Une approche
neuropsychiatrique
de la représentation
corporelle
De nombreuses contri-
butions à la connaissance
des substrats neuronaux
de la représentation
corporelle sont obtenues
grâce à des patients souf-
frant de troubles neurolo-
giques. Mais les pertur-
bations psychiatriques
contribuent aussi à
l’approfondissement de
nos connaissances dans ce
domaine, même si cela se
déroule de manière plus
indirecte. Dès 1970, le
Dr Hay avait décrit les
parties du corps les plus
fréquemment sujettes à
des distorsions de l’image
corporelle chez les
patients. Les approches de
neuropsychiatrie cognitive
impliquent la description
phénoménologique
détaillée, ce qui permet de
développer des modèles
cognitifs explicatifs qui
soient testables et de cartographier
l’architecture cognitive au niveau du
cerveau. On a ainsi pu constater que les
patients schizophrènes présentent des
troubles au niveau de la
latéralisation de l’image
corporelle, ou encore que
les personnes souffrant
d’anorexie surestiment
leur largeur corporelle,
mais non leur propre
hauteur, et que cette
distorsion de l’image
corporelle est moins
marquée quand elles font
une estimation du corps
des autres personnes. La
dépersonnalisation est
également un trouble
particulièrement intéres-
sant. Pour David et al., du
King’s College de Londres,
ce trouble inclut une
sensation d’irréalité et de
détachement concernant
le soi, souvent accompagnée
d’impressions similaires
vis-à-vis de l’environnement,
avec une déréalisation.
Ce phénomène survient
chez des sujets sains dans
des conditions de stress
ou de fatigue extrêmes. Il
est par ailleurs souvent
ressenti dans les attaques
de panique et est très
fréquent chez les patients
psychiatriques.Les répon-
ses physiologiques à des
stimuli émotionnels de sujets souffrant de
dépersonnalisation, mesurées en termes de
conductance cutanée, sont spécifiquement
émoussées, et, grâce à l’utilisation de
25
Act. Méd. Int. - Psychiatrie (19) n° 1-2, janvier-février 2002
Le corps peut être considéré tant comme un objet physique
que comme un objet psychique. Sur le plan physique, le
corps est le support de l’exécution d’actions volontaires
d’une grande complexité et d’informations tactiles concernant
les objets. Il constitue donc notre interface essentielle avec le
monde extérieur. Du point de vue psychologique, le corps
joue un rôle particulier dans notre vie mentale et, pour le
Dr Patrick Haggard, il y a au moins trois raisons à cela. Tout
d’abord, les systèmes sensoriels nous fournissent des infor-
mations riches et diversifiées à propos de notre configuration
corporelle et des événements concernant le corps. Ensuite, la
représentation mentale du corps semble être de première
importance pour la conscience de soi et pour la cohérence
du “je”, ainsi que le montrent les études neurologiques et
neuropsychiatriques d’états comme la dépersonnalisation et
l’anosognosie. Enfin, des études récentes ont montré la
possibilité d’une plasticité non négligeable en ce qui
concerne les représentations neuronales du corps : lorsque
notre corps bouge au cours de l’action, l’encodage neuronal
varie en conséquence. Cette réorganisation rapide de la
représentation corporelle sera, sans aucun doute, un domaine
de recherche important pour la nouvelle décade. En présentant,
lors de son colloque londonien de janvier, des travaux
précurseurs concernant les aspects électrophysiologiques,
neuropsychologiques, cliniques et comportementaux de la
représentation du corps, l’Experimental Psychology Society
a démontré comment les neurosciences cognitives modernes
commencent à comprendre le rôle psychologique tout
particulier des représentations corporelles.
Experimental Psychology Society,
Londres, 3 et 4 janvier 2002
E. Bacon*
* INSERM, Strasbourg.
écho des congrès
Échos des congrès
l’IRM, les chercheurs ont pu constater que
cela reflète une inhibition
excessive, par
les systèmes frontaux ven
traux, des struc-
tures limbiques et paralimbiques. Selon ce
groupe de chercheurs,
la représentation
normale des états corpo
rels et des émotions
qui les accompagnent est le résultat d’un
équilibre dynamique entre les systèmes
frontaux et limbiques.
Encodage de la localisation
du bras par le regard
Comment le cerveau représente-t-il les
positions relatives des membres, de la tête
et du torse ? Les études chez l’homme
démontrent que le schéma corporel n’est
pas simplement une représentation
d’assemblages et d’angles, mais une
intégration complexe de la vision, de la
proprioception, du toucher et d’informations
motrices. Chez le singe, de nombreux
neurones de la zone pariétale 5 sont
sensibles à la position du bras. Le
Dr Graziano s’est demandé si ces
neurones encodent la position du bras
par l’intermédiaire d’entrées sensorielles,
visuelles, ou des deux. Il a pu constater
que les neurones de l’aire 5 encodent
encore la position du bras de l’animal
lorsque le membre est caché au regard.
Les mêmes neurones réagissaient également
à la position d’un bras factice réaliste,
placé dans le champ de vision. Les
neurones étaient en outre capables de
distinguer l’image d’un bras droit de celle
d’un bras gauche et restaient insensibles
à la vue de membres factices non
réalistes. Ces neurones paraissent donc
combiner des signaux visuels et somato-
sensoriels pour évaluer la configuration
des membres. Ils pourraient bien
consti
tuer le support du schéma corporel
complexe que nous utilisons en perma-
nence pour ajuster notre posture et
guider nos mouvements.
Représentation du corps
chez des patients normaux
et cérébrolésés
Le Dr Sirigu s’est intéressée aux schémas
corporels de patients souffrant de lésions
corticales et de patients ayant subi des
amputations. De multiples niveaux de
représentation indépendants sont impliqués
dans l’organisation de la connaissance du
corps, et ils peuvent se dissocier dans les
zones pariétales. Des perturbations péri-
phériques, comme une amputation, affectent
le schéma corporel, et l’utilisation d’une
prothèse est susceptible de modifier la
perception
du membre manquant. En par-
ticulier, la présence d’une prothèse esthé-
tique et non fonctionnelle perturbe les
représentations spatiales du membre en
question, alors que ces représentations
sont
correctement maintenues en l’ab
sence
d’une prothèse non fonctionnelle !
15 et 16 mars 2002, Paris
20 èmes Journées d’étude du Groupe de
recherche sur l’autisme et le polyhan-
dicap sur le thème :
“Autisme, polyhandicap : modalités de
prise en charge”
Lieu :
Centre Chaillot Galliera
2, avenue Georges V
75008 Paris.
Contact :
GRAP
Mme C. Heemerych
44, quai de la Loire
75019 Paris
Tél. : 01 42 02 19 19 - Fax : 01 42 02 87 47
25 et 26 avril 2002, Béziers
13èmes Rencontres nationales de péri-
natalité sur le thème :
“Au-delà de l’amour maternel”
(la fonction parentale... les substituts
parentaux)
Lieu :
Palais des congrès de Béziers.
Contact :
Madame Badiola
Tél. : 04 67 49 87 05
4-8 mai 2002, Stockholm
(Suède)
11econgrès de l’Association euro-
péenne de psychiatrie (AEP) sur le
thème :
“Psychiatrie, science et humanité euro-
péennes dans les soins de santé”
Lieu :
Stockholm, Suède.
Contact :
Secrétariat scientifique de l’AEP,
Mrs Amal Khoury
Strandvejen 171 - P.O. Box 41
DK-2900 Hellerup-Copenhague
Danemark
Tél. : + 45 3946 0510 - Fax : +45 3946 0515
18 octobre 2002, Paris
Colloque organisé par la clinique médico-
universitaire Georges-Heuyer sur le
thème :
“Adolescence, psychopathologie et
adoption : quelles singularités ?”
Lieu :
Espace Reuilly
21, rue Hénard
75012 Paris.
Contact :
Clinique Georges-Heuyer
6, rue du Conventionnel-Chiappe
75013 Paris
Tél. : 01 45 85 25 17 - Fax : 01 45 85 13 44
E-mail : cmu.georges.heuyer@wanadoo.fr
Agenda
écho des congrès
Échos des congrès
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !