954 que Bijvoet a montré par des études cristallographiques que le choix arbitraire de Fischer correspondait bien à la configuration absolue des oses. Tous les oses dérivant du glycéraldéhyde dextrogyre ont été dits appartenir à la série D et tous ceux provenant du glycéraldéhyde lévogyre ont été dits appartenir à la série L. b- Projection de FISCHER On représente habituellement les formes ouvertes des monosaccharides à l’aide de projections de Fischer. Ils sont dessinés dans leur forme ouverte avec les atomes de carbone l’un à la suite de l’autre en positionnant la fonction carbonyle vers le haut. D et L indiquent la position du OH le plus loin de la fonction aldéhyde ou cétone.Les aldoses naturels appartiennent le plus généralement à la série D, mais cette règle souffre de nombreuses exceptions. 4 c- Appartenance à la série D ou L Un aldotétrose possède deux carbones asymétriques et donc 22=4 stéréoisomères, un aldopentose trois …….. Ils sont représentés par le signe (+) pour un composé dextrogyre et le signe (-) pour un lévogyre. Attention ! Il n’y a pas de lien entre l’appartenance à la série D ou L et le pouvoir rotatoir dextrogyre ou lévogyre. d- Configuration relative des oses La configuration relative d’une molécule décrit globalement les configurations absolue des C*. Elle permet d’attribuer un nom commun à la molécule. Deux carbones asymétriques adjacents ayant la même configuration absolue R ou S, forment un couple érythro, tandis qu’ils forment un couple thréo si leurs configurations absolues sont opposées. 5 e- Stéréoisomérie Epimérie : Enantiomérie : Diastéréoisomérie 6 f- Filiation et série de Fischer La détermination de la série de Fischer d'une molécule d'ose se fait par comparaison avec le glycéraldéhyde. Tout aldose dérive théoriquement d'un glycéraldéhyde par une ou plusieurs étapes d'insertion d'un chaînon asymétrique H-C-OH, selon le principe dit de la filiation des oses. Selon ce principe également, le carbone asymétrique sub-terminal (le plus éloigné de la fonction aldéhyde ou cétone) correspond, par filiation, au carbone asymétrique d'un glycéraldéhyde. La série de Fischer à laquelle appartient la molécule d'ose découle de l'observation de ce carbone sub-terminal, également appelé carbone de référence. 7 8 Nomenclature des aldoses Les noms fondamentaux des aldoses, avec une chaîne à 3-10 carbones et au-delà, sont: triose, tétrose, pentose, hexose, heptose, octose, nonose, décose, etc. On numérote la chaîne à partir du carbone porteur de la fonction aldéhyde. A ces noms il fautajouter un symbole qui décrit la configuration des hydroxyles (voir tableau précédent qui donne la configuration et le nom commun des sucres de la série droite, de C3 à C6). Les noms de ce tableau sont des noms courants et recommandés. Ce ne sont pas des noms de nomenclature systématique. A partir des heptoses, il peut y avoir plus de 4 centres chiraux sur la chaîne. Il n’a pas été jugé utile de créer de nouveaux noms pour désigner, par exemple, toutes les configurations possibles d’un système de cinq fonctions alcools secondaires. On décrit ces configurations par une association de symboles. On part du centre chiral le plus près de la fonction aldéhyde, on regroupe les centres chiraux par groupes de 4, jusqu’à ce qu’il n’en reste que 3, 2, ou 1, qui forment un dernier groupe du côté de l’extrémité non réductrice. A chacun de ces groupes, on peut attribuer un symbole de configuration. Dans le nom systématique, on les énumère dans l’ordre à partir de l’extrémité non réductrice. 9 Sucres désoxygénés Le remplacement d’un hydroxyle alcoolique par de l’hydrogène s’indique par le préfixe déox, précédé d’un chiffre qui donne la position désoxygénée. Exemple: 1: 2-déoxy-D-érythro-pentose 2: 3-déoxy-D-érythro-pentose 3: 4-déoxy-D-érythro-pentose La désoxygénation de la fonction alcool primaire ne supprime pas de centre chiral. Par exemple la variété naturelle la plus abondante du fucose, le L-fucose, a comme nom systématique le 6-déoxy-L-galacto-hexose. 10 Sucre substitués par NRR’, F, Cl Br, I, N3, Alkyl-S, phényl-S L’un d’eux est déoxy-, et l’autre précise la nature du substituant. L’emplacement est donné par un chiffre qui précède chaque préfixe: 2-amino-2-déoxy-D-galacto-hexose. On admet le nom de galactosamine. Le même principe permet de désigner: Le 3-azido-3-déoxy-D-allo-hexose 4 Le 4-déoxy-4-iodo-D-talo-hexose 5 Le 5-déoxy-5-méthylthio-D-ribo-pentose 6 11 Dérivés substitués sur l’oxygène 3-O-benzyl-6-O-méthyl-D-galacto-hexose Le nom est simplifié en: 3-O-benzyl-6-O-méthyl-D-galactose La substitution sur un carbone s’indique de même avec un C majuscule en italique. Exemple: 4-C-méthyl-D-gulo-hexose Sucre ramifiés Il existe un petit nombre de sucres portant une chaine latérale en général courte. Un sucre très important se trouve dans les plantes où il joue un rôle de médiateur et est parfois inclus dans les plysaccharides, il s’agit de l’apiose ou 3-C-hydroxyméthyl-D-glycéro-tétrose: 12 Les cétoses Les cétoses qui constituent l’autre grande famille des glucides sont des composés polyhydroxylés qui possèdent une fonction cétone en position 2. Les sucres à six carbones sont en général désignés par leur nom trivial, le plus courant étant le fructose : 13