Chapitre 8. Pratique de la rééducation fonctionnelle en pathologie respiratoire 141
l’alternance de cellules à mucus et de cellules
ciliées, tapisse également l’ensemble des voies
aériennes, du nez aux oreilles et à l’arbre bronchi-
que. Il n’est dès lors pas surprenant que l’inflam-
mation de cette muqueuse au niveau du nez
s’accompagne, le plus souvent en la précédant,
d’une inflammation au niveau des bronches. Cette
inflammation bronchique, dont la traduction
clinique sous forme de réduction du calibre bron-
chique (dyspnée, sibilants, wheezing) et d’hyper-
sécrétion (ronchi, toux, expectoration), s’exprime
dans la description de différentes maladies aiguës
ou chroniques ; c’est le deuxième exemple sémio-
logique de notre action (voir « Obstruction des
voies aériennes inférieures »).
La réaction inflammatoire bronchique sous
forme de réduction de calibre bronchique, soit
du fait du bronchospasme qui l’accompagne,
soit du fait de l’épaississement de la paroi, impose
aux muscles de la ventilation, et notamment au
diaphragme, une surcharge de travail en lien
avec l’intensité de l’obstruction. La fonction
ventilatoire n’étant plus assurée correctement
du seul fait des muscles dédiés, le recours aux
muscles accessoires habituellement phasiques
(inspirateurs accessoires, scalènes) majore encore
ce travail, invitant le patient dans le cercle vicieux
de la lutte puis de la détresse respiratoire. La
fonction d’épuration muqueuse n’est pas non
plus assurée de façon satisfaisante, et la stase
muqueuse fait le lit de la surinfection secondaire
et de l’obstruction, initialement périphérique,
sous forme de microatélectasies qui peuvent
s’aggraver et réaliser de véritables troubles de
ventilation visibles à la radiographie. La néces-
sité d’agir au plus profond de l’arbre bronchique
impose l’adaptation des techniques initialement
dévolues aux gros troncs. L’aide à la ventilation
de ces territoires distaux fournit le troisième exem-
ple d’intervention (voir « Troubles de ventilation
périphériques »).
Ces phénomènes peuvent se mettre en place très
rapidement chez le petit nourrisson, imposant de
ce fait une surveillance étroite, notamment dans le
cas d’une pathologie aiguë (bronchiolite), mais
aussi un apprentissage de ses prémices, comme
dans le suivi de l’asthme chronique.
Objectifs associés : améliorer
la statique thoracorachidienne,
apprentissage des techniques
d’inhalation thérapeutiques,
réentraînement à l’effort
L’utilisation aux fins ventilatoires de muscles ini-
tialement dévolus au mouvement (rachis, mem-
bres supérieurs) modifie les conditions mécaniques
du développement corporel. L’exemple le plus
démonstratif est apporté par la mucoviscidose, où
toute la statique vertébrale et tout le développe-
ment corporel vont être conditionnés dès le plus
jeune âge par les contraintes de l’obstruction
bronchique liée à l’encombrement. La globulisa-
tion du thorax, l’élévation des régions scapulaires,
la cyphose dorsale ne seront que les conséquences
adaptatives pour maintenir une cinétique diaphrag-
matique optimale pour remplir la fonction : venti-
ler. Il convient donc de prévenir ces conséquences
structurelles du trouble fonctionnel par la mise en
place d’une évaluation de la situation orthopédi-
que, et la correction précoce des troubles identifiés.
Ce sera là notre quatrième domaine d’interven-
tion (voir « Troubles d’origine rachidienne »).
Les thérapeutiques administrées sous forme inha-
lée sont très largement prescrites dans le traitement
des pathologies respiratoires, notamment en raison
de leur balance bénéfice local–inconvénients systé-
miques favorable. L’efficacité de ces formes galéni-
ques est néanmoins conditionnée par leur capacité
de pénétrer l’arbre bronchique au plus profond,
notamment dans le cas de la maladie asthmatique
par exemple. C’est alors la technique de prise de cet
aérosol, doublée de l’apprentissage d’un mode ven-
tilatoire spécifique, qui sera notre cinquième préoc-
cupation (voir « Thérapeutiques inhalées »)
Enfin, les conséquences de la compétence venti-
latoire du patient sur sa capacité de surmonter les
situations de la vie quotidienne imposent, d’une
part, de participer à l’évaluation de ces compé-
tences, d’autre part, de proposer un programme
de réhabilitation intégrant ces mises en situation
progressives, grâce à un entraînement répété,
sous surveillance des signes de tolérance et d’ac-
ceptabilité (sixième domaine d’intervention ; voir
« Déconditionnement et réhabilitation »).