écho des congrès Échos des congrès Experimental Psychology Society, Londres, 3 et 4 janvier 2002 E. Bacon* Une approche neuropsychiatrique de la représentation corporelle De nombreuses contributions à la connaissance des substrats neuronaux de la représentation corporelle sont obtenues grâce à des patients souffrant de troubles neurologiques. Mais les perturbations psychiatriques contribuent aussi à l’approfondissement de nos connaissances dans ce domaine, même si cela se déroule de manière plus indirecte. Dès 1970, le Dr Hay avait décrit les parties du corps les plus fréquemment sujettes à des distorsions de l’image corporelle chez les patients. Les approches de neuropsychiatrie cognitive impliquent la description phénoménologique détaillée, ce qui permet de développer des modèles cognitifs explicatifs qui * INSERM, Strasbourg. troubles au niveau de la e corps peut être considéré tant comme un objet physique latéralisation de l’image que comme un objet psychique. Sur le plan physique, le corporelle, ou encore que les personnes souffrant corps est le support de l’exécution d’actions volontaires d’anorexie surestiment d’une grande complexité et d’informations tactiles concernant leur largeur corporelle, les objets. Il constitue donc notre interface essentielle avec le mais non leur propre monde extérieur. Du point de vue psychologique, le corps hauteur, et que cette joue un rôle particulier dans notre vie mentale et, pour le distorsion de l’image Dr Patrick Haggard, il y a au moins trois raisons à cela. Tout corporelle est moins d’abord, les systèmes sensoriels nous fournissent des infor- marquée quand elles font mations riches et diversifiées à propos de notre configuration une estimation du corps corporelle et des événements concernant le corps. Ensuite, la des autres personnes. La représentation mentale du corps semble être de première dépersonnalisation est importance pour la conscience de soi et pour la cohérence également un trouble particulièrement intéresdu “je”, ainsi que le montrent les études neurologiques et sant. Pour David et al., du neuropsychiatriques d’états comme la dépersonnalisation et King’s College de Londres, l’anosognosie. Enfin, des études récentes ont montré la ce trouble inclut une possibilité d’une plasticité non négligeable en ce qui sensation d’irréalité et de concerne les représentations neuronales du corps : lorsque détachement concernant notre corps bouge au cours de l’action, l’encodage neuronal le soi, souvent accompagnée varie en conséquence. Cette réorganisation rapide de la d’impressions similaires représentation corporelle sera, sans aucun doute, un domaine vis-à-vis de l’environnement, de recherche important pour la nouvelle décade. En présentant, avec une déréalisation. lors de son colloque londonien de janvier, des travaux Ce phénomène survient précurseurs concernant les aspects électrophysiologiques, chez des sujets sains dans des conditions de stress neuropsychologiques, cliniques et comportementaux de la ou de fatigue extrêmes. Il représentation du corps, l’Experimental Psychology Society est par ailleurs souvent a démontré comment les neurosciences cognitives modernes ressenti dans les attaques commencent à comprendre le rôle psychologique tout de panique et est très particulier des représentations corporelles. fréquent chez les patients psychiatriques.Les réponses physiologiques à des soient testables et de cartographier stimuli émotionnels de sujets souffrant de l’architecture cognitive au niveau du dépersonnalisation, mesurées en termes de cerveau. On a ainsi pu constater que les conductance cutanée, sont spécifiquement patients schizophrènes présentent des émoussées, et, grâce à l’utilisation de L Act. Méd. Int. - Psychiatrie (19) n° 1-2, janvier-février 2002 25 écho des congrès Échos des congrès l’IRM, les chercheurs ont pu constater que cela reflète une inhibition excessive, par les systèmes frontaux ventraux, des structures limbiques et paralimbiques. Selon ce groupe de chercheurs, la représentation normale des états corporels et des émotions qui les accompagnent est le résultat d’un équilibre dynamique entre les systèmes frontaux et limbiques. Encodage de la localisation du bras par le regard Comment le cerveau représente-t-il les positions relatives des membres, de la tête et du torse ? Les études chez l’homme démontrent que le schéma corporel n’est pas simplement une représentation d’assemblages et d’angles, mais une intégration complexe de la vision, de la proprioception, du toucher et d’informations motrices. Chez le singe, de nombreux neurones de la zone pariétale 5 sont se n sibles à la position du bras. Le Dr Graziano s’est demandé si ces neurones encodent la position du bras par l’intermédiaire d’entrées sensorielles, visuelles, ou des deux. Il a pu constater que les neurones de l’aire 5 encodent encore la position du bras de l’animal lorsque le membre est caché au regard. Les mêmes neurones réagissaient également à la position d’un bras factice réaliste, placé dans le champ de vision. Les neurones étaient en outre capables de distinguer l’image d’un bras droit de celle d’un bras gauche et restaient insensibles à la vue de membres factices non réalistes. Ces neurones paraissent donc combiner des signaux visuels et somatosensoriels pour évaluer la configuration des membres. Ils pourraient bien constituer le support du schéma corporel complexe que nous utilisons en permanence pour ajuster notre posture et guider nos mouvements. ☞ 25 et 26 avril 2002, Béziers Agenda ☞ 15 et 16 mars 2002, Paris èmes 20 Journées d’étude du Groupe de recherche sur l’autisme et le polyhandicap sur le thème : “Autisme, polyhandicap : modalités de prise en charge” Lieu : Centre Chaillot Galliera 2, avenue Georges V 75008 Paris. Contact : GRAP Mme C. Heemerych 44, quai de la Loire 75019 Paris Tél. : 01 42 02 19 19 - Fax : 01 42 02 87 47 13èmes Rencontres nationales de périnatalité sur le thème : “Au-delà de l’amour maternel” (la fonction parentale... les substituts parentaux) Représentation du corps chez des patients normaux et cérébrolésés Le Dr Sirigu s’est intéressée aux schémas corporels de patients souffrant de lésions corticales et de patients ayant subi des amputations. De multiples niveaux de représentation indépendants sont impliqués dans l’organisation de la connaissance du corps, et ils peuvent se dissocier dans les zones pariétales. Des perturbations périphériques, comme une amputation, affectent le schéma corporel, et l’utilisation d’une prothèse est susceptible de modifier la perception du membre manquant. En particulier, la présence d’une prothèse esthétique et non fonctionnelle perturbe les représentations spatiales du membre en question, alors que ces représentations sont correctement maintenues en l’absence d’une prothèse non fonctionnelle ! Contact : Secrétariat scientifique de l’AEP, Mrs Amal Khoury Strandvejen 171 - P.O. Box 41 DK-2900 Hellerup-Copenhague Danemark Tél. : + 45 3946 0510 - Fax : +45 3946 0515 E-mail : [email protected] Lieu : Palais des congrès de Béziers. ☞ 18 octobre 2002, Paris Contact : Madame Badiola Tél. : 04 67 49 87 05 Colloque organisé par la clinique médicouniversitaire Georges-Heuyer sur le thème : “Adolescence, psychopathologie et adoption : quelles singularités ?” ☞ 4-8 mai 2002, Stockholm (Suède) 11e congrès de l’Association européenne de psychiatrie (AEP) sur le thème : “Psychiatrie, science et humanité européennes dans les soins de santé” Lieu : Stockholm, Suède. Lieu : Espace Reuilly 21, rue Hénard 75012 Paris. Contact : Clinique Georges-Heuyer 6, rue du Conventionnel-Chiappe 75013 Paris Tél. : 01 45 85 25 17 - Fax : 01 45 85 13 44 E-mail : [email protected]